La dette odieuse
Quand les peuples paient pour les dictateurs

Publié le 07.06.2007| Mis à jour le 08.12.2021

Pour une approche « radicale » du problème de la dette

Par Jean Merckaert chargé du programme Financement du développement au CCFD
et coordinateur de la plate-forme Dette & Développement

L’annulation de la dette est un des combats qui a mobilisé le plus massivement la société civile à travers le monde : 24 millions de signatures adressées au g7 à l’aube de l’an 2000 ; mobilisation colossale de l’action mondiale contre la pauvreté en 2005. avec un impact décisif sur le sort de millions de personnes : la plupart des pays ayant bénéficié de plans globaux d’allègements de dette ont ainsi augmenté significativement, voire doublé leurs dépenses sociales, comme la Zambie ou le Burkina faso.

Pourtant, les mesures prises par le G8 frappent surtout par leur insuffisance. a la fin des années 90, le G7 promettait aux pays pauvres très endettés (ppte) un allégement « rapide », « large » et « radical (…) pour rendre la dette supportable » et lutter contre le pauvreté. Dix ans plus tard, seuls quelques pays sont concernés et leur dette reste insupportable au regard des objectifs de développement définis par les nations Unies.

En réalité, les pays riches rétablissent temporairement la solvabilité des pays du Sud, à laquelle ils ont ntérêt, et font reposer l’entière responsabilité du surendettement sur les pays débiteurs, accusés de mal gérer leurs finances. L’argument est triplement commode : il permet aux pays riches de justifier la tutelle exercée via le fmI sur les pays endettés, de présenter les allègements de dette comme un signe de leur générosité en les comptabilisant en aide publique au développement. et du même coup, de s’exonérer de leurs propres responsabilités.

Il est temps d’adopter une approche radicale, au sens étymologique, du problème de la dette : le prendre à la
racine. Comme le dit simplement le prix nobel d’économie Joseph Stiglitz : « dans chaque prêt, il y a un prêteur et un emprunteur. Les deux s’engagent volontairement dans la transaction. Si elle tourne mal, on peut penser, à première vue au moins, que le prêteur est aussi coupable que l’emprunteur. En fait, il l’est plus car il est censé savoir analyser plus finement les risques ». La dette de la majorité des pays du Sud a très mal tourné, mettant en péril des millions de vies humaines et la souveraineté de dizaines de pays. Jamais il n’a été question pour les créanciers de partager ni même de reconnaître officiellement leurs responsabilités.

Celles-ci sont pourtant lourdes, comme en attestent les milliards de dollars de prêts accordés par les pays occidentaux pour armer l’Irak de Saddam Hussein, soutenir le Zaïre de mobutu, l’Indonésie de Suharto, l’apartheid en afrique du Sud ou les dictatures latino-américaines, sans même se soucier de leur solvabilité. Regarder en face l’origine du problème est donc d’abord une question de justice. les mouvements de citoyens des pays du Sud, lassés du discours compassionnel du g8, y sont très attachés. pour les organisations membres du réseau Jubilé Sud en particulier, identifier les responsabilités dans le surendettement montrera que leurs pays ont déjà trop remboursé, donnant raison à leur slogan : « don’t owe, won’t pay » (“nous ne devons rien, nous ne paierons rien”).

C’est aussi un enjeu important pour les citoyens des pays créditeurs de comprendre par quels mécanismes leurs gouvernants, le plus souvent sans contrôle du parlement, ont prêté aussi aveuglément. mettre à plat la question de la dette et sa légitimité conditionne également la possibilité de relations nord-Sud saines et solidaires. enfin, regarder l’histoire de la dette en face doit permettre d’en tirer les leçons et de limiter le risque, avéré, qu’elle ne se répète.

Plusieurs banques et pays continuent, aujourd’hui, de prêter au régime criminel et corrompu de denis Sassou nguesso, au Congo-Brazzaville, un pays exsangue, contre l’assurance d’être payés par la production future de pétrole.

Ce sont ces mécanismes qu’il faut réguler. Cette brochure veut aider les citoyens à les comprendre et à inventer de nouvelles règles du jeu. Radicalement différentes.

 

Télécharger la brochure

Pour participer à la campagne contre la dette odieuse : www.dette2000.org

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