• Qui sommes-nous ?
    • Retour
    • Qui sommes-nous ?
    • La gouvernance
    • Les rapports institutionnels
  • Nos combats
    • Retour
    • Nos combats
    • Paix et vivre ensemble
    • Souveraineté Alimentaire
    • Migrations Internationales
    • Justice Economique
  • Nos partenaires
    • Retour
    • Nos partenaires
    • Nos programmes
    • Nos projets
  • Actualités
    • Retour
    • Actualites
    • Nos dossiers thématiques
    • magazine échos du monde
    • Revue de presse
  • Qui sommes-nous ?
    • Retour
    • Qui sommes-nous ?
    • La gouvernance
    • Les rapports institutionnels
  • Nos combats
    • Retour
    • Nos combats
    • Paix et vivre ensemble
    • Souveraineté Alimentaire
    • Migrations Internationales
    • Justice Economique
  • Nos partenaires
    • Retour
    • Nos partenaires
    • Nos programmes
    • Nos projets
  • Actualités
    • Retour
    • Actualites
    • Nos dossiers thématiques
    • magazine échos du monde
    • Revue de presse
J'agis Je donne
  • retour
  • EN
  • Chaleur extrême : l’Inde étouffe #JeudiPhoto

    En Inde, la population meurt littéralement de chaud. Depuis mi-mars, le pays est frappé par une canicule extrême qui menace la santé des habitants et la souveraineté alimentaire du pays. Portons notre regard sur la population qui paie le prix fort du dérèglement climatique.

    Inde, New Delhi, 27 avril 2022. ©Anushree Fadnavis/Reuters

    À New Delhi, cette vendeuse d’eau tente de se protéger de la canicule avec un parapluie de fortune. Son visage, tenu péniblement entre ses mains, laisse percevoir la souffrance de la chaleur suffocante. Depuis près de deux mois, l’Inde et le Pakistan sont confrontés à des températures extrêmes, grimpant jusqu’à 50° C dans certaines régions.

    L’Inde n’avait pas connu de telles vagues de chaleur depuis 122 ans1 ! Cette canicule est particulièrement dangereuse pour la santé, car les taux d’humidité et de chaleur ont dépassé la limite que le corps humain peut supporter. Sur les 1.4 milliards d’habitants, une grande majorité est confrontée à la pauvreté et vit dans des conditions inadaptées pour se protéger de telles températures.

    À cela, s’ajoutent les pénuries d’eau et les coupures d’électricité qui paralysent les régions densément peuplées. Les répercussions de la canicule sont aussi dramatiques pour les récoltes agricoles. La situation menace la souveraineté alimentaire de l’Inde, mais aussi celle de ses pays importateurs car le Premier ministre indien a interdit l’exportation de son blé malgré ses promesses de “nourrir le monde”.

    D’après l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) des Nations Unies, cette canicule est “cohérente” avec les conséquences du dérèglement climatique. Ces vagues de chaleur risquent de doubler d’ici 2050, alarment les scientifiques.

    Si nous n’agissons pas maintenant pour réduire nos émissions, une partie de l’Inde et du Pakistan pourraient devenir complètement inhabitables d’ici quelques années. Rejoignez notre combat !   

    1 D’après le département météorologique indien (IMD).

    Lire aussi :

    En Irak, la menace de la faim le long des marais assoiffes #JeudiPhoto

    Bilan de la COP26 : six avancées insuffisantes

  • Écoutez notre live qui alerte sur l’exportation des pesticides

    Des pesticides dont la toxicité est avérée sont interdits en Europe. Ils continuent pourtant d’être exportés massivement dans les pays en développement. Réécoutez notre émission spéciale, enregistrée le 30 mars 2022, avec nos invités Sena Adessou de Côte d’Ivoire, Samuel Pommeret, chargé de mission Afrique et Maureen Jorand, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat.

    Le coût caché des pesticides

    Le marché des pesticides représente 53 milliards d’euros en 2020. Leur utilisation a augmenté de 80% depuis 1990 et on compte 385 millions d’empoisonnement dans le monde par an.

    Les impacts des pesticides sur l’environnement et la biodiversité, ainsi que sur la santé humaine pour agriculteurs et populations riveraines sont largement documentés. Ils peuvent causer entre autres : maladie de Parkinson, lymphomes, malformations du fœtus, cancers de la prostate etc. Les pesticides ont également un impact économique : les citoyens payent pour les conséquences néfastes de ces produits (pour dépolluer l’eau, les soins de santé etc). Dans l’UE, les coûts des pesticides s’élèvent à 2,3 milliards d’euros par an.

    Lire aussi notre rapport : Pesticides : un modèle qui nous est cher

    Des pesticides interdits dans nos assiettes

    Certains pesticides sont qualifiés d’extrêmement dangereux et sont donc interdits en Europe et aux États Unis. Cependant les pesticides jugés trop dangereux en Europe inondent les pays en développement et les pays émergents. Comme ces pays exportent leur production nous les retrouvons dans nos assiettes. L’UFC-Que Choisir a publié un article montrant que les pesticides à risques sont présents dans 50% des fruits et légumes vendus en France.

    Les pays en développement très dépendants des pesticides

    On retrouve deux fois plus les pesticides dangereux dans ces pays que dans les pays développés.

    Certains pays en développement sont très dépendants des marchés internationaux pour exporter et pour se nourrir car on les a spécialisés dans certaines cultures. Cette spécialisation les oblige à importer une grande partie de leur alimentation.

    Samuel Pommeret souligne qu’en Afrique, dans la région des Grands Lacs, les pesticides posent des problèmes dénoncés par les agriculteurs eux-mêmes : coût élevé, dépendance aux marchés internationaux, impact sur la qualité des sols, manque de résistance aux ravageurs…

    La question de la régulation

    En France et en Europe nous avons des objectifs de réduction de moins 50% des pesticides. Mais dans les faits leur usage augmente. Il se pose ainsi la question de la mise en œuvre des régulations et des dérogations. Les industriels cherchent de nouveaux marchés et se tournent donc vers l’Afrique.

    Au niveau européen, le marché des pesticides est de 17 milliards d’euros. L’Europe en importe pour 1,4 milliard d’euros et en exporte pour 5,8 milliards d’euros. Depuis 2018, l’Union européenne a exporté 80 000 tonnes de pesticides interdits vers les autres continents. Comme pour les produits pharmaceutiques il existe des génériques de pesticides souvent produits par les pays émergents (surtout la Chine et l’Inde) qui ciblent en premier lieu le marché africain.

    Selon Sena Adessou les législations en Afrique sont laxistes voire absentes. En Côte d’Ivoire son pays d’origine, la législation est vieille et vétuste mais le pays est en train de revoir son cadre législatif. Il souligne le poids des lobbys qui mettent en avant l’argument de la productivité agricole.

    Sena explique qu’il y a aussi un problème de corruption. Certains produits interdits se retrouvent quand même dans les mains des paysans via des circuits informels. Samuel explique que ce non respect de la loi est possible car l’État n’a pas les moyens d’aller contrôler les champs. Mais il y a une prise de conscience des agriculteurs qui cherchent des alternatives.

    Des alternatives existent

    En tant que citoyen il y a des choses à faire souligne Maureen Jorand : nous pouvons signer des initiatives citoyennes demandant la sortie des pesticides et interpeller nos politiques en cette année électorale.

    Sena est le secrétaire général d’Inades Formation. Son organisation a mené une campagne sur le droit à l’alimentation, la qualité des aliments et la durabilité des systèmes de production. Pour lui la solution c’est l’agroécologie car elle répond au fonctionnement des écosystèmes. L’agroécologie permet d’être certain de produire des aliments sains.

    Samuel met en avant le travail d’Inades Formation au Burundi. L’organisation analyse les cadres légaux et réalise des diagnostics avec les paysans sur l’utilisation des pesticides. Elle mène également des recherches sur des alternatives de lutte biologique contre les maladies et les ravageurs (qui détruisent 30% des productions) en se servant des méthodes traditionnelles utilisant des végétaux. Selon Sena ces biopesticides représentent moins de danger et de toxicité même si il faut savoir les utiliser.

    La sortie des pesticides doit se faire petit à petit explique Samuel. On évalue chaque biopesticide, chaque maladie, chaque culture, c’est un travail complexe. Les biopesticides sont de réelles alternatives aux pesticides de synthèse. Ils permettent aux paysans d’être plus autonomes et économes, plus résilient et plus respectueux de l’environnement.

    Se mobiliser :

    Marchons contre Monsanto-Bayer et l’agrochimie

    Aller plus loin :

    Salon de l’Agriculture : alerte sur les pesticides
    Le scandale des pesticides interdits en Europe et exportés en Afrique
    L’exposition aux pesticides dans le monde a des conséquences évidentes sur les droits de l’homme
    Mali : quand pesticide rime avec agroécologie

  • Crise alimentaire au Guatemala #JeudiPhoto

    Le Guatemala vit une crise alimentaire sans précédent. Celle-ci met en évidence un modèle de développement profondément inégalitaire. Portons notre regard sur les communautés paysannes et indigènes, particulièrement exposées à la faim et la pauvreté.

    8 Octobre 2020, La Palmilla, Guatemala. ©Josue Decavele / Reuters

    Concepcion Ramirez allaite son fils Daniel, âgé de 18 mois, dans sa demeure à la Palmilla, à l’est du Guatemala. Le regard éprouvé, elle tient du bout des doigts le carnet du Ministère de la Santé publique pour l’enregistrement des actions de prévention pour les enfants. Son fils a été diagnostiqué atteint de malnutrition sévère.

    Daniel est loin d’être un cas isolé. Au Guatemala, près d’un enfant sur deux, âgé de moins de 5 ans, souffre de malnutrition chronique et se retrouve davantage exposé à des risques de maladies et de retard de croissance. C’est l’un des taux les plus importants en Amérique Latine.

    “L’insécurité alimentaire a énormément crû durant la pandémie de la COVID-19 et cela a continué depuis. Mais cette crise a surtout révélé les failles structurelles du modèle de développement du Guatemala où l’agriculture familiale est méprisée”, nous explique Jules Girardet, chargé de mission Amérique Latine.

    La population du Guatemala est confrontée à la fois à une grande pauvreté, aux impacts du dérèglement climatique et à un climat de violence et de corruption politique. En 2021, près de 50% de la population souffrait d’insécurité alimentaire sévère ou modérée.

    Le seuil de pauvreté du pays atteint 60% et touche principalement les communautés paysannes et indigènes, abandonnées des politiques publiques. Elles subissent de plein fouet l’expansion d’un modèle agro-industriel encouragé par le gouvernement. Celui-ci, basé sur les monocultures d’exportation, renforce l’accaparement de leurs terres nourricières et les violences à leur encontre. Il participe également à la dégradation de l’environnement et à la diminution des ressources en eau, affectant les rendements de l’agriculture familiale.

    “Le Guatemala vit une grave crise démocratique, comme le témoigne la récente résolution du Parlement européen. Nos partenaires sur place parlent d’une “dictature légale“, d’un “pacte des corrompus“ qui ne bénéficie qu’à l’oligarchie et dont la société guatémaltèque est la grande perdante”, rapporte Jules Girardet.

    Dans les départements du Nord-ouest, où se concentrent 40% des conflits agro-environnementaux, nous soutenons l’action de nos partenaires locaux qui luttent contre l’appauvrissement des communautés paysannes et indigènes. Mobilisés à leurs côtés, ils défendent leurs droits à la terre et promeuvent un modèle agricole familial basé sur le respect de l’environnement et des droits humains.

    Sources : FAO, 2021 (Guatemala – 2021-2022 Humanitarian Response Plan – FAOSTAT)

    Pour aller plus loin :

    Covid-19 : la faim augmente au Guatemala

    Regards croisés : des partenaires de Méso-Amérique en région Rhône-Alpes

    Lire aussi :

    Guatemala : le théâtre pour surmonter les violences sexuelles

  • Tunisie : le trésor des semences paysannes

    En Tunisie, comme dans le reste du monde, les semences paysannes tendent à disparaitre. Mais des partenaires du CCFD-Solidaire œuvrent pour faire revivre ces graines oubliées. Alice Champseix, chargée de mission Maghreb, nous éclaire sur les enjeux de l’utilisation de ces semences.

    Les paysans échangent des semences lors de la fête organisée par l'Association Tunisienne de Permaculture
    Des paysans échangent des semences lors d’une fête organisée par l’Association Tunisienne de Permaculture

    Des semences paysannes en voie de disparition

    En Tunisie, comme dans de nombreux pays, les semences paysannes sont en voie de disparition. On appelle semences paysannes les graines qui sont sélectionnées et produites par les paysans. Le blé tunisien est un exemple typique.

    50

    variétés de blé en Tunisie dans les années 40

    5

    variétés de blé en Tunisie aujourd’hui

    La raison est malheureusement assez simple. Durant les dernières décennies, les politiques publiques ont encouragé l’utilisation des semences améliorées et hybrides, des graines sélectionnées industriellement pour produire plus, plus vite, sur de plus grandes surfaces. Mais ces semences ne sont pas reproductibles et elles nécessitent l’utilisation de pesticides et d’engrais.

    Des semences industrielles problématiques

    Les semences industrielles posent 3 problèmes principaux :

    1. Un problème d’endettement pour les agriculteurs, qui doivent acheter chaque année les semences mais également les pesticides et les engrais qui vont avec.
    2. Un problème environnemental car ce mode d’agriculture industrielle impacte les sols, la santé des producteurs et des consommateurs et la biodiversité. 
    3. Les semences industrielles sont beaucoup moins résistantes aux sécheresses et aux crises climatiques que les semences traditionnelles.

    L’Association Tunisienne de Permaculture encourage l’utilisation des semences paysannes

    Notre partenaire l’Association Tunisienne de Permaculture a fait tout un travail d’identification de semences paysannes oubliées. En sillonnant le pays, elle a trouvé des trésors comme une tomate côtelée, sucrée et juteuse, ou une ancienne pastèque du sud de la Tunisie.

    L’association distribue également ces semences auprès de paysans qui s’engagent à les cultiver sans pesticides.

    Lors d’une forte sécheresse en 2019, les agriculteurs qui avaient cultivé les semences distribuées par l’association ont vu leur récolte résister à la sécheresse, contrairement à leurs voisins qui cultivaient du blé issu de semences industrielles.

    Alice Champseix, chargée de mission Maghreb

    L’association mène aussi un travail de plaidoyer pour défendre auprès des décideurs le droit des paysans de cultiver et échanger leurs propres semences. Le ministre de l’agriculture tunisien a d’ailleurs annoncé, la semaine dernière, que l’échange de la majorité semences paysannes pourrait être interdit. Le combat de l’Association Tunisienne de Permaculture est donc essentiel et d’actualité.

    Aller plus loin :

    En Tunisie, une fête pour les semences paysannes et la permaculture
    Semences paysannes : la fable du loup et de l’agneau revisitée
    Au Liban, l’histoire d’un passionné qui réhabilite les semences locales

  • CENTRAFRIQUE : L’AGRICULTURE URBAINE POUR LUTTER CONTRE LA FAIM

    Dans la capitale de Bangui, l’association A9 aide les familles à cultiver des potagers urbains pour favoriser leur autonomie alimentaire. Découvrons ce projet d’agriculture urbaine en images et à travers le témoignage de Rodolphe Gozegba de Bombembe, fondateur de l’association.

    Découvrez à travers ce diaporama sonore le projet “Nourris ta ville en 90 jours” de l’association A9.

    Les habitants de la République Centrafricaine payent le lourd tribut d’une décennie de conflits et de violences qui ont gangrené le pays. La pauvreté et l’insécurité alimentaire ne cessent de croître. En 2021, 57% de la population centrafricaine ne mangeait pas à sa faim1.

    “On avait vu des gens mourir de faim ! “, témoigne Rodolphe Gozegba de Bombembe.

    Beaucoup de familles ne font qu’un repas par jour

    En 2016, ce théologien de formation crée l’association A9, soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, pour participer au développement de son pays dans le respect de l’environnement.

    A partir de la capitale Bangui et ses deux communes limitrophes, l’association initie le projet “Nourris ta ville en 90 jours” pour favoriser l’autonomie alimentaire de la population. Ce projet vise à sensibiliser et à aider les familles à transformer des lopins de terre souvent à l’abandon en jardin potager pour cultiver des légumes. La qualité de la terre et le climat favorise une croissance très rapide des végétaux, et permettent aux familles d’obtenir des légumes en seulement 90 jours.

    Un exemple d’agriculture urbaine

    L’association distribue les semences et les outils nécessaires aux familles. Puis, grâce à une équipe d’agronomes, elle leur apprend des techniques simples et agroécologiques pour cultiver la terre. Les agriculteurs et agricultrices en herbe apprennent, par exemple, à fertiliser et à protéger les sols à partir de déchets végétaux : c’est ce qu’on appelle le mulch.

    Le projet a déjà permis de former 500 familles qui cuisinent à présent leurs propres récoltes. A9 intervient également en milieu scolaire et universitaire pour sensibiliser les jeunes à l’importance de l’agroécologie urbaine.

    L’association poursuit son combat en faveur de l’éco-jardinage et de l’autonomie alimentaire. Pour demain, elle vise à intégrer le maximum des 180 000 familles de Bangui à son projet.

    1 Source : OCHA, août 2021.

    Aller plus loin :

    Au Liban, soutenir la production locale face à la crise alimentaire
    Pérou : manger sain et à sa faim grâce à l’agriculture urbaine (diaporama)

  • Qu’est-ce que le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA)?

    Le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) est le comité intergouvernemental des Nations Unies chargé des questions de sécurité alimentaire et de nutrition. C’est la plateforme la plus à même de coordonner les réponses à la crise des prix alimentaires qui arrive.

    Les populations affectées impliquées

    Le CSA est la principale plateforme internationale émettant des recommandations politiques en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Créé en 1974, puis réformé après les émeutes de la faim, la plus value du CSA est qu’il permet de réellement impliquer dans l’ensemble de ses décisions les pays et populations les plus affectés par l’insécurité alimentaire, en se basant sur une approche par les droits.

    C’est ainsi l’espace international le plus inclusif existant pour lutter contre la faim dans le monde. Lieu de dialogue et de négociation, il implique tous les acteurs impliqués dans le domaine de la sécurité alimentaire et la nutrition :
    – les gouvernements
    – la société civile (organisations de producteurs, peuples autochtones et ONG)
    – le secteur privé international
    – les instituts de recherche
    – les institutions financières internationales
    – les organisations des Nations Unies (FAO, PAM…)
    – les fondations

    Toutefois seuls les États y disposent d’un droit de vote.

    Des recommandations politiques

    Les recommandations négociées au CSA sont toutes issues d’un long travail de recherche fourni par le HLPE (un groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition). D’une certaine manière, le HLPE est à l’agriculture ce que le GIEC est au climat. Chaque année, il est en charge de rassembler, sous la houlette des principaux experts mondiaux, l’ensemble de la littérature scientifique afin de produire un rapport sur une thématique précise (changement climatique, genre, volatilité des prix, agroécologie, questions foncières, biocarburants etc). 

    Suite à ces rapports, l’ensemble des membres du CSA se retrouve pour transformer ses conclusions en recommandations politiques.

    Les six fonctions du CSA

    Le rôle clé de la société civile

    La société civile joue un rôle clé dans les négociations. Regroupée sous l’égide du Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSC), elle participe à toutes les étapes des processus. Du choix des thématiques, au rapport du HLPE jusqu’à la négociation entre les États, elle produit et valorise ses propres argumentaires, témoigne de la réalité du terrain et s’exprime d’une seule voix.

     A ce jour le MSC regroupe plus de 300 millions de membres. Le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires sont très investis dans ses différents groupes de travail.

    Coordonner la réponse à la crise alimentaire

    Le CSA se réunit chaque année en octobre au siège de la FAO, à Rome. Cette session rassemble 137 Etats et plus de 200 organismes du groupe consultatif. Des réunions intermédiaires sont organisés tout au long de l’année.

    Suite à la guerre en Ukraine, le monde fait face à une crise des prix alimentaires sans précédent qui va avoir des conséquences dramatiques. C’est une crise complexe qui nécessite une coordination internationale. Le CSA, réformé pour pouvoir agir dans un tel contexte, est le plus pertinent pour coordonner les réponses à la crise. Or, à ce jour il n’a toujours pas été mandaté par les États. 

    Nous demandons que la France qui assure la présidence de l’Union Européenne, se positionne clairement pour que le CSA propose et coordonne un plan d’action international.

    Aller plus loin :

    Journal de bord de la crise alimentaire
    L’impact de la guerre en Ukraine sur la crise alimentaire (infographie)
    Tout ce qu’il faut savoir sur les mots de la faim

  • Tout ce qu’il faut savoir sur les mots de la faim

    Que signifie les termes crise alimentaire, famine, sécurité alimentaire… Ce lexique apporte des définitions simples pour des mots fréquemment utilisés dans les médias pour parler de la faim, parfois à mauvais escient. Cet article est là pour décrypter toutes ces notions.

    Quand parle-t-on de crise alimentaire ?

    Une crise alimentaire désigne le fait que la situation alimentaire d’un pays, une région ou un continent s’aggrave de façon spectaculaire sur une courte période. Une crise alimentaire est déclarée dans un pays connaissant une dégradation subite de sa situation alimentaire si 1 des 3 critères suivants est respecté :

    1. Au moins 20% de la population du pays est en insécurité alimentaire
    2. Au moins 1 million de personnes dans le pays sont en insécurité alimentaire
    3. Une zone entière du pays est en insécurité alimentaire 

    La famine, pour alerter sur la gravité d’une situation

    La famine est un état de pénurie alimentaire grave s’étendant sur une longue durée et qui conduit, si non solutionnée, à la mort des populations concernées. C’est un terme principalement politique qui est bien souvent utilisé par les Nations Unies ou les ONG humanitaires pour alerter l’opinion sur une situation particulièrement grave au niveau local. 

    Qu’est-ce que l’insécurité alimentaire ?

    Une personne est en situation d’insécurité alimentaire lorsqu’elle n’a pas un accès régulier à suffisamment d’aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie active et saine. Cela peut être dû à l’indisponibilité de nourriture et/ou au manque de ressources pour se procurer de la nourriture. L’insécurité alimentaire peut être ressentie à différents niveaux de gravité (légère, modérée, grave).  En 2020, 2,4 milliards d’individus souffraient d’insécurité alimentaire, un chiffre en hausse pour la sixième année consécutive.

    La sécurité alimentaire, un concept bien défini :

    La sécurité alimentaire est un concept défini par l’accès régulier de tous les individus d’une population à une alimentation de qualité et en quantité suffisante pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Les quatre piliers de la sécurité alimentaire sont :

    1. La disponibilité des aliments
    2. L’accès aux aliments
    3. L’utilisation des aliments
    4. La stabilité de l’approvisionnement

    De nombreux débats ont lieu actuellement pour y ajouter un cinquième pilier garantissant l’équité des individus dans leurs capacités de production et leur choix alimentaire.

    La malnutrition définit un état nutritionnel :

    La malnutrition se définit par les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. C’est un état nutritionnel qui est la conséquence d’une alimentation mal équilibrée en quantité et/ou en qualité. La malnutrition couvre donc tant la sous-nutrition que la sur-nutrition.

    Sous-nutrition :

    La sous-nutrition est un état résultant d’un apport alimentaire insuffisant pour couvrir les besoins en énergie et en nutriments. Elle se caractérise par une insuffisance pondérale, une taille trop petite (retard de croissance) ou trop fine (émaciation) pour l’âge ou la taille, ou une carence en vitamines et minéraux.

    Sur-nutrition :

    La sur-nutrition désigne un excès ou un déséquilibre dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. Une personne est en surpoids si elle présente une accumulation excessive de graisse qui constitue un risque pour sa santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le surpoids chez les adultes comme un Indice de Masse Corporelle supérieur ou égal à 25.

    Sous-alimentation :

    La sous-alimentation est une sensation physique inconfortable ou douloureuse causée par une consommation insuffisante de calories. Elle devient chronique lorsque la personne ne consomme pas une quantité suffisante de calories sur une base régulière pour mener une vie normale, saine et active.

    Qu’est ce que la souveraineté alimentaire :

    La souveraineté alimentaire est le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis à vis des pays tiers. La souveraineté alimentaire est un concept de solidarité et de complémentarité, qui vise à remettre les populations et les citoyens au cœur des choix agricoles et alimentaires nationaux.
    En savoir plus sur nos actions en faveur de la souveraineté alimentaire

    Agroécologie :

    L’agroécologie est une approche globale de l’agriculture et de l’alimentation qui favorise l’émergence de systèmes agricoles et alimentaires durables et diversifiés. Ces systèmes permettent aux paysannes et paysans de vivre de leur métier et aux populations locales d’avoir accès à des produits de qualité. L’agroécologie propose une véritable transformation et redéfinition de nos pratiques et habitudes agricoles et alimentaires. Elle a pour objectif une gestion juste et responsable des biens communs que sont l’eau, la terre, l’air, la biodiversité et l’équilibre du climat.

  • Massa Koné, défenseur de l’agriculture paysanne en Afrique de l’ouest

    Au Mali, Massa fait partie de ceux qui ont obtenu la reconnaissance des droits coutumiers dans la loi foncière malienne. Une reconnaissance indispensable pour protéger l’agriculture familiale et lutter contre l’accaparement des terres par les grands propriétaires. Portrait d’un paysan devenu juriste et porte-parole sur les questions de souveraineté alimentaire pour toute l’Afrique de l’Ouest.

    Massa Koné
    Massa Koné

    Il est grand, droit et presque massif. Ce Malien, âgé de 45 ans, est originaire de Kadiolo, au sud de Bamako. Massa Koné est l’un de ces militants qui portent la voie de la société civile face à un pouvoir souvent déconnecté de sa base et soupçonné de corruption.

    Le déclic de l’expulsion

    Massa Koné ne plaisante pas. Son combat vient de loin. Il y a presque trente ans, pour financer ses études de technicien supérieur en machinisme diesel à Bamako, il est maraîcher dans «  le lit du marigot » et vend ses légumes à des commerçants du marché. Avec ses frères, ils montent ensuite leur propre commerce. «  Et puis, nous avons été expulsés du marigot aux profits d’une grande entreprise. Ce choc m’a décidé à lutter contre l’accaparement des terres » raconte Massa Koné.

    Il se rend compte alors que la terre, au Mali, appartient à l’Etat qui peut la vendre au plus offrant «  sur le dos des communautés. Et, les fonctionnaires et élus ne s’en privent pas ! »  Ce droit est un héritage de la colonisation.

    Faire pression, ensemble

    Aujourd’hui, Massa Koné est porte-parole de la Convergence malienne contre les accaparements de terre, en plus de sa casquette de secrétaire général de l’UACDDDD qui regroupe les organisations luttant pour les droits des démunis. Dans ces luttes, il est un partenaire fidèle du CCFD-Terre Solidaire.  Il  est convaincu qu’un combat se gagne à plusieurs ; qu’il s’agisse de cultiver une terre, d’en réclamer un titre de propriété ou de poursuivre ceux qui s’accaparent ces terres.

    Pour bien combattre, Massa Koné décide de suivre pendant quatre ans des études de droit. « Connaître le droit m’a donné une maturité pour le débat ». Il peut défendre les victimes dans les zones rurales. Il peut suivre la trentaine de dossiers d’accaparement des terres qu’il a trainé en justice.

    Son action, Massa Koné la résume par une phrase : « on a monté la pression ensemble. » Malgré les menaces, parfois de mort, les militants ont gagné « ensemble » des victoires : la création d’une commission interministérielle pour la résolution du problème du foncier en 2012, suivie par le vote d’une loi foncière agricole en 2017. Cette loi reconnaît la légitimité des communautés à cultiver et gérer des terres, en l’absence de titre foncier. « Une propriété peut être inscrite au nom d’une famille. C’est essentiel. 70% des Maliens sont détenteurs de droits coutumiers. »

    Massa Koné s’emploie maintenant à faire appliquer la loi. 200 villages pilotes ont déclenché le processus. Le chef de chacun des villages peut établir une attestation de détention coutumière. La mairie délivre à la famille une attestation de possession foncière. Toute nouvelle transaction sera enregistrée dans un  registre foncier à la mairie. Une révolution agricole en douceur et en partant de la base.

    Une lutte dans toute l’Afrique de l’Ouest

    Caravane ouest-africaine de la Convergence globale des luttes pour la terre, l’eau et les semences en 2016

    Massa Koné ne s’arrête pas aux frontières du Mali. Il est le porte-parole de la Convergence globale des luttes pour la Terre et l’Eau de 16 pays d’Afrique de l’Ouest. « Ensemble », ils organisent des « Caravanes » qui parcourent tous les deux ans, cinq pays de la région. « Le but est d’influencer les politiques pour que les droits des communautés soient reconnus » explique Massa.

    En décembre dernier, trois cents personnes ont  parcouru pendant un  mois, en  louant des bus locaux, le Sénégal, la Gambie, les Guinées Bissau et Conakry et le Sierra Leone. « Les actions que nous avons menées concernaient l’accaparement des terres, la déforestation, l’exploitation des sables ou le problème de la pèche industrielle. »

    Pierre Cochez

  • Journée de la Terre : les Wampis protègent leur Amazonie nourricière #JeudiPhoto

    À l’occasion de la journée internationale de la Terre nourricière, portons notre regard sur la détermination du peuple Wampis à protéger leur forêt amazonienne. Au Nord du Pérou, ce peuple indigène s’est constitué en Nation pour se défendre face aux convoitises des industries extractives.

    © Jacob Balzani Lööv
    Un pêcheur Wampis le long du Santiago, Amazonie. © Jacob Balzani Lööv

    Nous sommes au Nord de l’Amazonie péruvienne, à 1 500 kilomètres de la capitale de Lima. Le soleil se couche sur la rivière Santiago et offre ses derniers rayons de lumière. Ce pêcheur en profite pour ramener du poisson avant que l’obscurité humide ne gagne l’épaisse forêt. En équilibre sur sa barque, il lance son filet d’une poigne maîtrisée. Une incroyable sensation de quiétude et de sérénité nous emporte.

    Ce pêcheur est issu du peuple indigène Wampis. Comme lui, ils sont environ 15 000 indiens et indiennes à vivre au cœur d’une forêt primaire, impénétrable et nourricière. Leur territoire s’étend sur près d’1,3 million d’hectares, bordés par les rives idylliques du Santiago et du Morona. Depuis six millénaires, ce peuple vit en harmonie avec l’Amazonie et s’emploie à préserver leur berceau de nature. Les Wampis se nourrissent grâce à la pêche, la chasse et l’agriculture familiale et se soignent grâce aux vertus des plantes médicinales. Leurs traditions ancestrales et leur culture révèlent leur lien profond et spirituel à la nature.

    Mais depuis quelques années, leurs terres “sacrées” sont menacées par le dérèglement climatique et la convoitise des politiciens et des industriels, obnubilés par les richesses en or ou en pétrole. Les activités extractives, bien souvent illégales, favorisent la déforestation et polluent leurs rivières.

    Pas question pour les Wampis de laisser la quête du profit des multinationales détruire leurs moyens de subsistance et leurs traditions millénaires. Fruit d’un long processus, le peuple Wampis se constitue en un Gouvernement Territorial Autonome de la Nation Wampis (GTANW) pour défendre leurs droits et protéger leurs terres. Le 28 novembre 2015, Wrayz Pérez Ramirez, devient le premier Président Wampis. Au Pérou, nos partenaires locaux, dont Forum Solidaridad Péru et CooperAcción, se mobilisent pour les soutenir et leur apporter une aide juridique.

    En 2021, la compagnie pétrolière nationale, Petroperu, a annoncé poursuivre ses activités extractives sur une parcelle de leur territoire. En cette journée de la Terre nourricière, nos pensées s’adressent à ce peuple qui poursuit sa lutte pour protéger “le poumon de la planète” : source de vie de tout un peuple, mais aussi de toute l’humanité. Soutenons-les.

    Aidez les Wampis à sauver l’Amazonie ! Je signe la pétition

    Pour aller plus loin :

    Et vous, quelle est votre relation avec la forêt ? Je fait le quizz

    Lire aussi :

    Pour sauver l’Amazonie, le peuple Wampis se constitue en nation (vidéo)

    Invasion au coeur des territoires indigènes Wampis (notes de voyages)

  • L’impact de la guerre en Ukraine sur la crise alimentaire (infographie)

    Pourquoi la guerre en Ukraine aggrave considérablement la crise alimentaire et fait-elle flamber les prix? Explications en infographies

    Les prix alimentaires mondiaux flambent

    La Russie et l’Ukraine sont des exportateurs importants de multiples céréales : blé, tournesol, maïs.

    Mais la Russie et l’Ukraine ne sont pas seulement des exportateurs de céréales alimentaires.

    Ils sont aussi :

    • de gros producteurs de tourteaux de tournesol dont dépend fortement l’alimentation animale dans le monde entier
    • des producteurs d’engrais, de pesticides, et de carburant dont dépendent fortement les agricultures industrielles.

    La Russie et l’Ukraine exportent 20% du marché mondial d’engrais.

    La hausse des prix de l’énergie a un impact sur celui de l’alimentation

    Les agricultures industrialisées sont devenues très dépendantes du pétrole et du gaz, nécessaires à la production d’engrais et de pesticides.

    Les exportations compromises

    Du fait d’une nécessité de nourrir la population par temps de conflits l’Ukraine a annoncé le 9 mars dernier une cessation temporaire de l’ensemble de ses exportations de blé, de sucre et de viande.

    Côté russe, si les sanctions économiques épargnent pour le moment le volet alimentaire, la Russie utilise la faim comme une arme géopolitique. Elle limite actuellement ses exportations alimentaires à destination des pays jugés “inamicaux” notamment pour faire pression sur le groupe des non-alignés.

    Par crainte d’une future pénurie de denrées alimentaires les acteurs économiques spéculent sur marchés boursiers, notamment pour le blé et le soja, pendant que d’autres Etats se constituent des stocks.

    Par ricochet, certaines cultures locales, à priori non concernées par la crise, se mettent aussi à augmenter.

    Au delà des céréales, ce sont aussi les prix de la viande et des produits laitiers qui augmentent.

    Les pays les plus touchés  

    Les pays du Sud sont les plus durement touchés.

    En Europe, il n’y a pas de pénurie de denrées agricoles et alimentaires (l’Europe est exportateur net de céréales et de viande). Mais l’Europe est sujette à une hausse des prix alimentaires qui va s’aggraver du fait de la hausse du prix de l’énergie.

    En 2019, selon les Nations Unies, 70% des individus souffrant de la faim vivent dans des pays caractérisés par leur forte dépendance aux marchés internationaux (pour l’import comme pour l’export). 

    Conséquences de la hausse des prix

    Quelles mesures mettre en place ? 

    L’enjeu pour sortir de cette crise est triple, il convient à la fois de : 

    1. Limiter la hausse des prix 
    2. Renforcer la capacité des États à y faire face  
    3. Limiter les impacts sur les populations les plus vulnérables.  

    Cette triple nécessité demande des actions d’urgence à prendre au cours des 6 prochains mois. Ces actions doivent être coordonnées au niveau international par le Comité sur la Sécurité Alimentaire Mondiale de l’ONU. Il est impératif que le Comité se réunisse en urgence en juin ou juillet sur le sujet.

    Aller plus loin :

    Flambée des prix : l’impact de la guerre en Ukraine
    Nos propositions de mesures pour faire face cette crise
    Guerre en Ukraine : les bombes de la faim

  • Au Niger, le prix du mil s’envole

    Ali Badara travaille en tant qu’ingénieur agronome dans une fédération de coopératives agricoles au Niger. Il est en première ligne aujourd’hui face à la crise alimentaire qui frappe son pays. Il explique comment le manque d’eau et l’insécurité au Sahel font flamber les prix du mil, ingrédient de base de la nourriture locale.

    ©Roland DARGELEZ/CCFD-Terre Solidaire
    ©Roland DARGELEZ/CCFD-Terre Solidaire

    Ali Badara est un ingénieur agronome nigérien. Il travaille à la Fédération des coopératives agricoles du Niger, Mooriben, c’est-à-dire «  la misère est finie ». Fondée il y a 30 ans, Mooriben forme les paysans aux pratiques agro-écologiques et touche pas moins de 60 000 familles paysannes et éleveurs dans tout le pays. Nous avons recueilli son témoignage sur la situation actuelle au Niger :

    Une récolte de mil catastrophique

    Cette année, la situation alimentaire au Niger est très critique. La récolte de mil a été catastrophique. Or, cette céréale, appelée également sorgho, est la base unique de l’alimentation de nos campagnes : farine de mil, pâte de mil, boule de mil, mélangée à un peu de lait quand c’est possible. Dans les villes, comme  Niamey ou Zinder, la population consomme également du riz ou du maïs. Ce n’est pas le cas dans les campagnes.

    Ces récoltes catastrophiques en octobre et novembre derniers s’expliquent avant tout par une sécheresse exceptionnelle de plus d’un mois, pendant la saison des pluies, normalement de juin à octobre. L’eau a manqué quand la plante en avait un besoin vital pour sa croissance.

    2,5 millions de Nigériens sont en situation d’insécurité alimentaire

    Ali Badara, ingénieur agronome à Mooriben

    Les stocks s’épuisent

    Aujourd’hui, nous abordons déjà la période de soudure, c’est-à-dire cette période où les gens ont fini leurs réserves et attendent la prochaine récolte. Or, les stocks communautaires sont déjà en train de s’épuiser. Ces stocks, souvent organisés par l’Etat, permettent aux plus vulnérables de s’approvisionner à prix modérés. C’est d’autant plus vital, que les prix du mil ont bondi de 30% par rapport à l’an dernier, du fait de la pénurie.

    Le Niger, deuxième producteur de mil d’Afrique, en est réduit à importer du mil du Nigéria et du Burkina Faso. Mais les quantités achetées sont faibles et les prix élevés.

    2ème

    producteur de mil d’Afrique

    30%

    d’augmentation du prix du mil

    Les djihadistes empêchent les paysans de cultiver

    L’autre raison de cette crise alimentaire tient à l’insécurité croissante qui règne dans le pays. Dans des régions entières, les djihadistes brûlent les récoltes, imposent la terreur et chassent les habitants de leurs terres.

    Les militaires impuissants face à l’insécurité dans les campagnes

    C’est le cas notamment, vers Tillabéry, dans la région des trois frontières, qui jouxte le Mali et le Burkina Faso. Les déplacés se pressent dans la ville de Téra, la zone la plus militarisée du pays, où sont basées les forces nigériennes, tchadiennes et françaises. En fait, cette présence armée ne rassure pas les populations, car ces militaires semblent impuissants face aux terroristes.

    Du niébé plutôt que du mil pour être plus en sécurité

    Depuis un an, l’insécurité empêche de cultiver, surtout que les djihadistes ont pris l’habitude de se cacher dans les champs de mil dès que les plantes croissent. Alors, les rares agriculteurs qui restent se sont mis à cultiver le niébé, un genre de haricots, moins hauts.

    Pour nous, ce n’est pas facile de travailler dans ces conditions. Je suis responsable du suivi et de l’évaluation des projets depuis sept ans chez Mooriben. Je suis basé dans la capitale, Niamey, et il n’est pas possible de se déplacer à plus de cinq kilomètres en dehors de la ville, du fait de l’insécurité. Heureusement, nous avons un réseau efficace de paysans relais à l’intérieur du pays.

    Des paysans relais pour faire fonctionner les banques céréalières

    Ce sont les paysans relais qui continuent à apprendre aux paysans des pratiques durables, comme l’utilisation de fertilisants naturels, pour nourrir la terre.

    Ce sont eux également qui assurent le bon fonctionnement des 347 banques céréalières de Mooriben. Elles existent depuis une quinzaine d’années pour permettre justement de s’alimenter pendant la période de soudure.

    Recueilli par Pierre Cochez

    Lire aussi : L’AGRICULTURE PAYSANNE ET L’AGROÉCOLOGIE EN AFRIQUE : UN PARI GAGNANT

  • Sri Lanka : l’enfer de la crise #JeudiPhoto

    Confronté à une crise économique et politique sans précédent, le Sri Lanka s’est déclaré en faillite ce mardi 12 avril. Portons notre regard sur la population, plongée dans la misère, qui s’unit pour exiger la démission des frères Rajapaksa au pouvoir.

    © Dinuka Liyanawatte/Reuters
    Station essence à Colombo, Sri Lanka. 21 mars 2022. © Dinuka Liyanawatte/Reuters

    Nous sommes à Colombo, sur le parking d’une station-essence prise d’assaut. Cette famille srilankaise tente de s’abriter de la chaleur battante sous le peu d’ombre qu’offre leur tuk-tuk. Les bidons vides dans les mains, ils attendent, comme beaucoup d’autres, de pouvoir se procurer du kérosène pour alimenter leur cuisinière domestique. S’il en reste dans les pompes…

    Le désarroi et la fatigue sur leurs visages témoignent de la misère qui frappe les 22 millions d’habitants de l’île. Depuis plusieurs semaines, les Sri Lankais vivent au rythme des coupures d’électricité, de l’inflation galopante et des pénuries qui s’allongent. Faute de médicaments, les hôpitaux peinent à assurer leurs soins. Faute de denrées alimentaires, les populations ont du mal à se nourrir. Faute de carburant, les tuk-tuks roulent à la force des bras.

    Le Sri Lanka vit sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948. Celle-ci n’a cessé de s’accroître depuis deux ans jusqu’à propulser, récemment, le pays vers la faillite et une grave crise politique. L’État n’a plus assez de stock en devises étrangères pour assurer les importations nécessaires. Il se retrouve en défaut de paiement de sa dette extérieure qui s’élève à 51 milliards de dollars.

    La crise actuelle résulte, notamment, de la désertion des touristes après les attentats de 2019 ; suivie de deux années de pandémie ; et des conséquences récentes de la guerre en Ukraine qui prive l’île de ses fidèles touristes russes et ukrainiens. Autant de coups durs pour un pays qui vit principalement du tourisme. À cela, s’ajoute une série de mesures politiques jugées catastrophiques depuis le retour au pouvoir de la famille Rajapaksa en 2019.

    Depuis la nuit du 31 mars, la colère populaire s’élève dans les rues de la capitale pour exiger la démission du Président Gotabaya Rajapaksa et de son frère, le Premier Ministre Mahinda Rajapaksa. Chrétiens, hindous, musulmans, bouddhistes, membres de l’opposition… Toutes et tous s’unissent contre le pouvoir qui avait fondé son triomphe sur la division ethnique du pays. Aujourd’hui, le clan Rajapaksa n’est plus le héros des Cingalais et le bourreau des Tamouls : il est la bête noire de tout un pays qui menace de s’effondrer et de plonger dans la famine.

    L’avenir du pays est incertain. Il repose en grande partie entre les mains du Fonds Monétaire International (FMI) et de ses principaux bailleurs de fonds : la Chine et l’Inde. Nous partageons l’inquiétude de nos partenaires mobilisés dans la rue et nous adressons toutes nos pensées et notre soutien au peuple srilankais.

    Lire aussi :

    Au Sri Lanka : défendre les pêcheurs face à l’accaparement des mers

  • Émission sur la crise alimentaire : causes, conséquences et solutions

    La crise alimentaire s’aggrave dans de nombreuses régions du monde depuis six ans. Pourquoi ? Comment faire en sorte que tout le monde puisse atteindre la souveraineté alimentaire ? Réécoutez notre émission spéciale, enregistrée le 16 mars 2022, avec nos invités Minyara Mejbri de Tunisie, Ibrahim Sarr du Mali, Valentin Brochard, chargé de plaidoyer souveraineté alimentaire et Juliette Segard, responsable du service Asie.

    Une faim en hausse

    Après des décennies de baisse de la faim dans le monde, celle-ci remonte depuis 6 ans. Aujourd’hui 2,4 milliards de personne, soit un tiers de l’humanité, sont en insécurité alimentaire. La faim n’épargne pas notre contient puis qu’en Europe 10% de la population est en insécurité alimentaire. La pandémie a bien sûr aggravé la situation. Les prix des aliments à l’échelle internationale sont exceptionnellement élevés depuis deux 2 ans.

    Cette hausse de la faim est liée à 3 facteurs : la multiplication des crises climatiques, la multiplication des conflits et les chocs économiques.

    La guerre en Ukraine amplifie cette crise alimentaire comme nous l’explique Valentin dans cet article.

    Tour d’horizon

    Minyara vient de Tunisie, elle travaille au Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES). Elle explique que son pays fait face à un problème d’importation des semences et subit de plein fouet les effets du changement climatique. La Tunisie connait une sécheresse depuis 5 ans et l’eau vient à manquer.  De plus, le secteur agricole est marginalisé par l’Etat. Conséquence de la guerre en Ukraine, on observe une pénurie de certains produits de base comme la semoule et la farine.

    Rafika vient puiser de l’eau à la source du village de Ouled Naceur pour leur besoin quotidien. Certaines femmes peuvent faire jusqu’à 10 kilomètres. ©Augustin Le Gall/CCFD-Terre Solidaire

    Ibrahim, lui, vient du Mali et travaille au Réseau d’Horticulteurs de la Région de Kayes (RHK). Il raconte que son pays a vécu une année particulièrement difficile avec une importante sécheresse. Cette dernière a conduit à une perte de 60% des récoltes. Le Mali connait également une forte crise sécuritaire qui a empêché les agriculteurs d’avoir accès à leur champ. A cela s’ajoute une crise politique puisque le Mali est sous embargo de la CEDEAO.

    En Asie aussi, comme l’explique Juliette, le changement climatique se fait sentir : multiplication des cyclones en Indonésie et aux Philippines, sécheresse… La sécurité est également un élément important puisqu’en Birmanie le coup d’État a empêché les paysans de semer les récoltes.

    Une perte des savoir-faire locaux

    On assiste depuis des décennies, à cause de la mondialisation, à une perte des savoir-faire traditionnels que ce soit en Asie ou en Afrique. Cette perte des savoir-faire locaux engendre une perte de résilience pour des populations.

    Au Mali, selon Ibrahim, depuis les années 70 et les politiques d’ajustement structurels, un nouveau système de production agricole a été imposé aux habitants. Les paysans se sont mis à utiliser des pesticides et intrants chimiques. Cela a un impact sur la qualité des produits cultivés mais surtout cela dégrade les sols. Or les sols sont le facteur de production le plus important. De plus, la plupart des semences sont importées et hybrides, les agriculteurs sont donc très dépendants des marchés internationaux. Alors qu’en utilisant des semences traditionnelles, le paysan contrôle sa semence. La situation est similaire en Tunisie.

    En Asie, les populations qui utilisaient les forêts pour se nourrir ont dû partir. Car elles ne peuvent plus les nourrir à cause des grandes monocultures et du développement de mines. On assiste également à un accaparement des océans en Asie où l’accès physique au littoral est impossible pour de nombreux pêcheurs. Or cet accès à la mer est crucial pour la souveraineté alimentaire du continent, notamment pour l’apport en protéine.

    L’impact de la pandémie

    Les mesures pour lutter contre le Covid-19 ont eu de nombreuses conséquences économiques dans les pays du Sud. Elles ont limité les capacités de production et de mise en marché des produits alimentaires. Des millions d’emplois informels dans le secteur agricole ont été perdus. 320 millions de personnes supplémentaires sont tombées en insécurité alimentaire. Ainsi les populations sont encore plus vulnérables aux chocs économiques et donc aux flambées des prix.

    En Asie, le Covid-19 a déstructuré les économies et de nombreuses personnes sont retombées dans la pauvreté. C’est une région du monde où il y a beaucoup de migrations internes et de travail informel. Les gens se sont retrouvés bloqués et démunis de tout. Ils ont dû s’endetter pour survivre, or beaucoup de personnes n’ont toujours pas de travail.

    Au Mali la pandémie a empêché la commercialisation de produits avec les pays frontaliers, notamment des fruits et légumes avec la Mauritanie. En Tunisie les paysans ont pu continuer à travailler dans les champs pendant la pandémie.

    Des solutions existent

    Notre système alimentaire mondialisé n’est pas résilient aux chocs sociaux, économiques et climatiques, explique Valentin. Les denrées agricoles ne sont pas une marchandise comme une autre et doivent être sorties des traités de libre-échange. Il faut aussi limiter les risques de spéculation sur les denrées agricoles et alimentaires. Mais toutes ces décisions doivent de prendre au sein du Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale des Nations Unies, un espace de dialogue entre tous les acteurs impliqués dans le domaine de la sécurité alimentaire.

    Des solutions concrètes pour lutter contre la faim existent et sont mises en œuvre par nos partenaires :

    Au Mali il faut repenser les politiques agricoles pour qu’elles appuient les agriculteurs des petites exploitations. Selon Ibrahim il y a une prise de conscience des gouvernants notamment sur les questions foncières. Pour lui, les semences locales sont reconnues mais ne sont pas assez développées et devraient être sur un pied d’égalité avec les semences conventionnelles. Pour aider les agriculteurs à se défaire des pesticides et engrais chimiques le RHK leur apprend à fabriquer eux même leurs intrants.

    Agriculteurs préparant un “pesticide bio” à partir de noix de neem pilées, un arbre que l’on trouve partout dans la région. ©William DUPUY/CCFD-Terre Solidaire/picturetank

    En Tunisie où la gestion de l’eau est cruciale, il faut éviter les plantes consommant beaucoup d’eau. Avoir des cartes agricoles adaptées au pays est donc primordial. Mais Minyara déplore une lenteur politique sur le sujet.

    En Asie, le développement économique est basé sur l’accaparement des ressources. Mais des lois, comme celle en Inde sur les droits forestiers, protègent les populations. Si en Asie la société civile est dans une phase de défense des acquis il y a tout de même des initiatives locales de transition agroécologique.

  • Expérimentez le jeu du loup garou en Amazonie

    Le fameux jeu du loup garou est ici proposé dans une version amazonienne. Serez-vous un des loups qui détruisent la forêt, ou saurez-vous ruser pour la protéger? Découvrez la règle du jeu et des cartes adaptées au contexte Amazonie

    “La nuit tombe sur le village, les villageois s’endorment, les loups garous ouvrent les yeux…”

    Si vous reconnaissez cette phrase qui débute le si fameux jeu du loup garou, vous allez avoir envie de tester cette version amazonienne. Et si vous ne le connaissez pas encore ce jeu, c’est une bonne occasion de le découvrir.

    Très prisé des ados, le jeu du loup garou se joue en groupe d’une dizaine de personnes, en famille ou entre amis. De 5 à 97 ans, tout le monde peut participer!

    On se jauge, on ment, on cherche des coupables, on détourne subtilement l’attention, on rit, on s’indigne, on bluffe et on démasque.

    C’est une partie à l’issue incertaine, où les protecteurs peuvent sauver l’Amazonie, et les destructeurs, la faire disparaitre à tout jamais.

    Car si la déforestation n’a jamais été aussi rapide, il est encore possible d’agir pour inverser la tendance….

    Pour découvrir cette version du jeu, tout est expliqué dans le document à télécharger ci-dessous. Vous y trouverez la règle du jeu et des cartes détaillant le rôle des protagonistes : les villageois protecteurs, mais aussi les destructeurs, avec l’entreprise chocopalm et les éleveurs de bétail qui ont besoin de toujours plus d’espace pour faire pousser du soja.

    Vous pourrez choisir d’élire un président qui choisira d’exploiter et de détruire, ou au contraire de protéger la forêt et ses habitants… Vous pourrez même faire appel à l’Onu.

    Je télécharge le jeu du loup garou et les cartes détaillant les différents rôles

    Le-jeu-du-loup-garou-de-lAmazonieTélécharger

    Dans les Yvelines, des lycéens de seconde ont testé le jeu! Mettez-vous dans l’ambiance avec ce court podcast :

Je reste informé ! Je m'abonne à la newsletter

Je m'abonne
loader
Utilisation des données

Respect des garanties rgpd

Les données communiquées via ce formulaire sont collectées avec votre consentement et sont destinées au CCFD-Terre Solidaire en sa qualité de responsable du traitement.
Elles sont destinées à la direction du développement des générosités pour vous envoyer notre actualité et vous tenir informé de nos actions.
Pour l’exercice de vos droits d’accès à vos données, vous pouvez contacter notre Délégué à la Protection des Données personnelles par courriel dpo@ccfd-terresolidaire.org ou par courrier postal :

CCFD-Terre Solidaire (DPO)
4 rue Jean Lantier
75001 PARIS

En cas de difficulté en lien avec la gestion de vos données personnelles, vous pouvez adresser une réclamation à la CNIL.

J'agis
Je donne

Vous souhaitez nous rejoindre ?

Offre d'emploi

Offres d'emploi

Consulter Consulter
Offre de bénévolat

Offres de bénévolat

Consulter Consulter
Logo Terre Solidaire
  • Suivez-nous :
  • Twitter
  • Facebook
  • Linkedin
  • Youtube
  • Instagram
Comité Catholique contre la faim et pour le développement
- Terre solidaire
  • Contactez-nous
  • F.A.Q.
  • Mentions légales
  • Cookies
  • Espace presse
  • Espace bénévole
  • Espace donateur
  • Articles
  • Twitter
  • Facebook
  • Linkedin
  • Youtube
  • Instagram
N° SIREN 775 664 527 - N° RNA W759000066