© Roberta Valerio

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Bilan de la COP 27 : avancées et cartons rouges

Publié le 24.11.2022| Mis à jour le 28.11.2022

Le 27è sommet des Nations unies sur le climat (COP 27) s’est achevé à Charm el-Cheikh en Égypte sur une dominante de frustration, comme c’est souvent le cas avec ce grand rendez-vous annuel. Il y a cependant quelques signes d’espoir dans une bataille climatique où il est de plus en plus crucial d’enregistrer de franches avancées.

Sélection choisie de petites satisfactions (cartons verts), d’initiatives discutables (cartons jaunes) et de déceptions (cartons rouges).

Création d’un fonds « pertes et dommages » pour le Sud

Carton vert attribué aux pays les plus vulnérables

Ils ont fini par faire plier les pays industrialisés, qui faisaient la sourde oreille depuis trois décennies. Ce fonds sera destiné à compenser les dégâts climatiques déjà constatés dans les pays les plus vulnérables qui n’ont que très peu contribué aux émissions de CO2. L’Union européenne a fait cette proposition le dernier jour du sommet, à la surprise générale, emportant finalement l’aval des États-Unis.
Cette percée historique de la « justice climatique » reste cependant symbolique, à ce stade : tout reste à définir – le cadre, les montants, les pays bénéficiaires voire prioritaires, et bien sûr, la liste des pays contributeurs. La Chine en fera-t-elle partie ? On attend un bras de fer à ce sujet : c’est le premier pays émetteur de CO2 au monde, loin devant les États-Unis, mais l’ordre s’inverse si l’on rapporte les émissions au nombre d’habitant·es.

Aucun progrès sur les engagements de réduction du CO2

Carton rouge attribué aux pays les plus émetteurs

L’accord de Paris, signé lors de la COP 21, stipule l’objectif de ne pas dépasser 2°C de réchauffement planétaire. Et même de viser 1,5°C, seuil arraché par les petits pays insulaires menacés de submersion par la montée du niveau des océans. À ce jour, la somme des engagements volontaires pris par les pays pour réduire leurs émissions de CO2 conduit la planète à un réchauffement de 2,5°C voire plus. À Charm el-Cheikh étaient attendues un surcroît d’effort dans les engagements : rien, ou presque. L’ambition « 1,5°C », finalement confirmée, a même failli être mise à mal par certains pays pétroliers.

Les énergies fossiles font de la résistance

Carton rouge attribué aux pays pétroliers, charbonniers, gaziers

À Charm el-Cheikh, l’ONG Global Witness a dénombré la présence de 636 lobbyistes des énergies fossiles. Alors que nombre de postulants de la société civile n’ont pas obtenu leur accréditation. En périphérie du sommet ont été signés une vingtaine de contrats sur le gaz, que les pays européens, notamment, recherchent fébrilement pour compenser la fermeture des pipelines alimentés par la Russie. La COP 26, l’an dernier, avait difficilement accouché d’une mention très alambiquée, appelant à « accélérer les efforts vers la diminution progressive du charbon utilisé sans système de capture de CO2, ainsi que des subventions inefficaces aux énergies fossiles ». En Égypte, rien de plus, l’ambition cruciale de l’élimination de ces énergies a fait du surplace.

La bataille pour encadrer les marchés de « crédits CO2 »

Carton vert attribué aux organisations de la société civile, en particulier

L’accord de Paris a acté la création de marché de crédits CO2 : ils seraient octroyés aux pays et entreprises qui dépassent leurs objectifs de réduction d’émissions, dans le but de les vendre à des acteurs qui ne sont pas parvenus à tenir leurs engagements. Ce type de mécanisme est pavé de chausse-trappes : pour absorber le CO2, va-t-on autoriser les monocultures industrielles d’arbres ? La fertilisation des océans ? Au détriment des besoins de populations locales ? Des lignes rouges pour les ONG. Aussi, la COP 27 a préféré retarder la mise en route de ces marchés de manière à leur établir un cadre robuste et non contestable.

Le lancement d’un nouveau marché de CO2

Carton rouge attribué à John Kerry

L’envoyé spécial de Joe Biden pour le climat a annoncé le lancement d’un marché de crédits CO2 élargi, largement privé, dans l’idée d’accélérer la transition énergétique. Derrière l’apparente bonne intention, l’initiative, unilatérale, court-circuite le prudent travail collectif effectué à la COP 27 sur ces marchés de CO2.

Vers un nouveau pacte financier avec le Sud ?

Carton vert attribué à Mia Mottley

Grâce à sa pugnacité, la Première ministre de la petite île de la Barbade a gagné une certaine écoute pour son « initiative de Bridgetown » ambitionnant une réforme du système financier mondial : nouvelles ressources pour la transition énergétique et l’adaptation au dérèglement climatique des pays du Sud, issue au remboursement de leur dette, etc. Emmanuel Macron a saisi l’occasion pour annoncer une conférence internationale sur le sujet en juin 2023 à Paris.

Patrick Piro

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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