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Covid-19 : annulons la dette des pays du Sud

Publié le 12.04.2020| Mis à jour le 07.12.2021

Le 7 avril 2020, 138 organisations du monde entier, dont le CCFD-Terre Solidaire, appelaient les États et institutions internationales à annuler la dette des pays du Sud et à débloquer des fonds d’urgence pour faire face à la crise de Covid-19.
En ce jour de Pâques et de victoire de la vie sur la mort, Manuèle Derolez, déléguée générale du CCFD-Terre Solidaire, nous invite à nous associer pleinement à ce mouvement mondial.


Aujourd’hui, jour de Pâques pour les chrétiens, les cloches joyeusement sonnent mais nos Eglises restent vides et silencieuses. Nous fêtons la résurrection du Christ, confinés dans nos logements, et par écran de télévision interposé…

Jamais depuis plus de 2000 ans, le jour de Pâques n’a autant consonné à ce qui s’est vécu quand, de retour du tombeau, quelques femmes annonçaient aux disciples incrédules la résurrection de Jésus. Ceux-là même qui avaient aimé et suivi le Christ étaient enfermés dans leur maison, effrayés par les risques de répression, criblés par la culpabilité, la honte, le doute…. Quelques femmes annonçaient l’impossible mais ils ne pouvaient pas l’entendre…

En ce matin de Pâques, la flamme de la vie est aussi vacillante pour beaucoup d’entre nous. Un virus porteur de mort continue de frapper sur toute la planète, particulièrement les plus fragiles, les plus pauvres, les plus âgés… Et demain ?

Demain, nos portes vont se rouvrir sur un monde bouleversé, frappé par une crise économique sans précédent et son lot de drames sociaux. Pour faire face à la pandémie, la plupart des Etats ont emprunté des sommes astronomiques qu’il faudra rembourser.

Une équation impossible pour les pays les plus pauvres. Alors pouvons-nous proclamer, dans ce contexte, que le Christ en ressuscitant a ouvert la victoire sur la mort ?

Il y a vingt ans, au moment du passage de l’an 2000, le Pape Jean Paul II, appelait de ses vœux une année jubilaire. Comme dans l’Ancien Testament, il demandait une année de Grâce, une année où… toutes les dettes seraient remises.

Largement repris par l’ensemble des communautés chrétiennes, les autres religions, les associations citoyennes, ce bel appel n’a malheureusement pas été entendu. Vingt ans plus tard, les pays les plus pauvres croulent encore sous le poids de la dette qui les empêche d’investir dans l’éducation ou la santé.

Jean Paul II dénonçait ce système d’endettement et le joug des remboursements comme « structure de péché ». N’est-ce pas le cœur du message de Pâques d’annoncer que nous sommes libérés du péché ?

Le Pape François lui aussi n’a de cesse de dénoncer ce qui réduit les plus pauvres en esclavage : « Alors que les gains d’un petit nombre s’accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d’une façon toujours plus éloignée du bien-être de cette heureuse minorité. Ce déséquilibre procède d’idéologies qui défendent l’autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. Par conséquent, ils nient le droit de contrôle des États chargés de veiller à la préservation du bien commun. Une nouvelle tyrannie invisible s’instaure, parfois virtuelle, qui impose ses lois et ses règles, de façon unilatérale et implacable. De plus, la dette et ses intérêts éloignent les pays des possibilités praticables par leur économie et les citoyens de leur pouvoir d’achat réel. S’ajoutent à tout cela une corruption ramifiée et une évasion fiscale égoïste qui ont atteint des dimensions mondiales. L’appétit du pouvoir et de l’avoir ne connaît pas de limites. Dans ce système, qui tend à tout phagocyter dans le but d’accroître les bénéfices, tout ce qui est fragile, comme l’environnement, reste sans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue. » (Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 56).

Il y a quelques jours, en pleine crise du COVID-19, le cardinal philippin Luis Antonio Tagle exhortait « les pays riches à remettre les dettes des pays pauvres afin qu’ils puissent utiliser leurs ressources pour soutenir leurs communautés plutôt que de payer les intérêts qui leur sont imposés ».

Le 7 avril 2020, 138 organisations de la société civile du monde entier (dont le CCFD-Terre Solidaire) ont publié une déclaration commune à l’occasion de la journée mondiale de la santé. Elles appellent les Etats et institutions internationales à annuler immédiatement les paiements de dette extérieure des pays du Sud et à débloquer des fonds d’urgence pour permettre aux pays vulnérables de faire face aux répercussions sanitaires, sociales et économiques de cette crise.

En ce matin de Pâques, et parce que nous croyons que toute force mortifère peut être anéantie, appelons nous aussi à ce Jubilé, témoignage d’espoir pour notre planète. Associons-nous à ce mouvement mondial.

En hébreu le Yobel (Jubilé) est cette corne de chèvre qui, tous les 50 ans, annonçait l’ouverture d’une année de Grâce, une année où les terres en friche pourraient se reposer, où les esclaves seraient libérés et où toutes dettes seraient remises (Livre du Deutéronome, 25). Ainsi, les conditions étaient posées pour sortir du confinement d’un monde sans espoir.

Alors, que les cloches de Pâque se fassent Yobel, et nous engagent vers ce monde nouveau… Commençons par annuler la dette !

Par Manuèle Derolez, déléguée générale du CCFD-Terre Solidaire

– Retrouvez notre dossier spécial : Covid-19 : nos témoins d’une terre solidaire

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