La spéculation alimentaire aggrave la faim

Depuis six ans, la faim ne cesse de s’aggraver dans le monde touchant plus de 828 millions de personnes. En période de crise, comme celle que nous connaissons actuellement avec la guerre en Ukraine, la spéculation alimentaire amplifie la flambée des prix et nourrit la crise alimentaire mondiale.

Mais la spéculation alimentaire, c’est quoi ? On vous explique. 

 

Qu’est-ce que la spéculation alimentaire ?

La spéculation alimentaire est une opération financière qui vise à réaliser des profits en pariant sur la hausse ou la baisse du prix des matières premières agricoles et alimentaires. 

Sur des marchés financiers, de nombreux acteurs (banques, fonds d’investissements, assurances et consorts) vont se regrouper pour spéculer sur la valeur  que prendra un produit alimentaire (comme le blé) à un moment donné. Ils vont acheter des titres et chercher à les revendre au moment opportun pour générer une plus-value. C’est la loi de l’offre et de la demande : plus un produit devient demandé, plus sa valeur augmente. 

 

Pourquoi spéculer sur notre alimentation ?

L’alimentation est un marché particulièrement volatile puisque sa production dépend de nombreuses variables, comme les saisons ou les événements climatiques qui influent sur les récoltes. À l’origine, les “marchés à terme“ (ou dits “papier“) devait justement servir à fixer à l’avance le prix d’une denrée (comme le prix de la tonne de blé) pour protéger à la fois les agriculteurs et les acquéreurs et maintenir des prix stables face à ces variables. 

Mais des spéculateurs privés profitent de la volatilité du marché alimentaire et spéculent de manière excessive dans l’ultime but de générer des profits.

 

Pourquoi la spéculation aggrave la faim ?

Le comportement spéculatif des acteurs financiers peut influencer le prix des matières premières au-delà de l’offre et de la demande réelle. La spéculation excessive peut créer une hausse artificielle de la demande, ce qui fait grimper les prix. En bout de ligne, ce sont les populations qui paient le prix fort du jeu des “spéculateurs de la faim“ qui se font littéralement du blé au détriment de la sécurité alimentaire mondiale. 

La flambée des prix se répercute directement dans les caddies des ménages. Les pays pauvres et dépendants des importations, notamment au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est, sont confrontés de surcroît à des difficultés pour nourrir leurs populations qui subissent des niveaux de faim aggravés. 

Comment lutter contre les dérives de la spéculation alimentaire ?

Il est plus que nécessaire d’agir contre le manque de régulation et de transparence des marchés financiers qui permettent aux spéculateurs de la faim, en temps de crise, de parier en toute impunité sur un sujet aussi grave que la valeur de notre alimentation. 

Le CCFD-Terre Solidaire se mobilise pour lutter contre les défaillances du sytème tel qu’il est conçu aujourd’hui et garantir le droit à l’alimentation des populations. Nous appelons la France à encourager une réforme ambitieuse de la Directive européenne sur la régulation des marchés (MIIFD 2) et les instances économiques du G7 et du G20 à prendre des engagements clairs pour encadrer la spéculation alimentaire.