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Travailler pour la justice au nom de la dignité de tout être humain (1/7)

Publié le 20.05.2020| Mis à jour le 15.09.2021

Le combat pour la justice se fonde généralement sur l’égalité en droits de tous les êtres humains, inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1789. Mais ce principe d’égalité s’est précisé dans la confrontation avec la réalité et la Déclaration des droits de l’homme de 1948 parle d’égalité en dignité et en droits.
La reconnaissance de la dignité de toute personne humaine, quels que soient son état, ses capacités et ses réussites, est la valeur qui doit fonder notre combat pour le monde d’après où chaque être humain pourra trouver les moyens de vivre, de se développer selon ses traditions et sa culture et de participer à la vie sociale.


Celui ou celle qui s’engage dans la construction d’un monde plus juste, est amené à se demander ce qu’il ou elle entend par justice : Qu’est-ce qu’un monde juste ? Sur quels critères le définir ?

Le premier critère qui vient à l’esprit c’est un monde où règne l’égalité de tous les êtres humains. S’engager pour un monde plus juste ce serait combattre les inégalités de toute nature présentes dans le monde aujourd’hui.

Mais il y a des inégalités irréductibles comme celles de l’hérédité, de la santé, des talents et compétences, des accidents de la vie, qui affectent certains êtres humains plus que d’autres.

C’est pour cela que nous avons besoin d’un principe qui aille au-delà de ce critère d’égalité pour fonder nos combats pour la justice, un principe qui reconnaisse à toute personne une valeur, une dignité par le simple fait d’être humaine, indépendamment de ses capacités et de ses réussites; et cette dignité doit être inaliénable et indestructible.

Une valeur partagée

Pour les chrétiens, cette dignité de la personne humaine, développée dans l’un des textes du Concile Vatican II, Gaudium et Spes, vient de ce que le sens de l’homme, de son existence se comprend dans sa relation à Dieu dont il tient son origine et son identité.

Mais le Concile précise dans ce même texte que “Croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet”.
Autrement dit, c’est la personne humaine, simplement parce qu’elle est humaine, qui doit être le principe fondateur de toute organisation humaine et c’est un principe que nous pouvons largement partager avec tous ceux qui veulent s’engager pour un monde plus juste.

Cette valeur accordée inconditionnellement à toute personne humaine, fonde beaucoup d’autres valeurs et doit nous inspirer pour inventer le monde d’après comme elle a inspiré les combats pour la justice que mène le CCFD-Terre Solidaire depuis ses origines.

Une valeur fondatrice

C’est en effet au nom de la dignité de tout être humain que nous avons choisi de donner la priorité aux plus vulnérables, ceux qui sont souvent les oubliés du développement ou les invisibles.

Comme ces femmes paysannes du Nord Kivu en République Démocratique du Congo qui travaillent aux champs, exploitées par les hommes, souvent écartées de l’héritage de leurs parents.

Le CCFD-Terre Solidaire leur apporte son soutien afin qu’elles s’organisent ensemble pour acquérir les moyens de faire vivre en autonomie leurs familles et pour connaître et faire valoir leurs droits sur la terre.

C’est également au nom de la dignité de toute personne humaine que nous considérons que les ressources de la nature sont des biens communs destinés à tous et qu’ils doivent bénéficier à tous.

Et c’est pour cela que nous nous sommes engagés pour un partage des richesses, pour une plus grande justice fiscale, contre les paradis fiscaux qui mobilisent des revenus qui pourraient servir au développement ; ou encore pour la responsabilité des entreprises envers leurs filiales dans les pays du sud comme celles du Bangladesh d’où viennent nos t-shirts, afin qu’elles assurent des conditions de travail décentes à leurs ouvrières.

C’est au nom de la dignité de tout être humain que nous préconisons de retrouver la juste place de l’homme dans la nature en soutenant des paysans qui s’engagent dans l’agroécologie afin de les aider à construire un système alimentaire qui leur permette d’accéder à une souveraineté alimentaire tout en respectant leur environnement et leurs traditions.


Une dignité qui se donne et qui se reçoit

Mais agir pour la dignité de toute personne humaine c’est aussi, et peut-être surtout, donner à chacun la possibilité, les moyens d’être acteurs, de choisir son mode de développement en fonction de son histoire et de sa culture et d’y contribuer.

Car la personne humaine n’a pas seulement une dimension individuelle, elle est aussi sociale et ne peut se réaliser pleinement qu’au sein d’une communauté humaine où se vivent l’échange, la réciprocité, le dialogue.

C’est la raison pour laquelle le CCFD-Terre Solidaire, plutôt que d’agir par lui-même, a fait le choix de nouer des alliances avec des organisations locales qu’il appelle ses partenaires, afin de les soutenir dans la réalisation de leurs propres projets et de leur permettre de devenir ainsi acteurs de leurs propres vies.

Pour cela, il leur fournit évidemment un soutien financier, mais respecte leur liberté et leur laisse la responsabilité de définir leurs objectifs et les modes d’action qui leur paraissent les plus pertinents, les mieux adaptés aux besoins de leur environnement. Le CCFD-Terre Solidaire peut également leur proposer des formations, les accompagner dans la définition de leur stratégie, les aider à trouver des financements complémentaires.

Plus qu’un mode d’action, le partenariat est pour le CCFD-Terre Solidaire une philosophie qui se traduit par la construction dans la durée de relations où s’instaure une réciprocité, où se partagent les expériences, les réflexions, les connaissances qui nourrissent les stratégies de ses partenaires mais qui interpellent également notre propre développement, nos modes de vies.

Car ces partenaires sont porteurs d’innovation dans leurs domaines de compétences, mais aussi dans la manière de s’organiser, de mobiliser la société civile pour lutter contre les inégalités et la pauvreté dans leurs pays.

Le CCFD-Terre Solidaire va même plus loin dans la construction de cette solidarité en mettant en relation ses partenaires engagés dans des actions de même nature.
C’est ainsi qu’il a initié depuis deux ans un réseau de 29 partenaires d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie qui travaillent tous au développement d’une agroécologie paysanne afin de contribuer à la souveraineté alimentaire dans leurs régions.

Grâce à ce travail en réseau, ils partagent leur expertise, se forment les uns les autres : par exemple, des paysans de République Démocratique du Congo sont venus passer une semaine avec des paysans maliens qui leur ont partagé leurs connaissances et leur expérience en matière de semences ; ils sont repartis avec un plan d’action pour développer leurs propres semences.

Cette longue expérience de partenariat du CCFD-Terre Solidaire, ces relations de confiance et de réciprocité montrent que la dignité se donne et se reçoit : c’est en étant toutes et tous acteurs que peuvent se construire les structures d’un monde plus juste.

Car le monde d’après, pour être vraiment nouveau, aura besoin de toutes et de tous, des plus grands aux plus petits, pour être forces de changement.

Par Dominique Rouyer, Secrétaire nationale du CCFD-Terre Solidaire
Philosophe de formation, journaliste, enseignante à l’Institut Catholique de Paris en études bibliques, Dominique Rouyer est engagée au CCFD depuis 25 ans.
Secrétaire nationale depuis 18 mois, elle est en charge au sein du Bureau des questions de bon fonctionnement démocratique, de la réflexion sur son appartenance à l’Eglise, les orientations stratégiques…

Lire aussi : Sur quelles valeurs fonder le monde d’après? par Sylvie Bukhari-de Pontual, Présidente du CCFD-Terre Solidaire

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