Au Nicaragua le régime d’Ortega persécute la société civile
Jules Girardet, chargé de mission Amérique Latine nous alerte sur le Nicaragua, ce petit pays d’Amérique centrale, où le régime autoritaire d’Ortega persécute les opposants, les journalistes, les étudiants et les ONG.
Toute tentative d’opposition réduite à néant
En 2018, le Nicaragua avait été secoué par une vague de contestation exigeant la démission d’Ortega, ex-guérillero de 76 ans et de sa femme vice-présidente. La répression a fait plus de 300 morts et des milliers de blessés. Des opposants ont été emprisonnés, des partis politiques ont été interdits, des médias indépendants saisis, des dizaines organisations criminalisées…
Depuis, le couple présidentiel Ortega a réduit à néant toute tentative d’opposition à leur régime autoritaire. Tous les candidats potentiels ont été incarcérés, les journalistes muselés, les défenseurs des droits humains persécutés. En véritable État policier, le régime a mis en place tout un arsenal législatif pour réprimer sévèrement les ONG et les médias.
Notre partenaire l’ONG Cantera fermée par le gouvernement
La société civile est dans le collimateur du gouvernement, pas moins de 200 ONG et associations ont été dissoutes depuis 2018. Cantera, organisation d’éducation populaire qui œuvrait pour le bien-être des jeunes des quartiers populaires, depuis plus de 30 ans, s’est vu retirer son statut juridique fin avril. L’État va saisir les locaux, les équipements et le matériel de l’organisation, tout ça construit avec le soutien du CCFD et le travail des jeunes des quartiers.
La raison de cette fermeture c’est que Cantera contribue à la construction d’une pensée critique considérée comme un danger par le régime. Les associations nicaraguayennes sont stigmatisées et accusées de conspiration contre l’État, de trahison et d’être à la solde des Etats-Unis. Comme le disent les militants nicaraguayens “c’est le pire moment de l’histoire du Nicaragua pour la défense des droits humains”.
200
150 000
Une seule solution, la fuite
San José, capitale du Costa Rica, pays voisin, est devenu le refuge des opposants politiques, journalistes, étudiants et défenseurs des droits humains. Ce sont près de 150 000 Nicaraguayens qui ont pris la route de l’exil au Costa Rica.
Mais l’exil ne signifie pas la fin du combat. Des activistes du Centre Nicaraguayen de défense des droits humains ont immédiatement constitué un nouveau collectif : Nicaragua Plus Jamais Ça pour documenter les violations de droits humains et dénoncer les crimes du régime d’Ortega. Le collectif apporte aussi un soutien juridique et psychosocial aux familles dont un proche a été assassiné.
Survivre est la plus grande résistance politique possible pour ces réfugiés.
Jules Girardet, chargé de mission Amérique latine
Le collectif en est certain : un jour justice sera rendue et ils seront là pour témoigner des atrocités commises par le gouvernement.
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