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Égalité femmes/hommes : et au CCFD-Terre Solidaire ?

Publié le 06.03.2020| Mis à jour le 25.11.2021

Si la réflexion sur la question du genre au CCFD-Terre Solidaire doit encore cheminer, elle fait l’objet d’importantes avancées depuis plusieurs années. Tour d’horizon.


Dans les années 1990, le CCFD-Terre Solidaire se saisit de la question de l’égalité femmes/hommes, d’abord sous l’angle « femmes et développement ». Avec comme origine des interpellations de partenaires engagés : comment revendiquer un monde plus juste, réfléchir à un modèle alternatif de société sans identifier cette question comme fondamentale ?

La thématique apparaît pour la première fois comme une « nécessité » dans le rapport d’orientation 2008-2012 :

« L’évolution des rapports hommes/femmes pour plus d’égalité est une nécessité. Au Nord comme au Sud, les violences et discriminations qu’elles subissent augmentent. Le CCFD s’engagera à lutter contre la féminisation croissante de la pauvreté, contre le trafic des êtres humains sous toutes ses formes, contre les discriminations induites par les stéréotypes et les rôles. Il défendra l’existence et l’application d’instruments juridiques appropriés pour faire respecter leurs droits. »

En 2013, un texte de référence, faisant l’état des lieux du positionnement et de la pratique du CCFD-Terre Solidaire sur ce thème, est validé par l’assemblée générale. Elle devient enfin pour la période 2014-2020, l’un des enjeux transversaux avec les questions environnementales.

Une question traitée à la direction du partenariat international

La direction du partenariat international (DPI) est l’une des premières à s’emparer du sujet soulevé par des partenaires. L’égalité femmes/hommes est aussi devenue une exigence de bailleurs de fonds comme l’Union européenne et l’Agence française de développement.

L’enjeu est de taille, car tous les partenaires n’ont pas le même niveau de sensibilisation. « Il existe des différences culturelles fortes, explique le directeur de la DPI, Jean-Baptiste Cousin. Concrètement, comment faire pour qu’une association paysanne qui regroupe des dizaines de milliers de producteurs ait une réflexion sur la question du genre ? »

Une tâche difficile pour les chargés de mission, car leur direction, à l’instar du CCFD-Terre Solidaire, n’a pas de stratégie sur ce sujet. En 2018, une analyse de la situation au sein de la DPI est réalisée par trois consultantes, sur l’impulsion du groupe « genres » composé aujourd’hui de cinq salariés de la direction, quatre femmes et un homme.

Face à une hétérogénéité des connaissances et des compétences, elle recommande un plan de formation pour élaborer une stratégie d’égalité dans la gestion des partenariats et l’organisation interne. Pour Fany Chabal, membre du groupe « genres » : « La dynamique dépend pour beaucoup du niveau d’engagement des salarié·es sur ce thème. C’est essentiel pour faire bouger les lignes, mais pas toujours facile. »

« L’égalité ne va pas de soi »

Ne faudrait-il pas envisager une stratégie à l’échelle du CCFD-Terre Solidaire ? C’est la deuxième recommandation de ce diagnostic. Mais cette question n’est pas une évidence pour tous. « C’est un vaste chantier, car l’égalité ne va pas de soi et soulève encore des résistances », établissait en 2013 le texte de référence.

En premier lieu, au sein de la collégialité composée de mouvements et services d’Église. Mais les réticences s’étendent à tout le réseau.

m_derolez_ccfd.jpgDéfinir une stratégie implique aussi d’étudier de nombreux aspects : en matière de ressources humaines, de vie associative, d’élaboration d’outils d’éducation au développement ou encore de politique de plaidoyer.

« Notre organisation a attendu 55 ans pour élire une présidente (Sylvie Bukhari de Pontual, ndlr), 59 ans pour nommer une déléguée générale (Manuele Derolez, ndlr), et a longtemps compté sur un bureau exclusivement masculin, rappelle le directeur de la DPI. Ce n’est pas une évidence, car cette question soulève la problématique du patriarcat et de la gestion du pouvoir » qui dépasse largement les frontières des pays des partenaires.

L’engagement pionnier de la région Grand Est

Sensibilisés de longue date au sujet, des bénévoles de la région Alsace-Lorraine lancent, avec les salariés, un ambitieux projet sur 4 ans (2011- 2014). Des outils pédagogiques pour tout âge sont créés et mettent en évidence les expériences de partenaires.

Mais pas seulement : « L’idée était aussi de bousculer nos propres repères et préjugés, explique Aurélie Didier-Laurent, salariée de la région, mais certaines réactions de bénévoles et de sympathisants de l’ONG ont été très violentes. Ils ne comprenaient pas la démarche car, pour eux, il n’y avait pas de problèmes d’égalité entre les femmes et les hommes en France. »

La venue de partenaires, notamment l’Argentin Carlos Zagni d’Accion Educativa, lors du carême en 2012 va changer la donne. Face aux bénévoles, il partage son expérience, mais s’émeut aussi qu’en France, une femme meurt sous les coups de son mari tous les deux jours. Il pointe la faible représentativité des femmes à l’Assemblée nationale – 26,9 % en 2012 selon l’Observatoire des inégalités – alors que l’Argentine a instauré un quota minimum de 30 % de femmes dès 1991.

« Ce témoignage a fait prendre conscience à certains bénévoles de la réalité des questions d’égalité femmes/hommes dans leur propre pays », relate Aurélie Didier-Laurent. Des questions pas toujours simples à aborder « parce qu’elles touchent à l’intime, à ce qui se passe dans les foyers, souligne la salariée, mais grâce à cette rencontre, nous avons pu approfondir le sujet ».

L’équipe opte pour deux nouvelles thématiques : l’autonomie économique et les violences faites aux femmes. Dans ce cadre, un voyage d’immersion est organisé en Argentine en 2013. Douze bénévoles, deux salariés, deux journalistes y participent ainsi que Mgr Jean- Louis Papin, l’évêque de Nancy : « c’était super de partir et avec un évêque en plus ! » se souvient avec enthousiasme Aurélie Didier-Laurent.

Au retour, d’autres outils sont créés dont l’exposition « Reg’ART et dignité » qui rencontre un franc succès.

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La région passe la main à la Bourgogne – Franche-Comté en 2014. Elle aussi fait bouger les lignes, en particulier avec la création d’une conférence gesticulée « L’ét(h)iquette qui gratte : quand s’habiller devient compliqué », qui fera le tour de France, au-delà des réseaux du CCFD-Terre Solidaire [[La conférence gesticulée dénonce les conditions de vie et de travail des ouvrières du textile au Cambodge et en Tunisie. Et aborde aussi les questions d’égalité femmes/hommes et la lutte pour les droits sociaux..]]

Pour Aurélie Didier-Laurent : « Si, aujourd’hui, dans la démarche des controverses [[Article complet à lire dans notre numéro de mars 2020 disponible sur abonnement]] pour réfléchir aux grandes orientations de l’association il y a une question sur le patriarcat, c’est parce que nous aussi – et surtout les bénévoles – nous nous sommes mobilisés sur le sujet. » De toute évidence.

Marion Chastain

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