La problématique et les trois objectifs d’intervention du CCFD-Terre Solidaire

Publié le 03.05.2011

La problématique centrale : rendre acteur les citoyens et surtout les plus démunis

Le développement suppose de « rendre acteurs » les citoyens.

Cette notion « d’agence » ou « d’actorat » social traduit une exigence : il n’est de développement que collectif. En ce sens, tout projet qui crée de la richesse au détriment des populations d’un territoire et au nom d’intérêts particuliers, à venir et le plus souvent incertains, doit être réinterrogé ; toute action qui fait fi des valeurs culturelles et spirituelles des communautés et donc de l’intégralité de l’homme, peut détruire plus qu’elle ne crée.

Le développement nécessite l’émergence d’un actorat social.

La cause principale du sous ou du mal-développement réside non pas dans l’absence de croissance économique (certains pays, aux taux de croissance économique élevés, sont pourtant mal-développés), mais dans l’absence d’acteurs sociaux capables d’appréhender les multiples facettes d’une croissance qui doit être tant économique que sociale et plus largement, « civilisationnelle ».

Or, les institutions ne peuvent à elles-seules produire ce développement intégral et en faire bénéficier chacun. Un tel développement nécessite, tout autant qu’il autorise, l’émergence d’un actorat social. Cet actorat repose en première analyse sur le citoyen lui-même, puis sur sa communauté ou son groupe social, jusqu’à atteindre un niveau de structuration intermédiaire (représentation via une organisation professionnelle, un syndicat, une asso­cia­tion), puis final (structuration d’un ensemble de sociétés civiles autour d’enjeux et de finalités communs).

Il s’agit donc de faire reposer la stratégie d’accompagnement sur les dynamiques sociales existantes et privilégier, parmi les acteurs sociaux, ceux qui, à l’occasion des processus de transformation historiques, cherchent à accor­der à la société et aux citoyens la première place. Ceux-là, nous les qualifions d’« acteurs de changement social ». Ils deviennent nos « partenaires ».

La relation partenariale

L’action repose sur la relation partenariale. Comment rendre « acteur » tout en respectant l’autonomie du partenaire ? Comment concilier l’« aide » (par définition asymétrique) et le partenariat (par nature « symétrique », et qui de sucroît exige le préalable de l’autonomie de chacun des partenaires) ?

Cette problématique centrale est à l’origine d’un certain nombre de principes et méthodes : souveraineté du partenaire dans l’action, participation à la définition des choix stratégiques et à la vie institutionnelle du partenaire, décloisonnement et mise en relations, plaidoyer et prise de parole publique communs…

En réponse aux enjeux de la mondialisation, la notion de partenariat évolue, depuis quelques années, vers celle, plus globale et ambitieuse, d’alliance : plutôt que de « soutenir » une organisation du Sud ou de l’Est, nous parlons de « co-agir », de « co-construire ».

En outre, l’acteur « singulier » et identifiable peut aujourd’hui être collectif, regroupant des organisations aux profils très variés, réunies en raison d’intérêts communs mais sans identité juridique définie (plate-forme ou réseaux nationaux, régionaux voire internationaux). Ainsi, le CCFD – Terre Solidaire peut être lui-même membre à part entière de ces groupements, qui peuvent même aller jusqu’à inclure des représentants des pouvoirs publics.

D’un lien bilatéral et horizontal, nous allons donc vers des faisceaux de liens multilatéraux.

Les trois objectifs du dialogue avec les sociétés civiles

L’enjeu central du dialogue avec les sociétés civiles du Sud et de l’Est est de rechercher, d’accompagner, de soutenir les « acteurs de changement social » au sein d’un territoire ou d’un espace déterminé (local, national, régional, mondial). Ces derniers doivent être en capacité – ou avoir le potentiel – d’agir dans une triple dimension : technique, sociale et politique.

De cet enjeu central découlent trois objectifs :

Sécuriser l’accès aux ressources essentielles

Ceci suppose :

  • de garantir l’accès et la sécurisation des biens matériels : services primaires et sociaux, services financiers, ressources naturelles. Il s’agit de créer ou d’adapter des systèmes de production et de services à forte valeur ajoutée sociale, intégrés dans un projet de gestion des territoires compatible avec la finitude des ressources naturelles ;
  • d’agir sur la sécurité physique et morale : éducation à la paix entre les communautés, lutte contre les violences sexuelles…

Accroître le capital immatériel

Propre aux individus et à tout groupe, ce capital immatériel doit être mis en mouvement par la mobilisation efficace des connaissances, des savoir-être, des ressources culturelles, aussi bien collectives qu’individuelles (identité, valorisation de soi-même).

Ce qu’on appelle en anglais « l’empowerment », (que le français rend imparfaitement par « mise en capacité »), doit permettre aux acteurs de comprendre la situation dans laquelle ils évoluent et ses enjeux (règles sociales, contraintes politiques et économiques). Ils acquièrent une connaissance des autres acteurs et se situent dans un environnement social et institutionnel, juridique, politique, élargi. Cette compréhension leur permet de dialoguer avec d’autres parties, pour faire entendre leurs points de vue ou leurs droits.

Accroître le capital immatériel, cela implique également de resignifier et de revaloriser les cultures, les savoir-vivre, voire les modèles de développement particuliers. Le CCFD – Terre Solidaire mène avec ses partenaires une re­cherche portant sur la compatibilité ou l’incompatibilité de ces « modes de vivre » avec des processus de modernisation et de transformation sociale. Ces recherches nourrissent et interrogent notre conception du développement.

Déterminer une gouvernance démocratique

Tout « projet » comporte une dimension collective de « vivre-ensemble », en rapport avec l’action menée, à court, moyen et long terme. La construction d’un magasin de stockage, la création d’un centre de santé ou d’alphabétisation, la mise en place d’une caisse de crédit supposent d’établir rapidement des règles de gestion et de pérennisation. Celles-ci concernent le groupe mais aussi les autorités, élus locaux, chefs coutumiers, administration nationale. Ces différentes parties prenantes ont un rôle différent à jouer pour renforcer l’action, la pérenniser. Des règles doivent être établies, éventuellement de nouvelles lois ou de nouvelles politiques pourront en découler. Ces efforts concertés sont un préalable à tout changement d’échelle.

La mise en place de cadres pérennes pour la prévention et la gestion des conflits entre également en résonance avec cette problématique. Les conflits intercommunautaires, les conflits entre éleveurs et agriculteurs, les conflits d’ampleur nationale dans des États en crise, doivent être envisagés dans une perspective politique d’envergure. Il ne s’agit rien moins, dans de telles situations, que de (re)fonder le contrat social entre individus, communautés ou encore entre la population et l’État. C’est ainsi qu’apparaissent des « pools de médiateurs », des « guichets fonciers décentralisés », des « comités de suivi des conférences nationales »… Ces nouveaux outils de gouvernance, loin d’être anecdotiques ou temporaires, sont adaptés aux mutations des pays : ils sont la condition de leur démocratisation.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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