L’art comme forme de résistance

Ils viennent d’Iran, d’Érythrée ou d’Afghanistan. Rêvent d’Angleterre et d’un peu de sérénité. Sur leur route d’exil, Calais, la « jungle » et l’attente. Et pendant trois jours, comme une respiration, la possibilité de s’exprimer, de retranscrire en mots les maux de l’exil. Pour les accompagner, les bénévoles de La Plateforme des soutiens aux migrants, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, proposent des ateliers d’écriture. Tous les textes sont recueillis dans un fanzine, Le Journal des Jungles, récit intime d’une multitude de vies à reconstruire.

Des mots pour raconter et des mots pour dénoncer. En Haïti, depuis 2016, et grâce au festival des Nègès Mawon, les femmes brandissent des pancartes pour dénoncer le harcèlement sexuel dont elles sont victimes. L’art devient alors une courroie de transmission pour imposer leurs voix.

En Asie, des collectifs d’artistes se servent de la musique et des chants comme arme de mobilisation. Contre la brutalité de la junte birmane, contre la répression des velléités démocratiques à Hong Kong, contre la confiscation des terres au Cambodge. Avec Internet pour caisse de résonance, pour clamer sa colère et organiser des actions.

La musique, aussi, pour construire des ponts. Comme en Irak, avec ce collectif d’artistes qui regroupe Kurdes, Arabes, Yazidis, Turkmènes, Assyriens, qu’ils soient chiites, sunnites, chrétiens ou athées. Tous se retrouvent pour jouer dans ce pays déchiré par des années de conflits.

Des initiatives qui prouvent que la culture est un outil formidable pour retisser des liens. Et transmettre afin d’éviter que les mêmes erreurs se reproduisent. C’est ce que tente de faire, en Algérie, un atelier d’initiation à l’image mis sur pied par une passionnée de cinéma.

La culture pour mieux comprendre le monde. Et résister.

Dossier paru dans notre magazine Échos du monde.