© Roberta Valerio

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COP 28 : tout ce qu’il faut savoir sur le rendez-vous climat de 2023

Publié le 06.11.2022| Mis à jour le 30.11.2023

La COP 28, qui a lieu du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï aux Emirats Arabes Unis, est attendue au tournant pour répondre à l’urgence climatique. Mais qu’est-ce qu’une COP et à quoi sert-elle ? On fait le point.

© Roberta Valerio
Cette année la COP 28 a lieu à Dubaï aux Emirats Arabes Unis.

La COP 28 est la conférence annuelle internationale des Nations unies sur le changement climatique.

Quand et où a lieu la COP 28?

La COP 28 se déroule du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, capitale des Emirats Arabes Unis. Cette conférence réunit les pays signataires de la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ainsi que des acteurs et actrices du climat.
Comme son nom l’indique, la COP se réunit pour la 28ème fois.

Après une année 2021 marquée par les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les méga-feux en Amazonie, en Californie, ou en Grèce et une année 2022 pire encore avec la sécheresse au Maghreb et en Europe, la poursuite de la déforestation en Amazonie, et les inondations au Pakistan… l’année 2023 ne nous a pas épargnés. Mégafeux au Canada et en Grèce cet été, inondations meurtrières, dépassement de la 6ème limite planétaire… l’action est indispensable.

Les sociétés civiles du monde entier attendent un engagement beaucoup plus fort de la part de l’ensemble des Etats pour lutter contre un réchauffement climatique qui commence à se faire durement ressentir. Or en l’état leurs engagements ne nous permettent pas de limiter le réchauffement de la planète à 1.5°C.

Qui sont les participants de la COP 28 ?

Les participants sont les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ensemble des États signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, des représentants régionaux ou locaux.
La conférence accueille aussi des acteurs non-étatiques qui ont un statut d’observateurs, comme ceux du secteur privé : des représentants de la finance, des entreprises, et des investisseurs. Des membres de la société civile et des ONG peuvent également assister aux débats comme observateurs.

D’après le journal Le Monde “Plus de 97 000 personnes (délégations, médias, ONG, lobbys, organisateurs, techniciens…) sont accréditées pour la COP 28, soit deux fois plus que l’an dernier, et environ 180 chefs d’Etats et de gouvernements sont attendus d’ici le 12 décembre, fin théorique de la conférence.”

Seuls les Etats participent aux négociations.

Cette année le pape, très engagé sur le climat,  a annoncé sa participation pour la première fois à l’événement, avant de finalement annuler sa venue pour des raisons de santé.

Lire aussi  : Laudate deum, 10 extraits frappants du pape Francois sur la crise climatique

Quel était le bilan de la COP 27 ?

Un fonds de compensation pour les pays les plus vulnérables

La COP27 s’est soldée sur une avancée majeure : les pays du Sud ont obtenu la création d’un fonds de compensation des pertes et dommages climatiques. Un fonds destiné à financer la réponse aux impacts des catastrophes climatiques, dont sont majoritairement victimes les pays les plus vulnérables alors qu’ils ont le moins contribué au réchauffement de la planète. Si la COP 27 en a acté le principe, c’est la COP 28 qui va en définir les contours et lui donner corps véritablement. Il va notamment falloir que les Etats les plus riches s’engagent à le financer.

L’échec à contenir le réchauffement

Parmi les grosses déceptions de la COP 27 figure l’échec à fixer de nouveaux engagements pour la baisse des émissions de GES, alors que l’objectif de contenir le réchauffement à +1.5°C, et même à +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, devient irréalisable.

Lire aussi  : Bilan de la COP 27, avancées et cartons rouges

Quels sont les enjeux de la COP 28 ?

1- Pas seulement des annonces, mais des actes 

De 3,3 à 3,6 milliards de personnes (quasiment la moitié de la planète) vivent désormais dans des zones très vulnérables au changement climatique.  

L’époque n’est plus aux effets d’annonces mais à la mise en œuvre des mécanismes de réduction des gaz à effets de serre.  

2- La justice climatique 

Depuis 6 ans, les négociations internationales sur le climat sont âpres, marquées par un fossé croissant entre l’urgence climatique et le manque d’engagements concrets des Etats du Nord. 

Les Etats du Sud durement frappés par le réchauffement climatique vont demander plus aux pays historiquement responsables du réchauffement climatique. Ils demandent le respect des engagements financiers déjà pris et plus d’aide. C’est ce qu’on appelle la justice climatique.

3- L’évaluation 

L’Accord de Paris avait tout prévu, c’est-à-dire un mécanisme d’évaluation, appelé Bilan Mondial, qui aura lieu pour la première fois à la COP28 cette année. Ce mécanisme est toujours dans une phase de collecte des données afin de pouvoir évaluer au mieux les efforts des pays et identifier les blocages à l’action climatique. Il est capital que les pays construisent un mécanisme robuste afin qu’ils puissent rendre des comptes sur les progrès réalisés, et la COP27 a eu un rôle important à jouer en ce sens 

4 – Un traité de non-prolifération des combustibles fossiles

La bonne surprise de la COP28, c’est une résolution du Parlement européen, adoptée neuf jours avant l’ouverture des discussions, qui appelle les États à travailler sur l’élaboration d’un traité de non-prolifération des énergies fossiles.  C’est la deuxième année successive que le Parlement européen appelle formellement à un nouvel instrument en ce sens. Le point positif, c’est que de plus en plus de gouvernements commencent à vouloir aller dans cette direction. 

Aujourd’hui, les énergies fossiles sont responsables de plus de 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre selon l’ONU.  A travers sa résolution, le Parlement européen souligne la nécessité de les supprimer et de cesser tout nouvel investissement dans l’extraction de ces combustibles. 

En tant que principaux contributeurs des émissions provenant d’énergies fossiles, les pays européens doivent opérer une transition vers la suppression de ces énergies, mais aussi soutenir les économies qui ont moins de capacités à opérer de tels changements. 

La COP 28 révélera bientôt si la question de l’élimination des énergies fossiles sera abordée et négociée en faveur de l’élaboration d’un traité et d’un plan mondial qui l’accompagnera. 

Qu’est-ce qu’une “COP” ?

L’acronyme COP (Conference of Parties) signifie la conférence de toutes les parties (ou états) signataires de la Convention-Cadre de l’ONU sur les changements climatiques.
Cette convention (CCNUCC), adoptée en 1992, reconnaît l’existence de dérèglements climatiques et vise à stabiliser le taux d’émission de gaz à effet de serre (GES) en proposant des solutions dans le cadre d’une coopération internationale.

Quelle est l’histoire de la COP ?

C’est la Convention-Cadre des Nations Unies sur le Climat qui a donné naissance à la COP.
Ainsi, depuis 1995, les états signataires se retrouvent une fois par an, dans une ville différente, pour deux semaines de discussions et de négociations autour du climat. (voir en bas de cet article les grandes dates des COP)

L’enjeu : trouver des solutions pour ralentir le réchauffement climatique et assurer un suivi des accords mis en place.

À quoi servent les COP ?

Les COP ont pour objectif de limiter les émissions des gaz à effet de serre anthropiques (d’origine humaine) responsables du réchauffement climatique.
Les gaz à effet de serre (GES) sont des gaz qui absorbent les rayons solaires et qui les retransmettent dans l’atmosphère sous forme de radiations : c’est l’effet de serre.
Parmi ces gaz, on retrouve le dioxyde de carbone (CO2), mais pas seulement : le méthane et le dioxyde d’azote ont aussi un impact très important.
L’activité humaine accroît leurs émissions dans l’atmosphère, ce qui contribue au phénomène du réchauffement climatique.

Il existe des COP sur de nombreux sujets, mais seules celles qui portent sur le climat font l’objet d’un sommet annuel.

Et le bilan des COP précédentes, c’était quoi?

1- Des engagements trop frileux pour limiter le réchauffement

Après l’Accord de Paris signé en 2015 à la COP21, les pays s’étaient donnés jusqu’à la COP26 pour rehausser leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Peine perdue. Les efforts supplémentaires annoncés lors de la COP 26 ne devraient permettre de limiter qu’à la marge le réchauffement, qui pourrait atteindre 2,7°C à la fin du siècle. 

2- Des réticences pour aider les pays du Sud à faire face aux dérèglements climatiques

Lors de la COP 26, les pays riches, émetteurs historiques des émissions de GES , ont été frileux sur le principe d’accorder des financements nécessaires aux pays du Sud pour leur permettre de s’adapter aux impacts des dérèglements climatiques..
Ces pays, historiquement peu responsables du réchauffement climatique, sont pourtant en première ligne face aux dégâts déjà constatés : canicules, ouragans, inondations, sécheresses…
En 2009 les pays riches et industrialisés, ont promis d’octroyer 100 milliards de dollars par an aux pays du Sud à partir de 2020. Mais cette promesse peine à voir le jour. 

3- Adoption de l’article 6 qui valorise la compensation carbone

Avec l’adoption de l’article 6 de l’Accord de Paris, les États ont décidé de mettre en œuvre des mécanismes de marché carbone. Ces mécanismes ouvrent la voie aux pratiques de compensation carbone.

La neutralité carbone implique un équilibre entre les émissions de GES et les absorptions du carbone par les puits. Pour l’atteindre, deux leviers sont mis en avant  : la réduction des émissions de GES et la compensation carbone. Mais comme aucune répartition claire entre les deux n’est définie, de nombreux acteurs (notamment des entreprises polluantes de l’agroalimentaire ou des énergies fossiles) misent majoritairement sur la compensation carbone pour atteindre leurs objectifs de neutralité. Cela peut passer par le financement par exemple des projets de séquestration du carbone via la plantation de dizaines de millions d’arbres en Afrique, en Asie ou en Amérique du Sud.
Mais ce mécanisme pose question à plusieurs niveaux. Parce que l’efficacité de ces projets est limitée; parce que les mécanismes de compensation, dont se sont entichées notamment les compagnies pétrolières  et l’agroindustrie, détourne les Etats de l’effort prioritaire  de réduire immédiatement et drastiquement leurs émissions. Et parce ces mécanismes font peser de risques majeurs sur les droits des communautés locales et de peuples autocthtones, notamment dans les pays du Sud. 

En effet, derrière ces mécanismes de compensation se cachent de nombreuses menaces aux conséquences irrémédiables : accaparement des terres, expropriation des populations locales, souveraineté alimentaire mise à mal, accentuation des dérèglements climatiques … 

Lire aussi : Six mythes autour de la compensation carbone 

Pour aller plus loin, lire notre rapport :La séquestration du carbone dans les terres agricoles, miracle ou alibi ?

Myrto Tilianaki, chargé de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, explique pourquoi la compensation carbone est dangereuse pour le climat, la biodiversité et les droits humains  : 

“La compensation carbone met en péril l’objectif de 1,5°C. Ce n’est pas une coïncidence si les grands pollueurs ont multiplié les annonces de neutralité carbone et encouragé les marchés carbone lors de la COP26 : cela leur permet de poursuivre leur ” business as usual ” sans prendre de mesures climatiques ambitieuses.”

Pour en savoir plus sur ce qu’il s’est passé à la COP 26 retrouver notre article : Bilan de la Cop 26, six avancées insuffisantes

Manifestation contre le climat
© Patricia Dufrien / CCFD-Terre Solidaire

sans_titre_1_.png Retour sur 25 COP : l’historique de la bataille pour des mesures contraignantes en faveur du climat

– Dès le début des COP, des objectifs chiffrés ont été établis pour limiter les émissions de GES.
Mais la mise en place d’un mécanisme juridique pour contraindre les états à respecter leurs engagements n’a pas vu le jour tout de suite.

– COP 3 : une première avancée avec le protocole de Kyoto

Il faut attendre 1997 pour qu’un mécanisme contraignant voie le jour, grâce au protocole de Kyoto, qui contraint les états à réduire de 5,2 % leurs émissions de GES d’ici 2020.
C’est une première étape, mais celle-ci reste insuffisante : seulement 37 pays industrialisés ont ratifié le traité.
Et surtout : les sanctions relatives au non-respect du protocole n’ont pas été définies.

– COP 15 : l’échec de Copenhague avec un “accord de façade”

En 2009, la COP 15 qui s’est tenu au Danemark, se solde par un échec historique. Une grande partie de la scène internationale et de la société civile, dont le CCFD-Terre Solidaire, attendaient un prolongement du protocole de Kyoto avec un accord plus ambitieux.
Le texte adopté affirme certes la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, mais il ne reste qu’un accord de “façade” non-contraignant.

COP 21 : un traité historique avec l’Accord de Paris

En 2015, est signé le fameux “Accord de Paris”.
Pour la première fois depuis 1997, les états réunis s’entendent sur un objectif commun : ils s’engagent à contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C, voir de 1,5°C, d’ici 2100.
Autre bonne nouvelle : les deux plus grandes puissances pollueuses, la Chine et les États-Unis, ont ratifié l’accord.
Mais un an après sa signature, les émissions sont déjà trop élevées pour atteindre l’objectif fixé.
Et cinq ans plus tard, aucun pays n’est en voie de l’atteindre : les prévisions estiment que la température risque d’augmenter de 3°C à 5°C d’ici la fin du siècle.

Lire aussi : Cop 21, un accord historique mais qui ne répond pas à tous les défis

-COP 25 : un manque d’ambition face à l’urgence climatique

En 2019, à Madrid, la COP la plus longue de l’histoire a laissé un goût amer au sein de la communauté internationale et de la société civile.
L’accord minimal, qui a été péniblement conclu, illustre le manque d’ambition et les profondes divisions entre les états qui n’ont pas réussi à s’entendre sur les principaux points à la table des négociations : mettant ainsi à mal le multilatéralisme dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Carton rouge attribué à John Kerry

L’envoyé spécial de Joe Biden pour le climat a annoncé le lancement d’un marché de crédits CO2 élargi, largement privé, dans l’idée d’accélérer la transition énergétique. Derrière l’apparente bonne intention, l’initiative, unilatérale, court-circuite le prudent travail collectif effectué à la COP 27 sur ces marchés de CO2

Pour aller plus loin :
COP 26 : l’impact des systèmes agricoles sur le climat et l’humanité

Cinq ans après l’accord de Paris, l’Amérique centrale frappée par les dérèglements climatiques

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