Palestine : Hébron reconnu patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco le 7 juillet 2017

Publié le 07.07.2017| Mis à jour le 08.12.2021

Anwar Abu Eisheh est le président de l’association Hébron-France, association partenaire du CCFD-Terre Solidaire. Il est aussi l’un des initiateurs du Comité international pour la sauvegarde et la promotion de la vieille ville d’Hébron qui a demandé l’inscription de la ville au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. En 2011, nous l’avions interviewé sur cette démarche. Retour sur une longue bataille

“Cette demande de reconnaissance fait partie de notre politique de lutte non-violente pour attirer l’attention du monde sur les risques qu’encourt notre patrimoine du fait de l’occupation. “

Anwar Abu Eisheh, Hébron, 2011

Article paru dans Faim et Développement Magazine en décembre 2011

Depuis quand souhaitez-vous déposer une demande de dossier afin qu’Hébron soit reconnue patrimoine mondial de l’humanité ?

Anwar Abu Eisheh : Il y a plusieurs années, le ministère du tourisme palestinien avait essayé de déposer une demande pour la Basilique de la Nativité à Bethléem et d’autres sites. [[L’église de la Nativité à Bethléem et les collines terrassées autour du village de Battir ont été depuis reconnu patrimoine mondial de l’humanité]]
Mais l’Unesco avait répondu qu’il fallait que ce soit un État qui en fasse la demande. Le dossier de l’Autorité palestinienne n’était donc pas recevable.

Nous avons alors décidé de lancer une campagne en 2009 avec la mairie d’Hébron, en partenariat avec les mairies d’Arcueil et de Belfort, avec lesquelles la ville a des accords de coopération, pour avoir le droit de déposer un dossier à l’Unesco.
Des dizaines de maires de villes européennes, arabes, et turques ainsi que des personnalités internationales ont signé la pétition.


La reconnaissance de l’adhésion à part entière de la Palestine à l’Unesco le 31 octobre 2011 vous a-t-elle surpris ?

J’avoue que je ne m’attendais pas au succès du vote à l’Unesco. Et encore moins au oui de la France ! C’est vraiment une très bonne surprise. Juridiquement parlant, il ne devrait donc plus y avoir de problèmes pour déposer notre dossier. Techniquement, il faut savoir que c’est long de constituer un dossier et que les démarches sont très coûteuses. Pour chaque bâtiment, il faut montrer en quoi il est unique, s’engager à le respecter. C’est un problème pour beaucoup d’États du tiers monde qui n’ont pas toujours les moyens de le faire.

Le dossier pour la Basilique de la Nativité et celui d’Hébron, pour lequel la mairie travaille depuis deux ans devraient être déposés prochainement et acceptés en février prochain. Il faudra alors attendre deux ans pour avoir une réponse. L’Autorité palestinienne pourra aussi faire d’autres demandes pour une vingtaine de sites à Naplouse, Jéricho, Qumran…

Qu’est ce que vous attendez d’une telle reconnaissance ?

D’abord, ce serait pour nous une vraie fierté de voir notre patrimoine reconnu au niveau international. À Hébron, nous avons le tombeau d’Abraham – le Caveau des Patriarches, lieu saint important pour les trois religions monothéistes. Mais aussi, un ensemble rare d’architectures datant des époques mamelouke (XIIIe-XVIe siècles) et ottomane (XVIIe-XIXe siècles), qui se caractérisent par de belles constructions en pierre, des toits et plafonds voûtés, des ruelles pavées entrecoupées d’arches…

Ensuite nous espérons que cela nous aidera à protéger cet héritage historique et culturel géographiquement localisé dans la zone H2, que l’armée israélienne a gardé sous son contrôle militaire (1) et dont une partie est occupée par des colons. Il y a un an, Netanyahou a annoncé qu’il allait financer la restauration du Caveau des Patriarches. Selon ses méthodes, nous savons qu’une telle promesse représente un vrai risque d’annexion. Nous avons donc besoin de témoins qui puissent constater les faits et nous aider à nous protéger. Cette demande de reconnaissance fait partie de notre politique de lutte non-violente pour attirer l’attention du monde sur les risques qu’encourt notre patrimoine du fait de l’occupation.

Enfin, nous espérons qu’un tel classement attirera les touristes et relancera l’économie de la vieille ville qui est très paupérisée. Pour toutes ces raisons, cette reconnaissance serait source de vie, tout simplement.

Propos recueillis par Anne-Isabelle Barthélémy

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