Ana Carolina Ochoa, partenaire en visite en Aquitaine

Ana Carolina Ochoa, partenaire en visite en Aquitaine

Rencontre avec Ana Carolina Ochoa, partenaire colombienne en visite en Aquitaine

Publié le 11.01.2024

Ana Carolina Ochoa travaille à l’IMCA (Instituto Mayor Campesino), dans la ville de Buga, dans le sud-ouest de la Colombie.

Rencontre avec Ana Carolina Ochoa, partenaire colombienne en visite en Aquitaine

Après avoir fait des études en gestion de l’environnement et en agro-écologie et travaillé dans diverses ONG, elle est aujourd’hui la référente du projet TAPSA, financé par le CCFD – Terre solidaire , au sein cette ONG membre de la Compagnie de Jésus, qui travaille depuis 1962 aux côtés des communautés rurales et paysannes du Valle Del Cauca.

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Sa mission consiste à améliorer les conditions de vie de ces communautés vulnérables et isolées en soutenant notamment des projets orientés vers l’agroécologie.

Ana Carolina, quelles actions concrètes réalisez-vous au sein de l’IMCA ?

Dans le cadre du programme TAPSA, nous accompagnons des organisations sociales de paysans dans une transition vers l’agroécologie. Nous faisons également du plaidoyer politique pour valoriser les initiatives des paysans et permettre la création de valeur ajoutée, pour sensibiliser les populations, et faire en sorte que les politiques tiennent compte de ces sujets là.

Plus concrètement, nous mettons en œuvre différentes actions. Tout d’abord, des sessions de formation sur l’agroécologie et la souveraineté alimentaire pour les associations paysannes avec lesquelles nous travaillons. Ensuite, nous aidons à la construction d’infrastructures productives adaptées au changement climatique, comme des serres, des bio-laboratoires, des réserves d’eau… 

“L’objectif est que les familles paysannes puissent cultiver pour se nourrir et qu’elles produisent aussi des excédents qu’elles pourront vendre sur les marchés locaux”. 

Dans le même ordre d’idée, nous essayons d’apporter de la valeur ajoutée aux productions agricoles avec des dons de machines, permettant la transformation des matières premières agricoles en produits à plus forte valeur ajoutée qu’elles pourront vendre. Une autre action que nous menons est celle de favoriser l’autonomie des paysans en les aidant à produire des engrais verts (plantes qui captent l’azote de l’air) pour remplacer l’achat de produits agro-toxiques.

Le TAPSA permet aussi à l’IMCA de proposer des ateliers aux jeunes des écoles dans les villages où se situent les associations aidées. Nous travaillons sur l’importance de l’agroécologie en tant qu’opportunité professionnelle pour les jeunes des campagnes.

Enfin, nous promouvons les « plans de vie », un instrument de planification et de participation communautaire pour que la communauté puisse se projeter et se construire un avenir meilleur. Nous œuvrons pour que ces “plans de vie” soient inscrits dans la planification des municipalités. Dans le cadre du TAPSA, notre stratégie est d’accompagner les initiatives politiques en faveur de l’agriculture paysanne et de l’agroécologie.

Rencontre avec Ana Carolina Ochoa, partenaire colombienne en visite en Aquitaine

Que retenez-vous de votre séjour en France sur le sujet de l’agroécologie ?

C’est très intéressant de voir comment fonctionne l’agriculture en France, de découvrir que les conditions de vie des agriculteurs français sont très différentes de celles des agriculteurs colombiens. Mais il y a beaucoup de propositions et d’initiatives qui vont dans le même sens dans les deux pays.

En Colombie et en France, nous cherchons la même chose : créer une société plus humaine et solidaire, aller vers une transition qui permette de vivre en harmonie avec la nature, gagner en autonomie alimentaire… Mais, en Colombie les communautés rurales recherchent cela depuis longtemps et c’est grâce à la solidarité que nous avons pu résister aux guerres et aux différents évènements qui nous ont affectés. Ainsi, lorsque l’on parle d’agroécologie, ce n’est pas quelque-chose qui se conçoit de la même façon dans les deux pays.

En Colombie, c’est une stratégie de construction d’un tissu social pour bâtir une vie plus digne, pour valoriser des connaissances et des savoir-faire locaux et traditionnels, pour créer un système de production stable et durable et transformer le système agro-alimentaire.

« En Colombie, l’agroécologie va plus loin que les simples pratiques agricoles. C’est un mouvement social qui veut redonner de la dignité à la paysannerie ».  

Nous ne sommes pas d’accord avec les labels, les certifications pour lesquelles il faut payer très cher et qui sont inaccessibles à beaucoup de paysans. Par exemple, l’agriculture biologique est un label qui nous limite et qui génère de la dépendance. Nous voulons un autre modèle : l’agroécologie doit générer de l’autonomie et de l’indépendance.

Il y a beaucoup de travail de sensibilisation des consommateurs à faire. En France, avec les AMAP, les systèmes d’échanges au niveau local, il y a eu beaucoup d’avancés car les consommateurs ont du pouvoir d’achat. Ce n’est pas le cas en Colombie. Il faut convaincre les consommateurs avec des prix justes en face pour les producteurs.

Rencontre avec Ana Carolina Ochoa, partenaire colombienne en visite en Aquitaine
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L’agroécologie est-elle en bonne voie en Colombie ?

Cela se développe de plus en plus. Le point positif est que le droit humain à l’alimentation a été inscrit comme un des piliers du plan de développement national et que l’agroécologie est inscrite comme l’une des stratégies pour garantir ce droit. L’État va soutenir notre travail car il n’a pas la capacité d’accéder lui-même à tous les paysans. C’est une très bonne perspective pour l’agroécologie.

Ana Carolina conclue son propos en indiquant que l’IMCA fait partie du réseau international MAELA «  Mouvement agroécologique d’Amérique latine et de la Caraïbe », qui réunit des organisations paysannes et des ONG qui travaillent depuis les années 90 au développement de l’agroécologie. Travailler tous ensemble dans un but commun ne peut être que positif et bénéfique…

Site de l’IMCA : http://imca.org.co

Interview faite par Marie Christine Bidault

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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