Indicateurs de richesses : 6 bonnes raisons d’en finir avec le PIB

Publié le 21.09.2022| Mis à jour le 05.04.2023

La hausse des inégalités et le réchauffement climatique viennent remettre en question notre modèle de développement et son indicateur phare, le PIB. Voici 6 bonnes raisons d’en finir avec la norme imposée par le PIB et changer notre manière de concevoir la richesse.

Fin juin 2022, sous la chaleur grenobloise, la deuxième édition du Forum International pour le Bien Vivre porté par le CCFD-Terre Solidaire, invitait à remettre en question le tout-croissance pour choisir une autre boussole : le bien vivre.

Nous avons profité du forum pour demander aux économistes, aux chercheurs et aux organisations partenaires du CCFD-Terre Solidaire venues des différents pays du monde pourquoi aujourd’hui le PIB n’est plus un bon indicateur de richesses.

Ils se sont prêtés au jeu de répondre à cette question

Rappel : le PIB, c’est quoi ?
Le Produit Intérieur Brut, PIB, est l’indicateur économique de référence adopté en France en 1949. Il mesure la richesse d’un pays sur une année définie comme la valeur de tous les biens et services produits.

Soixante-dix ans plus tard, voici pourquoi le PIB apparait de plus en plus caduque et que les critiques s’élèvent.

1. Le PIB est un indicateur d’une autre époque, celle de l’après-guerre

Le PIB a été adopté dans un contexte historique particulier : la reconstruction d’après-guerre. Il concentre l’attention sur un objectif unique : la croissance. Mais la recherche de croissance à tout prix est ce qui dégrade la richesse des écosystèmes naturels (changement climatique, pertes de biodiversité…) et humains (inégalités économiques et sociales).

Nous sommes aujourd’hui dans un contexte historique très différent qui implique de mettre les enjeux écologiques au premier plan et donc de changer d’indicateur

Hélène L’Huillier docteure en économie, chercheuse associée à l’école de commerce l’ESSEC, membre active du Campus de la Transition

2. Le PIB n’est plus associé au progrès social

La croissance économique a été pensée comme une finalité car associée au progrès social. Or cela fait bien longtemps que l’objectif même de croissance économique n’est plus synonyme d’accroissement du bien être individuel, de diminution des inégalités et n’est pas un synonyme d’amélioration de nos conditions environnementales.

Le PIB a un objectif qui n’a plus de sens ; À force de s’en servir nous ne voyons plus ce qui est vraiment important pour nous car il nous incite à nous concentrer sur ce qu’il montre et donc à ne pas agir sur ce qu’il ne montre pas.

Géraldine Thiry, professeure d’économie à Bruxelles, elle travaille sur les nouveaux indicateurs de richesse depuis 15 ans.


3. Le PIB invisibilise les enjeux environnementaux

Le PIB est un bon indicateur des échanges monétaires.

Mais il ne prend pas en compte les autres enjeux sociaux, ceux liés aux revenus et invisibilise complètement les enjeux environnementaux.

Célina Whitaker, cofondatrice du Collectif Richesses et coprésidente du Forum pour d’autres indicateurs de richesse (Fair)
© Roberta Valerio
Un jeune activiste irakien alerte sur le réchauffement climatique qui menace les marais du Sud de l’Irak. Crédit photo Roberta Valério/CCFD-Terre Solidaire

4. Le PIB a pris racine dans les esprits

Le PIB s’est maintenu par erreur et par opportunisme politique. L’erreur fondamentale est que la croissance économique était (et est) supposée être synonyme de développement.

Cela a conduit à accepter le PIB comme un excellent indicateur, un indicateur de calcul relativement facile qui a pris racine dans la théorie économique traditionnelle et, soit dit en passant, dans les esprits.

Alberto Acosta, économiste équatorien, théoricien du « buen vivir »

5. Parce qu’on ne vit pas que d’argent

La principale raison pour laquelle le PIB n’est pas un bon indicateur est qu’on ne peut pas vivre que d’argent et de richesse or il ne prend en compte que les capitaux globaux d’un pays entier ;

Il faut aussi valoriser les circuits courts économiques locaux, se recentrer sur les territoires et connaitre leurs ressources propres en menant un véritable travail de terrain.

Joaquin Dionicio Guzman, de l’ONG Serjus (Service Juridique et Social du Guatemala)

6. Le PIB ne permet pas d’envisager et de définir d’autres richesses

Le PIB masque les disparités de niveaux de vie qu’il contribue à reproduire.

Il invisibilise totalement cette notion de « bien-vivre » qui est une autre façon d’envisager et de définir une autre richesse qui compte pour les gens

Vivian Labrie chercheure québecoise, associée à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (Québec).

Et aussi…

Découvrir le reportage publié dans la revue dessinée “Voyage au Bouthan, au pays du Bonheur national brut”

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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