Bilan du processus des OMD et enseignements pour l’après 2015

Publié le 18.06.2013| Mis à jour le 10.09.2021

Pour comprendre le contexte dans lequel les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) se sont construits, il faut revenir au début des années 1990.

Le processus des OMD et l’élaboration de la déclaration du Millénaire sont en effet issus d’un grand cycle de conférences internationales pilotées par l’ONU : Rio en 1992 sur l’environnement, Vienne en 1993 sur les droits de l’Homme, Copenhague en 1995 sur le développement social (qui a été très importante dans la construction des OMD), Istanbul en 1996 sur l’habitat. Ces grandes conférences ont donné un matériau pour poser une vision commune, partagée, de ce qu’il fallait envisager pour lutter contre la pauvreté. Nous ne sommes plus aujourd’hui dans une telle dynamique. Nous sommes confrontés à une crise du multilatéralisme, qui s’est révélée au grand jour à Copenhague en 2009 et s’est confirmée récemment à Rio+20. Ce contexte de blocage est notamment lié à des changements profonds dans les rapports de forces entre les États. Par ailleurs, nous sommes dans un environnement de crises (alimentaire, énergétique, sociale…). Il s’agit selon nous de la crise d’un système, ce qui nous amène à envisager la construction d’objectifs à la hauteur de ce que cette crise nous enseigne. Si l’élaboration des OMD a bénéficié en 2000 d’un contexte international favorable, il faut se rappeler que les années 1990 avaient néanmoins marqué un recul par rapport aux années 1980, qui avaient vu l’adoption, en 1986, d’une Déclaration sur le Droit au développement, laquelle n’a jamais été mise en œuvre. Votée par 146 États, cette déclaration prenait en compte un certain nombre de principes permettant le développement : l’égalité, la non discrimination, la solidarité, l’autosuffisance, la justice sociale. Aucun n’a été repris dans la Déclaration du Millénaire. Nous devrions voir comment nous appuyer sur cette Déclaration sur le Droit au développement pour proposer la vision de l’après-2015. Vient ensuite la question de la construction et de la mise en œuvre des OMD en tant que processus, dans la perspective de l’élaboration de prochains objectifs. En un certain sens, le fait d’avoir des objectifs était un principe intéressant, d’autant qu’ils avaient été adoptés par l’ensemble des pays signataires de la Déclaration du Millénaire : ils étaient donc « opposables » partout dans le monde par les acteurs de la société civile, pour pousser leurs gouvernements à respecter la déclaration et les objectifs qui en ont découlé. Fixer des objectifs impliquait aussi d’avoir des indicateurs, ce qui était une grande première. Il faut garder cette idée mais être force de proposition pour de futurs indicateurs, car ceux qui ont été choisis ne nous ont jamais paru satisfaisants. Les OMD donnent en effet une vision assez restrictive de la pauvreté (approche monétaire à partir du seuil à 1,25$/jour) et du développement (vision morcelée par le choix de certains secteurs, de certaines cibles), excluant par ailleurs toute référence aux droits civils et politiques, des indicateurs de vie démocratique, de la liberté d’expression, etc., alors que nous savons à quel point ces éléments sont fondamentaux pour le développement des populations. En outre les OMD ont été construits sur le principe « one size fits all » (objectifs globaux pour l’ensemble des pays), avec des indicateurs identiques pour tous les pays, ce qui a posé des difficultés par rapport à la réalité de certains pays. Ce que nous pouvons retenir, c’est la nécessité d’exiger que les futurs objectifs s’intéressent aux causes structurelles de la pauvreté et des inégalités, sans se limiter à une approche sectorielle, parcellisée, du développement. Nous avons la responsabilité de pousser pour que soient actionnés les vrais leviers de la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Notons aussi que les OMD ont été construits sans tenir compte des grands défis pourtant clairement identifiés dès la fin des années 1990 : la croissance de l’urbanisation, la non soutenabilité de nos modèles de développement, de consommation et de production, les enjeux liés aux migrations internationales, la question pourtant centrale de la dérégulation et de la financiarisation croissante de nos économies… Aussi serait-il intéressant de réfléchir au lien de futurs objectifs avec l’idée, évoquée à Rio+20, d’« objectifs de développement durable » pensés à l’échelle des territoires. Cela nous semble être un élément de réflexion important pour se projeter sur des objectifs après 2015. Enfin, les OMD ont été le fruit d’un processus de construction top-down, sans véritable implication de la société civile, et encore moins des populations les plus concernées. Comment faire en sorte que les mouvements citoyens initiés ces dernières années par des personnes qui ont des exigences de justice sociale (révoltes au Maghreb-Machrek, Indignés en Espagne, mouvement des étudiants au Chili, etc.) participent à cette réflexion sur l’après-2015 ? Nous devons réfléchir à ce que nous pourrions envisager pour faire le lien avec ces nouveaux mouvements de citoyens, et devons exiger que le calendrier permette la consultation de la société civile. La précipitation actuelle peut être tout-à-fait préjudiciable à la portée et au contenu des objectifs qui seront définis. AMCP, un socle commun de principes dans le cadre des réflexions «post-2015»

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