Enquête sur les dérives du système agro-industriel breton #SélectionCulture

Publié le 29.03.2024| Mis à jour le 02.04.2024

Dans son enquête, Silence dans les champs, parue aux éditions Arthaud et lauréate du prix Albert-Londres 2023, le journaliste Nicolas Legendre dénonce les dérives au sein du monde agricole breton et pointe les mécanismes défaillants d’un système agro-industriel épuisé, dépendant massivement d’énergies fossiles, de plus en plus préjudiciables pour les agriculteurs et la biodiversité.

Pourquoi avoir enquêté sur l’agroalimentaire breton ?

Nicolas Legendre : J’ai rencontré des acteurs de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire en Bretagne, entre 2016 et 2020. Certains ont été amenés à me faire part de leurs véritables opinions, en off. Ces interlocuteurs représentant le modèle dominant reconnaissaient que ce dernier avait conduit l’agriculture bretonne dans l’impasse. Cela contraste avec le discours habituel de la FNSEA, le syndicat majoritaire, qui prône l’absence d’alternatives. Deux syndicalistes bretons m’ont par ailleurs décrit des faits graves : menaces, intimidations, pressions, sabotages. Ces actions étaient dirigées contre les opposants au système. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il fallait mener une enquête approfondie.

En tant que fils d’agriculteur, avez-vous été le témoin de ce système productiviste que vous dénoncez ?

N.L. : J’ai observé, en effet, l’accentuation des rapports de force dans le monde rural, que ce soit entre les paysans eux-mêmes, pour l’accès à la terre, ou face aux entités agro-industrielles. Dans mon cas, l’industrie laitière était une figure tutélaire qui décidait de tout, fixait les prix et donnait parfois l’impression à mes parents d’être des ouvriers spécialisés, sans réel pouvoir de décision.

Vous avez subi de nombreuses attaques à la sortie de votre livre. Ce sujet reste-t-il tabou en France?

N.L. : Non, il n’est pas tabou, c’est justement la raison pour laquelle il suscite la controverse. De nombreux élus, militants et journalistes travaillent sur ces questions depuis des décennies. Cependant, le déni persiste. Certaines personnes, sous couvert de pragmatisme, revendiquent une agriculture industrielle et pétrochimique. C’est une vision idéologique qui repose sur des présupposés et des croyances.

Vous décrivez un système néfaste pour les écosystèmes, destructeur pour les paysans. Qu’est-ce que l’agroécologie évoque pour vous ?

N.L. : L’agroécologie consiste à produire des denrées alimentaires en s’appuyant au maximum sur les fonctionnalités offertes par l’écosystème. Cela implique l’instauration de modes de production qui protègent, voire régénèrent l’écosystème, favorisant la durabilité et un fonctionnement circulaire. Il s’agit de travailler avec le vivant plutôt que contre lui, en intégrant les dimensions sociales, territoriales et en repensant la notion de terroir.

Daphnée Breytenbach

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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