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Etat des lieux
Le bilan du tsunami
- 10 749 morts dont 80% dans l’État du Tamil Nadu.
- 5 640 personnes sont portées disparues.
- Les îles Andaman et Nicobar ont été ravagées.
- 2 000 kilomètres de côtes ont été touchés.
- 900 villages de pêcheurs affectés.
- Plus de 120 000 maisons ont été endommagées ou détruites.
- Les dégâts matériels dépasseraient 2 milliards de dollars.
Situation actuelle
Des dizaines de milliers de déplacés vivent encore dans des logements temporaires, bâtis par les autorités et les ONG mais les chantiers de construction témoignent de l’avancée des travaux pour le relogement des pêcheurs.
La situation reste plus difficile pour les Dalits (Intouchables) ou les populations tribales (Adivasis) qui n’ont accès à aucun soutien, tant pour la relance des activités économiques que pour le relogement. Or, ils ont été eu aussi durement frappé par la catastrophe qui a considérablement accru la précarité de leur situation.
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Les enjeux de la reconstruction
L’Inde n’a pas refusé l’aide
Dans les premiers jours, on a reproché à l’Inde d’avoir « refusé l’aide internationale ». Un malentendu : l’Inde n’a pas refusé l’aide…
LireAbolir les discriminations
Intouchables, minorités tribales et paysans côtiers ont été négligés lors de la distribution de l’aide d’urgence. Peu à peu, le lobbying d’associations a permis d’améliorer leur prise en charge. Ils ont été en partie intégrés aux programmes publics de réhabilitation, mais n’ont pas encore été indemnisés par les autorités, contrairement aux pêcheurs…
LireL’accès au littoral pour reconstruire
Le gouvernement indien entend reloger les pêcheurs à distance du littoral pour préserver l’environnement et diminuer les risques. Mais ils craignent qu’on les chasse pour installer des hôtels en bord de mer…
LireMieux coordonner les acteurs de la reconstruction
Les opérations de secours ont été assez efficaces, mais menées sans vraie coordination. À l’heure de la reconstruction, les autorités, parfois rivales, travaillent isolément et consultent peu la population. Côté ONG, des coordinations ont vu le jour. Elles doivent encore dépasser des difficultés…
LireImpliquer les communautés affectées
Habitants et représentants des villages touchés aimeraient choisir où et comment ils aimeraient vivre ! Mais les programmes de reconstruction orchestrés par le gouvernement tiennent peu compte de leur avis. L’État n’a prévu aucun mécanisme participatif, tel que le réclament les ONG.
Contrôler les pouvoirs publics
Dans le Tamil Nadu, les “affaires” font régulièrement l’actualité. Comme des élections régionales approchent, les partis pourraient bien voir dans l’attribution des marchés de la reconstruction une occasion de se faire de l’argent. Une participation directe de la population concernée dans les décisions sur leur relogement freinerait de telles malversations.
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Le contexte social et politique
C’est la côte de l’extrémité sud-est de l’Inde qui a été affectée par le raz-de-marée. Ce littoral appartient principalement à l’état du Tamil Nadu (ancien État de Madras).
- Dans cette région, un fort sentiment d’unité tamoule s’est toujours manifesté. Largement hindouiste, le Tamil Nadu abrite au sud des communautés chrétiennes et, de façon disséminée, des minorités musulmanes contre qui les sectarismes s’exacerbent parfois.
- Au sein de l’Union indienne, l’État vit un progrès économique des plus rapides. Pêche industrielle, aquaculture, tourisme balnéaire et religieux étaient considérés comme les activités prometteuses de ce bord de mer.
- Toutefois, cette côte est surtout habitée par des pêcheurs artisanaux de basse caste et des petites communautés d’Intouchables.
- Les communautés d’intouchables (“dalits”) font l’objet d’une discrimination historique basée sur le système social en vigueur qui les place tout en bas de l’échelle sociale. Ainsi, les dalits du littoral n’ont pas accès à la mer pour les activités de pêche et doivent se contenter de la pêche en eau douce, nettement moins rentable.
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L’inde n’a pas refusé l’aide
Dans les premiers jours, on a reproché à l’Inde d’avoir « refusé l’aide internationale ».
De fait, son Premier ministre a seulement décliné les offres de financement d’autres pays pour les opérations d’urgence.
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Intouchables, doublement victimes
Dans une société indienne socialement très hiérarchisée, l’accès à l’aide n’est pas égal pour tous et reflète les inégalités de droit.
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La loi littoral en question
- Baptisée CRZ (Coastal Restriction Zone), une loi indienne interdit depuis 1991 toute construction dans la bande des 200 mètres longeant le littoral.
- Les population, notamment les pêcheurs installés sur la plage après cette date étaient donc hors la loi. Les hôtels de tourisme et les nombreux élevages de crevettes extrêmement polluants aussi.
- À l’heure de la reconstruction, le gouvernement parle d’appliquer la loi en relogeant les pêcheurs en retrait à l’intérieur des côtes. Ils sont très inquiets de ces mesures qui pourraient menacer leur activité, d’autant que l’aquaculture et de l’hôtellerie, plus influents, résistent à cette décision qui ne remet pas non plus ejn cause le projet de centrale nucléaire.
Faut-il faire enfin appliquer une loi restée lettre morte ? Ou, faut-il considérer les pêcheurs comme la meilleure protection du littoral contre les entraves inévitables à la loi ? Car de plus gros pollueurs menacent…
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Coordonner les acteurs de la reconstruction
Les actions de secours ont été menées par les services de l’administration indienne de manière relativement plus efficace qu’en Indonésie ou au Sri Lanka (des zones de conflits). Néanmoins les rivalités entre administrations, les faiblesses d’organisation ont ralenti l’action.
La multiplication des interventions, publiques, privées, internationales ont créé aussi des situations d’embouteillage t des problèmes de répartition.
Dans la durée, il faut disposer d’un plan d’ensemble, répartir les moyens, coordonner les interventions.
Une coordination pour les partenaires du CCFD
Les 25 partenaires indiens du CCFD impliqués dans les opérations d’urgence ont rejoint la coordination d’ONG Tsunami Relief and Rehabilitation Coordination (TRRC), créée le 31 décembre 2004 pour combiner les actions de terrain et mieux répartir l’aide.
Mi-janvier 2005, elle a opté pour la cessation des aides en nourriture aux populations de pêcheurs de Nagapattinam, déjà pourvues par d’autres moyens.
TRRC est devenue peu à peu un espace de réflexion et d’élaboration de projets pour la réhabilitation et la construction sur le long terme.
Cette coordination travaille aussi bien avec les autorités locales qu’avec les communautés affectées et les minorités dalits, religieuses ou tribales.En dépit de leurs bonnes volontés, les ONG membres ont parfois du mal à s’accorder ; certaines manquent d’expériences dans les zones affectées ; d’autres ont tendance à défendre la seule communauté qu’elles représentent.