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Crise alimentaire : pas de solution sans coordination internationale

Publié le 28.06.2022| Mis à jour le 08.07.2022

A l’occasion du sommet des chefs d’Etats du G7 les 26 et 28 juin et en pleine flambée des prix alimentaires, Action contre la faim et le CCFD-Terre solidaire appellent à une coordination internationale renforcée pour éviter «l’ouragan de famines» que prédit l’ONU.

Cette tribune a été publiée sur le site de Libération le 25 juin 2022

Quatre records de prix en trois mois et autant d’initiatives internationales pour y faire face. L’ascension vertigineuse des prix de l’alimentation n’a pas manqué de provoquer des réactions de la part des Etats, hélas en ordre dispersé.

Le 19 mai dernier, le G7 lançait en grande pompe, conjointement avec la Banque mondiale, son initiative «Global Alliance for Food Security». A quelques heures d’intervalles, les Etats-Unis inauguraient de leur côté une «Roadmap for Global Food Security». Déjà le 24 mars, la France lançait son initiative «Food and Agriculture Resilience Mission» (Farm). Quant au secrétaire général des Nations unies, dès le 14 mars, il annonçait la mise en place d’un «Global Crisis Response Group on Food, Energy and Finance».

Ces quatre initiatives en côtoient un grand nombre d’autres au niveau régional, preuve que le sujet est a minima pris au sérieux, mais aussi flagrante illustration d’un manque de gouvernance réellement internationale face à une flambée des prix qui a déjà plongé plus de 170 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Toutes ces initiatives sont sensiblement identiques, dans les objectifs qu’elles s’assignent, mais également dans les lacunes qu’elles comportent. Chacune se veut rassembleuse, pourtant, entre elles, n’existe aucune coordination.

Pour une vraie réponse internationale

Or, l’heure est justement à une réponse internationale robuste plutôt qu’à la multiplication d’initiatives individuelles. Les prix alimentaires internationaux ont bondi de près de 20% depuis le déclenchement des hostilités en Ukraine, les Etats multiplient les restrictions d’exportations alimentaires et la spéculation fait un retour fracassant sur les marchés internationaux : en avril dernier, sur le marché du blé de Paris, 72% des acheteurs de contrats longs étaient des spéculateurs financiers. Autant d’éléments de régulation et de coopération internationale qui ne peuvent être abordés sans coordination inclusive.

Surtout, l’histoire risque fort bien de se répéter. En 2009, un enchaînement similaire avait provoqué des émeutes de la faim aux quatre coins de la planète. A l’époque déjà, il avait fallu attendre une année pour que la communauté internationale finisse par coordonner ses initiatives. Les crises alimentaires de 2011 et de 2020 ont conduit au même constat : pour gérer efficacement une flambée des prix agricoles et alimentaires, sur des marchés mondialisés, une coordination internationale sous l’égide de l’ONU est indispensable.

D’où provient donc ce manque de dialogue et de coopération pour gérer l’actuelle flambée des prix alimentaires ? Outre un multilatéralisme en crise, la réponse est à rechercher dans les intérêts économiques des Etats à la manœuvre.

La plupart des pays, ou groupes de pays, qui proposent ces initiatives sont des exportateurs nets de céréales. Ce sont ces mêmes acteurs qui, parce qu’ils en retirent des profits, ont érigé les échanges commerciaux dérégulés comme clé de voûte de la sécurité alimentaire mondiale. Ils n’ont donc aucun intérêt à questionner le modèle existant. Nous sommes pourtant à la troisième crise des prix alimentaires mondiaux en treize ans et systématiquement les marchés internationaux ont aggravé la situation plutôt qu’ils ne l’ont résorbée.

Pour une régulation des marchés, plus de transparence sur les stocks privés

Toute vraie réponse internationale à la crise passera par davantage de régulation des marchés, plus de transparence sur les stocks privés et par une transformation profonde de notre système commercial au profit de la souveraineté alimentaire des peuples. Autant de solutions qui ne sont actuellement pas présentes dans les initiatives internationales proposées. Comme en 2008 et en 2011, ces enjeux ressortiraient pourtant immanquablement d’une vraie consultation et coordination internationale pour faire face à la crise…

«L’ouragan de famines» que prédit l’ONU ne devrait pas nous autoriser à tergiverser. Il est évident que seule une réponse internationale coordonnée, lucide et s’attaquant aux vraies causes du problème permettra d’éviter que des milliards d’individus ne souffrent de la faim.

En 2009, la France joua un rôle clé dans la coordination de la réponse internationale face aux émeutes de la faim. Treize années plus tard, Emmanuel Macron doit être digne de cet héritage.

Nous demandons à la France de s’impliquer activement pour promouvoir et rechercher une réponse fondée sur le multilatéralisme, la régulation des échanges commerciaux et la transparence des stocks privés.

Sylvie Bukhari-de Pontual, Présidente du CCFD-Terre solidaire et Pierre Micheletti, Président d’Action contre la faim

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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