© William Gloria

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Pourquoi partir ? Partir pour quoi ?

Publié le 22.10.2013| Mis à jour le 07.02.2022

Partir par curiosité touristique, par recherche d’exotisme, pour le soleil et la mer, pour du tourisme solidaire ; partir pour un voyage d’études, pour un plus au CV ; partir pour rencontrer d’autres religions, d’autres cultures ; partir pour échanger, confronter des idées ; partir pour vivre une expérience ; partir pour « retrouver ses racines » ; partir entre amis ; partir pour donner et partir pour recevoir ; partir pour relever un défi ; partir pour se sentir utile ; parce que « l’humanitaire c’est branché » ; partir pour changer de vie : « maintenant ou jamais » ; partir sur un coup de tête ; partir car c’est sûrement mieux là-bas ; partir au moindre coût… partir avec soi-même !

Pourquoi travailler sur les motivations ?

Partir à l’autre bout du monde n’est pas un acte neutre. Il peut changer celui qui s’est lancé dans l’aventure. Faire l’expérience d’une immersion dans un pays autre que le sien peut aussi bien se révéler une expérience positive déterminante, qu’un échec, un rendez-vous manqué de la rencontre, de l’ouverture à l’autre. Ces échecs trouvent le plus souvent leur explication dans un manque patent de préparation au départ. Les jeunes n’expriment-ils pas souvent la motivation de partir pour « aider », « faire de l’humanitaire » ? Faute d’un véritable accompagnement dans la réflexion et la construction de leurs motivations personnelles puis collectives, on ne pourra éviter l’écueil du malentendu (une perception faussée des personnes « aidées », par exemple, une vision biaisée des rapports internationaux, etc.) pouvant conduire à un contre-témoignage, à la diffusion ou la confirmation de clichés, à un malaise au cours du séjour.
Le travail sur les motivations constitue un véritable enjeu dans la préparation au départ. Il y a mille raisons – déclarées ou encore sous-jacentes – pour avoir envie de partir en voyage. Nous vous proposons ici d’éclaircir ces motivations. Cela doit permettre au jeune de passer, entre autres, de l’accroche « humanitaire » au désir de la « rencontre » et de prendre conscience de la pluralité des motivations en soi et au sein du groupe pour mieux préparer le séjour.

Les motivations de chacun et celles de l’ensemble du groupe, exprimées, rédigées et compilées feront une excellente base de travail quand il s’agira, au retour, de restituer l’expérience vécue. Un préalable qui permet ensuite d’aller bien au-delà du « bon souvenir ».
Travailler sur les motivations doit également permettre une projection à plus long terme, en plaçant le voyage comme une étape d’un parcours personnel et notamment d’engagement. En effet, l’expérience du voyage ne se résume pas au seul temps du séjour : elle se joue aussi dans l’« avant », l’« après » et dans l’évaluation que l’on peut faire du chemin parcouru par les jeunes grâce à cette expérience. Il s’agit alors de réfléchir en amont à l’apport de cette expérience sur un engagement ou des actions faisant suite au voyage (cf. Étape Revenir… s’y préparer pour continuer).


Des motivations individuelles au projet collectif

Dans un premier temps, il s’agira de faire ressortir les différentes motivations au départ de chacun des membres du groupe et de mettre en évidence le fait qu’au cœur de nos motivations, il y a… nous-mêmes ! En effet, toute envie part de soi-même et finalement, on part d’abord pour soi (découvrir, apprendre, se faire plaisir, se sentir utile…). Malgré cela, sans motivation spécifique, pas de départ, donc pas de projet : toute motivation est légitime dans le sens où elle est cohérente, logique avec un parcours personnel, et il est important d’en prendre conscience avant de partir.
Les motivations de certains peuvent être ambivalentes, il est nécessaire de déculpabiliser : les désirs et les craintes, le voyage « pour l’autre » et le voyage « pour soi », chacun doit pouvoir les exprimer. Être au clair avec ses motivations permet aussi de vivre une expérience qui répondra aux attentes de chacun. Il est important alors de mettre en avant qu’un groupe est finalement une somme d’individus et donc une somme de motivations : chaque motivation sera à prendre en compte dans la construction du projet de groupe.
Un travail de convergence des motivations individuelles vers des motivations collectives sera nécessaire, tout en étant vigilant que les motivations individuelles ne viennent pas à l’encontre du projet collectif.
Une fois le projet mieux défini, au croisement des volontés personnelles, on demandera au groupe d’imaginer concrètement les effets envisageables de leur action à plus ou moins long terme.
Les jeunes pourront, pour ce faire, après les avoir exposées, croiser leurs compétences, leurs talents et leurs centres d’intérêts, et les mettre en regard du projet défi ni et des attentes des partenaires sur place. À ce moment, l’animateur soulignera le fait que « l’aide » souvent invoquée comme motivation reste finalement bien relative : le véritable objectif du voyage est la rencontre humaine.

Il est également à prendre en compte que les motivations évoluent. Il s’agit donc de se donner les moyens d’évaluer ce qui change en se référant régulièrement aux premières motivations afin de construire un projet qui correspondra à la recherche du groupe. De plus, cela permet de faire prendre conscience à chacun au fur et à mesure, du déroulement du projet, qu’il change, modifie son regard, ses opinions, ses attentes. Il développe ses capacités d’analyse, son sens critique.
L’échange avec d’autres groupes qui se préparent au départ ou qui sont déjà partis est souvent d’une grande richesse dans le cadre de ce travail : pour aider à formuler, renforcer, élargir les motivations, mais également pour tirer des enseignements d’autres projets. Des échanges dont les jeunes sont la plupart du temps très friands.

NB : tout le groupe ne partira peut-être pas, l’animateur doit garder cet état de fait à l’esprit. Cependant, ce travail de préparation s’adresse à tous car l’enrichissement du voyage profitera à l’ensemble du groupe : il participe de sa fondation et assure sa cohésion.


Les motivations des partenaires

Les partenaires ont eux aussi des attentes et des craintes par rapport à ce voyage. Comme celles des jeunes du groupe, elles sont toutes légitimes. Il s’agit de prendre le temps de les recueillir, de les écouter, de les décoder pour les mettre en rapport avec le rôle que doivent jouer ces partenaires. Apprendre à accueillir les motivations du partenaire, c’est une première démarche dans la rencontre interculturelle. Elle renvoie aux différences de langage, aux différents sens donnés aux mots. Mais aussi aux différences de niveau de vie, à la réalité des relations entre pays, à la complexité de l’Histoire…
Ce travail tend à mettre en évidence la manière dont le groupe considère les personnes qui vont les accueillir : comme des « bénéficiaires » ? Comme des personnes, des individus avec lesquels échanger et bâtir un projet commun ? (cf. Étape Vivre la relation partenariale). Ainsi, connaître les motivations des partenaires permet de renforcer le sens donné au voyage : il repose sur la rencontre, l’échange réciproque, l’accueil de chacun avec ses propres motivations, au sein du groupe et avec les partenaires.

Ce travail sur les motivations des partenaires permet de renforcer le sens donné au voyage.

Les motivations de l’entourage

A l’instar de celles des partenaires, connaître les motivations de l’entourage est essentiel, car les attitudes et réactions auxquelles le jeune va être confronté peuvent impacter la construction de son projet. Les parents, le mouvement ou l’association, l’institution, les partenaires financiers, les animateurs, ont eux aussi, qu’ils les expriment ou non, des motivations, des stratégies, des désirs ou des craintes par rapport à ce voyage. Dans le cas où la structure accompagnatrice est à l’initiative du projet, il semble indispensable que soient partagés les objectifs et motivations de celle-ci avec les jeunes participants.

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