Le Label Bas-Carbone en agriculture : de l’usine à gaz au greenwashing 

Publié le 09.03.2023| Mis à jour le 20.06.2024

Le Label Bas-Carbone a tout pour plaire aux attentes des acteurs soucieux de préserver la planère et le climat. Mais un nouveau décryptage du dispositif appliqué à l’agriculture révèle davantage un outil de greenwashing et une fausse solution pour le climat

Le Label Bas-Carbone, initié en 2018 par le Ministère de la Transition Écologique, se présentait comme une promesse lumineuse pour les acteurs engagés dans la préservation de notre planète et la lutte contre le réchauffement climatique. Destiné à certifier des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de séquestration carbone, ce label ambitionnait de contribuer significativement à la Stratégie Nationale Bas-Carbone de la France. Cependant, un examen plus approfondi, notamment dans le secteur agricole, révèle une réalité moins reluisante, marquée par des pratiques de greenwashing et des obstacles à la transition écologique nécessaire.

Le Label Bas-Carbone expliqué

Le Label Bas-Carbone a été conçu pour encourager et valoriser les initiatives visant à réduire les émissions de CO2 et à séquestrer le carbone dans divers secteurs, dont l’agriculture, la foresterie, le bâtiment, le transport, et les espaces naturels. Avec 358 projets déjà labellisés en 2023, qui représenteraientt une réduction ou un stockage de 1,3 million de tonnes équivalent CO2, l’intention était claire : inciter entreprises, collectivités et particuliers à compenser volontairement leurs émissions en soutenant des projets locaux de qualité.

Critiques et défis

Malgré ces objectifs nobles, le label se heurte à des critiques sévères. D’une part, il est perçu comme une menace pour la biodiversité et un frein à l’adoption de pratiques agricoles plus durables, telles que l’agroécologie. La complexité administrative et la volatilité du label imposent un fardeau considérable sur les agriculteurs et agricultrices,. Pire encore, le dispositif actuel permet la rémunération de projets dont les émissions augmentent.

1. Une menace pour l’environnement et un frein à la transition 

Malgré ses récentes évolutions, le label ne permet toujours pas d’améliorer les résultats climatiques français. Mais, pire, il peut toujours constituer une menace en matière de biodiversité et désinciter à la transition vers l’agroécologie. 

2. Une usine à gaz pour les agriculteurs et les agricultrices

Symptomatique de la délégation du service public au secteur privé et du désengagement de l’Etat, le Label Bas-Carbone tel qu’il est conçu est une usine à gaz dont la lourdeur et l’instabilité pèse sur les épaules des agricultrices et agriculteurs.  

3. Des projets dont les émissions augmentent se retrouvent rémunérés 

Sa déclinaison pour l’agriculture et l’élevage en particulier est inacceptable car elle peut permettre de rémunérer des projets dont les émissions augmentent ou qui exercent une pression négative sur la biodiversité ou en termes de bien-être animal.  

Vers une transition agroécologique

La nécessité d’une réforme profonde du Label Bas-Carbone est impérative pour qu’il devienne un véritable outil de transition agroécologique. Cette réforme devrait se concentrer sur la simplification des procédures pour les agriculteurs, à l’efficacité énergétique, et surtout l’encouragement à la réduction des émissions de GES . Il est crucial que le label cesse de récompenser les projets contre-productifs et commence à jouer un rôle actif dans la baisse de la réduction des émissions de gaz à effets de serre, conformément aux engagements internationaux de la France, tels que le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris.

Approfondissement : Enjeux environnementaux et solutions

Face aux défis posés par le changement climatique, la réduction des émissions de GES et la transition vers des énergies renouvelables deviennent des priorités mondiales. Le secteur agricole, en particulier, se trouve à la croisée des chemins, nécessitant des changements profonds pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, le Label Bas-Carbone pourrait jouer un rôle crucial, à condition d’être réformé pour encourager non seulement la réduction des émissions de méthane et de dioxyde de carbone mais aussi la mise en œuvre de pratiques agricoles réduisant l’empreinte carbone, telles que l’utilisation réduite des engrais chimiques dont la fabrication nécessite énormément d’énergies fossiles, pour minimiser les émissions de protoxyde d’azote.

De plus, le développement de projets de biomasse et la valorisation des déchets agricoles en tant que sources d’énergie renouvelable, offrent des opportunités de diversification et de revenus supplémentaires pour les agriculteurs, tout en contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique.

Les projets de préservation des forêts existantes et de restauration des écosystèmes jouent un rôle essentiel dans la séquestration du carbone, améliorant la biodiversité et la résilience des territoires face aux changements climatiques.

Un dispositif qui doit être amélioré

Le Label Bas-Carbone, dans sa forme actuelle, est loin de répondre aux attentes placées en lui. Au lieu de favoriserer une transition agroécologique véritable, il risque de devenir un symbole de greenwashing, retardant les actions indispensables pour combattre le réchauffement climatique, notamment la réduction des gaz à effets de serre. Une réforme en profondeur est nécessaire pour aligner ce dispositif avec les objectifs de réduction des émissions de carbone, , de promotion des énergies renouvelables, et de réforme de notre système alimentaire. Seule une transformation radicale permettra au Label Bas-Carbone de contribuer réellement à la lutte contre le changement climatique et à la préservation de notre planète pour les générations futures.

En l’état, le Label Bas-Carbone constitue un outil permettant l’optimisation des pratiques existantes mais n’incite pas à l’indispensable transformation en profondeur de nos systèmes agricoles.  

La France a très peu de temps pour impulser une réelle transition agroécologique qui devra passer par un panel de politiques publiques stables dans le temps et réellement transformatives.  

Si le Label Bas-Carbone veut faire partie des leviers de la transition comme le souhaite le gouvernement, alors il est urgent de le modifier en profondeur, sans quoi il ne sera qu’un outil de greenwashing retardant la transition nécessaire du secteur agricole. 

Myrto Tilianaki 

Consulter le décryptage :

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