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LA-BAS
Depuis 60 ans, le CCFD-Terre Solidaire agit aux côtés de celles et ceux qui luttent quotidiennement contre toutes les causes de la faim dans le monde.
Notre objectif : permettre à tous de se nourrir durablement de la terre.
Ainsi, nous accompagnons des associations locales afin qu’elles puissent développer elles-mêmes leurs projets. Car ce sont elles qui détiennent les solutions adaptées aux réalités de leurs territoires.
Nos 60 ans d’engagement contre la faim nous ont appris une chose importante : si nous donnons à chacun les moyens de prendre en main son destin, vaincre la faim est possible.
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Timor Leste – Permatil
L’histoire vraie d’Ego Lemos, une revanche sur la faim
Ego Lemos est un miraculé de la guerre. Aujourd’hui, c’est un chanteur mondialement connu, mais aussi une des figures emblématiques de l’association Permatil qui développe, entre autres, l’enseignement de la permaculture à l’école. Il n’est jamais trop tôt pour apprendre à lutter contre la faim.
Retour en arrière
Nous sommes en 1975. Ego a 3 ans lorsque son pays, le Timor Leste est attaqué par l’Indonésie. Déjà fragilisé après quatre siècles d’occupation portugaise, ce petit pays doit de nouveau se battre contre un occupant. Son père prend les armes et entre en résistance. Le petit garçon ne le reverra plus jamais. Devant l’avancée de l’armée occupante, le reste de la famille prend la fuite. La forêt, les grottes, les montagnes deviennent leurs refuges. Durant près de 4 ans et demi, Ego et sa famille errent, se cachent et survivent avec d’autres réfugiés. Ils dorment à même le sol, mangent et boivent ce qu’ils trouvent. “C’est là que je me suis connectée avec la nature” confie Ego à un journaliste venu l’interroger des années plus tard.
L’armée finit par les encercler. Après une période de détention, Ego et sa maman retrouvent une semi-liberté et le petit garçon découvre ce qu’est une école à l’âge de 10 ans.
Reconstruire un pays ravagé
Au fil des ans, sous l’occupation, il voit son île se métamorphoser. Des cultures de riz s’implantent partout, entraînant une déforestation massive et une perte de la biodiversité. Dans les foyers, la consommation de riz supplante les produits locaux. Le riz est bon marché car subventionné et il fait désormais partie intégrante de la culture.
Mais en 1999, après le départ des Indonésiens, il faut se rendre à l’évidence: ce système agro-industriel à base de semences hybrides, de pesticides et d’engrais a totalement ruiné les ressources locales ancestrales. Avec le réchauffement climatique, les cyclones, les inondations, les sécheresses deviennent de plus en plus fréquents et mettent les récoltes à rude épreuve. La population, dont 65% vit des activités agricoles, est très pauvre. En 2009, près de la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition.
Passionné de musique mais aussi de permaculture, Ego effectue deux séjours en Australie pour en apprendre davantage sur cette démarche agroécologique. Devenu adulte et voyant poindre la catastrophe, il décide d’agir. Car si rien n’est fait, les nouvelles générations vont devoir faire face à des crises alimentaires à répétition et vont être confrontées à la faim.
Pour résoudre le problème de sécurité et de souveraineté alimentaire, Ego et ses amis militent pour une forme d’agriculture naturelle “Cultiver pour se nourrir, avec les richesses et les ressources locales”. Ils fondent l’association Permatil et sillonnent le pays, à la rencontre d’agricultrices et d’agriculteurs, avec lesquels ils adaptent les principes de la permaculture aux savoirs paysans. Ils les aident à engager des démarches agroécologiques durables pour régénérer les sols et retrouver leur sécurité alimentaire.
Ils œuvrent également pour soutenir la réhabilitation des bassins versants afin de s’adapter aux fortes pluies et de stocker l’eau en cas de sécheresse.
Éduquer pour éradiquer la malnutrition
En 2015 ils font voter une loi inédite dans le monde permettant d’intégrer la permaculture et l’aménagement de jardins potagers dans les programmes scolaires. Avec l’aide du CCFD-Terre Solidaire, ce projet pédagogique de “Jardins permaculturels à l’école” est mis en œuvre à l’échelle nationale. Dans chaque école, ces jardins permettent aux élèves de consommer les légumes, et une partie est vendue, ce qui permet de financer la cantine. De plus, ils sont utilisés à des fins éducatives. Ils permettent d’enseigner la nutrition, l’art, la culture, les sciences naturelles, sociales.
C’est aussi une façon d’impulser l’envie de cultiver dans les foyers. “Quand les enfants rentrent chez eux, ils rapportent des connaissances provenant du jardin scolaire et le reproduisent dans leur jardin familial.” Apprendre et transmettre dès la petite enfance est une des solutions pour lutter contre la faim.
Ego est heureux. Cent cinquante écoles du pays ont déjà créé ces jardins potagers où cultivent enfants et parents. “C’est important d’apprendre à manger des produits frais” dit-il. “C’est également essentiel de montrer que vivre avec la nature est une fête.”
République Démocratique du Congo – UWAKI
L’histoire vraie de Salama-Maria : nourrir sa famille malgré la guerre
Une femme propriétaire dans un monde d’homme
Salama-Maria n’est pas une femme paysanne comme les autres. Dans la région des grands lacs, au Nord-Kivu en République démocratique du Congo, là où les terres sont quasi exclusivement détenues et gérées par les hommes, Salama-Maria détonne par son indépendance. Elle cultive son propre champ et fait figure d’exception.
Ici les femmes doivent lutter pour avoir accès à la terre. La société patriarcale les empêche de faire entendre leur voix et de prendre des décisions sur les activités agricoles. Même en cas de décès de leur conjoint ou de leur père, la coutume limite leur possibilité d’hériter. À tout moment, elles peuvent se faire expulser de leurs terres. Ce sont pourtant elles qui cultivent et sont les piliers économiques de la famille.
Tout perdre
Son petit village est situé dans un territoire en guerre à 200 km à l’ouest de Goma. La zone est envahie de groupes armés violents qui sèment régulièrement la terreur. Un jour son village est attaqué par un groupe armé. Elle fuit pour sauver sa famille.
La reconstruction tant bien que mal
Elle part se réfugier à Saké en quête de sécurité. Mais il est difficile pour une femme seule de repartir à zéro dans ce contexte troublé et sans aucune aide. Sa rencontre avec l’association Uwaki (l’Union des femmes paysannes du Nord-Kivu) lui permet de se relever.
Cette organisation de paysannes créée en 1997, soutenue financièrement depuis quinze ans par le CCFD-Terre Solidaire, lutte pour l’émancipation des femmes. Elle leur donne accès à des formations, des microcrédits, et les aide à défendre leurs droits.
Grâce à ses actions, l’association a permis à 3000 femmes d’accéder à plus de 2000 hectares de terre au Nord Kivu.
Salama-Maria en fait partie. Elle cultive à présent un petit champ qui lui permet de nourrir sa famille et de gagner sa vie. Avec les autres femmes d’Uwaki, elle transforme et vend ses récoltes. Ainsi elle ne dépend d’aucune aide financière ni alimentaire. Elle est autonome et compte bien le rester.
Bolivie – CIPCA
L’histoire vraie de Joaquin, passé de la monoculture à l’agroforesterie
L’histoire de Joaquin est celle d’une famille à l’activité ancestrale mise à mal par la monoculture intensive et un système qui incite les agriculteurs à produire toujours plus et plus vite. C’est aussi l’histoire d’une renaissance et d’une réussite en harmonie avec la nature. Une histoire qui donne de l’espoir.
Le temps des durs travaux des champs
Joaquin et sa femme sont des petits paysans du nord de la Bolivie. Ils vivent dans la région de Chiquitania à proximité de la frontière brésilienne. Ils se lèvent tôt chaque jour, exploitent leur terre, travaillent dur et ne sont pas très riches. La famille s’agrandit et Joachim se demande s’ils auront un jour, les moyens d’envoyer leurs enfants à l’université et de leur donner un avenir.
L’appel de la modernité
Alors ils se laissent tenter par la monoculture intensive. Depuis plusieurs mois déjà, de gros propriétaires qui possèdent des surfaces qui dépassent parfois les 15 000 hectares, en vantent les bienfaits. Une solution idéale, simple et efficace selon eux pour sortir de la misère. Enthousiasmés par ces formidables perspectives qui leur sont promises, ils décident de se lancer dans la culture intensive du maïs et du riz. Après tout, il faut vivre avec son temps.
Les prêts bancaires se succèdent pour acheter les semences, puis pour acheter les engrais et les produits phytosanitaires indispensables pour permettre à ces plantes, non adaptées au climat et aux maladies, de se développer. À cela s’ajoute l’achat des machines nécessaires à l’exploitation de larges surfaces.
La somme empruntée donne le vertige mais la promesse des récoltes à venir les rassure et ils se mettent au travail.
La dure réalité
La saison des pluies arrive. Tout se gâte. Leurs terres sont situées dans une région basse propice aux inondations. Et avec le changement climatique, ces catastrophes naturelles sont de plus en plus fréquentes. En quelques heures, ils perdent toutes les récoltes sous des mètres cubes d’eau. Il faut tout recommencer à zéro. La banque ne veut rien entendre. Joachim est paralysé par la peur. Il perd le sommeil. L’angoisse le tenaille. Et s’il avait fait le mauvais choix ?
Mais comment revenir en arrière ? Pour cultiver du maïs et du riz, Joachim et son épouse ont arraché tous les arbres qui protégeaient les sols du soleil. Désormais sans protection et abîmés par les produits chimiques déversés en grande quantité, les sols sont secs, brûlés, affaiblis. Plus rien ne pousse naturellement.
Ils pensaient construire un monde meilleur pour leurs enfants et les générations futures, ils ont rendu la terre de leurs ancêtres stériles.
Dans un réflexe de survie Joaquin se rapproche de CIPCA. Cette organisation soutenue par le CCFD-Terre Solidaire accompagne les initiatives agricoles locales qui respectent l’environnement.
L’espoir renaît
Auprès de cette organisation, Joaquin trouve l’accompagnement technique dont il a besoin pour revenir à une culture plus naturelle. Il découvre les avantages de l’agroforesterie, redonne vie au sol, replante des arbres. Toute la famille suit les formations. Ils abandonnent le riz et le maïs et se tournent vers la culture du cacao, de la carambole, du pomelo, de la banane, du pacay, de l’aji, de la mandarine… Ils décident également d’installer des ruches, de faire un peu d’élevage et de produire du fromage, un peu de café, du chocolat.
Peu à peu ils renouent avec le “buen vivir”, le bien vivre, cher aux habitants de la région. Le bien vivre pour Joaquin, c’est une productivité qui prend en compte le bien de tous. À la fois douce pour la forêt et source de revenus pour le paysan.
Tout en respectant l’environnement Joachim et ses proches mangent à leur faim, peuvent se soigner, vivre dignement et garantir l’éducation des enfants.
Ils consomment leur production et commercialisent le reste sur les marchés locaux, dégageant ainsi un revenu qui permet à chacun d’envisager l’avenir sereinement. L’angoisse du lendemain a disparu. Une exploitation verdoyante, généreuse et pleine de vie a remplacé le désert laissé par la monoculture.
Maroc – Terre et Humanisme
L’histoire vraie de Mina, qui a délaissé les pesticides pour l’agroécologie
En finir avec une agriculture tueuse
Au Maroc, l’agriculture conventionnelle intensive tue l’équilibre des écosystèmes, la fertilité des terres et assèche les réserves d’eau en monopolisant 90% des volumes disponibles. Un chiffre terrifiant d’autant que le Maroc subit des sécheresses à répétition. En 2022, le pays a connu la pire sécheresse depuis 40 ans.
Cette agriculture prédatrice tue parfois aussi des gens. Mina en a fait la triste expérience.
Il y a quelques années, sur sa petite parcelle d’un hectare et demi située dans le village de Sidi Moussa El Mejdoub près de Mohammedia, elle cultivait la pomme de terre, la tomate, le poivron, la courgette en conventionnel intensif.
Un maraîchage sous tension qu’elle devait arroser continuellement. Chaque année, elle achetait près de 4000 euros d’intrants et vendait beaucoup, mais à bas prix.
Et puis un jour, un de ses frères s’effondre et meurt après avoir traité un champ de tomates aux pesticides. Mina, réalise brutalement le risque qu’elle fait courir à ses enfants, sa famille, ses clients. Elle fait ce métier pour nourrir ceux qu’elle aime, pas pour les faire mourir.
Elle se convertit à l’agroécologie
Syndiquée à la FNSA, qui a fait de l’agroécologie un cheval de bataille, elle commence un programme d’initiation et de formation. Un cursus né d’un partenariat engagé entre le CCFD-Terre Solidaire, la FNSA et l’association Terre et Humanisme Maroc.
Petit à petit Mina commence à transformer son exploitation. La pomme de terre et la tomate sont remplacées par les petits pois, fixateurs d’azote qui enrichissent le sol. Bientôt poussent aussi l’ail, l’oignon, le persil, l’orge mélangée aux féveroles, les fraises. Elle se met aussi à produire ses propres semences bio.
Une transformation qui fait des émules
Les autres maraîchers, sceptiques, qui observaient de loin la conversion de Mina, commencent à percevoir tout l’intérêt de ce mode de production. Les plantations sont plus résistantes, produites sans pesticides ni engrais de synthèse donc bonnes pour la santé, les sols et la biodiversité. Et surtout élément capital, c’est un système économe en ressources naturelles et plus particulièrement en eau. Une denrée qui va devenir de plus en plus précieuse au Maroc avec le changement climatique en cours.
Au sortir de sa formation, Mina est pressentie pour devenir “ambassadrice de l’agroécologie” au sein de la FNSA.
Mais la gloire de Mina, c’est ce carré émeraude opulent qui illumine sa parcelle : du quinoa, qu’elle choie “comme un bébé”. Certaines tiges approchent les deux mètres. Une expérimentation de 2022 très prometteuse. La céréale, nutritive, peu exigeante en eau, est recherchée par un nombre croissant de consommateurs qui se détournent du blé. Et les plantes de Mina sont les plus belles de la région.
Mauritanie – GRDR
L’histoire vraie de Bakary, producteur de vie
Bakary a le regard vif et la carrure du boxeur. Il y a 5 ans, face à la pauvreté et au chômage qui frappent la Mauritanie, il songe à s’exiler. Mais un pays sans jeunesse et sans agriculteur est un pays qui meurt. Au lieu de tout quitter, il choisit de cultiver la vie.
La Mauritanie, un concentré de difficultés
Pour les Européens, la Mauritanie ce sont les magnifiques paysages du littoral atlantique, le fleuve Sénégal et ses eaux poissonneuses, un sable jaune et fin, au milieu de dunes à perte de vue et des canyons magnifiques.
Pour Bakary qui vit à Kaédi, dans le sud du pays, la réalité est toute autre.
Bien que son père soit directeur de recherche en agronomie, la vie n’a rien à lui offrir ici. Depuis qu’il est né, il a toujours vu son pays se débattre face à des difficultés colossales : chômage de masse, pauvreté, insécurité alimentaire (70% de la nourriture est importée du Maroc ou du Sénégal)… Sans compter les récents effets du changement climatique.
Comment pourrait-il prétendre à un emploi décent et un avenir serein alors que tous les jeunes de son âge sont partis.
Pourquoi les choses seraient-elles différentes pour lui ?
Cette fois sa décision est prise, il va partir en Europe pour travailler la terre. Réveillé aux aurores, il enfile un tee-shirt et part annoncer la nouvelle à Walde, sa sœur qui est trésorière au port de Nouakchott. Elle le coupe aussitôt dans son élan. Comment peut-il s’exiler ? Elle est très claire : s’il veut produire des fruits et des légumes, sa place est ici, en Mauritanie.
Le pari de la terre
Avec ses économies, elle achète un terrain à proximité du fleuve Sénégal. Elle exige qu’il se forme à l’agroécologie via le programme Tapsa (Transition pour une agroécologie paysanne au service de la souveraineté alimentaire) proposé par l’association GRDR (Groupe de Recherche et de Réalisations pour le Développement Rural) en partenariat avec le CCFD-Terre Solidaire.
L’association encourage et soutient la création de fermes agroécologiques en Mauritanie afin d’améliorer l’autosuffisance alimentaire dans ces régions et permettre à chacun de vivre dignement. Sceptique sur la réussite du projet, Bakari accepte de tenter l’aventure. Il se donne deux ans. Pas un jour de plus.
Un nouveau départ
Le 14 février 2017, le jour de son anniversaire, il plante son premier manguier dans sa ferme qu’il vient de baptiser “Innovation Mangassouba”.
Aujourd’hui Bakary est à la tête d’une exploitation qui emploient des Mauritaniens, forment chaque année des stagiaires et approvisionne Kaédi et sa région. Sa ferme ressemble à une île de verdure au cœur d’un paysage sec et poussiéreux. La végétation est luxuriante. Les récoltes sont conséquentes et variées. Mangues, bananes, papayes mais aussi du raisin, des agrumes, des carottes, du manioc… Son envie de rejoindre l’Europe est définitivement enterrée. Maintenant il le sait, son avenir est ici.
Comme de nombreux autres jeunes, qui à travers la Mauritanie ouvrent des exploitations agroécologiques avec le CCFD-Terre Solidaire et le GRDR, Bakary s’investit pleinement dans le développement de son pays.
Indonésie – KIARA
L’histoire vraie de Masnuah pêcheuse et protectrice du littoral
La pêche un métier d’homme
Qu’importe les coutumes, Masnuah en a décidé autrement. À force de ténacité, elle est aujourd’hui pêcheuse. Cette victoire, elle ne la doit qu’à elle-même mais elle la veut pour toutes celles qui souhaitent prendre le large. Aussi après un long parcours d’émancipation personnel, elle s’engage dans la lutte pour soutenir d’autres femmes, leur permettre d’acquérir un statut professionnel et crée en 2010 la Fraternité des pêcheuses indonésiennes.
En Indonésie, la pêche est un secteur vital pour des millions de familles. Le poisson constitue, avec le riz, la base du régime alimentaire de la population. Environ huit millions de familles vivent par et pour la pêche. Celui ou celle qui possède une petite pirogue est sûr de manger à sa faim et de gagner sa vie.
Une source de revenus menacée
Cette pêche qui nourrit Masnuah et des milliers de pêcheuses et pêcheurs est aujourd’hui menacée par trois fléaux. Le dérèglement climatique provoque la montée et le réchauffement des eaux, ce qui modifie les lieux de procréation et les parcours de migration des poissons. Les périodes favorables à la pêche sont réduites et les prises diminuent énormément.
À cela s’ajoute la pollution des eaux. Les exploitations minières et l’agriculture conventionnelle intensive déversent leurs déchets dans les fleuves et la mer entraînant une pollution qui détruit la faune et la flore. Enfin il y a la mondialisation, l’urbanisation des côtes et l’accaparement du littoral. Les mangroves sont asséchées pour construire des quartiers huppés, des hôtels, des grands ports, les plages sont privatisées et les pêcheurs et les habitants qui vivent sur ces côtes sont chassés.
Masnuah rejoint Kiara
Près de 835 000 familles de pêcheurs sont touchées par de grands projets touristiques sur les côtes et les petites îles. Pour Masnuah, ces spoliations sont inacceptables. Son association devient alors membre de Kiara, la Coalition populaire pour la justice dans l’économie de la pêche, une organisation soutenue par le CCFD-Terre Solidaire. L’organisation défend les droits des ouvriers du secteur de la pêche et protège les écosystèmes.
Les femmes en première ligne
Masnuah part alors appuyer le combat des femmes de l’île de Pari. Des femmes fières d’avoir fait de leur île une destination écotouristique. Cependant, une filiale d’un des immenses conglomérats qui dominent l’économie indonésienne, a acheté les lieux. L’entreprise veut y construire un important complexe touristique. Elle interdit aux familles de vivre du tourisme et de la pêche, et même de rester dans leur maison. La population de Pari s’insurge. La répression commence. Le bras de fer juridique s’intensifie. Grâce à l’aide juridique, les femmes de l’île parviennent à stopper le projet. Elles obtiennent une première grande victoire en exigeant que le ministère des Affaires agraires révoque les titres de propriété et les droits de construction de l’entreprise.
Masnuah reste vigilante
Aujourd’hui à plus de 40 ans, elle continue d’agir pour que les pêcheuses s’organisent et défendent leur autonomie. Elle lutte sans répit pour que chacun puisse vivre de son travail sur la terre où il est né. Pour toutes ces femmes, l’océan est et doit rester un bien commun de l’humanité au service de l’alimentation et de la vie. Non une source d’exploitation et d’enrichissement pour quelques privilégiés.
La Fraternité des pêcheuses indonésiennes qu’elle dirige compte à présent 16 organisations actives dans 10 provinces. Au total, un millier de femmes sont impliquées, et de nouveaux groupes la rejoignent. Le travail est immense, mais la volonté d’émancipation et le désir d’autonomie plus fort que jamais.
Liban – Buzuruna Juzuruna
L’histoire vraie de Walid, semeur d’espoir
Walid a de grands yeux bleus perçants et malicieux, une carrure de travailleur, les épaules larges et les mains souvent terreuses. Cet agriculteur syrien, réfugié au Liban, apprend aux agriculteurs et aux foyers les plus précaires à cultiver autrement pour accéder à plus d’autonomie alimentaire.
L’agriculture, c’est toute sa vie
Dans la campagne d’Alep, en Syrie, l’agriculture a bercé son enfance. Ses parents étaient maraîchers et, comme ses 12 frères et sœurs, il a vite appris à prendre soin des cultures. Walid raconte : “J’ai grandi avec la terre, dans un village où on s’arrangeait pour planter différentes cultures afin que personne ne manque de rien.”
A cette époque, les agriculteurs ne sont pas riches. En Syrie, l’agriculture est conventionnelle depuis les années 1950, et les semences imposées par l’État entraînent la disparition de variétés locales plus adaptées à la région.
Sa famille, elle, continue de préserver ses semences pour conserver la diversité des variétés et garantir la qualité des aliments. Elle veut continuer de manger des tomates goutues, des abricots sucrés, et des herbes parfumées…
Et puis la guerre civile éclate en 2011
Lorsque la guerre éclate en 2011, Walid doit se réfugier au Liban. Son expérience de la terre lui permet d’y trouver un travail dans une ferme de la vallée de la Bekaa.
Il découvre alors une autre facette de l’agriculture conventionnelle. Dans les exploitations de monocultures intensives, les agriculteurs libanais travaillent avec des semences imposées qui exigent beaucoup d’eau, de pesticides, de fertilisants… Ils sont devenus totalement dépendants de l’agro-industrie étrangère.
Personne ne préserve ni ne cultive les semences anciennes, adaptées aux exigences du sol et du climat libanais. Petit à petit, le taboulé perd son goût, les aubergines sont insipides, et le houmous fade.
Sa rencontre avec Zoé et Ferdinand, deux français en voyage, va tout changer
Un jour, Walid rencontre Ferdinand, un ingénieur agronome français de passage. Ensemble, ils partagent leurs pratiques, leurs savoirs. De cette rencontre naît la première maison de conservation des semences ainsi que l’association “Buzuruna Juruzuna” qui signifie “nos graines sont nos racines”.
Ils collectent des graines issues de la région, de réseaux semenciers et de banques de semences européennes. Très vite, ils disposent d’une des plus importantes collections de semences paysannes du Proche-Orient. Soutenus par le CCFD-Terre Solidaire, ils transforment alors la maison des semences en ferme-école agroécologique.
La ferme de Saadnayel devient un laboratoire qui expérimente et diffuse les délicieuses variétés locales. Elle propose aussi des formations à celles et ceux qui en ont le plus besoin : des agriculteurs, des réfugiés, des associations de quartier, des familles en précarité ….
Quand surgit la crise économique, la ferme-école devient un rempart
Peu de temps après, le pays entre dans une crise économique sans précédent : la livre libanaise perd 85% de sa valeur. Le prix des semences, engrais et pesticides, dont sont dépendants les agriculteurs, s’envolent. Le coût de la nourriture, majoritairement importée de l’étranger, devient inaccessible même pour la classe moyenne.
Relancer la production alimentaire locale devient une urgence vitale.
La ferme-école entre alors dans la bataille. Buzuruna Juzuruna renforce la diffusion de son savoir-faire et de ses semences auprès de la population. Walid forme, conseille, apprend à utiliser les toits, les ruelles, les terrains à l’abandon pour planter. Les ventes de semences paysannes explosent.
Petit à petit, les familles et les agriculteurs se réapproprient les semences et produisent par eux-mêmes afin de ne pas dépendre uniquement de l’aide alimentaire.
Le travail à accomplir est encore immense ; mais plus il y aura de gens formés et plus l’autonomie alimentaire gagnera du terrain sur la faim.
Quand la guerre sera terminée, Walid rêve d’exporter le projet dans son village, et d’accueillir ses amis chez lui pour un repas inoubliable.
L’histoire d’Ovalson, les manguiers de l’espoir
A 24 ans, Ovalson vit non loin de la ville de Gros Morne, en Haïti. Il est le troisième d’une famille de 5 enfants. Ses parents sont des petits paysans. Une activité difficile dans ce pays régulièrement touché par les catastrophes naturelles : séisme, cyclones et réchauffement climatique frappent sans répit la population et les infrastructures agricoles. Quatre millions de personnes ne mangent pas à leur faim. Parmi elles, une majorité de familles paysannes, comme celle d’Ovalson.
Apprendre à franchir les obstacles
Ses parents n’ont pas beaucoup de moyens pour vivre. Avec 60% des haïtiens, ils survivent avec moins de 2 dollars par jour.
Mais sur leur terrain poussent quelques arbres porteurs d’un fruit délicieux, la mangue Madame francisque, une variété locale recherchée. Après le séisme ravageur de 2010, la variété locale de ce fruit juteux, sucré et acidulé est devenue la planche de salut qui leur a permis de se reconstruire.
Grace à Iteca, une organisation haïtienne soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, ils ont planté une vingtaine de nouveaux manguiers et rejoint une coopérative agricole.
Une décennie après sa création, la coopérative accompagne plus de 2 000 familles paysannes et exporte à l’étranger.
Les parents d’Ovalson décident que l’argent gagné grâce à cette culture servira à envoyer leurs cinq enfants à l’école.
« Mes parents n’ont presque rien pour vivre, mais à chaque saison, quand ce fruit est mûr, ils le vendent et utilisent cet argent pour notre éducation à nous, tous leurs enfants. Sans ces mangues, ils ne pourraient pas nous payer l’école.
Et si j’ai réussi à terminer l’école, c’est grâce à eux, parce qu’ils croient en l’éducation. Tu comprends ? » explique-t-il.
Envisager le futur différemment
Après sa scolarité Ovalson souhaite lui aussi participer au développement de la ferme. Il se rapproche de ITECA. Sous l’impulsion de l’association haïtienne, il se forme. Petit à petit, Ovalson apprend à créer une pépinière, à optimiser les plantations de vergers, à respecter les normes de certification biologique.
Grâce à l’association, il a aussi l’opportunité de participer à une université d’été autour de l’économie sociale et solidaire, qui lui offre un espace de formation .
A 24 ans, Ovalson a pris conscience que l’agriculture peut être une source de développement, pas uniquement pour lui et sa famille mais pour tout le territoire. Parce qu’ensemble, on est plus fort.
Depuis six ans, la faim dans le monde augmente inexorablement : conflits, dérèglements climatiques, hausse des prix des denrées alimentaires. 828 millions de personnes souffrent encore de la faim.
Pourtant la faim n’est pas une fatalité. Nous pouvons le dire avec l’expérience d’une organisation qui agit depuis 60 ans : des solutions existent. Et elles sont portées par Mina, Joaquin, Bakary, Salama, Masnuah… des femmes et des hommes engagés qui construisent un monde plus juste et plus durable.
Mettre un visage sur ces femmes et ces hommes qui nourrissent le monde dignement, durablement;
Vous raconter leurs histoires, réussites,
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C’est ce que nous voulons porter aujourd’hui.
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