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Une reconstruction équitable et durable
Pour garantir une aide adaptée aux besoins des populations, il est indispensable d’associer les ONG locales aux décisions, à la définition des besoins et des stratégies.
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La solidarité internationale en question
Les ONG humanitaires ont afflué vers les zones dévastées. Leur présence a souvent des effets indirects indésirables :- Les prix du transport et de l’immobilier se sont envolés
- Elles ont recruté des membres qualifiés d’organisations locales à des salaires dix ou vingt fois supérieurs aux salaires locaux, faussant le marché de l’emploi.
- Des organisations sont sorties du domaine de leur compétence, particulièrement dans la reconstruction d’infrastructures, habituel travail de l’Etat.
- Un certain nombre d’ONG ont collecté des fonds pour les victimes du tsunami alors qu’elles n’avaient pas de contacts ou de partenaires dans les régions touchées.
- Des organisations d’islamistes radicaux ont débarqué à Aceh pour rallier des victimes à leur cause
- Des organisations chrétiennes sélectionnent les personnes en fonction de leur religion.
- Des sectes évangéliques chrétiennes tentent de profiter du désaroi pour recruter.
- Ces entreprises constituent non seulement un abus des conscience mais risque d’aviver les tensions dans des contextes souvent très fragiles.
- Alors que dans les pays « riches », donateurs, on garde l’image d’États du Sud inefficaces et d’ONG internationales seules capables de travailler de manière compétente, le tsunami a démontré l’importance du rôle des ONG locales.
- La capacité d’analyse des sociétés civiles locales pour définir les besoins, les modes d’action n’est pas forcément pris en considération par les interventions internationales.
- Leur rôle de contre-pouvoir, de médiation, d’alerte auprès des pouvoirs publics locaux s’avère plus que jamais crucial pour une aide efficace.
Documents joints
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Aider les victimes indirectes
• Autorités et ONG ont identifié les victimes survivantes en fonction des dommages matériels qu’elles avaient subis. Est victime : le pêcheur qui a perdu sa maison, son bateau ; le paysan dont le champ a été inondé ; le commerçant ou l’hôtelier dont l’entreprise a été ravagée par la vague.
• L’économie côtière faisait vivre également des milliers de travailleurs qui avaient des activités parallèles à la pêche, au commerce maritime ou à l’agriculture côtière : transporteurs ou vendeurs de poissons, portefaix, petits commerçants…
Même s’ils n’ont pas été affectés physiquement ou matériellement, ils sont aussi sinistrés par le tsunami mais sont rarement pris en compte par les programmes internationaux en faveur des victimes.• Les plus démunis des zones affectées n’avaient ni maisons, ni bateaux, ni terrains au bord de l’eau. Dans la phase d’urgence, ils étaient contraints de mendier alors que l’aide arrivait en masse à destination des victimes plus « favorisées ».
Alors que l’aide permet de rebâtir à neuf, ceux qui n’avaient rien ne reçoivent rien et restent donc tout aussi pauvres. Dans ce cas, l’aide risque d’accroître les inégalités et les tensions sociales. -
Un accès aux terres favorable au développement
En Thaïlande, en Inde et au Sri Lanka des investisseurs en complexes hôteliers, en aquacultures et autres industries côtières entendent acquérir les terrains dévastés. Souvent avec l’aval de fonctionnaires ou des autorités.
• Sous prétexte de faire pousser des mangroves (les barrières végétales naturelles), les autorités entendent reloger les pêcheurs plus loin de la plage.
En dépit de considérations écologiques avancées, on peut craindre que la faiblesse et la corruption des pouvoirs publics ne favorisent davantage les intérêts d’entrepreneurs peu scrupuleux que ceux des populations locales.Les populations locales sont conscientes de l’importance du rôle environnemental des mangroves. Elles accepteraient de se reloger plus loin du bord de l’eau si elles étaient sûres que leur déménagement serve au reboisement. Mais elles ne veulent pas être dupées par de faux discours écologistes qui servent d’alibi à une économie plus polluante.
• Les pêcheurs artisanaux veulent vivre près des côtes. Quotidiennement, ils ont besoin d’accéder à la plage pour entreposer leurs bateaux, sécher le poisson, réparer les filets.
• De même, les paysans refusent de perdre leurs terres ou d’être réinstallés sur des terrains moins fertiles. Ils demandent juste une assistance technique pour dessaler les champs inondés.
• Les situations sont variées. Les populations obtiennent au cas par cas leur réinstallation au bord de l’eau. Elles ont besoin du soutien des ONG pour défendre leurs droits.
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Relancer une pêche artisanale durable
Des dizaines de chalutiers ont été détruits par le raz de marée. Reconstituer la flotte de pêche à l’identique n’est pas forcément la meilleure solution. Encore moins distribuer des bateaux de pêche sans discernement ou envoyer dans un climat tropical et à une main d’œuvre non formée, des chalutiers en excédent conçus pour les mers européennes.
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Ce sont les pauvres qui ont le plus perdu !
Selon la presse économique, le tsunami aura un impact économique faible : les principales infrastructures, les services et les zones industrielles ont été épargnées. A Aceh par exemple, les mines ont été préservées. Le Wall Street Journal prévoit que l’impact de la catastrophe sur le Pib de la région sera moins important que celui de l’épidémie de Sras. La Thaïlande, plus dépendante du tourisme, devrait subir le plus grand choc économique.
Ce sont les pauvres, les gens ordinaires qui « vont payer le plus lourd tribut », selon le New York Times. Leur marasme économique personnel pourrait les pousser à prendre le chemin de l’émigration, notamment au Moyen Orient, région traditionnelle d’accueil des travailleurs du Sud-est asiatique.