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La compensation carbone

La compensation carbone

La compensation carbone est érigée comme un outil imparable dans la lutte contre l’urgence climatique. Solution ou désillusion ? Le CCFD-Terre Solidaire se mobilise contre les limites de ce mécanisme et plaide pour une réelle transition écologique et solidaire. La compensation carbone sert en effet souvent de paravent aux entreprises pour ne pas réduire réellement leurs émissions de gaz à effets de serre. L’évaluation scientifique des projets de compensation est également régulièrement remise en question. Enfin les projets de compensation, souvent mis en place dans les pays du sud sans que populations ne soient bien consultées, ont un impact sur les droits humains et l’environnement. C’est ce qui nous préoccupe et c’est pourquoi nous nous mobilisons pour dénoncer les faux semblants de ce mécanisme, souvent mis en avant par les entreprises et repris dans les négociations internationales au détriment de la réduction des gaz à effet de serre.

Mais qu’est-ce que la compensation carbone ? On vous explique ! 

 

Comment fonctionne la compensation carbone ?

Qu’est-ce que la compensation carbone ?

La compensation carbone consiste à contrebalancer l’équivalent de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) rejetées dans l’atmosphère, en finançant des projets de séquestration ou de réduction d’émissions de CO2.  Cette solution est promue par de nombreuses entreprises pour répondre à leurs objectifs de neutralité carbone.

Qu’est-ce que la neutralité carbone ?

La neutralité carbone désigne l’équilibre entre les émissions de GES générées par l’activité humaine et leur absorption par des réservoirs naturels ou artificiels appelés puits de carbone. Pour atteindre cette neutralité, il faut répondre à l’objectif du “zéro émission nette”, soit : 1 tonne de CO2 émise – 1 tonne de CO2 séquestrée = 0 émission de CO2. Cela passe par deux leviers : réduire une partie de ses émissions à la source et compenser le reste par la séquestration du carbone. De nombreux États se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 : une résolution impérative selon le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat)  pour contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C d’ici 2100.

Qu’est-ce que le CO2 équivalent ?

L’équivalent CO2 (COEéq ou CO2e) est une unité de mesure commune instaurée par le GIEC. Celle-ci convertit les quantités de GES (méthane, oxydes d’azote, etc…) en quantité équivalent de CO2 ayant le même potentiel de réchauffement global (PRG). Elle permet ainsi de mesurer et de comparer l’impact des différents GES émis dans l’atmosphère qui n’ont pas le même impact ni la même durée de vie.

40.6 Mds

de tonnes de CO2 émis dans le monde en 2022. Soit une hausse de 1 % par rapport à 2021 (Global Carbon Project)

+1.1 °C

hausse des températures dans le monde par rapport à la période 1850-1900 (GIEC).

Comment compenser ses émissions ?

Comment calculer ses émissions de CO2 ?

L’empreinte carbone est un indicateur qui permet de mesurer, en CO2 équivalent, l’impact environnemental généré par un secteur d’activité, une entreprise ou encore un ménage. Ce bilan carbone se calcule avec la formule suivante : émissions de CO2 = quantité utilisée x facteur d’émission. Il existe également de nombreux calculateurs en ligne et gratuits.

Quels sont les types de projets de compensation carbone ?

On peut regrouper les nombreux projets de compensation carbone en deux types principaux. Les projets d’évitement visent à  réduire et à prévenir les émissions de CO2 en finançant des infrastructures moins polluantes, comme les énergies renouvelables. Les projets de séquestration, eux, visent à stocker le carbone présent dans l’atmosphère par la création de puits de carbone (captage de l’air, plantation d’arbres, etc…) et la protection des puits de carbone naturels existants (préservation des forêts, des sols, des écosystèmes marins, agriculture régénératrice etc…)

Qu’est-ce qu’un crédit carbone ?

Le crédit carbone est une unité certifiée qui correspond à 1 tonne de CO2éq évitée ou absorbée. Sur les marchés du carbone, les “pollueurs” peuvent acheter des crédits carbone à des porteurs de projets de compensation carbone pour contrebalancer les émissions de GES qu’ils ont émis.

Au cours de la dernière décennie, les marchés carbone
qui ne fixent pas de limite absolue d’émissions, c’est à-dire sans limite sur la quantité de crédits échangeables, ont fait l’objet d’un intérêt croissant. Ces marchés carbone ne peuvent cependant pas résoudre la crise climatique : ils proposent en effet des crédits peu onéreux et nombreux qui n’encouragent pas à réduire les émissions de GES à la source. Mais surtout, la possibilité de « réduire » les émissions d’un secteur en les compensant dans un autre secteur ne permet pas d’aboutir à une réduction globale des émissions de GES dans l’atmosphère.

 

À qui s’adresse la compensation carbone ?

Qu’est-ce la compensation carbone obligatoire ?

Ratifié en 1997, le protocole de Kyoto oblige les 172 États signataires et leurs grandes entreprises à réduire leurs émissions de GES de 5 % entre 2008 à 2012 par rapport au niveau de 1990. C’est le premier accord international et juridiquement contraignant en la matière. Sur le principe du pollueur-payeur, le marché du carbone réglementé est initié et permet aux entreprises concernées de s’échanger des quotas d’émissions pour atteindre leurs objectifs.

Qu’est-ce la compensation carbone volontaire ?

La compensation carbone volontaire permet aux particuliers ou aux entreprises qui n’y sont pas contraints juridiquement de participer à l’effort collectif de réduction des émissions de GES en finançant, eux-aussi, des projets environnementaux. Par exemple, de nombreuses compagnies aériennes offrent à leurs consommateurs la possibilité de financer la plantation d’un arbre pour compenser l’empreinte de leur vol.

Planter un arbre, c’est mal?

Sans être “mal”, planter des arbres pour compenser les émissions de GES est loin d’être une solution suffisante et présente de nombreuses limites

  • Seules les émissions de CO2 peuvent être compensées. Et même pour cela, il faudrait planter beaucoup d’arbres pour compenser l’ensemble de nos émissions. Cela nécessite des millions d’hectares et de nombreuses années avant que les arbres atteignent leur taille adulte et puissent accumuler l’équivalent du carbone émis. Pour aboutir, ce mécanisme nécessite du temps et de l’espace que nous n’avons plus.
  • Le CO2 provenant des activités humaines s’ajoute à celui qui circule déjà naturellement dans l’atmosphère. Or, les arbres ont une capacité d’absorption limitée et les effets d’une sur-absorption peuvent avoir des conséquences désastreuses sur la biodiversité.
  • Dès lors qu’un arbre brûle ou se décompose, il rejette automatiquement dans l’atmosphère l’ensemble du carbone qu’il séquestre. Or, comme nous avons pu le constater cette année, les dérèglements climatiques engendrent une hausse du nombre d’incendies forestiers.

+3.3 °C

hausse médiane des températures d'ici 2100 sans mesures supplémentaires de réduction des émissions (GIEC).

3.3 à 3.6 Mds

de personnes dans le monde vivent dans un contexte de vulnérabilité extrême face au dérèglement climatique (GIEC).

Le positionnement du CCFD-Terre Solidaire

Compenser n’est pas réduire

La compensation carbone ne peut pas être une fin en soi : elle doit se faire en complément d’une réelle politique de réduction des émissions de GES, plutôt que de devenir une “politique de l’autruche“. Au CCFD-Terre Solidaire, nous plaidons pour des mesures concrètes et efficaces de lutte contre le dérèglement climatique. Nous soutenons des initiatives citoyennes, ici et là-bas, qui construisent une vraie transition écologique, sociale et durable pour répondre à l’urgence climatique et à l’urgence alimentaire.

Mobilisé contre le greenwashing des entreprises

Prétendre “gommer“ ses émissions en plantant des arbres est un leurre qui permet aux multinationales, avec la complicité des États, de poursuivre leurs activités polluantes tout en donnant l’impression de faire leur part pour le climat.  Or, à grande échelle, la compensation carbone pose de nombreuses limites irréversibles sur le plan des droits humains et de l’environnement. Publié en 2021, le rapport du CCFD-Terre Solidaire :  Compensation carbone : tout sauf neutre !, analyse et dénonce l’inaction climatique de trois multinationales (Nespresso, Air France et TotalEnergies)

Depuis la COP 26, le combat continue

À l’occasion de la COP 26, le CCFD-Terre Solidaire s’est mobilisé à travers sa campagne de plaidoyer et de mobilisation #stopcompensation en faveur du retrait du secteur des terres de l’Art. 6 de l’Accord de Paris, portée par la conviction que nos terres doivent rester en dehors des mécanismes de compensation carbone et des marchés financiers. Aux côtés de nos partenaires, nous continuons de nous mobiliser pour dénoncer l’impact des programmes de compensation carbone qui impactent les populations les plus vulnérables.

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