©CCFD-Terre Solidaire

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Débat parlementaire sur la politique étrangère de la France en Afrique : et ensuite ?

Publié le 22.11.2023

Mardi 21 novembre s’est déroulé le débat parlementaire sur les partenariats renouvelés entre la France et les pays africains, préalablement annoncé par le président de la République lors de la réunion des chefs de parti à Saint-Denis.

Le CCFD – Terre solidaire salue cette initiative et souligne son importance dans le contexte actuel, marqué – a contrario de ce qui a été affirmé par la Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères – par un fort rejet de la politique menée par la France sur le continent africain, bien au-delà des seuls pays sahéliens. Un débat qui s’impose particulièrement dans le contexte du Sahel, marqué par les crises diplomatiques avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso, la fin de l’opération Barkhane et la suspension de l’aide au développement.

Cependant, force est de constater que cette séance n’a eu de débat que le nom. Au-delà du format qui interroge sur la réelle volonté de mettre en débat les orientations politiques réaffirmées par les Ministres, il est crucial de souligner que ce débat n’est pas une fin en soi.

Au cours de la dernière décennie, la politique étrangère de la France est restée sous le contrôle de l’Élysée, laissant les parlementaires en marge des décisions importantes : entre 2013 et 2023, la représentation nationale n’a discuté que deux fois de l’opération militaire française au Sahel !

Le CCFD – Terre solidaire rappelle son souhait que ce débat soit exemplaire et marque le début d’une nouvelle ère dans les relations franco-africaines. Afin de redéfinir de manière concertée et démocratique la stratégie française en Afrique, il est nécessaire de poursuivre ce débat par des consultations avec les acteurs des sociétés civiles africaines et françaises, et d’aboutir à un Livre Blanc qui donne de nouvelles orientations stratégiques à l’action de la France sur le continent africain.

La France doit faire un bilan honnête de son action en Afrique ces dix dernières années, en particulier au Sahel, et assumer les constats d’échec – un échec qui s’explique par de nombreux facteurs et notamment par une réponse déconnectée des sources multidimensionnelles de la crise, une réponse structurée par le prisme sécuritaire.

Pour que les relations de la France avec les sociétés africaines retrouvent une certaine sérénité, il est fondamental de solder le passif colonial et post-colonial et de repenser notre approche avec humilité en plaçant la défense des droits humains et la promotion de la démocratie au centre de la stratégie française.  En tant qu’organisation de solidarité internationale, à travers nos liens de partenariat et d’alliance, nous sommes témoins de la forte demande de souveraineté des sociétés africaines et ce sur tous les plans : politique, sécuritaire, économique et alimentaire mais également monétaire. 

La France doit cesser immédiatement l’instrumentalisation de son aide publique au développement, notamment l’aide transitant par les ONG/OSC (qui prennent les populations locales pour cibles dans le cadre d’un mécanisme de sanction qui vise un gouvernement) et redéployer son action pour être à la hauteur de ces exigences, notamment en matière de justice économique internationale (décoloniser l’aide au développement, répondre à la crise de la dette, mettre fin à l’évasion fiscale qui grève les budgets des Etats et mieux régulier les activités des multinationales françaises).

La France doit mettre fin à sa politique migratoire qui nourrit un sentiment d’humiliation des populations.

Elle doit enfin cesser de soutenir des régimes autoritaires, contribuer à la protection des espaces civiques et des libertés fondamentales et renforcer son soutien aux organisations de la société civile africaine qui luttent en faveur de la démocratie.

Un véritable changement de paradigme de la politique étrangère française en Afrique ne pourra se faire qu’à travers un bilan objectif des actions passées, associé à des consultations avec les organisations et acteurs africains et français dans leur diversité. Cette approche pragmatique permettra à la France de répondre de manière plus adéquate aux aspirations des Français et des Africains, et de démarrer un nouveau chapitre sur des bases apaisées.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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