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Une vie brisée par une épine

Publié le 20.05.2009| Mis à jour le 09.09.2021
Jorge Roja n’a travaillé que trois semaines dans l’exploitation de palme de l’entreprise Brisas, près de la commune de Rejidor, dans le sud du département de Bolivar. La faute à une épine qu’il s’est profondément plantée dans l’œil gauche en janvier 2006, alors qu’il traitait l’arbre contre le « cucaron », un gros ver noir qui rentre dans le tronc et le dévore de l’intérieur. « C’était un palmier de 4 à 5 ans, d’une hauteur d’un mètre cinquante environ, se souvient Jorge. Pour traiter l’arbre, il faut d’abord faire un trou dans le tronc avec une perceuse puis planter une seringue et enfin injecter le produit. » C’est au moment où le jeune homme, 23 ans à l’époque, s’apprêtait à réaliser la dernière manipulation qu’il s’est blessé. « J’ai senti une douleur vive. Je savais que l’épine de la palme contenait un venin naturel et qu’il fallait agir vite. » Jorge a donc appelé son collègue le plus proche et lui a demandé de l’emmener jusqu’à l’usine de transformation où se trouvait la direction. « De là, je suis parti avec l’ingénieur responsable du site pour une consultation au poste de santé de San Alberto. » jorge-roja-j3.jpg Vu la gravité de la blessure, le médecin local l’a immédiatement orienté vers l’hôpital de Puerto Wilshes, la ville la plus proche. « J’y suis donc allé avec l’ingénieur et là-bas, j’ai reçu les premiers soins. » Rapidement les médecins expliquent à Jorge que pour sauver son œil, il va devoir subir une intervention chirurgicale. Coût de l’acte : 1,5 million de pesos (environ 500 euros, soit l’équivalent de 4 mois de salaire). Problème : l’entreprise refuse de prendre en charge l’opération, et va jusqu’à nier que l’ouvrier s’est blessé dans le cadre de son travail. « Dans un premier temps, l’ingénieur m’a assuré qu’il allait témoigner en ma faveur, affirme Jorge. Mais il a d’abord été menacé d’être lui-même licencié, avant d’être muté dans un autre département où l’entreprise possède d’autres sites de production. Depuis, je n’ai jamais plus reçu de ses nouvelles. » Ses collègues ? « Personne n’a vu l’accident et même si cela avaient été le cas, tout le monde a trop peur de perdre son emploi dans une région où il y a tant de chômage. » Alors Jorge s’est tourné vers un avocat pour qu’il prenne en charge son dossier. Mais au bout de quelques jours, ce dernier a abandonné l’affaire, prétextant que le cas était trop compliqué. « En fait il a été acheté par l’entreprise », soutient Jorge. Depuis, le jeune homme et sa famille ont contacté un autre avocat qui a bien voulu prendre son affaire en charge. Mais les choses traînent et l’entreprise n’a toujours pas reconnu qu’il s’agissait bien d’un accident du travail. Et refuse bien entendu de verser un quelconque dédommagement. En attendant, le jeune homme est toujours à la charge de sa famille et désespère chaque jour d’avantage de pouvoir enfin avoir une vie « normale ». Jorge dit ça d’une voix éteinte. En passant un mouchoir pour sécher la larme qui coule de son œil gauche. Assistante parlementaire de Daniel Cohn-Bendit, co-président du groupe vert au Parlement Européen, la franco-allemnande Annabelle Sack a été marquée par la dureté des conditions de vie des populations et la violence avec laquelle l’Etat Colombien réprime leurs revendications à pouvoir accéder à la terre et d’y vivre dignement. Ecouter l’entretien Jean-Claude Gérez, journaliste

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