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Synode Amazonie : retour sur un événement historique pour l’Eglise

Publié le 13.12.2019| Mis à jour le 16.01.2022

Mgr Roque Paloschi, archevêque de Porto Velho au nord du Brésil, était présent au synode pour l’Amazonie du 6 au 27 octobre à Rome.
Il se confie sur l’espoir de changement que représente le synode pour l’Eglise, mais aussi pour l’Amazonie, les peuples indigènes et la planète


Mgr Roque Paloschi, est le président du Cimi, l’organisme mandaté la conférence des évêques du Brésil pour accompagner les peuples amérindiens, et soutenu par le CCFD-Terre Solidaire.

Quel est votre sentiment après ce synode pour l’Amazonie ?

eveque_dec_19.jpg Mgr Roque Paloschi : J’éprouve de la gratitude, de la confiance et de l’espoir !
Cet évènement a été marqué par un engagement sans faille en faveur de la vie, de la sauvegarde des territoires et de la lutte pour la dignité des plus pauvres.

Il faut rappeler que ce synode s’est construit pendant plusieurs mois à partir de l’écoute de tous les acteurs de l’Église de cette région, restituée à travers l’Instrumentum laboris, le document de travail qui a servi de base de travail aux évêques.

Enfin, et c’est sans doute l’un des points les plus importants, ce synode a permis de reconnaître les richesses des cultures des peuples natifs, et d’admettre que notre défi est plus que jamais d’apprendre avec ces populations qui étaient là bien avant nous.

En quoi ce synode peut-il changer le destin des peuples indigènes ?

Le synode ne va pas changer la vie des peuples indigènes.

Mais l’Église s’est publiquement engagée à être l’alliée de la cause indigène et à se tenir aux côtés de ces peuples dans la défense de la vie, de leurs traditions et de leurs territoires.

Les documents du synode soulignent que les gouvernements nationaux sont responsables de la démarcation et de la protection des terres indigènes. Et qu’ils doivent respecter leurs engagements.

Le synode a également insisté sur le fait que l’Église, comme nous nous y efforçons à travers le Cimi, ne doit pas faire pour les indigènes, mais avec eux, car ils sont sujets de leur propre histoire.

Que pensez vous de l’idée de confesser le « péché écologique » ?

Nous sommes habitués à envisager seulement la dimension personnelle du péché.

Mais quand les cours d’eau, l’air et la terre sont pollués, c’est un péché.

Quand la création est détruite pour le profit et la concentration des richesses dans les mains d’une minorité, c’est un péché !

Quand nous alimentons la culture de l’usage unique, du gaspillage, c’est un péché !

Le péché écologique, c’est le défi de la vie.

Comme disent les indigènes : si nous ne prenons pas soin de la Terre, la Terre ne prendra pas soin de nous.

Reconnaître que nous détruisons la Création et la planète revient à admettre que nous pouvons être vénaux et égoïstes.
Tout cela empêche que la vie soit pleine pour tout un chacun.

Synode pour l’Amazonie : et si nous revisitions notre rapport à l’Eglise et à l’écologie ?

L’ordination d’hommes mariés a été l’un des thèmes forts de ce synode. Est-ce une solution pour répondre au désert sacerdotal en Amazonie ?

Il n’existe pas de réponse unique à ce problème du manque de prêtres. Différents chemins peuvent être empruntés, et nous devons initier un processus de transformation de l’institution.

Aujourd’hui, l’Église se penche effectivement sur la possibilité d’ordonner des viri probati (hommes mariés ayant fait leurs preuves au plan humain et pastoral) dans les régions les plus reculées d’Amazonie.

Ces personnes aînées seraient préférablement autochtones, respectées et acceptées par leur communauté, même si elles ont une famille constituée et stable.
Ces viri probati pourraient exercer leur ministère dans les zones les plus reculées, sur des territoires marqués par les distances et l’isolement des communautés.

La place des femmes au sein de l’Église a également été évoquée…

Dès le début du processus de préparation du synode, il est apparu crucial de reconnaître l’implication des femmes au sein de l’Église, dans l’animation, la coordination des communautés.
En Amazonie, plus de 70 % des services à l’Église sont fournis par les femmes.

Le synode nous a proposé de reconnaître les femmes comme des êtres capables de révéler la miséricorde de ce Dieu Mère et Père. Rien n’est défini précisément, mais là aussi, on sent que les choses peuvent évoluer rapidement.

Vous avez signé le Pacte des catacombes. En quoi est-il important ?

C’est une initiative très importante pour donner une continuité à l’engagement auquel le synode nous a conviés. Il nous appelle, au-delà du processus synodal, à nous engager à l’égard de la Maison Commune.

Pour moi, ce ne sont pas seulement des mots. Je dois mettre cela en pratique, dans mon quotidien de prêtre, à Porto Velho, dans mon diocèse et lorsque je circule à travers l’Amazonie.

Ce pacte est important, car il nous met au défi de chercher les lumières et les chemins qui aident l’humanité à une profonde réconciliation avec la création.

Nous étions sur place et nous l’avons signé! Un nouveau pacte des Catacombes pour la Maison commune signé à Rome

Ce synode pour l’Amazonie est-il un tournant dans l’histoire de l’Église catholique ?

Ce synode a en tout cas permis à l’Amazonie de sortir d’une certaine forme d’anonymat, d’être reconnue comme un lieu de manifestation de Dieu.

Au nom de tout ce qui a été dit durant cette réunion au Vatican, de toutes ces pistes de réflexion pour que l’Église emprunte de nouveaux chemins pastoraux, pour tous ces engagements à marcher au côté des populations de cette immense région qui doit être protégée, j’ai la profonde conviction que le synode pour l’Amazonie a été un moment clé dans l’histoire de l’Église catholique.

Mais pour que ce moment prenne toute sa dimension, il faut désormais que nous toutes et tous, religieux et laïcs, chrétiens ou non, agissions pour la sauvegarde de la Maison Commune.

Propos recueillis par Jean-Claude Gérez

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