Emmanuel Macron : la farce climatique continue ?

Publié le 11.12.2020| Mis à jour le 08.12.2021

Paris le 11 décembre : Pour les 5 ans de l’Accord de Paris, Emmanuel Macron prendra demain la parole lors du Sommet pour l’Ambition climatique.
Cet anniversaire a lieu le lendemain de l’adoption d’un objectif européen rehaussé, mais truqué : le passage de -40% à -55% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Ce résultat semble encourageant, mais la méthode de calcul a évolué. Désormais, nous avons un objectif “net”, qui inclut donc les “puits de carbone” (forêt, sols) et potentiellement les technologies d’émission négative.


La France va donc devoir revoir sa feuille de route climatique. En conséquence, elle risque de miser plus que jamais sur la séquestration du carbone dans les sols [[https://ccfd-terresolidaire.org/nos-combats/souverainete/rapport-sequestration-carbone-terres-agricoles-6119]] , mise en œuvre via des mécanismes de compensation carbone.
Pourtant, celle-ci est une fausse solution pour le climat, pour la transition agricole et pour l’avenir des agriculteurs.

La France n’était déjà pas sur la bonne trajectoire pour réduire ses émissions de GES (Gaz à effet de serre) de 40% à 2030, elle est encore plus loin d’une trajectoire visant les -55% désormais demandés par l’Union Européenne.
Face à ce retard, Emmanuel Macron risque de miser davantage sur la séquestration du carbone dans les sols. Le fossé entre le discours et la réalité est immense : le carbone séquestré dans les sols agricoles équivaudrait au mieux à 1 ou 2% des émissions de gaz à effet de serre du pays, alors que l’agriculture est le 2e poste d’émissions de GES [[https://reseauactionclimat.org/publications/sequestration-carbone-sols-agricoles/]].

Miser sur la séquestration du carbone c’est ignorer qu’elle n’équivaut pas à des réductions d’émission à la source. “La compensation carbone, qui suppose d’annuler des GES avec du CO2 séquestré, est un mensonge : le CO2 met des années à être séquestré, et finit presque toujours par être relâché dans l’atmosphère. La compensation carbone, pour le secteur des terres, repose donc sur une erreur comptable” souligne Manon Castagné, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire .

C’est également ignorer que la compensation carbone renforce l’industrialisation de l’agriculture. Les mécanismes financiers actuellement mis en œuvre par la France pour encourager la séquestration du carbone dans les sols, comme le label bas-carbone, vont accélérer l’industrialisation de l’élevage et freiner la transition agroécologique.

Ces mécanismes font également courir des risques aux agriculteurs, profession déjà extrêmement fragilisée. Quand les terres sont considérées comme actifs financiers permettant de générer des revenus carbone, comment éviter une répercussion sur le prix des terres et donc des difficultés d’accès croissantes pour les agriculteurs ? La France se lance tout azimut dans la compensation sans aucun garde-fou sur la question.

Emmanuel Macron doit massivement soutenir la transition agroécologique, en France et dans le monde [[https://ccfd-terresolidaire.org/IMG/pdf/mediabreief_nov2020_exefr_def.pdf]]. Pour cela, la France doit mettre en œuvre les réels leviers de la transition agroécologique : soutenir une approche systémique de la transition agricole en soutenant la structuration de systèmes alimentaires territoriaux, développer la production de légumineuses, l’élevage paysan, etc.

Pour Manon Castagné, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat : “Ne célébrons pas la réhausse de l’ambition européenne qui introduit dans la politique climat communautaire une faille majeure : un objectif “net” qui permet d’additionner des choux et des carottes pour atteindre de manière factice nos objectifs climatiques. La France ne doit pas décliner cette erreur lors de ses annonces au sommet anniversaire en focalisant les enjeux agricoles sur la séquestration du carbone, sous peine de s’éloigner encore davantage de ses objectifs climatiques et de mettre en danger la transition agroécologique.”

Contacts presse:

Manon Castagné, Chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat, 06.98.45.71.23

Sophie Rebours, Chargée de relations médias, s.rebours@ccfd-terresolidaire.org, 07 61 37 38 65

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