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Les erreurs des Ong, le choix du gouvernement
Sandra Giraudeau, chargée de mission Asie au Ccfd, à son retour de Thaïlande
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La situation en Thaïlande : contexte et partenaires
Contexte général et situation du pays après le tsunami
La Thaïlande a été moins touchée par le tsunami du 26 décembre 2004 que le Tamil Nadu en Inde, le Sri Lanka et surtout Aceh en Indonésie : au 16 février, 5 395 personnes avaient été déclarées mortes et 3001 disparues, dont au moins 1 000 étrangers. Toutefois, des corps avaient été brûlés à la hâte dans les derniers jours de décembre, et par conséquent non comptabilisés dans les statistiques. Le tsunami du 26 décembre a touché six provinces du Sud de la Thaïlande sur la côte d’Andaman (côte Ouest) : Phuket, Phang Nga, Krabi, Ranong, Trang et Satun. C’est Phang Nga qui a été la plus affectée. Au total, ce sont 308 villages qui ont été touchés de manière importante ; 12 068 familles (54 672 personnes) ont eu des blessés ou des morts, 3 600 maisons ont été détruites et 3 200 autres endommagées. Les communautés concernées sont essentiellement des villages de pêcheurs et des urbains vivant du tourisme, activité extrêmement développée dans la zone. Ceux qui n’ont plus de logement vivent pour l’instant dans des abris temporaires (tentes, maisons en tôle ou en bois) construits par la Croix Rouge thaï, le Gouvernement ou des ONG telles CODI ou World Vision.
Le raz-de-marée aurait causé 260 millions d’Euros (13 milliards de Bahts) de dommages à la Thaïlande, selon le Gouvernement. On estime à 7.8 millions de dollars US le montant des dégâts occasionnés par le raz-de-marée sur les infrastructures civiles (routes, ponts, ports, etc.), dont 70 % à Phang Nga. 4 500 bateaux de pêche de la côte d’Andaman ont été endommagés ou même détruits, ce qui signifie que près de 30 000 familles ont perdu leurs moyens d’existence. La perte due au tsunami pour le secteur de la pêche est évaluée à 36 millions de dollars US.
Mais, pour le Gouvernement thaïlandais, ce sont les pertes enregistrées par l’industrie du tourisme, qui représente 6% du PIB, qui posent réellement problème : le Ministère du Tourisme estime que la baisse d’activités subséquente au tsunami ferait chuter les recettes du secteur de plus de 780 millions de dollars US pour le premier trimestre de 2005 (l’Association Touristique de Phuket annonce un manque à gagner de 500 millions de dollars US pour les mois de janvier et février). 200 000 emplois seraient menacés dans la région. Le Premier Ministre a très rapidement lancé la réparation/reconstruction des complexes hôteliers et autres infrastructures touristiques et tout de suite cherché à attirer de nouveau les visiteurs étrangers. Il considère qu’environ 200 millions d’Euros (10 milliards de Bahts) sont nécessaires pour la relance de l’activité touristique dans la zone.
Le déblaiement des zones touchées a été effectué en janvier et la reconstruction des zones touristiques a très rapidement suivi les opérations de secours, dès le mois de février. Alors en pleine campagne électorale, le Premier Ministre Thaksin Shinawatra a tenu à montrer que la Thaïlande pouvait se relever immédiatement de la catastrophe et a notamment pris soin de venir en aide aux touristes étrangers. Par contre, beaucoup de villages de pêcheurs ont été délaissés par l’aide d’urgence. La Thaïlande a refusé l’offre de moratoire sur sa dette extérieure et n’a demandé l’aide internationale que pour l’identification ADN des victimes.
Enjeux affectant la mise en place de l’aide
Si les opérations de secours ont été menées efficacement en Thaïlande, il n’en reste pas moins que l’aide n’a pas toujours été équitablement répartie en fonction des victimes, et surtout des intérêts des dirigeants locaux et nationaux.
Concentration de l’aide sur les zones touristiques
L’aide gouvernementale d’urgence a été très nettement concentrée sur les zones touristiques, notamment pour venir en priorité au secours des étrangers. Les autorités ont tenu à montrer au monde qu’elles prenaient un soin spécial des touristes, et ont très vite amorcé la reconstruction des complexes hôteliers. Par contre, l’efficacité des efforts d’urgence et de reconstruction n’a pas toujours bénéficié aux populations locales, aux immigrés birmans, aux pêcheurs musulmans et aux communautés de pêcheurs bouddhistes. Aujourd’hui encore, des villages côtiers restent sous les décombres, et leurs populations n’ont pas reçu d’aide des autorités locales ou nationales.
Il est à craindre que la négligence vis-à-vis des zones non touristiques ne s’explique également par le fait que le gouvernement entende étendre l’emprise du tourisme sur les côtes, et donc ne pas encourager les locaux à reconstruire leurs villages dans les zones dévastées et pas encore déblayées. Les priver d’aide pourrait être une façon indirecte de les encourager à céder le bord de mer aux activités touristiques. Par ailleurs, les autorités ont profité du tsunami pour adopter de nouvelles réglementations interdisant aux commerçants d’installer leurs échoppes sur les plages, ce qui a provoqué la fureur des ces derniers.
Le cas des travailleurs birmans en Thaïlande
On dénombre entre 70 000 et 120 000 travailleurs birmans dans le Sud de la Thaïlande, dont 75 000 enregistrés légalement auprès des autorités, employés dans les secteurs du tourisme, de la pêche, du bâtiment ou de l’agro-alimentaire. On estime qu’entre 3 000 et 7 000 d’entre eux seraient morts (ils ne sont pas comptés dans les statistiques nationales). Jusqu’à la mi-janvier, la police thaïlandaise a quotidiennement arrêté et expulsé à la frontière un total estimé à 2 000 Birmans sans papiers (la plupart des rescapés du tsunami ayant perdu tous leurs papiers dans le raz-de-marée). Ces derniers ont ensuite dû payer les autorités birmanes parce qu’ils rentraient au pays sans papiers en règle. Un journal national a alimenté l’hystérie anti-birmane et l’hostilité de la police à leur encontre en répandant la rumeur que les Birmans pillaient les bâtiments dévastés sur la côte. La majorité des travailleurs birmans a donc fui dans les forêts ou même en Birmanie pour échapper aux contrôles, au lieu de se rendre sur les lieux de distribution de l’aide d’urgence.
Sous la pression des ONG nationales et internationales de défense des droits de l’homme, les autorités nationales ont déclaré qu’elles empêcheraient les arrestations arbitraires de Birmans et toute discrimination à leur encontre dans la distribution de l’aide. L’attitude du Gouvernement s’explique notamment par le fait que la Thaïlande a besoin de la main-d’œuvre birmane pour reconstruire les zones dévastées. Mais, malgré la fin des exactions contre les Birmans, nombre d’entre eux craignent toujours la répression de la police et des autorités locales et continuent donc à se cacher. Seules quelques centaines de corps birmans auraient été identifiés parmi les victimes du tsunami, car les familles n’osent pas se rendre sur place par peur des arrestations.
Il est très difficile de leur venir en aide car ils forment une communauté peu organisée et très méfiante vis-à-vis des intervenants de l’extérieur (y compris ceux des ONG), par peur d’être dénoncés aux autorités. Seules les organisations locales travaillant de longue date avec eux peuvent leur apporter une aide efficace et les convaincre de se rendre dans les bureaux des administrations locales pour que leurs documents officiels (carte d’identité, permis de travail, carte de couverture sociale) soient refaits.
Alors que beaucoup de Birmans de la diaspora se sont rendus dans le Sud de la Thaïlande au lendemain du raz-de-marée pour apporter des secours aux travailleurs immigrés, la discrimination positive ostentatoire pratiquée par des personnes ne connaissant pas bien le contexte local a pu attiser la rancœur d’employeurs ou de citoyens thaïlandais eux aussi privés d’aide d’urgence.
Il faut également nuancer la discrimination subie par les travailleurs birmans en précisant que, dans certains cas, leurs employeurs ont collaboré de près avec les ONG locales pour les retrouver et leur venir en aide.Activités des partenaires en Thaïlande
Tsunami Action Group (TAG)
Le TAG est une coordination ad hoc constituée quelques jours après le tsunami par plusieurs ONG locales, pour coordonner leurs actions d’urgence en direction des travailleurs birmans. Ces organisations, parmi lesquelles figure Altsean Burma, partenaire du CCFD, sont toutes habituellement engagées dans la défense des droits des travailleurs birmans ou des droits humains en général. Le TAG sera en activité jusqu’à la fin mars. La coordination intervient dans la province de Phang Nga, dans les villages côtiers mais également dans les terres, pour apporter de l’aide aux travailleurs birmans et les accompagner dans les procédures de délivrance de nouveaux documents officiels auprès des autorités locales. Parce que de nombreux Thaïs sont aussi exclus de l’assistance gouvernementale, ils bénéficient également du soutien des équipes du TAG dans les territoires où celles-ci travaillent avec les Birmans.
Yadfon
Dans la province de Trang, Yadfon est intervenu auprès des communautés de pêcheurs avec lesquelles l’ONG avait travaillé, il y a plusieurs années, sur l’implantation de mangroves et la gestion durable des ressources halieutiques. Yadfon a distribué de l’aide d’urgence et fourni de l’équipement de pêche dans 5 villages. Tout en poursuivant cette première phase de secours, l’ONG s’engage maintenant dans des activités de plus long terme, notamment la réorganisation des communautés affectées et la plantation de mangroves, qui ont joué dans certains endroits un rôle important de tampon pour amortir l’impact du raz-de-marée.
Spirit in Education Movement (SEM)
En collaboration avec des organisations membres du TAG, SEM a envoyé des moines bouddhistes et des psychologues dans les provinces du Sud afin de fournir un soutien moral et psychologique aux personnes affectées. L’organisation a également participé à des opérations de distribution d’aide d’urgence. Pendant l’année 2005, SEM et le réseau asiatique International Network of Engaged Buddhists (INEB) vont former des leaders religieux et séculiers locaux au soutien psychologique pour aider les personnes traumatisées par la catastrophe du 26 décembre.
Quelques initiatives remarquables de partenaires du CCFD en Thaïlande
Approche participative des opérations d’urgence.
Quand Yadfon avait mené des projets de préservation de mangrove avec des communautés de pêcheurs du Sud de la Thaïlande il y a dix ou quinze ans, des comités villageois avaient été constitués pour suivre la mise en œuvre des différentes activités. Après le tsunami, c’est sur ces comités que l’ONG s’est appuyée pour organiser les opérations d’urgence et de réhabilitation. Ce sont donc les communautés qui ont elles-mêmes pris en charge l’aide (en organisant la distribution de nourriture et de matériel de première urgence, en achetant elles-mêmes les filets et autres équipements de pêche, etc.), de la même manière qu’elles avaient participé aux projets de développement de Yadfon auparavant.
Formation des agents de l’administration pour l’adoption des orphelins du tsunami.
Le CPCR (Centre for Protection of Children’s Rights) a contacté d’autres ONG et organisations gouvernementales afin de rechercher des solutions durables pour les quelque 1 200 enfants rendus orphelins par le tsunami, et accueillis jusqu’à présent dans des structures de l’Etat. L’ONG souhaite lancer un programme pilote avec 20 enfants pour identifier, agréer et former des familles d’accueil, et envisage de former des agents du Ministère du Développement Social pour qu’ils généralisent ensuite ce protocole (inédit en Thaïlande) par eux-mêmes.
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« La force et la dignité de populations »
Témoignage
Lidia Miani, chef de service Asie au Ccfd, à son retour d’Aceh
7 mars 2005 -
Situation des travailleurs migrants birmans
Extraits du rapport de la mission internationale (Organisation Internationale des Migrations, Banque Mondiale et différentes organismes des Nations Unies).
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Rapport d’activité de HDO (Organisation pour le Développement Humain)
HDO s’est beaucoup impliqué et engagé dans les districts les plus négligés, distribuant des secours aux victimes, en particulier aux enfants, aux femmes, aux femmes enceintes qui n’avaient reçu aucune aide aussi bien de l’Etat que d’autres organisations.
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Le conflit à Aceh : obstacle majeur à la mise en œuvre des secours
Le tsunami, qui a ravagé le Nord de l’île de Sumatra le 26 décembre 2004, a ouvert au monde de la région d’Aceh, complètement fermée depuis deux ans à toute présence étrangère pour cause de conflit entre l’armée et le Mouvement pour un Aceh Libre, appelé aussi GAM (de l’indonésien Gerakan Aceh Merdeka). Ce mouvement autonomiste a démarré ses activités en 1976, et le conflit qui l’oppose à l’armée aurait fait 12 000 morts (dont 2400 depuis 2003), dont de nombreux civils d’après des associations de défense des droits de l’homme.
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Femmes et enfants, doublement victimes ?
De HDO, Sri Lanka, 24 janvier
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Les autorités thaïes font le ménage parmi les travailleurs birmans
De Asian Human Rights Commission, 19 janvier
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Indonésie : la situation au 17 janvier 2005
Contexte général à Sumatra
- Les autorités indonésiennes font état de 115 229 morts à ce jour. Le nombre de disparus varie selon les Ministères indonésiens de 11 000 à 75 000 personnes.
- On estime à 700 000 le nombre de personnes qui ont été privé de toit. Des milliers de sans abris ont fui. La plupart vivent désormais dans des camps de fortune ou dans chez des proches. Leurs traumatismes psychologiques sont à priori graves.
- Le seul hôpital qui fonctionne est dirigé par des militaires. MSF a été autorisé néanmoins à ouvrir des cliniques à Aceh.
- L’essence qui a si cruellement manqué les premiers jours se revend à la pompe. L’électricité est rétablie dans plusieurs secteurs.
- Les coûts de la reconstruction de la province d’Aceh ne sont pour l’instant pas évalué avec précision. Des zones entières de la pointe Nord-ouest de l’île de Sumatra sont encore coupées de toute communication, et les secours en sont encore à la phase d’urgence. Le gouvernement a avancé le chiffre de 2,15 milliards de dollars, mais devraient affiner son estimation la semaine prochaine.
- L’aéroport est engorgé d’avions venus des quatre coins du monde. La compagnie nationale aérienne, Garuda, fournit cinq vols quotidiens supplémentaires, qui affichent tous complets.
- Il semble que les journalistes et les humanitaires doivent demander une autorisation à Djakarta pour entrer à Aceh dorénavant.
Les principales questions soulevées par la société civile
- L’aide est arrivée en Aceh aujourd’hui, mais sa distribution pose toujours problème.
- Les militaires sont accusés de refuser l’aide à des personnes qui ne présenteraient pas les papiers d’identité ou d’enregistrement adéquats.
- De l’aide serait stockée dans les aéroports de Djakarta et Medan en attendant les moyens logistiques pour l’acheminer.
- Le gouvernement communique toujours très peu d’informations sur l’aide d’urgence aux populations affectées.
- Les organisations qui envoient de l’aide alimentaire à Aceh se plaignent ne pas avoir une idée claire sur les procédures publiques et militaires de distribution de l’aide.
- «Ce que dure la compassion »[[Tiré du Courrier International n°740, 6 janvier 2005]]: Le séisme de Nabiré (en Papouasie en février 2004) constitue le dernier exemple en date d’une prolongation des souffrances des habitants par manque de coordination et de suivi de l’aide dans le temps. Deux semaines après qu’un tremblement de terre d’une magnitude 6,4 sur l’échelle de Richter eut touché la région –et cessé des faire la une des journaux indonésiens – les hôpitaux manquaient de médicaments les plus basiques pour soigner diverses maladies consécutives aux séismes, comme le paludisme, les infections respiratoires et la diarrhée. La prolongation de ces troubles était imputable à des conditions sanitaires désastreuses et la pénurie d’hébergement pour les personnes déplacées. A Aceh, la situation est similaire à une plus grande échelle, et la société civile s’inquiète qu’une fois l’élan de compassion retombé, le gouvernement n’élabore pas de projets pour la reconstruction d’infrastructures essentielles telles que les écoles et les hôpitaux, et relancer l’économie. A noter, les autorités indonésiennes auraient entrepris de replanter 600 000 hectares de mangrove, une barrière végétale, qui cède peu à peu la place à des fermes d’élevage de poisson ou de crevettes.
- Demande d’un cessez-le-feu immédiat entre les belligérants du conflit d’Aceh, et une levée de l’état d’urgence civil. Le GAM a offert un cessez-le-feu dès le 27 décembre. Or, l’armée continue à mener des raids contre la guérilla en particulier dans l’Est et le Nord d’Aceh. L’armée qui joue un rôle central dans la distribution de l’aide ne peut pas en même temps mener des activités militaires de sécurité.
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La société civile thaïlandaise. Point au 14 janvier – CCFD
Les secours en Thaïlande semblent plus rapides qu’ailleurs. Des équipes médicales sont venues dans les zones affectées dès le 04/01/05 (notamment des camions qui transportent les victimes du Tsunami à Takuapa, au nord de l’île de Phuket).
Les camps d’aide (soutenus par L’UNICEF qui fournit une équipe d’experts psychologues dans les camps) pour les personnes affectées sont ouverts : 3.000 déplacés dans le camps Bang Muang à Phang Nga et le camp de Ranong. Les agences locales, le gouvernement et les volontaires y travaillent durement pour assurer l’accès aux besoins des déplacés. L’ONG World Vision Foundation of Thaïlande a construit 250 abris temporaires pour les personnes vivant dans les camps.La Croix-Rouge Thaï s’est mobilisée pour distribuer de l’aide aux victimes du Tsunami. La CRT reçoit un appui important de donations publiques et privées. Les aides en nourriture et en fournitures scolaires sont distribuées par le PAM aux écoles dans les zones touchées, en collaboration avec les directeurs de l’Education (Phuket, Phang Nga, Ranong et Krabi). Les ONG internationales (UNICEF, ONU, UNDAC, IFRC, PAM) sont présentes dans les zones affectées dès le 30/12/2004. La Fédération de la Croix-Rouge Internationale offre toutes les aides dont a besoin la Croix-Rouge Thaï (CRT) pour faire face aux conséquences de la catastrophe.
Dès le 01/01/05, une évaluation par les Nations Unies est réalisée dans la province de Phang Nga, la zone la plus sinistrée. Le PAM a effectué une mission d’évaluation de 6 jours dans le sud de la Thaïlande du 04/01/2005 au 11/01/2005. Il a fourni des vivres pour 15 jours à environ 2.000 familles vulnérables dans 6 provinces sud thaïlandaises.
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Affronter le terrain
De Sheep, branche de la fondation Cindelaras, partenaire en Indonésie, 14 janvier 2005.
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Implications du conflit séparatiste d’Aceh pour les opérations de secours en Indonésie
En Indonésie, le séisme et le raz-de-marée du 26 décembre 2004 a touché Aceh au nord de Sumatra, une zone déchirée par l’affrontement entre les rebelles indépendantistes du Gerakan Aceh Merdeka (GAM, Mouvement de libération d’Aceh) et l’armée indonésienne.
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Les enjeux de la reconstruction
Une aide publique très sélective….
L’aide est arrivée de manière massive et très efficace en Thaïlande, notamment grâce à la logistique du régime militaire. D’emblée, le gouvernement a fait des zones touristiques sa priorité: 6% du Pib national repose en effet sur le tourisme, rejetant dans l’ombre certains villages sinistrés. En pleine campagne éléctorale pour sa réélection (6 février), le premier ministre Thaksin a misé sur la confiance suscitée par un redéveloppement de l’activité touristique, également gage de bonnes affaires pour cet entrepreneur et son entourage…
Relocalisation: quel avenir pour les pêcheurs?
En attendant la reconstruction de la côte, les habitants -pêcheurs ou ceux dont l’activité est liée au tourisme- sont installés dans des camps provisoires, en retrait de la mer. Les pêcheurs retrouveront-ils leur habitat et leur activité si le gouvernement appuie le lancement de grands projets touristiques?
Travailleurs birmans : graves violations des droits de l’homme
Les Birmans immigrés seraient 70 000 à travailler légalement en Thaïlande (pêche, tourisme, bâtiment). Habituellement considérés comme des citoyens de seconde zone, certains ont perdu tous leurs papiers dans la catastrophe. Relayée par la presse, une hostilité anti-Birmans s’est répandue chez les Thaïs peu après le tsunami. Hostilité entretenue par l’attention particulière dont bénéficièrent les Birmans de la part des Ong de droits de l’homme, des médias étrangers et de la diaspora birmane. Passages à tabac, persécutions : les Birmans et leurs défenseurs sont devenus, pendant quelques semaines, des cibles de la colère populaire. Si le calme semble revenu, la communauté birmane reste méfiante, ce qui rend difficile le travail des Ong en leur faveur.
Méfiance anti musulmans
Le pays est en proie à une tension ancienne entre bouddhistes et musulmans, ravivée par la rébellion d’une partie des musulmans dans le sud du pays. Les pêcheurs musulmans des zones affectées font face à une certaine méfiance et se retrouvent bénéficiaires secondaires de l’aide.
Risque d’enlèvement d’enfants
L’Unicef met en garde contre les risques que courent les enfants isolés, victimes potentielles de trafics. Avec les Ong, elle se mobilise pour mettre en place des mesures de protection.
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Les enjeux de la reconstruction
L’instrumentalisation de l’aide
Les deux camps (gouvernemental et tamoul) qui s’opposent depuis 40 ans luttent pour le monopole de l’aide à apporter dans les zones tamoules. Le LTTE possède sa propre organisation humanitaire. Sur le terrain, les associations doivent ménager un espace indépendant pour la société civile.Les femmes en dernière position
Comme en Inde, les femmes veuves ou divorcées ne sont pas considérées comme des bénéficiaires prioritaires de l’aide. Notamment parce qu’elles n’ont pas le statut de chef de famille lors des opérations de distribution.Relancer les activités économiques… au bénéfice des populations
La pêche et le tourisme représentent moins de 5% du Pib mais font vivre plusieurs centaines de milliers d’individus. Souvent pauvres et marginalisées, ces populations de pêcheurs et Dalits risquent de se retrouver encore plus fragilisées après le tsunami. Face à des intérêts économiques (tourisme, pêche industrielle), elles devront s’organiser pour maintenir leur habitat et leur mode de subsistance. De nombreux titres de propriété on été perdus lors de la catastrophe, laissant présager des conflits autour des terrains côtiers.