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Spécial Haïti
Le 12 janvier 2010, Haïti est frappé par un terrible séisme. Le séisme n’aura pas seulement des conséquences incalculables sur l’ensemble de la population, mais également sur le destin de la nation.
En ces jours difficiles, le CCFD-Terre Solidaire tient à affirmer sa solidarité. Nous restons aux côtés de celles et ceux qui travaillent pour le développement d’Haïti. Solidarité et courage, plus nécessaires que jamais aujourd’hui !
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Une situation très fragile et un enchaînement de grandes difficultés
Deux ans après le séisme du 12 janvier 2010, Haïti sort d’une longue période d’attente d’un réel démarrage de sa reconstruction. En effet, après le terrible séisme, se sont succédé à l’automne 2010 une épidémie de choléra qui a déjà fait 7000 morts et sévit toujours, plusieurs ouragans et de longs mois d’incertitudes politiques tout au long de l’année 2011.
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Le soutien du CCFD-Terre Solidaire depuis le séisme
L’année 2010 avait été marquée par l’engagement rapide de fonds d’urgence totalisant 430 000 € auprès des organisations haïtiennes partenaires pour la mise à disposition d’un fonds de solidarité pour à faire face aux besoins de première urgence des populations (kits alimentaires, remise en état de maisons, reprise de la scolarité des enfants…), la fourniture d’abris pour les populations sinistrées (150 tentes et 3 000 bâches), l’accès aux soins des populations (dispensaires aux Palmes et Delatte, mission médicale par des bénévoles du réseau du CCFD-Terre Solidaire du Loiret : 200 à 300 personnes par jour ont pu être soignées dans des zones rurales abandonnées ou des camps de réfugiés (Gressier – clinique mobile et Mariani), la reconstitution de la capacité d’intervention des organisations locales et la fourniture de semences vivrières locales.
L’année 2011 a constitué une phase assez longue de formalisation et écriture de projets avec les partenaires. Elle a abouti à des engagements financiers importants dans des projets de développement à long terme :
- le renforcement de l’accès au financement rural et le lancement du Fonds rural d’investissement et de crédit solidaires, pour relancer l’activité et la production de valeur ajoutée dans les campagnes (convention de partenariat tripartite CCFD-SIDI-KNFP de 600 000 € sur 4 ans, signée en octobre 2011)
- appui aux collectivités locales des sections reculées de Petit Goâve (convention de partenariat avec Concert-Action de 320 000 € sur 3 ans, signée en janvier 2012)
A venir :
- développement de la filière mangues avec ITECA à Gros Morne (projet de 1 100 000 € en attente de cofinancement)
- projet d’accès à l’eau potable à Grand Goâve avec Concert-Action (50 000 € du CCFD-Terre Solidaire sur un budget de 236 000 €)
- processus de décentralisation de l’institution ITECA en créant 4 agences régionales pour être au plus près des populations rurales et renforcer le mouvement paysan dans tout le pays (convention de partenariat à venir – 1er semestre 2012)
Au total, au 20 décembre 2011, 1 080533 € ont été engagés sur les 2 147 679 € collectés suite au séisme. Début janvier, le montant des engagements passera à 1 400 533 €, et à 1 900 533 € au cours du premier semestre 2012.
La longueur de ce temps d’écriture des projets confirme l’intuition du CCFD-Terre Solidaire et de ses alliés concernant le besoin de renforcement des capacités des partenaires. Aussi, l’année 2011 a vu la mise en place mesures de renforcement de leurs capacités, qu’elles soient incluses dans les conventions de partenariat (embauche de personnels spécialisés, création d’une cellule projet chez Concert-Action, d’un poste de responsable du suivi des réseaux d’eau pour assurer leur pérennité, audits institutionnels…), réalisées en mutualisation dans le cadre de la CIDSE (formations sur l’approche genre, sur la capitalisation / systématisation d’expériences) ou à venir (formation au montage de projet ou de cofinancements, formation de nouveaux responsables, envoi de volontaires…).
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Le financement populaire en milieu rural
L’assemblée constitutive du Fonds rural d’investissements et de crédits solidaires (FRICS) s’est tenue le 9 juin 2011 à Port-au-Prince. Elle a confirmé la large mobilisation des acteurs agricoles pour ce projet fédérateur porté par le KNFP (Conseil national du financement populaire) en partenariat avec le CCFD-Terre Solidaire et sa filiale de micro-crédit, la SIDI.
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Mission en Haïti 18 mois après le séisme
Chargée du suivi des partenaires au CCFD-Terre Solidaire en Haïti, Violaine Dory y a effectué une nouvelle mission, 18 mois après le séisme. Soutenue par une forte implication de la société civile et la solidarité internationale, la reconstruction se poursuit dans des conditions qui restent difficiles pour le peuple haïtien.
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Mission en Haïti 1 an après le séisme
En mission en Haïti 1 an après le séisme, Violaine Dory, responsable des partenariats du CCFD-Terre Solidaire en Haïti, a pu constater le remarquable dynamisme des organisations de la société civile haïtienne.
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A long terme le CCFD-Terre Solidaire accentue son soutien dans deux domaines
Relancer la production agricole et favoriser la structuration de la société civile
Le renforcement du développement agricole et rural
- par la construction d’un outil innovant de financement du développement rural, adapté aux spécificités du monde rural et accessibles aux paysans pour relancer et dynamiser l’agriculture haïtienne.
- par la création d’une filière de production locale de semences maraichères (toutes les semences maraichères sont actuellement importées)
- par l’appui à une filière mangue à Gros Morne, pour l’exportation et pour la consommation et transformation locales (mangue séchées, pulpe pour jus de fruit).
Bien organisés, ces partenaires s’investissent dans la structuration de la société civile et l’émergence de structures décentralisées (collectivités locales, bureaux décentralisés des organisations de la société civile) qui font défaut aujourd’hui encore en Haïti.
- Concert’Action prévoit d’appuyer 5 collectivités locales (aux Palmes et à Delatte) dans la création de centres administratifs autonomes (ils sont aujourd’hui liés au domicile de la personne en charge de la fonction) et dans la formation d’élus (droits, responsabilités, méthode).
- Iteca à décidé de décentraliser ses bureaux dans ses 4 zones d’intervention afin de contribuer à la structuration régionale et locale (Gressier, Gros Morne, St Marc, Savanette).
Paris, le 9 juillet 2010
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Le CCFD-Terre Solidaire a engagé 420 000 €
Dans la phase d’urgence, le CCFD-Terre Solidaire a engagé 420 000 € auprès de ses partenaires selon 5 axes.
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La Cellule de Réflexion et d’Action Nationale (CRAN) tire la sonnette d’alarme et prend position
La Cellule de Réflexion et d’Action Nationale (CRAN) des Jésuites et de la Société Civile suit avec préoccupation les évènements de la vie sociopolitique haïtienne.
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Vidéos
Témoignage de Chenet Jean Baptiste d’ITECA -
Retour de mission du CCFD-Terre Solidaire, trois mois après le séisme
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3 mois après le séisme, retour de mission
Nous arrivons en Haïti 3 mois après le séisme. Depuis l’aéroport, en partie détruit, jusqu’à notre hôtel situé sur les hauteurs de la ville, nous ne faisons que circuler entre les gravats et les tentes. Port au Prince est en ruines : même les bâtiments encore debout présentent des fissures, qui en laissent deviner la fragilité.
La population ne s’y trompe pas, qui s’est réfugiée dans des camps, spontanés ou établis par les organisations humanitaires et l’ONU. Ils pullulent dans toute la ville : les jardins publics et privés, les abords des routes, les terre-pleins centraux, les lits des rivières. Une partie des déplacés a trouvé refuge aux abords de la ville, dans un terrain vague entouré de marais, où les plantes croupissent dans l’eau saumâtre et dégagent une odeur pestilentielle. On observe les signes avant-coureurs d’un bidonville de grande ampleur : groupes électrogènes, logique d’occupation de l’espace à partir de ses frontières extérieures, regroupements des cabanons et petit commerce : tout indique que les réfugiés ont l’intention de s’établir durablement.
L’effondrement provoqué par le séisme ne concerne pas seulement le bâti : la désintégration du Palais présidentiel et des principaux bâtiments administratifs de la ville (trésor public, palais de justice, etc.) vient faire coïncider image mentale et image réelle. Face à la déréliction de l’Etat, au moment de la pire crise humanitaire qu’ait connue le pays depuis deux siècles, les haïtiens se retrouvent livrés à eux-mêmes.
Ils font face avec un étrange mélange de résignation et de force de volonté. Les scènes quotidiennes donnent d’infinis exemples de cette ambiguïté : marchés actifs où les vendeurs de bric à brac de tout poil côtoient les commerçants de fruits et légumes, voire les maraîchers écoulant eux-mêmes leur production ; jeunes filles se promenant en robes du soir et talons-aiguilles parmi les décombres pour se rendre au bal, la veille de Pâques ; prêtres et prédicateurs établis sur le perron des temples, ou sous le couvert de bâches improvisées : la vie est foisonnante dans cette ville en débris. La chaussée est encombrée de voitures, tac-tac, motos, camions, charrettes. Les vendeurs de lotos ont repris leur faction dans les cabanes-guérites situées au coin des rues. Les grillades, banane pesées, douce makousse, pistaches (arachide) et autres spécialités de la rue, se vendent aux carrefours, où retentissent, diffusées par des postes de radio montés sur des charrettes ou des tréteaux, les mélodies d’Haïti. Trois mois après le séisme, la vie semble avoir repris à Port au Prince, comme partout ailleurs dans le pays.
Et pourtant, le spectacle désolant des brigades de jeunes et de femmes employés par les programmes de « cash for work » pour dégager, par pelletées infinitésimales, les millions de mettre cubes de bêton, tôles froissées, fils et barres de fers, lambeaux de charpente, etc. démoralise les Haïtiens, pourtant habitués aux catastrophes et revers de fortune. A peine aperçoit-on, ici et là, quelques grues, dont certaines seulement sont actives. Tantôt, un convoi de camions chargés de déblais traverse la ville. Partout ailleurs, le « fatras » s’amoncelle, donnant à la ville des allures de décharge.
A cela s’ajoute le climat des « affaires », qui ont repris de plus belle : le trafic des déblais, dont des entrepreneurs sans scrupules ont tout de suite perçu l’intérêt (ils font un excellent remblai à jetées ou polders), est de notoriété publique. Les destructions ont fait ressurgir de vieux conflits fonciers, y compris dans des zones d’occupation très ancienne, et attisé toutes les convoitises : ainsi, les résidants, dépossédés de tous leurs biens, endeuillés par la mort de leurs proches, doivent-ils encore défendre leur parcelle contre des individus exhibant des titres de propriétés, parfois vieux de plusieurs siècles. Pendant ce temps, la classe politique est en proie aux hésitations, ambitions étroites et calculs de courte vue. Les initiatives positives (telle la commission, composée d’élus et de représentants de la société civile, chargée de débattre des propositions de reconstruction de la ville de Port au Prince, et où siège la vice-présidente du KNFP, partenaire du CCFD – Terre Solidaire et de la SIDI) sont rares, et ne sont pas exemptes de ces mêmes défauts.
Il est évident que les problèmes d’Haïti n’ont pas été modifiés en substance par le séisme. Le caractère anarchique de Port au Prince, envahi par les bidonvilles, est accentué par les destructions (d’autant plus importantes que le quartier était pauvre). L’économie informelle, qui repose comme partout sur le petit commerce essentiellement, fleurit en raison de l’exode rural massif (conséquence de l’appauvrissement des campagnes) et de l’absence de débouchés dans les secteurs formels (industrie d’assemblage dans les zones franches).
L’appauvrissement des campagnes (qui est un phénomène mondial, et qui touche tout particulièrement les zones montagneuses, par nature peu compétitives) dont on observe les conséquences désastreuses jusque dans le paysage, n’est donc pas ici compensé par l’essor d’une économie secondaire et tertiaire. Les paysans, chassés par la misère tout autant qu’attirés par la perspective d’accéder aux services (en particulier éducation et santé) concentrés dans les villes, viennent s’entasser dans des quartiers-boyaux s’égrainant le long des vallées qui descendent vers la côte.
Le développement rural s’impose dès lors comme une évidence. Le pays ne peut prétendre renverser la tendance actuelle qu’en modifiant totalement son rapport à l’espace. Ceci implique, en particulier, de faire de l’espace intérieur un « marché », où circuleraient les produits nationaux, et où ces derniers pourraient franchir diverses étapes de transformation. L’espace intérieur doit donc devenir tout à la fois un espace de production et de commercialisation. C’est une véritable révolution au regard de l’histoire haïtienne, les élites n’ayant jamais conçu le marché que comme extérieur (depuis la colonisation, tous les choix –d’implantation urbaine, de mise en culture, de gouvernance, etc.- répondent à des impératifs et à des contraintes extérieures).
Xavier Ricard Directeur des partenariats internationaux
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Une équipe de médecins bénévoles du CCFD-Terre Solidaire
Créée il y a 10 ans, Santé Formation Développement est une petite association de médecins et d’infirmières bénévoles. L’équipe est animée par Alain Fillon, médecin généraliste à Orléans, ancien responsable de la délégation diocésaine du CCFD-Terre Solidaire du Loiret. Alain Fillon a participé à de multiples actions en lien avec des partenaires asiatiques du CCFD-Terre Solidaire, notamment au Vietnam, Laos, Cambodge. Et en 2005, lors du tsunami au Sri Lanka, l’association est partie en mission d’aide d’urgence.
Après le séisme en Haïti, ITECA et FONHSUD (2 organisations locales partenaires du CCFD) n’ont pas eu accès à l’aide internationale médicale et matérielle à cause de leur situation géographiquement isolée. L’équipe de SFD s’est alors spontanément portée volontaire pour venir en aide auprès de ces populations rurales. Afin de préparer cette mission, l’association s’est mobilisée pour collecter des dons et du matériel médical. Une fois sur place, 12 médecins et infirmières se relayeront durant 1 mois. Ils ont réussi à acheminer 20 m3 de matériel médical. Dès les premiers jours, plus de 200 personnes étaient présentes pour bénéficier des consultations et des prescriptions… La demande est si forte que SFD s’est également rendu dans des camps de réfugiés où les sinistrés ne disposent d’aucun secours médical et vivent dans des conditions difficiles.