La finance solidaire plébiscitée par les épargnants
Vingt ans après sa création, l’édition 2022 du Baromètre de la finance solidaire met en évidence le dynamisme de ces placements qui permettent de donner un sens à son épargne. Un bond en avant historique bienvenu compte tenu des enjeux.
2021 a été sans conteste l’année de tous les records pour la finance solidaire : avec 1,2 million de nouvelles souscriptions et 5,1 milliards d’euros supplémentaires collectés pour un encours de 24,5 milliards d’euros en 2021. Cette progression de 26,6 % en un an a permis de verser 4,3 millions d’euros de dons à des associations et de générer 699 millions d’euros de financements solidaires pour soutenir 1 350 projets à impact social et environnemental, selon le baromètre 2022 publié chaque année par Fair. Ce collectif rassemble des établissements financiers, des entreprises solidaires et des associations – dont le CCFD-Terre Solidaire – et gère le label Finansol distinguant ces placements auprès du grand public.
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Ces chiffres reflètent le dynamisme de ces produits financiers pas comme les autres. Leur spécificité ? Proposer d’investir dans des produits dont la finalité est plus tournée vers les populations les plus vulnérables ou la protection des écosystèmes que vers la seule performance financière, à travers le partage d’une partie du rendement avec les entreprises et associations socialement responsables… En 2021, 4,6 millions de personnes en situation de pauvreté, dont 3,2 millions en Afrique, ont pu, grâce à la finance solidaire, bénéficier de services essentiels, 38 758 emplois ont été soutenus, 1 619 personnes relogées, 5 904 foyers approvisionnés en énergies renouvelables ou 1 212 hectares d’agriculture biologique déployés et 71 agriculteurs accompagnés.
Un dynamisme dû à de multiples facteurs
Si ces produits séduisent, c’est parce qu’ils correspondent à la demande de nombreux souscripteurs soucieux de donner un sens à leur épargne. Cette performance n’est en effet pas étrangère à la crise du Covid-19 qui a remis sur le devant de la scène des valeurs de solidarité et de partage. La montée des inégalités a elle aussi joué un rôle auprès d’une opinion sensibilisée par ailleurs aux questions environnementales ou climatiques. Les produits solidaires intéressent d’autant plus que le rendement n’est pas inférieur à celui des produits classiques avec, cerise sur le gâteau, des frais de gestion inférieurs et une plus grande transparence, selon une étude publiée en 2021 par l’AMF (Autorité des marchés financiers).
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La date butoir de 2030 pour atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par la communauté internationale en 2016 se rapproche. La nécessité de réorienter les fonds publics, mais également privés, vers des actions visant à éradiquer la pauvreté, la faim, parvenir à l’égalité entre les sexes, proposer un travail décent pour tous, accéder à l’eau propre et à l’assainissement ou à garantir la paix et la justice a changé la donne. En juillet dernier, à l’occasion de la publication du rapport 2022, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres a en effet reconnu que « nous devons nous élever plus haut pour sauver les ODD et rester fidèles à notre promesse d’un monde de paix, de dignité et de prospérité sur une planète en bonne santé ».
Le bon grain et l’ivraie
Compte tenu de ces enjeux, la montée en puissance de la finance solidaire a par ailleurs été facilitée par plusieurs mesures législatives : à l’image d’un encouragement au développement de l’épargne salariale représentant plus de 50 % des encours – premier canal de développement de la finance solidaire. Mais aussi de différents dispositifs inscrits dans la loi PACTE telles la création d’un nouveau plan retraite ou l’obligation de proposer des unités de comptes solidaires dans les contrats d’assurance vie multisupports.
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Des mesures qui ont favorisé la diversification des produits due à l’innovation des entreprises et associations et renforcer l’engagement des établissements financiers dans leur promotion de ces « produits à impact ». Un concept sur lequel il importe de rester vigilant, selon Laurence Bailly, responsable marketing-fidélisation au sein de la direction du développement des générosités du CCFD-Terre Solidaire : « Nous préférons parler de finances pour l’impact social, environnemental, car nous nous inscrivons dans le cadre de démarches citoyennes et solidaires dans lesquelles nous soutenons des projets plus que nous cherchons à tirer profit de l’impact des projets financés. »
Laurence Estival
Un levier pour le CCFD-Terre Solidaire
Depuis bientôt 40 ans, le CCFD-Terre Solidaire s’est investi dans la promotion de la finance solidaire avec le lancement en 1983 de Faim et Développement, un premier fonds créé avec le Crédit coopératif avec deux objectifs à la clé. « Il s’agissait de participer à l’émergence d’un nouveau type de produits financiers et de diversifier nos ressources pour mieux accompagner les projets de nos partenaires », explique Laurence Bailly. C’est cet esprit pionnier que l’association de solidarité internationale continue d’entretenir. Avec, chaque fois, la volonté de devenir de plus en plus sélective sur les caractéristiques des nouveaux FCP (Fonds commun de placement) proposés au public. C’est ainsi qu’en 2015, le FCP Éthique et Partage, géré par Meeschaert chargé de sélectionner les entreprises dans lesquelles l’épargne est investie en fonction des secteurs d’activité – dont étaient déjà exclus l’alcool, l’armement, les jeux d’argent, les OGM alimentaires et le tabac – a été un des premiers à ajouter les énergies fossiles à cette première liste. « Compte tenu de leur responsabilité dans le changement climatique, c’était une très grande avancée », mentionne la responsable.
Garder l’esprit pionner
Avec cette même volonté de garder une longueur d’avance, le CCFD-Terre solidaire a décidé en 2018 de lancer un nouveau FCP Faim et Climat, géré par Ecofi, une filiale du Crédit coopératif. L’investissement est effectué sur des entreprises qui proposent des solutions aux enjeux du développement durable. Il s’agit essentiellement d’acteurs engagés dans des activités écoresponsables telles que des énergies renouvelables, des transports et de l’agriculture propre. En sont exclues, outre les entreprises du secteur des énergies fossiles, celles œuvrant dans le nucléaire ou l’incinération des déchets.
« Le dérèglement climatique est un enjeu vital pour nos partenaires du Sud qui en sont les principales victimes. Il menace leur sécurité alimentaire alors que ce sont les pays du Nord qui sont les principaux responsables », poursuit Laurence Bailly, rappelant que ce FCP est un des rares fonds, en dehors même de la finance solidaire, à avoir obtenu le label Greenfin, un label « vert » particulièrement exigeant. Des critères qui ne sont sans doute pas étrangers à son succès auprès des épargnants : en 2020, les sommes collectées sont passées de 1 025 euros à 42 532 euros en une année ! Un montant qui, ajouté à celui généré par le FCP Éthique et Partage, a dépassé les 125 000 euros, avec des rendements supérieurs à l’indice de référence.
De quoi permettre au CCFD-Terre Solidaire, tous produits de partage confondus, de percevoir 833 000 euros de dons en 2021 pour accompagner ses organisations partenaires…
avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE
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