Le synode a accéléré la transformation de l’Église en Amazonie

Publié le 20.12.2022| Mis à jour le 03.02.2023

Pour Rodrigo Fadul, secrétaire adjoint du Réseau ecclésial panamazonien (Repam), le synode
pour l’Amazonie d’octobre 2019 a dynamisé l’action de l’Église dans la région.

Échos du monde : Quelle évaluation faites-vous du synode pour l’Amazonie ?

Plus encore que de « synode pour l’Amazonie », il faut parler de « processus synodal ». Car la réflexion a démarré bien avant cet événement et ne s’est pas arrêtée en octobre 2019, à Rome.

L’élan donné par cette rencontre épiscopale a certes été freiné par la pandémie qui a fragilisé de nombreuses initiatives sur le territoire. Mais nous avons senti que les catholiques d’Amazonie étaient très mobilisés pour faire en sorte que l’Église se réforme de l’intérieur. Car notre Église doit évoluer, et le travail ne manque pas ! Comme l’a indiqué le pape François dans son encyclique Querida Amazonia, les chantiers sont multiples : la création de nouveaux ministères, la place des femmes, la promotion de l’interculturalité…

À cela, il faut rajouter un thème central qui nous préoccupe en tant qu’Église : la violation des droits de l’homme et de l’environnement.

L’Église doit se placer en faveur des populations et du territoire et prendre position contre les intérêts économiques prédateurs.

Existe-t-il encore des résistances au sein de l’Église pour défendre l’Amazonie ?

Le synode et le pape ont donné une impulsion majeure pour affirmer l’importance de ce territoire pour l’Église catholique. Mais il arrive encore que l’implication de l’Église ne soit pas comprise ou soit mal perçue, y compris au sein même de l’institution. Parfois, un prêtre ou un évêque local qui n’est pas très proche des questions sociales a du mal à s’engager aux côtés d’une communauté affectée par les activités d’une grande entreprise. Il arrive aussi que les fidèles qui fréquentent les églises le dimanche soient ceux qui violent les terres indigènes ou soutiennent l’exploitation minière. L’Église se retrouve au milieu.

Mais le message est clair : elle doit se placer en faveur des populations et du territoire et prendre position contre les intérêts économiques prédateurs. Si tous les membres ne sont pas tous prêts à mener ce combat, la majeure partie de l’Église panamazonienne se mobilise néanmoins dans l’intérêt de la protection de la maison commune. L’Église constitue une force politique importante en Amazonie. Et lorsqu’un évêque prend position, il a du poids.

Avec une délégation de près de trente représentants et un espace interreligieux d’accueil et de débats, le Repam a été très présent au Fospa

Cet événement nous permet de montrer la force de notre foi, notre religiosité et notre engagement pour la défense de l’Amazonie. Nous avons pu constater que, depuis sa création en 2014, le Repam a acquis l’image d’une institution qui œuvre efficacement aux côtés des populations amazoniennes. Avec le temps, nous avons aussi gagné une vraie crédibilité auprès des organisations de la société civile, mais également des partis politiques et des institutions juridiques.

L’un de nos objectifs est de renforcer nos relations avec toutes les autres entités luttant pour défendre l’Amazonie. Cela passe par un dialogue, un travail et des perspectives qui doivent être construites en réseau.

Face à une région amazonienne de plus en plus menacée, quels sont les défis pour le Repam ?

La plus grande difficulté est de considérer la Panamazonie à la fois comme un tout, mais aussi dans toute sa diversité. Il existe en effet des réalités propres aux peuples autochtones, aux communautés paysannes, aux quilombolas (descendants d’esclaves) et aux communautés ribeirinhas (riveraines des cours d’eau). Malgré ces différences, tout est interconnecté.

Par exemple, actuellement, on ne peut pas parler de la situation des peuples autochtones sans évoquer la dimension des droits humains, le rôle des femmes au sein de ces communautés, l’importance de la jeunesse dans le processus de défense de l’Amazonie, les indigènes qui vivent dans les zones frontalières ou encore l’impact des multinationales.

Dans ce sens-là aussi, le synode est profitable. Car il permet de traiter ces sujets avec plus d’ouverture. Le synode est un kairos (« temps favorable à saisir ») qui permet à l’Église d’accélérer son processus de transformation.

Propos recueillis par Jean-Claude Gerez

Photo Jean-Claude Gérez.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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