Publié le 02.04.2012 Mis à jour le 12.03.2013
Paris, le 3 avril 2012
Il est quatre heures de l’après-midi et le rassemblement des associations signataires de l’appel « Libérons les élections », dont fait partie le CCFD-Terre Solidaire, bat son plein, ce samedi 31 mars, sur la place de la Bastille à Paris. La foule se réunit pour le concert de Tryo, groupe connu pour ses positions citoyennes et écologistes, très populaire auprès des jeunes. Le chanteur interpelle le public, pendant que les militants distribuent des éoliennes en carton vert qui détournent le symbole jaune de la radioactivité. « Six mois que l’on entend les candidats à la présidentielle… et tant de bruit pour rien ! » lance le chanteur en rappelant les dernières catastrophes industrielles et environnementales. « Alors l’espoir c’est nous, citoyens mobilisés ! Un public jeune et enthousiaste l’approuve et une vague verte de mini éoliennes se met à onduler au rythme de la musique.
Sur scène, Patrick Viveret, ancien conseiller à la Cour des comptes et essayiste altermondialiste se réjouit de ce rassemblement. Il est pour lui la preuve que les acteurs de la société civile sont forces de proposition sur des thèmes comme l’énergie, la solidarité, la finance.
« Ces rassemblements donnent de l’élan »
Derrière la scène, les photos de centaines de visages réalisées avec le photographe JR et la plateforme Inside OUT, à l’appel du mouvement Colibris, incarnent la volonté de chacun de participer au changement en se déclarant « candidat ». « On ne peut pas toujours attendre que le changement vienne des politiques explique Anne de Béthencourt, qui a participé à cette opération « Tous candidats ». Cela signifie que nous sommes candidats au changement et que chacun doit y prendre sa part. » Elle apprécie ce genre de rassemblements et vient ici trouver une certaine énergie : « L’intérêt d’un tel évènement est de faire se rencontrer les gens pour qu’ils rentrent en action. Ces rassemblements donnent de l’élan et nous mettent en mouvement. Il faut faire monter le niveau de conscience dans la population et les politiques suivront, c’est la règle de la démocratie » explique-t-elle. « Il est temps d’aller au-delà du tous pourris, on ne peut rien faire ! » s’exclame une jeune femme à côté d’elle.
Autour du concert, pas de village associatif, mais des animations proposées par les associations sur les grands thèmes qui les préoccupent. La compagnie de théâtre La Tribouille fait rire la foule avec sa « Finale du championnat du monde de stratégie d’évitement des questions fondamentales ». Un peu plus loin le Secours catholique propose un jeu de société qui met les passants dans la peau d’un migrant sur la route de l’exil : retour à la case départ annonce l’animatrice à une jeune fille qui se croyait déjà arrivée. Artisans du Monde et Alter Eco offrent un stand dégustation. Le CCFD-Terre Solidaire, lui, a installé son transat au pied d’un palmier gonflable et propose aux passants de se faire photographier dans un paradis fiscal. Une animation qui a déjà fait ses preuves lors du G20 à Cannes. Et ça marche ! Les passants s’amusent à se faire prendre en photos avant de se lancer dans un échange plus technique sur les paradis fiscaux. A la fin de l’après-midi, plus de quatre cents pactes pour une Terre solidaire ont été distribués à un public particulièrement réceptif.
En province, plusieurs villes se sont aussi mobilisées. Le même jour, à Valence, les associations se sont rassemblées pour une journée festive axée sur la lutte contre les préjugés. A Nantes, le Collectif Pacte Civique a lancé une caravane de la laïcité pour « endiguer la dégradation de la qualité de vie démocratique et réduire les fractures dues à la crise. ». Et d’autres manifestations se sont déroulées à Caen ou Besançon.
Au final, malgré les difficultés logistiques, cette journée aura été une belle mise en pratique, et en perspective, d’alternatives pour réinventer la démocratie !
Anne-Isabelle Barthélémy