Lettre ouverte d’associations et institutions à Monsieur le Président Emmanuel Macron

Publié le 30.05.2017| Mis à jour le 08.12.2021

À l’occasion de la refonte de la Directive européenne Accueil qui sera votée en juin prochain, nous demandons à ce que, conformément à la proposition du rapport du Parlement européen, l’apprentissage de la langue du pays d’accueil soit inclus parmi les conditions minimales d’accueil des demandeurs d’asile.

Entre ceux qui comprennent et ceux qui ne comprennent pas, il y a un abîme. Les uns seront sauvés, les autres pas, déclarait Primo Levi dans un entretien à l’occasion d’un retour à Auschwitz dans les années 80. Il y évoquait l’« effondrement moral » de ceux qui devenaient soudain « sourds et muets » dans un environnement étranger. Ainsi, la formation linguistique répond à l’objectif de la Directive Accueil de garantir « des conditions de vie dignes » et d’assurer l’« intégrité physique et psychologique » des demandeurs d’asile. Elle doit être considérée comme un droit fondamental, au même titre que l’accès à la santé, au logement et aux besoins élémentaires. La plupart des demandeurs d’asile fuient dans des circonstances très difficiles et ont souffert de graves persécutions dans leur pays. L’isolement dû à la barrière de la langue les empêche de se reconstruire, d’accéder à une autre société et de se libérer de leurs traumatismes. Voués à la dépendance et à l’incompréhension du monde qui les entoure, leur intégrité physique et mentale est sérieusement compromise ainsi que l’estime de soi. Leur protection n’est pas assurée. L’apprentissage de la langue du pays d’accueil est aussi un enjeu essentiel pour le « vivre ensemble », principe dont la valeur constitutionnelle a été reconnue par le Conseil constitutionnel. L’incapacité de tisser des liens interpersonnels à cause de la langue nourrit l’exclusion sociale et la xénophobie qui affectent gravement toute la société. Enfin, la formation linguistique des demandeurs d’asile est un investissement utile économiquement, comme le souligne l’OCDE dans son rapport de janvier 2016, « Réussir l’intégration des réfugiés ». Le Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurría, a déclaré : Les réfugiés sont porteurs d’espoir : espoir d’une vie meilleure et d’un avenir meilleur pour leurs enfants et pour les nôtres. Cela étant, pour que cela puisse advenir, un investissement substantiel est indispensable pour leur apporter un soutien immédiat et aider les réfugiés à s’installer et à adapter et valoriser leurs compétences. C’est une tâche certes difficile et coûteuse à court terme, mais qui sera très fructueuse pour tous à moyen et long terme. La formation linguistique fait partie de cet investissement, même dans le cas où la demande de protection est rejetée. En effet, cet investissement permet de favoriser l’autonomie des demandeurs d’asile pour qu’ils puissent continuer à être acteurs de leur vie et non pas maintenus dans une dépendance coûteuse dans tous les sens du terme. Il leur permet aussi de se reconstruire, se préparer et renforcer leurs compétences dans le cas où ils devraient retourner dans leur pays. Or, actuellement, l’État ne propose des formations linguistiques, souvent d’un niveau insuffisant pour s’intégrer, qu’après l’obtention de la protection, soit en général après deux ou trois ans de séjour en France. Réformer la politique linguistique envers les réfugiés est devenu une urgence. C’est pourquoi nous appelons à inclure la formation linguistique comme une condition minimale d’accueil des demandeurs d’asile et à penser une offre véritablement adaptée à ceux qui demandent une protection dans notre pays. Associations, universités, grandes écoles, institutions de formation professionnelle, bibliothèques et société civile, nous sommes engagés pour prendre part à ces formations. Nous vous demandons votre soutien. Le CCFD-Terre Solidaire est signataire de cette lettre ouverte à Monsieur le Président Emmanuel Macron. Liste complète des Associations et institutions signataires.signataires.pdf

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