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  • Qu’est-ce que le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA)?

    Le Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) est le comité intergouvernemental des Nations Unies chargé des questions de sécurité alimentaire et de nutrition. C’est la plateforme la plus à même de coordonner les réponses à la crise des prix alimentaires qui arrive.

    Les populations affectées impliquées

    Le CSA est la principale plateforme internationale émettant des recommandations politiques en matière de sécurité alimentaire et de nutrition. Créé en 1974, puis réformé après les émeutes de la faim, la plus value du CSA est qu’il permet de réellement impliquer dans l’ensemble de ses décisions les pays et populations les plus affectés par l’insécurité alimentaire, en se basant sur une approche par les droits.

    C’est ainsi l’espace international le plus inclusif existant pour lutter contre la faim dans le monde. Lieu de dialogue et de négociation, il implique tous les acteurs impliqués dans le domaine de la sécurité alimentaire et la nutrition :
    – les gouvernements
    – la société civile (organisations de producteurs, peuples autochtones et ONG)
    – le secteur privé international
    – les instituts de recherche
    – les institutions financières internationales
    – les organisations des Nations Unies (FAO, PAM…)
    – les fondations

    Toutefois seuls les États y disposent d’un droit de vote.

    Des recommandations politiques

    Les recommandations négociées au CSA sont toutes issues d’un long travail de recherche fourni par le HLPE (un groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition). D’une certaine manière, le HLPE est à l’agriculture ce que le GIEC est au climat. Chaque année, il est en charge de rassembler, sous la houlette des principaux experts mondiaux, l’ensemble de la littérature scientifique afin de produire un rapport sur une thématique précise (changement climatique, genre, volatilité des prix, agroécologie, questions foncières, biocarburants etc). 

    Suite à ces rapports, l’ensemble des membres du CSA se retrouve pour transformer ses conclusions en recommandations politiques.

    Les six fonctions du CSA

    Le rôle clé de la société civile

    La société civile joue un rôle clé dans les négociations. Regroupée sous l’égide du Mécanisme de la société civile et des peuples autochtones (MSC), elle participe à toutes les étapes des processus. Du choix des thématiques, au rapport du HLPE jusqu’à la négociation entre les États, elle produit et valorise ses propres argumentaires, témoigne de la réalité du terrain et s’exprime d’une seule voix.

     A ce jour le MSC regroupe plus de 300 millions de membres. Le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires sont très investis dans ses différents groupes de travail.

    Coordonner la réponse à la crise alimentaire

    Le CSA se réunit chaque année en octobre au siège de la FAO, à Rome. Cette session rassemble 137 Etats et plus de 200 organismes du groupe consultatif. Des réunions intermédiaires sont organisés tout au long de l’année.

    Suite à la guerre en Ukraine, le monde fait face à une crise des prix alimentaires sans précédent qui va avoir des conséquences dramatiques. C’est une crise complexe qui nécessite une coordination internationale. Le CSA, réformé pour pouvoir agir dans un tel contexte, est le plus pertinent pour coordonner les réponses à la crise. Or, à ce jour il n’a toujours pas été mandaté par les États. 

    Nous demandons que la France qui assure la présidence de l’Union Européenne, se positionne clairement pour que le CSA propose et coordonne un plan d’action international.

    Aller plus loin :

    Journal de bord de la crise alimentaire
    L’impact de la guerre en Ukraine sur la crise alimentaire (infographie)
    Tout ce qu’il faut savoir sur les mots de la faim

  • Tout ce qu’il faut savoir sur les mots de la faim

    Que signifient les termes crise alimentaire, famine, sécurité alimentaire… Ce lexique apporte des définitions simples pour des mots fréquemment utilisés dans les médias pour parler de la faim, parfois à mauvais escient. Cet article est là pour décrypter toutes ces notions.

    Quand parle-t-on de crise alimentaire ?

    Une crise alimentaire désigne le fait que la situation alimentaire d’un pays, une région ou un continent s’aggrave de façon spectaculaire sur une courte période. Une crise alimentaire est déclarée dans un pays connaissant une dégradation subite de sa situation alimentaire si 1 des 3 critères suivants est respecté :

    1. Au moins 20% de la population du pays est en insécurité alimentaire
    2. Au moins 1 million de personnes dans le pays sont en insécurité alimentaire
    3. Une zone entière du pays est en insécurité alimentaire 

    La famine, pour alerter sur la gravité d’une situation

    La famine est un état de pénurie alimentaire grave s’étendant sur une longue durée et qui conduit, si non solutionnée, à la mort des populations concernées. C’est un terme principalement politique qui est bien souvent utilisé par les Nations Unies ou les ONG humanitaires pour alerter l’opinion sur une situation particulièrement grave au niveau local. 

    Qu’est-ce que l’insécurité alimentaire ?

    Une personne est en situation d’insécurité alimentaire lorsqu’elle n’a pas un accès régulier à suffisamment d’aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie active et saine. Cela peut être dû à l’indisponibilité de nourriture et/ou au manque de ressources pour se procurer de la nourriture. L’insécurité alimentaire peut être ressentie à différents niveaux de gravité (légère, modérée, grave).  En 2020, 2,4 milliards d’individus souffraient d’insécurité alimentaire, un chiffre en hausse pour la sixième année consécutive.

    La sécurité alimentaire, un concept bien défini :

    La sécurité alimentaire est un concept défini par l’accès régulier de tous les individus d’une population à une alimentation de qualité et en quantité suffisante pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. Les quatre piliers de la sécurité alimentaire sont :

    1. La disponibilité des aliments
    2. L’accès aux aliments
    3. L’utilisation des aliments
    4. La stabilité de l’approvisionnement

    De nombreux débats ont lieu actuellement pour y ajouter un cinquième pilier garantissant l’équité des individus dans leurs capacités de production et leur choix alimentaire.

    La malnutrition définit un état nutritionnel :

    La malnutrition se définit par les carences, les excès ou les déséquilibres dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. C’est un état nutritionnel qui est la conséquence d’une alimentation mal équilibrée en quantité et/ou en qualité. La malnutrition couvre donc tant la sous-nutrition que la sur-nutrition.

    Sous-nutrition :

    La sous-nutrition est un état résultant d’un apport alimentaire insuffisant pour couvrir les besoins en énergie et en nutriments. Elle se caractérise par une insuffisance pondérale, une taille trop petite (retard de croissance) ou trop fine (émaciation) pour l’âge ou la taille, ou une carence en vitamines et minéraux.

    Sur-nutrition :

    La sur-nutrition désigne un excès ou un déséquilibre dans l’apport énergétique et/ou nutritionnel d’une personne. Une personne est en surpoids si elle présente une accumulation excessive de graisse qui constitue un risque pour sa santé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le surpoids chez les adultes comme un Indice de Masse Corporelle supérieur ou égal à 25.

    Sous-alimentation :

    La sous-alimentation est une sensation physique inconfortable ou douloureuse causée par une consommation insuffisante de calories. Elle devient chronique lorsque la personne ne consomme pas une quantité suffisante de calories sur une base régulière pour mener une vie normale, saine et active.

    Qu’est ce que la souveraineté alimentaire :

    La souveraineté alimentaire est le droit des populations, de leurs États ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis à vis des pays tiers. La souveraineté alimentaire est un concept de solidarité et de complémentarité, qui vise à remettre les populations et les citoyens au cœur des choix agricoles et alimentaires nationaux.
    En savoir plus sur nos actions en faveur de la souveraineté alimentaire

    Agroécologie :

    L’agroécologie est une approche globale de l’agriculture et de l’alimentation qui favorise l’émergence de systèmes agricoles et alimentaires durables et diversifiés. Ces systèmes permettent aux paysannes et paysans de vivre de leur métier et aux populations locales d’avoir accès à des produits de qualité. L’agroécologie propose une véritable transformation et redéfinition de nos pratiques et habitudes agricoles et alimentaires. Elle a pour objectif une gestion juste et responsable des biens communs que sont l’eau, la terre, l’air, la biodiversité et l’équilibre du climat.

  • L’impact de la guerre en Ukraine sur la crise alimentaire (infographie)

    Pourquoi la guerre en Ukraine aggrave considérablement la crise alimentaire et fait-elle flamber les prix? Explications en infographies

    Les prix alimentaires mondiaux flambent

    La Russie et l’Ukraine sont des exportateurs importants de multiples céréales : blé, tournesol, maïs.

    Mais la Russie et l’Ukraine ne sont pas seulement des exportateurs de céréales alimentaires.

    Ils sont aussi :

    • de gros producteurs de tourteaux de tournesol dont dépend fortement l’alimentation animale dans le monde entier
    • des producteurs d’engrais, de pesticides, et de carburant dont dépendent fortement les agricultures industrielles.

    La Russie et l’Ukraine exportent 20% du marché mondial d’engrais.

    La hausse des prix de l’énergie a un impact sur celui de l’alimentation

    Les agricultures industrialisées sont devenues très dépendantes du pétrole et du gaz, nécessaires à la production d’engrais et de pesticides.

    Les exportations compromises

    Du fait d’une nécessité de nourrir la population par temps de conflits l’Ukraine a annoncé le 9 mars dernier une cessation temporaire de l’ensemble de ses exportations de blé, de sucre et de viande.

    Côté russe, si les sanctions économiques épargnent pour le moment le volet alimentaire, la Russie utilise la faim comme une arme géopolitique. Elle limite actuellement ses exportations alimentaires à destination des pays jugés “inamicaux” notamment pour faire pression sur le groupe des non-alignés.

    Par crainte d’une future pénurie de denrées alimentaires les acteurs économiques spéculent sur marchés boursiers, notamment pour le blé et le soja, pendant que d’autres Etats se constituent des stocks.

    Par ricochet, certaines cultures locales, à priori non concernées par la crise, se mettent aussi à augmenter.

    Au delà des céréales, ce sont aussi les prix de la viande et des produits laitiers qui augmentent.

    Les pays les plus touchés  

    Les pays du Sud sont les plus durement touchés.

    En Europe, il n’y a pas de pénurie de denrées agricoles et alimentaires (l’Europe est exportateur net de céréales et de viande). Mais l’Europe est sujette à une hausse des prix alimentaires qui va s’aggraver du fait de la hausse du prix de l’énergie.

    En 2019, selon les Nations Unies, 70% des individus souffrant de la faim vivent dans des pays caractérisés par leur forte dépendance aux marchés internationaux (pour l’import comme pour l’export). 

    Conséquences de la hausse des prix

    Quelles mesures mettre en place ? 

    L’enjeu pour sortir de cette crise est triple, il convient à la fois de : 

    1. Limiter la hausse des prix 
    2. Renforcer la capacité des États à y faire face  
    3. Limiter les impacts sur les populations les plus vulnérables.  

    Cette triple nécessité demande des actions d’urgence à prendre au cours des 6 prochains mois. Ces actions doivent être coordonnées au niveau international par le Comité sur la Sécurité Alimentaire Mondiale de l’ONU. Il est impératif que le Comité se réunisse en urgence en juin ou juillet sur le sujet.

    Aller plus loin :

    Flambée des prix : l’impact de la guerre en Ukraine
    Nos propositions de mesures pour faire face cette crise
    Guerre en Ukraine : les bombes de la faim

  • Au Niger, le prix du mil s’envole

    Ali Badara travaille en tant qu’ingénieur agronome dans une fédération de coopératives agricoles au Niger. Il est en première ligne aujourd’hui face à la crise alimentaire qui frappe son pays. Il explique comment le manque d’eau et l’insécurité au Sahel font flamber les prix du mil, ingrédient de base de la nourriture locale.

    ©Roland DARGELEZ/CCFD-Terre Solidaire
    ©Roland DARGELEZ/CCFD-Terre Solidaire

    Ali Badara est un ingénieur agronome nigérien. Il travaille à la Fédération des coopératives agricoles du Niger, Mooriben, c’est-à-dire «  la misère est finie ». Fondée il y a 30 ans, Mooriben forme les paysans aux pratiques agro-écologiques et touche pas moins de 60 000 familles paysannes et éleveurs dans tout le pays. Nous avons recueilli son témoignage sur la situation actuelle au Niger :

    Une récolte de mil catastrophique

    Cette année, la situation alimentaire au Niger est très critique. La récolte de mil a été catastrophique. Or, cette céréale, appelée également sorgho, est la base unique de l’alimentation de nos campagnes : farine de mil, pâte de mil, boule de mil, mélangée à un peu de lait quand c’est possible. Dans les villes, comme  Niamey ou Zinder, la population consomme également du riz ou du maïs. Ce n’est pas le cas dans les campagnes.

    Ces récoltes catastrophiques en octobre et novembre derniers s’expliquent avant tout par une sécheresse exceptionnelle de plus d’un mois, pendant la saison des pluies, normalement de juin à octobre. L’eau a manqué quand la plante en avait un besoin vital pour sa croissance.

    2,5 millions de Nigériens sont en situation d’insécurité alimentaire

    Ali Badara, ingénieur agronome à Mooriben

    Les stocks s’épuisent

    Aujourd’hui, nous abordons déjà la période de soudure, c’est-à-dire cette période où les gens ont fini leurs réserves et attendent la prochaine récolte. Or, les stocks communautaires sont déjà en train de s’épuiser. Ces stocks, souvent organisés par l’Etat, permettent aux plus vulnérables de s’approvisionner à prix modérés. C’est d’autant plus vital, que les prix du mil ont bondi de 30% par rapport à l’an dernier, du fait de la pénurie.

    Le Niger, deuxième producteur de mil d’Afrique, en est réduit à importer du mil du Nigéria et du Burkina Faso. Mais les quantités achetées sont faibles et les prix élevés.

    2ème

    producteur de mil d’Afrique

    30%

    d’augmentation du prix du mil

    Les djihadistes empêchent les paysans de cultiver

    L’autre raison de cette crise alimentaire tient à l’insécurité croissante qui règne dans le pays. Dans des régions entières, les djihadistes brûlent les récoltes, imposent la terreur et chassent les habitants de leurs terres.

    Les militaires impuissants face à l’insécurité dans les campagnes

    C’est le cas notamment, vers Tillabéry, dans la région des trois frontières, qui jouxte le Mali et le Burkina Faso. Les déplacés se pressent dans la ville de Téra, la zone la plus militarisée du pays, où sont basées les forces nigériennes, tchadiennes et françaises. En fait, cette présence armée ne rassure pas les populations, car ces militaires semblent impuissants face aux terroristes.

    Du niébé plutôt que du mil pour être plus en sécurité

    Depuis un an, l’insécurité empêche de cultiver, surtout que les djihadistes ont pris l’habitude de se cacher dans les champs de mil dès que les plantes croissent. Alors, les rares agriculteurs qui restent se sont mis à cultiver le niébé, un genre de haricots, moins hauts.

    Pour nous, ce n’est pas facile de travailler dans ces conditions. Je suis responsable du suivi et de l’évaluation des projets depuis sept ans chez Mooriben. Je suis basé dans la capitale, Niamey, et il n’est pas possible de se déplacer à plus de cinq kilomètres en dehors de la ville, du fait de l’insécurité. Heureusement, nous avons un réseau efficace de paysans relais à l’intérieur du pays.

    Des paysans relais pour faire fonctionner les banques céréalières

    Ce sont les paysans relais qui continuent à apprendre aux paysans des pratiques durables, comme l’utilisation de fertilisants naturels, pour nourrir la terre.

    Ce sont eux également qui assurent le bon fonctionnement des 347 banques céréalières de Mooriben. Elles existent depuis une quinzaine d’années pour permettre justement de s’alimenter pendant la période de soudure.

    Recueilli par Pierre Cochez

    Lire aussi : L’AGRICULTURE PAYSANNE ET L’AGROÉCOLOGIE EN AFRIQUE : UN PARI GAGNANT

  • Émission sur la crise alimentaire : causes, conséquences et solutions

    La crise alimentaire s’aggrave dans de nombreuses régions du monde depuis six ans. Pourquoi ? Comment faire en sorte que tout le monde puisse atteindre la souveraineté alimentaire ? Réécoutez notre émission spéciale, enregistrée le 16 mars 2022, avec nos invités Minyara Mejbri de Tunisie, Ibrahim Sarr du Mali, Valentin Brochard, chargé de plaidoyer souveraineté alimentaire et Juliette Segard, responsable du service Asie.

    Une faim en hausse

    Après des décennies de baisse de la faim dans le monde, celle-ci remonte depuis 6 ans. Aujourd’hui 2,4 milliards de personne, soit un tiers de l’humanité, sont en insécurité alimentaire. La faim n’épargne pas notre contient puis qu’en Europe 10% de la population est en insécurité alimentaire. La pandémie a bien sûr aggravé la situation. Les prix des aliments à l’échelle internationale sont exceptionnellement élevés depuis deux 2 ans.

    Cette hausse de la faim est liée à 3 facteurs : la multiplication des crises climatiques, la multiplication des conflits et les chocs économiques.

    La guerre en Ukraine amplifie cette crise alimentaire comme nous l’explique Valentin dans cet article.

    Tour d’horizon

    Minyara vient de Tunisie, elle travaille au Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES). Elle explique que son pays fait face à un problème d’importation des semences et subit de plein fouet les effets du changement climatique. La Tunisie connait une sécheresse depuis 5 ans et l’eau vient à manquer.  De plus, le secteur agricole est marginalisé par l’Etat. Conséquence de la guerre en Ukraine, on observe une pénurie de certains produits de base comme la semoule et la farine.

    Rafika vient puiser de l’eau à la source du village de Ouled Naceur pour leur besoin quotidien. Certaines femmes peuvent faire jusqu’à 10 kilomètres. ©Augustin Le Gall/CCFD-Terre Solidaire

    Ibrahim, lui, vient du Mali et travaille au Réseau d’Horticulteurs de la Région de Kayes (RHK). Il raconte que son pays a vécu une année particulièrement difficile avec une importante sécheresse. Cette dernière a conduit à une perte de 60% des récoltes. Le Mali connait également une forte crise sécuritaire qui a empêché les agriculteurs d’avoir accès à leur champ. A cela s’ajoute une crise politique puisque le Mali est sous embargo de la CEDEAO.

    En Asie aussi, comme l’explique Juliette, le changement climatique se fait sentir : multiplication des cyclones en Indonésie et aux Philippines, sécheresse… La sécurité est également un élément important puisqu’en Birmanie le coup d’État a empêché les paysans de semer les récoltes.

    Une perte des savoir-faire locaux

    On assiste depuis des décennies, à cause de la mondialisation, à une perte des savoir-faire traditionnels que ce soit en Asie ou en Afrique. Cette perte des savoir-faire locaux engendre une perte de résilience pour des populations.

    Au Mali, selon Ibrahim, depuis les années 70 et les politiques d’ajustement structurels, un nouveau système de production agricole a été imposé aux habitants. Les paysans se sont mis à utiliser des pesticides et intrants chimiques. Cela a un impact sur la qualité des produits cultivés mais surtout cela dégrade les sols. Or les sols sont le facteur de production le plus important. De plus, la plupart des semences sont importées et hybrides, les agriculteurs sont donc très dépendants des marchés internationaux. Alors qu’en utilisant des semences traditionnelles, le paysan contrôle sa semence. La situation est similaire en Tunisie.

    En Asie, les populations qui utilisaient les forêts pour se nourrir ont dû partir. Car elles ne peuvent plus les nourrir à cause des grandes monocultures et du développement de mines. On assiste également à un accaparement des océans en Asie où l’accès physique au littoral est impossible pour de nombreux pêcheurs. Or cet accès à la mer est crucial pour la souveraineté alimentaire du continent, notamment pour l’apport en protéine.

    L’impact de la pandémie

    Les mesures pour lutter contre le Covid-19 ont eu de nombreuses conséquences économiques dans les pays du Sud. Elles ont limité les capacités de production et de mise en marché des produits alimentaires. Des millions d’emplois informels dans le secteur agricole ont été perdus. 320 millions de personnes supplémentaires sont tombées en insécurité alimentaire. Ainsi les populations sont encore plus vulnérables aux chocs économiques et donc aux flambées des prix.

    En Asie, le Covid-19 a déstructuré les économies et de nombreuses personnes sont retombées dans la pauvreté. C’est une région du monde où il y a beaucoup de migrations internes et de travail informel. Les gens se sont retrouvés bloqués et démunis de tout. Ils ont dû s’endetter pour survivre, or beaucoup de personnes n’ont toujours pas de travail.

    Au Mali la pandémie a empêché la commercialisation de produits avec les pays frontaliers, notamment des fruits et légumes avec la Mauritanie. En Tunisie les paysans ont pu continuer à travailler dans les champs pendant la pandémie.

    Des solutions existent

    Notre système alimentaire mondialisé n’est pas résilient aux chocs sociaux, économiques et climatiques, explique Valentin. Les denrées agricoles ne sont pas une marchandise comme une autre et doivent être sorties des traités de libre-échange. Il faut aussi limiter les risques de spéculation sur les denrées agricoles et alimentaires. Mais toutes ces décisions doivent de prendre au sein du Comité de la Sécurité Alimentaire mondiale des Nations Unies, un espace de dialogue entre tous les acteurs impliqués dans le domaine de la sécurité alimentaire.

    Des solutions concrètes pour lutter contre la faim existent et sont mises en œuvre par nos partenaires :

    Au Mali il faut repenser les politiques agricoles pour qu’elles appuient les agriculteurs des petites exploitations. Selon Ibrahim il y a une prise de conscience des gouvernants notamment sur les questions foncières. Pour lui, les semences locales sont reconnues mais ne sont pas assez développées et devraient être sur un pied d’égalité avec les semences conventionnelles. Pour aider les agriculteurs à se défaire des pesticides et engrais chimiques le RHK leur apprend à fabriquer eux même leurs intrants.

    Agriculteurs préparant un “pesticide bio” à partir de noix de neem pilées, un arbre que l’on trouve partout dans la région. ©William DUPUY/CCFD-Terre Solidaire/picturetank

    En Tunisie où la gestion de l’eau est cruciale, il faut éviter les plantes consommant beaucoup d’eau. Avoir des cartes agricoles adaptées au pays est donc primordial. Mais Minyara déplore une lenteur politique sur le sujet.

    En Asie, le développement économique est basé sur l’accaparement des ressources. Mais des lois, comme celle en Inde sur les droits forestiers, protègent les populations. Si en Asie la société civile est dans une phase de défense des acquis il y a tout de même des initiatives locales de transition agroécologique.

  • Flambée des prix : l’impact de la guerre en Ukraine

    Dans la suite de l’agression russe de l’Ukraine, on entend de plus en plus parler de crise alimentaire, de pénurie ou de flambée des prix. Valentin Brochard, chargé de plaidoyer souveraineté alimentaire, décrypte les impacts de la guerre en Ukraine sur une crise alimentaire qui dure depuis six ans.

    ©Émilie LEROUX/CCFD-Terre Solidaire
    ©Émilie LEROUX/CCFD-Terre Solidaire

    L’impact de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale

     L’agression russe va avoir deux types d’impacts :

    1. Une flambée des prix alimentaires internationaux.
      La Russie et L’Ukraine sont deux exportateurs importants de céréales et la guerre a éclaté à la fin de la saison agricole. Ce qui veut dire qu’actuellement les greniers sont pleins, mais à cause du conflit et des sanctions, ces états ne peuvent pas exporter. Cela a des répercussions majeures sur un grand nombre de pays dépendants des marchés internationaux pour se nourrir et cela facilite des phénomènes de spéculation. A ce jour, cette spéculation est la principale raison de la flambée des prix.
    2. Une forte hausse des coûts de production.
      Cette guerre s’accompagne d’une flambée des prix du pétrole et du gaz. Or produire, transformer, et acheminer la nourriture demande de l’énergie. Les coûts de production ont par exemple toujours été corrélés aux évolutions des cours mondiaux du pétrole.

    Hausse des coûts de production, flambée des prix alimentaires, troubles sociaux, le spectre des émeutes de la faim de 2009 n’est malheureusement pas loin.

    Valentin Brochard, chargé de plaidoyer souveraineté alimentaire

    Il y a urgence à agir : nous n’avons que quelques mois avant que cette crise ne révèle son plein potentiel. Sa gravité va dépendre des actions que nous mettons maintenant en œuvre.

    Ce qu’il faut faire pour limiter la crise alimentaire

    L’urgence sur le sujet est triple :

    1. Limiter la hausse des prix. Cela passe notamment par des régulations internationales sur les agro-carburants ou encore sur la spéculation.
    2. Renforcer la capacité des États à faire face à la crise à donc à investir. Les États les plus touchés par la flambée des prix à venir sont des pays en développement déjà très endettés.
    3. Limiter les impacts de la crise alimentaire sur les populations. Cela passe par la mise en œuvre de couloirs humanitaires, notamment pour les Ukrainiens bien sûr, mais aussi par la promotion de filets de protection sociale pour les populations les plus vulnérables.

    Pour mettre en œuvre ces solutions, il est impératif d’avoir une coordination internationale. Donc nous demandons que le Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale de l’ONU se réunisse en urgence pour traiter de la question de la flambée des prix. Il faut vraiment que la France soutienne cette demande et en face une priorité diplomatique.

    Aller plus loin :

    Nos propositions de mesures pour faire face cette crise
    Guerre en Ukraine et agriculture : notre lettre ouverte
    Guerre en Ukraine : les bombes de la faim

  • Réactive – Lancement de l’initiative FARM (Food and Agriculture Resilience Mission) 

    Emmanuel Macron a annoncé hier dans sa conférence de presse suite à la réunion du G7, le lancement de l’initiative FARM (Food and Agriculture Resilience Mission) : un plan pour agir contre l’insécurité alimentaire mondiale qui sera une conséquence centrale de l’agression russe en Ukraine.

    Le CCFD-Terre Solidaire salue le fait que la France ait pris la mesure de la crise alimentaire mondiale qui se profile. Il est positif qu’elle travaille cela avec l’Union Africaine mais plus largement il y a nécessité à assurer une coordination onusienne via le Comité sur la Sécurité Alimentaire mondiale 1. Une crise alimentaire mondiale appelle à ce qu’on sorte d’une initiative française et que toute démarche de ce type s’inscrive dans l’espace politique onusien pertinent et dédié.

    L’initiative FARM qui repose sur 3 piliers présente, en l’état des éléments exposés par le Président en conférence de presse, des principes intéressants mais également des oublis, des incohérences et des risques de mesures contre productives.

    • le pilier commercial met le doigt sur un élément central de la situation actuelle concernant les risques de restriction d’exports ou les achats sur les marchés par certains pays désireux d’augmenter leurs stocks. Agir sur ces aspects est déterminant pour limiter toute hausse supplémentaire des prix sur les marchés internationaux.

    Pour autant ces mesures ne peuvent pas reposer uniquement sur le système de suivi et de transparence AMIS (Agriculture Market Information System) qui est cité par le chef de l’État. Tel qu’il fonctionne aujourd’hui, AMIS a de nombreuses limites et un pouvoir d’action limité. En particulier concernant les stocks commerciaux-privés et les activités spéculatives des acteurs financiers

    • le pilier solidarité recouvre l’augmentation des seuils de production dans les pays producteurs en particulier européens. Si le chef de l’État souligne que cette mesure doit être temporaire, il assure également que cela doit se faire en respectant les règles existantes notamment en matière de biodiversité et de climat. Or les mesures récentes prises au sein de l’UE et poussées par la France concernant la Farm to Fork (engrais, jachères) et le recul de la publication de la directive pesticides vont clairement dans le sens inverse.

    Assurer une vigilance sur le climat et la biodiversité ne doit pas relever d’un élément de discours et doit donc amener la France à respecter les dispositions initiales de la F2F. Par ailleurs rien n’est dit sur la fin du détournement des productions à usage non alimentaire tel que les agrocarburants, qui serait pourtant un levier important pour augmenter la disponibilité alimentaire.

    • enfin le pilier production dans les pays met l’accent sur l’importance de renforcer et augmenter les capacités de production dans les pays dépendants des productions russes ou ukrainiennes. C’est la première fois que cet élément est amené dans les déclarations des dernières semaines concernant la crise alimentaire. Selon les annonces du Président, cela devrait se traduire par une augmentation des investissements dans les pays concernés. 

    Pour le CCFD-Terre Solidaire et ses partenaires, il est central et prioritaire de permettre le développement de systèmes agroecologiques locaux et résilients reposant sur les paysan.ne.s et citoyen.ne.s de ces pays et permettant d’allier réponses alimentaire, sociale, économique, environnementale et climatique. 
    Pour autant, dans les éléments partagés par le chef de l’Etat, trop peu de détails sont donnés pour mesurer réellement l’orientation et l’impact « d’investissements dans l’agriculture durable ».

    Des initiatives précédentes de lutte contre la crise alimentaire ont démontré que la France et les Etats du G7 peuvent faire fausse route et mettre en place des projets provoquant accaparement foncier, déstructuration des filières locales et insécurité alimentaire dans les pays en développement.

    Ainsi la France, dans ses investissements agricoles dans les pays en développement, fait depuis 10 ans la part belle à des projets d’agriculture industrielle tournés vers l’export, au détriment d’investissements bénéficiant à l’agroécologie et destinée aux marchés locaux (Rapport CCFD –Une louche d’agroindustrie pour pincée d’agroécologie).

    Autre exemple, la Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition lancée par le G8 en 2012 dans une situation similaire de crise des prix alimentaires. Cette initiative, avec le même objectif que l’initiative FARM d’augmenter les investissements dans l’agriculture et ciblant 10 pays africains, a largement reposé sur des multinationales. Elle s’est accompagnée de modifications législatives libéralisant le foncier, les semences et la fiscalité au détriment des producteurs locaux. Face à son manque de résultat, ses limites et aux impacts négatifs qu’elle générait (accaparements des terres, endettement de paysans, absence de redevabilité des entreprises impliquées), Emmanuel Macron avait fait le choix de s’en retirer en 2018.

    Le CCFD-Terre Solidaire sera particulièrement vigilant dans les prochaines semaines sur la manière dont va se construire l’initiative FARM afin de s’assurer qu’elle ne nourrisse pas les maux qu’elle souhaite combattre. L’ONU rappelait cette semaine que nous risquons un ouragan de famines : la situation appelle à un changement en profondeur visant à remettre à plat nos systèmes agricoles et alimentaires partout dans le monde et dans toutes leurs dimensions (économique, commerciale, environnementale, sociale, climatique).

    Contacts presse :

    CCFD-Terre Solidaire : Sophie Rebours – s.rebours@ccfd-terresolidaire.org – +33 7 61 37 38 65

    (1)

    [1] Le Comité sur la Sécurité Alimentaire mondiale (CSA) est la plateforme internationale et intergouvernementale en charge d’élaborer, d’examiner et de faire le suivi des politiques relatives à la sécurité alimentaire mondiale. Réformé en 2008, suite à la première crise alimentaire mondiale du XXIème siècle, il réunit Etats, agences onusiennes (FIDA, PAM, FAO), recherche, société civile et secteur privé. Le CSA approuve, à l’aide d’une approche inclusive, des recommandations et des orientations sur les enjeux relatifs la sécurité alimentaire et la nutrition. Ces recommandations sont débattues sur la base des rapports du Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE), lesquels reposent sur des données scientifiques et une analyse des faits

  • Journée mondiale de l’alimentation: la lutte contre la faim à l’épreuve du climat

    En 2020, ce sont 768 millions de personnes qui ont souffert de la faim. Un chiffre qui risque d’augmenter à cause de la hausse des dérèglements climatiques, si nous n’agissons pas rapidement. Explications.

    Lutter contre le dérèglement climatique, c’est lutter contre la faim dans le monde

    Les dérèglements climatiques à répétition –sécheresses, inondations, températures extrêmes etc. – représentent l’une des causes croissante de la faim dans le monde. Ces changements impactent l’accès à une alimentation en quantité et en qualité suffisante.
    Les dérèglements climatiques participent à une raréfaction de ressources indispensables, comme l’eau. Ils commencent aussi à impacter les rendements agricoles dans certaines régions.
    Cette situation risque d’empirer si nous n’agissons pas rapidement, car ces événements climatiques sont de plus en plus nombreux et intenses.
    52% des pays ont été confrontés à 3 ou 4 types de dérèglements climatiques extrêmes sur la période 2015-2020, contre 11% sur la période 2000-2004 [1]

    C’est aussi la qualité de notre alimentation qui est en jeu, car l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère risque d’impacter la qualité nutritive de certaines productions, comme le blé ou le riz [2].

    La compensation carbone menace la souveraineté alimentaire

    Face à une situation climatique déjà critique, les multinationales privilégient la compensation carbone au lieu de chercher à baisser leurs émissions de CO2. A l’approche de la COP26, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise contre cette fausse solution qui met à mal la souveraineté alimentaire.

    La compensation carbone consiste à stocker les émissions de carbone par les arbres et les terres. Mais rien que pour séquestrer l’ensemble des émissions du secteur des énergies fossiles d’ici 2050, il faudrait 500 millions d’hectares, soit un tiers des surfaces arables dans le monde [3].

    Cette solution entre donc inévitablement en concurrence avec les terres cultivables et menace d’accroître la faim dans le monde et les déplacements de population.

    Sur le terrain, nos partenaires agissent

    Pour lutter contre la faim dans le monde et aider les populations à s’adapter au changement climatique, des solutions existent ! Partout dans le monde, l’agroécologie paysanne et solidaire fait ses preuves et les initiatives fleurissent.

    En Bolivie

    Dans l’Amazonie bolivienne, les populations sont menacées par les déforestations, les dérèglements climatiques qui mettent à rude épreuve la souveraineté alimentaire. Notre partenaire, CIPCA, soutient les agriculteurs familiaux et les forme à l’agroforesterie : un mode de culture pour permettre de « bien vivre » tout en préservant l’environnement.

    En Bolivie, l’agroforesterie permet aux communautés paysannes de “bien vivre” tout en protégeant la forêt amazonienne

    « On se demande pourquoi les saisons ont changé. Cela a un impact fort sur les populations, car cela affecte non seulement notre alimentation, mais également notre économie. Parfois, on ne produit pas ce que l’on devrait pour pouvoir survivre parce qu’il ne peut pas », Paul Miki Ananguinguri Rora, membre du village indien de la nation Guaraya.

    En Haïti

    Avec les dérèglements climatiques, les catastrophes naturelles en Haïti sont de plus en plus extrêmes et destructeurs. Les populations doivent s’adapter afin d’assurer leur sécurité alimentaire. Notre partenaire Concert’Action travaille avec les communautés locales à la mise en œuvre d’alternatives au système agricole actuel.

    A Haïti : 6 stratégies pour s’adapter au changement climatique

    « L’objectif est de renforcer la résilience des écosystèmes pour permettre aux familles de s’adapter », Jean-Marie Joinville et Jean-Zenny Bazile Coffy, de l’association Concert’Action.

    JE FAIS UN DON

    Pour aller plus loin, consultez nos infographies sur le sujet :
    Climat : Pourquoi faut-il changer de système agricole et alimentaire ?

    Chiffres de la faim 2021 : tous les voyants clignotent rouge

    [1] Source : rapport SOFI, 2021.

    [2] Source : Environmental Health Perspective, 2017.

    [3] Source : Pas si net, OXFAM, 2021.

  • Food system summit : alerte sur un sommet coopté par le secteur agro-industriel

    L’Onu organise les 23 et 24 septembre un sommet pour la réforme des systèmes alimentaires. Dénoncé par nombreuses organisations paysannes et de la société civile, mais aussi des Etats et des scientifiques, ce sommet, auto-baptisé « sommet des peuples », met en péril l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation.

    Regardez l’interview réalisé par TV5 Monde de Jean-Francois Dubost, directeur du service plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, qui dénonce un Hold up sur le Food system summit.

    Un sommet : « Business as usual »

    Le monde de la recherche n’aura qu’un rôle consultatif, et la représentation citoyenne, concédée pour calmer les ONG et les mouvements sociaux, est cantonnée à des fonctions marginales

    Valentin Brochard

    Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a décidé d’organiser les 23 et 24 septembre un Sommet sur les systèmes alimentaires.

    Une initiative a priori indispensable, mais très vite sous le feu des critiques. « Ce sommet prépare un saut en arrière de 20 ans ! » s’alarme Valentin Brochard, chargé de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre solidaire. Car il s’appuie principalement sur le Forum économique mondial (FEM) de Davos.

    Retrouvez nous aussi dans cet article du Monde : L’ONU organise un sommet sur les systèmes alimentaires entaché de controverses

    Exit le Comité sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA), plateforme pilotée par les 193 pays de l’Onu et dotée d’un original Mécanisme de la société civile (MSC) depuis la crise alimentaire de 2009.

    « Le CSA travaille pourtant depuis des années sur une réforme des systèmes alimentaires avec les principaux intéressés – paysans, pêcheurs, communautés autochtones, etc. Mais il faut croire que cette montée en puissance de la société civile internationale constitue une menace pour les intérêts économiques en place. »

    Car, en dépit de modifications cosmétiques (le CSA a finalement été invité, mais uniquement à titre consultatif), le sommet s’est doté d’une gouvernance caricaturale, inspiré du « multi-acteurisme » cher à Davos.

    Toutes les parties prenantes ont en principe voix au chapitre, mais dans les faits aucun encadrement ou accompagnement n’est proposé, notamment concernant les conflits d’intérêt.

    Cela sert les intérêts des plus fortunés et diminue drastiquement le poids des Etats les plus pauvres et des acteurs de la société civile vis-à-vis des multinationales.

    « Ce sommet n’a rien d’inclusif. Les acteurs avec un poids économique et diplomatique jugé comme plus faible, n’y ont quasiment pas été entendus. C’est le cas de certains États mais c’est surtout le cas de l’immense majorité des acteurs de la société civile du sud. » détaille Valentin Brochard.


    Lire aussi notre communiqué
     : Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires : pour l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation, la France doit s’opposer aux résultats de cette initiative

    Malgré les critiques récurrentes, aucune remise en question de fond n’est pourtant envisagée par les organisateurs du sommet.

    Ignorant volontairement la réalité de la crise alimentaire induite par la pandémie COVID 19, ces acteurs ont construit le sommet pour satisfaire les intérêts financiers de quelques grands groupes.

    Les termes de souveraineté alimentaire, de relocalisation, d’agroécologie paysanne ou de marchés locaux ne vont donc guère résonner durant le sommet : ce dernier entend privilégier des « solutions de rupture » s’inscrivant dans leur quasi-unanimité dans le système agricole industriel.

    « De quoi faire la part belle aux biotechnologies ou à l’intelligence artificielle. C’est un sommet, qui ne change rien mais qui utilise la lutte contre la faim comme un argument marketing pour permettre à quelques entreprises de faire du business »

    Au point que les organisations de la société civile et de nombreux acteurs indépendants et onusiens ont décidé de le boycotter.

    Fin juillet, le panel de scientifiques IPES-food et le rapporteur spécial des Nations Unis sur le droit à l’alimentation ont ainsi démissionné des instances préparatoires du sommet.

    L’ancien directeur général de la FAO, le Brésilien José Graziano da Silva, a quant à lui publié une tribune, à quelques jours du rendez-vous, enjoignant les organisateurs d’appliquer les règles onusiennes en matière de conflit d’intérêts.

    Ces critiques ont même pris une tournure institutionnelle quand le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a produit, le 22 septembre dernier, une note officielle expliquant par le menu comment le sommet marginalisait les droits de l’homme et excluait les plus vulnérables de la table des négociations.

    Sur les quelque deux milliards de personnes ayant souffert d’insécurité alimentaire en 2019, la moitié vit de la culture, de l’élevage ou de la pêche. Un comble, quand cette agriculture familiale produit l’essentiel des aliments consommés dans le monde.

    Basés sur la primauté d’une agro-industrie intensive en intrants chimiques et en énergies fossiles, les sytèmes alimentaires dominants dégradent les écosystèmes, détruisent la biodiversité, génèrent le tiers des gaz à effet de serre, creusent les inégalités économiques et sociales. « Ils ne sont pas conçus pour servir les populations, et sont impuissants à assurer leur sécurité alimentaire et à les nourrir convenablement à long terme. »

  • Appel : la France doit cesser de soutenir la déroute de l’ONU sur les Systèmes Alimentaires

    Lettre ouverte – Sommet sur les Systèmes Alimentaires : 56 parlementaires français et européens, et 28 organisations, dont le CCFD-Terre Solidaire, appellent la France à résister aux pressions des multinationales et à sauver l’agriculture paysanne.

    (suite…)

  • Chiffres de la faim 2021 : tous les voyants clignotent rouge

    Le constat porté par le nouveau rapport des Nations Unies sur l’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI) est alarmant. Pour la 6ème année consécutive, la faim est en hausse au niveau mondial. En 2020, c’est 768 millions de personnes qui ont souffert de la faim.

    (suite…)

  • Rapport SOFI – Six ans de hausse continue de la faim, la communauté internationale doit désormais prendre conscience qu’elle fait fausse route !

    Pour la 6ème année consécutive, la faim est en hausse au niveau mondial et tous les voyants sont au rouge. Alors que se prépare le nouveau sommet des Nations-Unies sur les systèmes alimentaires prévu en septembre 2021, il est urgent que la communauté internationale se remette en question, renonce à un système agricole et alimentaire industriel qu’elle porte à bout de bras, et soit, enfin, à la hauteur de l’enjeu.

    (suite…)

  • Au Liban, soutenir la production locale face à la crise alimentaire

    Alors que la livre libanaise a perdu 85% de sa valeur, le coût de la nourriture, majoritairement importée de l’étranger, est devenue inaccessible même pour la classe moyenne.
    Si les distributions alimentaires sont devenues incontournables, les organisations partenaires que nous soutenons travaillent à la relance de la production alimentaire locale.

    (suite…)

  • Reconstruire un système agricole plus juste pour lutter contre la faim dans le monde

    Aujourd’hui, 2 milliards d’individus souffrent d’insécurité alimentaire. Valentin Brochard, chargé de plaidoyer Souveraineté Alimentaire, nous alarme sur ce phénomène qui continue de prendre de l’ampleur et déplore les réponses insuffisantes de la communauté internationale.

    (suite…)

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