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Forum Pan-amazonien

Publié le 01.12.2010| Mis à jour le 08.12.2021

Regroupés pendant quatre jours au cœur de l’Amazonie brésilienne, 5000 personnes, dont les représentants d’une centaine d’organisations et de mouvements sociaux de neuf pays de la région, ont dénoncé les méga projets énergétiques, miniers et agroindustriels qui mettent en danger la plus grande réserve naturelle de la planète.

Voilà une semaine qu’Odaïr  a quitté son village. Il a descendu la rivière Maora en pirogue, puis emprunté un bateau de ligne régulière naviguant trois jours sur le fleuve Tapajos pour rejoindre Santarem. Menacé de mort par les exploitants forestiers depuis près de deux ans parce qu’il ose défendre la terre de ses ancêtres, Odaïr, vice cacique de la tribu des Borari, a tenu à participer au Vème Forum Social Pana-amazonien (FSPA). Pour témoigner. « Chaque jour, nos terres sont dévastées par des hommes qui agissent comme s’ils avaient tous les droits. Nous avons demandé à l’Etat brésilien de classer notre territoire comme réserve indigène, mais nous attendons encore le jugement. Pendant ce temps, les arbres continuent de tomber. Je suis venu au Forum pour raconter la souffrance des miens, mais aussi pour soutenir mes frères indigènes des autres tribus de l’Amazonie qui sont menacés chaque jour par des projets de barrages et de mines, risquant ainsi de faire disparaître notre terre. » Brésil, Pérou, Equateur, Bolivie, Colombie, Venezuela, République Coopérative de Guyanne, Surinam et Guyane Française … Comme Odaïr, près de 5000 personnes venues de tous les pays du basin amazonien ont participé, du 25 au 29 novembre, au 5ème FSPA de Santarem. Objectif ? Dénoncer les impacts environnementaux, économiques, sociaux et culturels liés aux projets énergétiques et industriels, à la déforestation et la construction d’infrastructures qui risquent d’en finir avec le poumon de la planète. Mais surtout tenter de mettre en place des stratégies permettant aux peuples de l’Amazonie -indigènes, riberinhos (riverains des cours d’eau), quilombolas (communautés composées de descendants d’esclaves) et travailleurs ruraux- de faire face aux menaces des états et des multinationales qui ont décidé de mettre la main sur les immenses ressources naturelles que renferme cette région de 7 millions de km2. Des entreprises et des Etats qui investissent à grande échelle, dans la perspective de juteux bénéfices. Brésil, principal accusé « L’arrivée de gouvernements progressistes dans différents pays d’Amérique latine n’a en rien modifié la course aux ressources naturelles initiées par leurs prédécesseurs plus conservateurs, explique Rómulo Edgardo Torres Seoane, coordinateur de LATINDADD, un partenaire du CCFD-Terre Solidaire présent lors du FSPA. Au contraire, la nécessité de financer des programmes sociaux ambitieux comme la « bourse famille » au Brésil a décuplé les ambitions d’augmenter la production et les exportations de ressources naturelles dont regorgent le continent, en particulier l’Amazonie. » Principal accusé, le Brésil et son Plan d’Accélération de la Croissance (PAC). « Ce Plan est destiné à moderniser les infrastructures nécessaires pour favoriser l’extraction des ressources naturelles, rappelle Elder Andrade de Paula, professeur de Sciences politiques à l’Université de l’Acre, un état brésilien frontalier avec le Pérou, au cœur de l’Amazonie. Mais ces grands travaux, comme la construction de voies de communication par exemple, demandent des investissements énormes. » Qui paie ?  « Le gouvernement, les grandes entreprises nationales et étrangères et les banques, précise Elder. Ces investissements sont sans risque, car ils s’appuient sur des lois environnementales, économiques qui permettent l’usage des terres, y compris indigènes. » Mais il y a pire. Car le PAC brésilien s’intègre dans un programme plus vaste, l’ IIRSA (Initiative pour l’Intégration d’Infrastructure en Amérique du Sud), lui-même destiné à favoriser les investissements en Amazonie. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter la longue litanie des projets combattus par les riverains de l’Amazonie, venus témoigner au FSPA. Le complexe hydroélectrique du Rio Madeira, à cheval entre le Brésil et la Bolivie ? Plusieurs milliers d’habitants risquent le déplacement forcé… ou la mort ! Le projet de route interocéanique reliant le Brésil au Pérou ? Les experts garantissent des dommages irréversibles pour l’environnement et la probable disparition de centaines de communautés indigènes des deux pays. Quant au projet de barrage hydro électrique de Belo Monte, il est devenu le symbole de la lutte contre un modèle de développement irrespectueux de l’environnement et de l’homme. Malgré les innombrables rapports d’experts indépendants mettant en doute la rentabilité économique du projet… tout en garantissant de graves impacts sur l’environnement et sur des millions de riberinhos et d’indigènes, le gouvernement de Lula reste inflexible. De quoi décourager les représentants de la société civile ? Préserver les « bontés de la nature » « La résistance face aux méga projets constitue un espace intéressant, assure Elder Andrade de Paula. Car il y a là l’émergence d’une articulation politique qui va au-delà des frontières nationales. Il suffit de voir les mobilisations conjointes des organisations de la société civile du Brésil, du Pérou et de la Bolivie sur des grands projets hydro-électriques et miniers prévus dans cette partie de l’Amazonie pour garder confiance. » « Cette solidarité devra encore se renforcer, martèle pour sa part Rosario Romero, du Forum Solidaridad Peru, une ONG partenaire du CCFD-Terre Solidaire, si nous voulons affronter des Etats capables de produire des lois dont les multinationales ont besoin pour s’enrichir en tirant les ressources naturelles de l’Amazonie. » « Ressources naturelles » ? « Ce terme est mercantile, relève Cristian Dominguez, du programme NINA, un autre partenaire du CCFD invité à participer au FSPA. Je dirais plutôt des bontés de la nature. » Un terme qui convient également à Odaïr. Même si sur le territoire des indiens Boraris, ces bontés-là sont anéanties dans le fracas des tronçonneuses. Jean-Claude Gerez Regarder le diaporama du Forum Pan-amazonien Yvone Belaunde, chargée de mission au CCFD-Terre Solidaire met l’accent sur la nécessité d’alerter les populations concernant les menaces qui pèsent sur la région amazonienne. En s’appuyant notamment sur les médias alternatifs. (audio) Fabrice Penasse, chargé de mission au CCFD-Terre Solidaire rappelle l’intérêt de s’appuyer sur un évènement comme le 5ème Forum Panamazonien pour regrouper des partenaires travaillant sur la problématique de l’Amazonie. (audio)

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