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Le temps du silence est révolu
Yaser Jamous est un jeune rappeur palestinien de Syrie, réfugié à Paris en 2013. Avec son groupe – Refugees of Rap –, il chante depuis 2006 la révolte, les espoirs et le désespoir d’une jeunesse qui abhorre la chape de plomb de la dictature, aspire à plus de liberté, et rejette la violence.
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L’art, une force d’émancipation
Plus de trois ans après le début des bouleversements régionaux, on assiste à un foisonnement d’innovations dans les modes de mobilisation. La diversité des approches créatives rend compte d’un besoin d’espace public et d’un désir de se faire entendre. Zoom sur l’Algérie.
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CAC 40 et droits humains : Oui aux principes, non aux contraintes !
Un an après l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, pour la première fois, les grandes entreprises françaises s’expriment sur le respect des droits humains. Bien encadrées par leurs organisations patronales, elles affichent un « oui » de principe mais une majorité reste opposée à l’amélioration de l’accès à la justice des victimes et à toute mesure contraignante.
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Maroc : Le réveil des enfants du peuple
Si les mouvements sociaux existent depuis longtemps au Maroc (mouvement contre la vie chère, sit-in des diplômés chômeurs), le Mouvement du 20 février – en écho à l’onde de choc des révolutions tunisienne et égyptienne –, a marqué un tournant dans la vie politique. Il allie en effet pour la première fois des revendications démocratiques, politiques, économiques et sociales face à un pouvoir totalement verrouillé.
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Edito de Guy Aurenche : L’élan citoyen
La morosité et la lassitude risquent de balayer nos enthousiasmes. Pourtant, nous sommes invités à faire des choix.
En 1848, l’économiste Stuart Mill écrivait [[Principes d’économie politique.]] : « La vie de tout un sexe est employée à courir après les dollars, et la vie de l’autre à élever des chasseurs de dollars… Ce n’est pas une perfection sociale dont la réalisation puisse devenir le but des philanthropes à venir », ni des militants indignés que nous sommes tous. Les acteurs et actrices des printemps arabes ont fait leur choix, bien que l’hiver semble souvent l’emporter à travers le chaos social, les répressions politiques ou la misère. Mais leur choix peut nous stimuler… « J’ai trouvé des raisons de vivre et d’espérer »… « La peur et la morosité sont dépassées, même si tout reste à faire »…
Le choix n’est pas entre l’optimisme et le pessimisme, mais entre la certitude qu’une action collective et solidaire peut changer les choses et la résignation face aux contraintes des systèmes politiques et économiques les plus puissants.Je ne lance pas un appel à l’insurrection généralisée ! Je relaie l’élan vital d’un grand nombre d’êtres humains dont les médias parlent peu.
Les 450 partenaires du CCFD-Terre Solidaire qui agissent dans les pays du Sud, et nombre de nos alliés dans la société française nous donnent du souffle. Ils analysent et dénoncent les injustices. Ils proposent des modalités alternatives de développement. Ils redécouvrent l’espoir, non comme une option aléatoire, mais comme une force irrésistible qui dépasse les échecs. Ils nous rappellent que l’éducation vise d’abord à « permettre à un être humain d’apprendre à se tenir debout et à accéder à sa pleine humanité » [[Vivre à la bonne heure. Patrick Viveret. Éditions Habiter autrement la planète. 2014. 9,60 euros.]]En Tunisie, en Égypte ou au Maroc, comme dans bien d’autres pays, en mettant l’espoir au cœur de leur expérience, ils vivifient la société civile dans une région où elle n’existait pas toujours. À l’origine du mouvement, les jeunes et les médias modernes ont permis de rassembler des groupes très divers sur la base d’une seule revendication : le respect de la dignité humaine. Ils ne prétendaient pas détenir la vérité dans les domaines économiques, politiques ou religieux. Mais affirmaient qu’il est possible de sortir des logiques de peur ou d’impuissance. Ce message garde toute sa force quels que soient les dérapages, les récupérations et les échecs présents.
Qu’en est-il du sursaut de la société civile en France pour cette rentrée ? Sans attendre, il est possible d’organiser des solidarités au profit des plus démunis. De mettre sur pied des circuits économiques et financiers dans lesquels la solidarité a toute sa place aux côtés de la performance sociale. D’utiliser le théâtre, l’art et la poésie, parfois le silence, lorsque les discours ne sont plus entendus. D’agir sur les décideurs pour transformer les structures qui paupérisent ou oppriment.
Dans des situations beaucoup plus tendues et dangereuses que celles que nous connaissons, nos amis du Sud – et tout spécialement ceux et celles qui ont cru au « Printemps » – nous convoquent à une véritable mobilisation citoyenne. Et, croyez-moi, la mobilisation citoyenne, le CCFD-Terre Solidaire n’a pas fini de la promouvoir.