Haïti 2004 Photo CC-BY-ND RNW.org

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Haïti : blocage total face à la hausse des prix

Publié le 26.09.2022| Mis à jour le 03.10.2022

Colette Lespinasse, correspondante de la Coordination Europe-Haïti, témoigne de la situation du pays, où des barrages fleurissent aussi bien dans les villes de province que dans la capitale pour protester contre l’augmentation du prix du carburant et de l’alimentation.

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Haïti, le 16 septembre 2022.

Depuis la semaine dernière, la situation s’est aggravé après l’annonce de l’augmentation du prix de tous les combustibles.  Les gens ont entrepris depuis lundi matin d’empêcher la circulation dans toutes les directions et de manifester un peu partout.

Malgré les protestations, le gouvernement n’a pas entendu raison.  Jeudi 15 septembre, il a publié un communiqué annonçant une augmentation de plus de 100% des combustibles, sous prétexte que l’État n’a plus d’argent, ne peut pas fonctionner et doit coûte que coûte retirer sa subvention aux produits pétroliers. À cela les gens rétorquent qu’ils ne reçoivent rien de l’État et que le carburant, s’il est vraiment subventionné, est le dernier petit appui dont ils bénéficient.  Ils n’acceptent donc pas cette augmentation.

200%

d’augmentation du diesel annoncé en décembre 2021

100%

d’augmentation de tous les combustibles en septembre 2022

Depuis environ un mois, il est impossible de trouver du combustible dans les pompes à essence, mais il se vend au prix fort dans la rue.  Pour des observateurs, il s’agirait même d’une tactique du gouvernement pour mesurer la capacité de paiement de la population avant l’augmentation.  En décembre dernier le gouvernement avait déjà augmenté le prix des produits pétroliers, dont certains, comme le diesel, avaient connus une augmentation de plus de 200%.

“Les gens ne peuvent même pas manger”

Cette augmentation survient dans un contexte de grande précarité ou les gens ne peuvent même pas manger. Apres l’annonce officielle de l’augmentation, les gens de toutes les couches sociales sont sorties dans la rue pour protester.  Il y a eu des casses, des pillages, des « dechoukay », des blessés et des morts.  Ce matin encore (vendredi 16 septembre), les routes sont bloquées.  La communication téléphonique est de plus en plus difficile dans certains endroits car des appareils des compagnies téléphoniques notamment de Digicel ont été touchés.

Haïti 2004 Photo CC-BY-ND RNW.org

Malgré tout, le Premier ministre de facto Ariel Henry ne bronche pas.  Au plus fort de la crise la semaine dernière, il est parti aux États-Unis pour, selon ses dires, « rencontrer des investisseurs qui veulent venir investir en Haïti ». À son retour, il n’a pipé mot de ce qu’il a vraiment fait durant son voyage qui a coûté beaucoup d’argent au pays, car une forte délégation l’a accompagné.

Face à la crise, le président dominicain (NDR : la République dominicaine est frontalière d’Haïti), Luis Abinader a demandé à la communauté internationale d’intervenir en Haïti.  Plusieurs leaders haïtiens lui ont répondu qu’ils ont la capacité de discuter eux-mêmes de leurs problèmes et que M. Abinader n’est pas leur porte-parole.  C’est dans ce contexte que hier M. Daniel Foote, ex-envoyé spécial des États-Unis en Haïti qui avait claqué la porte avec fracas l’année dernière en donnant sa démission, a de nouveau critiqué la politique américaine en Haïti. 

Record des expulsions depuis les Etats Unis

M. Foote a révélé un deal fait entre Ariel Henry et M. Joe Biden.  Le premier Ministre haïtien avait accepté l’année dernière la décision de M. Biden d’expulser vers Haïti les haïtiens qui se trouvaient sous le pont du Texas en échange de l’appui des USA à son gouvernement.  Depuis lors, l’administration américaine a expulsé vers Haïti plus de 20 000 haïtiens.  Un record que les administrations américaines précédentes depuis Bush en passant par Obama n’avaient jamais atteint durant leurs mandats.

La mobilisation se poursuit et les rues restent paralysées. Faute de circulation, certains biens commencent à manquer.

Colette Lespinasse

Photo CC-BY-ND RNW.org

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