Conférence de Fortunat Alatara, partenaire Carême 2023, à Guipavas

Publié le 28.03.2023| Mis à jour le 01.04.2023

PAIX et VIVRE ENSEMBLE, au TCHAD, si loin, … si proche !

A l’invitation du CCFD-Terre Solidaire, une soixantaine de personnes sont venues écouter un des partenaires qu’il soutient au TCHAD, jeudi 17 mars 2023, à la salle Jean Monnet à Guipavas.

Le tchadien Fortunat Alatara, est responsable bénévole de l’association GRAVE (« Groupe de Recherche et d’Animation du Vivre Ensemble ») créée en 2016, avec le soutien du CCFD-Terre Solidaire, pour avancer sur le chemin de la réconciliation entre les musulmans arabophones du Nord et les chrétiens francophones du Sud.

En proie à la violence et à des conflits incessants depuis la fin de la colonisation en 1960, dirigé par des hommes corrompus et motivés par le seul enrichissement de leur clan, ce pays est parmi les plus pauvres au monde et a besoin de retrouver la paix et la concorde pour avancer sur la voie du développement. Plus de la moitié de la population se trouve sous le seuil de pauvreté, une pauvreté qui s’accentue encore, avec un Indice de Développement Humain parmi les plus faibles de la planète.

Situé dans la zone sahélienne, autour du lac Tchad, entouré au nord par la Libye, à l’est par le Soudan, au sud par la République Centrafricaine et le Cameroun, et à l’ouest par le Niger et le Nigeria, le pays est plus de deux fois grand comme la France, avec une population de 17 millions d’habitants, sous scolarisés, particulièrement pour les filles, dans des écoles dont les maîtres, mêmes rémunérés, ne sont pas toujours assidus, quand Fortunat, dans le même temps par exemple, enseigne dans des classes de terminales de plus de 120 élèves !

Au milieu des difficiles conditions de vie dans son pays, Fortunat a évoqué son engagement pour le dialogue interculturel et interreligieux dans un contexte de replis identitaires : musulmans arabophones au nord, et chrétiens francophones au sud, avec son association GRAVE (Groupe de Recherche et d’Animation du Vivre Ensemble). Un travail pour surmonter conflits et préjugés réciproques entre des communautés divisées, dans un pays marqué par la violence, la pauvreté et une mauvaise gouvernance.

Fortunat a exposé les actions du GRAVE, avec ses succès et ses impasses.

Un travail fructueux est mené avec les écoles coraniques.

Dans ces écoles, les maîtres, autoproclamés et sans formation, envoyaient leurs élèves mendier, afin de payer leur « scolarité », et pratiquaient des châtiments corporels.

Ces enfants maltraités étaient ensuite des proies faciles pour les mouvements djihadistes qui les recrutaient comme combattants. Fort de ce constat reconnu par tous, le GRAVE a obtenu que, dorénavant, les maîtres reçoivent une formation avant d’enseigner et suivent un programme pour assurer à leurs élèves un apprentissage élémentaire, lire et écrire l’arabe, compter, etc… en plus de la découverte du Coran. Et ce ne sont plus les enfants qui doivent payer leur scolarité mais leurs parents !

Rapprochement et rencontres des leaders religieux : prêtres, pasteurs, imams et formation sur le dialogue interreligieux

Pour lutter contre les préjugés, fauteurs de haine, le GRAVE agit auprès des chefs religieux, des jeunes et des femmes en créant des groupes d’échanges. Apprendre à se connaître et se découvrir proches par delà les différences de religion, permet de monter ensuite des projets au service du bien commun. Des visites ont été organisées dans les lieux saints respectifs (églises, mosquées, temples). De même, les femmes ont pris en main la gestion des greniers communautaires pour tenir pendant la période « de soudure » (permettant de disposer de grains en réserve entre deux récoltes), ce qu’elles font très bien, contrairement aux hommes qui vivaient au jour le jour !

Le Grave a aussi organisé des journées de fraternités, avec les jeunes, les femmes et les leaders religieux : connaissances, échanges et convivialité. Par ailleurs il s’est préparé, en commun une liste de « 10 commandements pour vivre ensemble ». Pour le moment c’est 4 de ces commandements qui ont été actés.

Journée de fraternité, autour du thé, sur une natte

Dans deux domaines, le GRAVE n’obtient pas d’avancée, jusqu’à présent :

  • La reconnaissance des enfants nés hors mariage : les jeunes musulmans, auteurs de la grossesse des jeunes chrétiennes, nient ensuite toute responsabilité, au grand dam des familles de ces jeunes filles. D’ailleurs, les musulmans tchadiens mettent parfois la loi musulmane, la charia, au-dessus de la loi civile du pays.
  • Les conflits entre éleveurs et agriculteurs n’obtiennent pas de solution. Les éleveurs, souvent de riches propriétaires du Nord, embauchent des bergers et les arment, si bien que ceux-ci ne respectent aucun couloir de transhumance et laissent les bêtes pâturer sur les terres agricoles.

Fortunat a mentionné l’implication des évêques tchadiens qui n’hésitent pas à rappeler les uns et les autres à leurs responsabilités. Il a aussi laissé entendre son espoir de voir la société civile gagner en esprit critique et exiger de ses dirigeants de se mettre réellement au service du pays.

Paix et vivre ensemble : des réalités à mettre en œuvre, toujours et partout, « ici et là-bas » !

    Alix Marchand

    Jean-Michel Lastennet

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