-
Jean-Marie : le sens du collectif
Jean-Marie Tessier a rejoint le CCFD-Terre solidaire il y a une dizaine d’années. Pleinement engagé dans l’accueil des familles migrantes et dans la campagne des territoires accueillants, à près de 75 ans, ses journées sont bien remplies. Car ce militant de Charente-Maritime, à la fibre sociale chevillée au corps, est aussi depuis 9 ans président d’une structure d’Insertion par l’activité économique.
-
Palerme, ville-frontière vers une citoyenneté solidaire
J’ai passé cinq mois à Palerme au sein de l’association Arci Porco Rosso dans le cadre de l’Alliance pour une Autre Gouvernance des Migrations. Nous sommes cinq volontaires à être parties découvrir cinq villes européennes, considérées comme particulièrement « accueillantes ». Nous devions étudier leurs bonnes pratiques pour repenser l’accueil et l’accès aux droits des personnes migrantes, sur la base d’une alliance entre la société civile et les autorités.
-
France-Palestine : la tisseuse de liens
Plus de cinquante ans après avoir découvert la Palestine, Françoise Guyot a fait de cette terre sa seconde patrie. Portrait d’une bénévole du CCFD-Terre Solidaire devenue, au fil des ans, une avocate infatigable des « réfugiés de l’intérieur » qui se battent pour le respect de leurs droits.
-
Plaidoyer pour la paix en RDC, en Israël Palestine, et en Colombie
À travers ses partenariats, le CCFD-Terre Solidaire est présent dans de nombreuses régions en conflit. Une connaissance de terrain précieuse pour faire du plaidoyer pour la paix.
-
Balkans : le vivre-sensemble au-delà des mots
Comment redonner corps au « vivre-ensemble » ? Une question, plus que jamais d’actualité dans les Balkans rongés par le nationalisme, à laquelle s’attaquent plusieurs acteurs de la société civile. Leurs armes ? Des actions concrètes visant à rapprocher les communautés.
Finis les discours incantatoires, place à l’action… Telle pourrait être la ligne directrice des programmes lancés par plusieurs partenaires du CCFD-Terre Solidaire dans les Balkans. Car, si la situation semble apaisée par rapport aux années 1990 où les tensions entre communautés étaient à leur paroxysme dans l’ex-Yougoslavie, la propagande nationaliste a laissé des traces durables, conduisant au repli sur soi. « Quand on interroge les gens, ils disent ne pas avoir de problèmes avec les autres. En réalité, ils ne les connaissent pas, parce qu’ils ne les fréquentent pas, explique Tamara Cvetković, une des chevilles ouvrières des programmes destinés aux jeunes du Groupe 484, partenaire du CCFD-Terre Solidaire en Serbie. Face à cette indifférence, les incantations à dépasser les blocages n’ont aucune prise, puisque personne ne reconnaît qu’ils existent. »
Nous avons tous reçu cette diversité en héritage, même si aujourd’hui certains semblent l’avoir oubliée.
Tamara T Cvetković, du Groupe 484L’ONG a donc décidé de changer son fusil d’épaule en s’adressant aux nouvelles générations, avec une proposition basée sur le « faire-ensemble », première étape vers le « vivre-ensemble ». « Nous travaillons avec les lycéens et les étudiants, car ils sont à un âge où il est plus facile de se détacher de l’emprise des parents ou du jugement qui pourrait être porté sur leurs comportements », ajoute Tamara. Une trentaine d’étudiants serbes en sciences sociales, mais aussi des Bosniaques volontaires ont donc été invités, il y a un an, à suivre un séminaire de quatre jours destiné à expérimenter cette nouvelle approche.
Ana, qui souhaite travailler, après ses études, dans l’éducation, a immédiatement répondu à l’appel : « Nous avons commencé à nous interroger mutuellement sur notre identité. Nous avons découvert qu’au-delà de nos différences, nous partagions en réalité un grand nombre de valeurs qui étaient bien plus larges que les cases dans lesquelles on voulait nous enfermer. » Rien de plus normal, pourrait-on ajouter, dans une zone géographique où les mélanges de population ont toujours été la règle. « Car nous avons tous reçu cette diversité en héritage, même si aujourd’hui certains semblent l’avoir oubliée », complète Tamara.
Un terreau commun
C’est pour renouer avec ce passé multiculturel que le groupe d’étudiants a ensuite mené une recherche historique dans six villes où cohabitent plusieurs communautés. À Vranje, c’est un Slovène qui a créé le premier hôpital de la ville, deux Américaines qui ont fondé le premier orphelinat et un ambassadeur turc qui a donné aux enfants au début du xx e siècle, l’envie de jouer au tennis…
Mais les grands hommes ne sont pas les seuls à constituer ce terreau commun. À Loznica, par exemple, l’usine, principal employeur de la ville, a été un lieu de brassage – toutes les communautés y ont travaillé – et une source de souvenirs partagés. Autour de ces histoires, plusieurs « visites touristiques » ont été organisées, auxquelles ont ensuite été conviés des lycéens venant de différents établissements. Les jeunes ont été encouragés à créer, pour chaque étape, des sortes de mini-performances artistiques laissant place à leur créativité. Une expérience ludique de collaboration sur un terrain culturel partagé visant à retisser des ponts. « Leur regard, au bout de trois jours, n’avait rien à voir avec celui du début du séminaire où ils se découvraient. Car, même s’ils avaient un âge équivalent, ils ne s’étaient jamais rencontrés, chacun évoluant dans des parties différentes de la ville », sourit Ana.
Les projets ludiques et artistiques menés dans les lycées visent à retisser les ponts. © Groupe 484 Une stigmatisation des Roms qui nuit à leur intégration
Nous montons un projet sur trois ans pour les jeunes Roms de 9 à 12 ans pour leur prouver qu’il y a un autre chemin possible que la marginalisation.
Christina Bala de SteaPartout dans les Balkans, le plaisir ou le challenge de « faire » peut déplacer les montagnes, comme le montre le programme imaginé par Cristina Bala, responsable de Stea, autre partenaire du CCFD-Terre Solidaire, qui accompagne les populations les plus fragiles en Roumanie. L’épicentre de son activité ? Le village de Sătmărel, intégré à la ville de Satu Mare, aux confins de la Roumanie, de la Hongrie et de l’Ukraine.
« Ce quartier, situé à plus de 10 kilomètres du centre-ville, est l’une des zones où vivent depuis cinq à six générations, une minorité rom extrêmement marginalisée, raconte-t-elle. Ces anciens domestiques des nobles hongrois installés à l’époque en Transylvanie sont stigmatisés par les Roumains qui leur reprochent de parler hongrois, mais aussi par les Hongrois qui les considèrent comme des individus de seconde catégorie. » Une stigmatisation insupportable qui ne laisse pas à cette population sédentarisée depuis de nombreuses décennies, la possibilité de réellement s’intégrer… En témoigne notamment ce qui se passe à l’école : alors que les Roms représentent 70 des 103 élèves scolarisés, les cours sont en roumain, une langue inconnue des enfants. « Cela ne facilite pas leur intégration et encourage même leur déscolarisation », poursuit la responsable. Et les filles qui s’accrochent pour terminer le primaire ne peuvent pas continuer leurs études à l’extérieur de Sătmărel. Car leursparents les marient au plus vite pour éviter qu’elles ne fassent de « mauvaises rencontres » en dehors de leur communauté ! De quoi entretenir une spirale infernale…
Un projet pour renforcer l’estime de soi
Pour briser cette exclusion, Stea a eu l’idée avec un partenaire hongrois d’organiser un tournoi d’échecs de part et d’autre des frontières, ouvert à tous les jeunes, quelles que soient leurs communautés d’origine. Pour battre les Hongrois, les Roumains de Satu Mare n’ont pas hésité une seconde à coacher les jeunes Roms… Un étrange compagnonnage où chacun s’est trouvé valorisé : les Roms, parce qu’ils ont pris confiance en eux, encouragés par les Roumains ; et les Roumains, car ils étaient fiers de voir leurs conseils suivis avec succès par les Roms. « À l’issue de ce tournoi, certains Roumains ont même demandé à leurs parents de poursuivre cet accompagnement afin de continuer à faire progresser leurs camarades roms », se félicite Cristina.
Pour aller plus loin, Stea met la dernière main à un projet visant à renforcer l’estime de soi des jeunes Roms de Sătmărel – et donc à favoriser leur intégration. « En nous inspirant d’une expérimentation menée aux Pays-Bas, nous sommes en train de monter un projet sur trois ans pour les jeunes de 9 à 12 ans afin de leur prouver qu’il existe un autre chemin possible que la marginalisation. Nous allons leur faire découvrir des métiers avec des professionnels qui les exercent. » Avec la certitude pour Steaque ces professeurs joueront un rôle de levier comparable à celui des joueurs d’échecs.
« La transformation des individus est encore plus forte quand les personnes à l’origine de ces avancées ont des parcours exemplaires montrant que la réconciliation peut être source d’épanouissement », approuve Tamara. De mère bosniaque originaire de la région de Mostar et de père serbe, elle a appris elle-même dès le plus jeune âge à aller vers les autres et à s’enrichir à leur contact. Une seconde nature qu’elle cherche à faire partager.
Laurence Estival.
-
Paraguay : une démocratie à construire
Responsable de la Codehupy, Oscar Ayala lutte depuis son plus jeune âge pour un Paraguay démocratique et respectueux des droits humains.
-
Cambodge : former les citoyens de demain
Former les jeunes Cambodgiens aux outils numériques, les informer sur leurs droits politiques, sur les droits humains et les inciter à participer à la vie politique et sociale. Autant d’objectifs que s’est fixés Cambodian Youth Network (CYN), une organisation cambodgienne pour les aider à devenir des citoyens engagés.
-
Au bonheur de la rencontre
Engagées au CCFD-Terre Solidaire depuis de longues années, dans la Sarthe pour Bénédicte Ariaux et en Ille-et-Vilaine pour Adeline le Morzacec, les deux bénévoles témoignent ici de leur implication dans le projet régional Mer, depuis 2015.
-
Asie : mobilisation contre l’économie bleue
En Asie, derrière les investissements de masse dans l’économie bleue, notamment dans les activités touristiques, se dessine l’accaparement des mers au détriment des communautés locales.
-
Devoir de vigilance : la loi française inspire l’Europe et le monde
En 2017, la France devient pionnière dans la lutte contre l’impunité des multinationales en adoptant une loi inédite sur le devoir de vigilance des entreprises. Elle fait désormais figure de référence au sein de l’Union européenne et au niveau international, où des négociations sont en cours pour légiférer sur la question.
(suite…) -
Liban : abattre les cloisons pour construire des ponts
Le fondateur de l’association Alpha, le père Albert Abi Azar vit à Beyrouth. Alpha, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, intervient au pays du Cèdre, mais aussi en Syrie et en Irak pour des missions d’urgence humanitaire, et dans le cadre de son programme d’alphabétisation. Rencontre avec un homme au caractère bien trempé, porteur de la mémoire de son pays.
-
Développement : «Il est temps de lever l’ambiguïté»
Dès sa création, le CCFD-Terre Solidaire défend une vision du développement qui doit permettre à chaque personne de se réaliser dans ses dimensions : économiques, culturelle, spirituelle et citoyenne. 60 ans plus tard, dans un monde où le profit est roi, quelle est la position de l’association ? Esquisse de réponse avec le directeur de partenariat international, Nicolaas Heeren.
-
Journée mondiale contre la faim : crise alimentaire, l’alerte rouge
Les chiffres de la faim dans le monde atteignent des niveaux sans précédent, sous l’impact délétère de systèmes agroalimentaires obsolètes, dénoncés depuis des années, et désormais amplifiés par la crise du Covid.
(suite…) -
Tournés vers cet horizon d’un monde de paix et de partage qui reste à inventer #60 ans
1961 : répondant au double appel du pape Jean XXIII et du directeur de la FAO, quelques organisations catholiques se rassemblent pour engager une première campagne d’appel au don. Leur but : éradiquer la faim dans le monde. Au cœur des Trente Glorieuses, les images d’enfants, de femmes et d’hommes faméliques sont insupportables à l’opinion publique. Les Occidentaux sont alors convaincus d’être entrés dans l’ère du progrès.
2021 : le CCFD-Terre Solidaire fête ses 60 ans ; une drôle d’année pour un anniversaire !
Mais qu’avons-nous à fêter, vraiment ? En 2021, la faim demeure une réalité et réapparaît de manière aiguë dans bon nombre de pays (voir p. 48). Ainsi, le Liban que nous avions cru épargner plonge dans la misère et le chaos après des années de crise politique et de corruption (p.11).
Qu’avons-nous à fêter ? Nous avons cessé de croire que croissance et promotion humaine sont liées. Notre modèle de développement est à la racine d’un effondrement écologique sans précédent, dont les plus vulnérables sont les premières victimes. Que voulons-nous dire alors en affichant que nous sommes « pour le développement » ? (p. 4).
Dans l’encyclique Populorum Progressio qui a été la source de l’action du CCFD, le pape Paul VI affirmait que le développement était « le nouveau nom de la paix ». Depuis son élection, François ne cesse de nous alerter sur cette « Troisième Guerre mondiale par morceaux » qui ronge notre planète.
La pandémie – et ses incidences sur l’économie – nous a une nouvelle fois démontré les limites de notre système, dénoncé à de nombreuses reprises. Sans un changement profond de modèle qui passe par le partage des richesses, par la régulation des entreprises (p. 45) et par un autre système alimentaire basé sur l’agroécologie, le développement ne pourra bénéficier « à tout homme et à tout l’homme ».
Alors après 60 ans d’engagement, où se trouve notre espérance ?
Nous puisons notre force dans le formidable réseau d’acteurs, composé d’organisations petites et grandes, qui, sur tous les continents, est engagé au côté des plus vulnérables pour faire reculer la misère. Ils inventent et mettent en œuvre des solutions concrètes, inspirantes.
Au Proche-Orient, dans les Balkans, ou dans la région des Grands Lacs, ils créent les espaces de dialogue entre communautés, entre religions, et ouvrent de possibles chemins du « vivre-ensemble » et de la paix (p. 9 et 42). Réunis au sein du programme Tapsa, ils initient des programmes d’agroécologie avec les paysans (p 16). Autant d’actions qui, par leur exemplarité, démontrent qu’il est possible de bâtir un monde protecteur de notre terre nourricière, où chacune et chacun peut vivre pleinement et dignement.
Ce réseau qui agit et se développe grâce au soutien du CCFD-Terre Solidaire, nous l’appelons le « partenariat ». Ce lien si particulier tissé avec des organisations des sociétés civiles, partout dans le monde, fonde notre engagement. Fort de ces liens, nous portons la ferme conviction qu’en devenant toujours davantage frères et sœurs nous ouvrirons ensemble des chemins nouveaux pour sortir des impasses du consumérisme. Offert comme un cadeau l’année de nos 60 ans, la nouvelle encyclique sociale du pape François Fratelli Tutti conforte cette conviction. Elle nous appelle à « raviver notre vocation de citoyens de nos pays respectifs et du monde entier, bâtisseurs d’un nouveau lien social ». (p. 40)
Après 60 ans d’engagement ferme et constant, nous, acteurs et actrices du CCFD-Terre Solidaire restons plus que jamais mobilisé·e·s et tourné·e·s vers demain : vers cet horizon d’un monde de paix et de partage qui reste à inventer. Vers ce lointain qui nous est si proche.
Manuele Derolez, déléguée générale du CCFD-Terre Solidaire