© Anush Babajanyan
Au Bihar, les habitants de la rivière Kosi veulent faire entendre leurs voix
Au nord de l’Inde dans l’état du Bihar, la photographe Anush Babajanyan, lauréate du Prix Photo Terre Solidaire, a longé les rives de la rivière Kosi, connue pour son imprévisibilité et la variabilité de son débit. Elle est allée à la rencontre des populations de la rivière qui vivent-là, à la merci des inondations et oubliées de tous. Aujourd’hui, soutenues par notre partenaire local Paridhi, les communautés de la Kosi veulent faire entendre leurs voix.
L’État du Bihar, en chiffres :
° 100 millions d’habitants
° 1 million de personnes vivent entre les digues de la rivières Kosi
° 1 des états les plus pauvres de l’Inde
° L’agriculture représente 77 % des emplois
“ Sur notre île, il n’y a pas d’écoles, pas d’électricité, pas de route. Quand l’un de nous est blessé ou qu’un accouchement se complique, il faut apporter la personne sur un brancard à 4, payer un bateau. Il se passe plusieurs heures avant d’arriver à l’hôpital. “
Binda Devi, habitante.
La rivière Kosi dévale les plus hauts massifs de l’Himalaya à 7.000 mètres d’altitude, pour se déverser dans la grande plaine népalaise et rejoindre le fleuve Gange au Nord de l’Inde, à Bhagalpur.
Les populations riveraines honorent leur rivière, source de vie et de fertilité. Mais, elles la redoutent aussi pour ses crues dévastatrices pendant la mousson, à tel point que les anglais à l’époque de la colonisation la surnommèrent : le “Chagrin du Bihar“.
Au milieu des années 1950, la rivière fait l’objet d’un vaste plan d’aménagement. Des digues sont construites pour la contenir sur une largeur de 20 kilomètres. Un immense barrage hydroélectrique est également érigé à la frontière avec le Népal.
Les oubliés de la rivière Kosi
La plupart des digues, (terrains surélevés le long de la rivière), ont été construites sous Nehru et ont participé, au fil du temps, à changer le cours de la rivière. À cette époque, la population qui vivait au cœur de l’emplacement délimité par les nouvelles digues reçut la possibilité de s’installer de l’autre côté des digues, mais seulement avec de quoi installer une petite maison, sans la possibilité de cultiver des terres. Les communautés, appartenant aux castes les plus basses comme les Musahars, restèrent-là au cœur des digues, dénuées de tout et livrées à leur sort.
Avec le temps, le lit de la rivière s’emplit de sédiments et les moussons extrêmes, causées par la fonte des glaciers de l’Himalaya menacent les populations qui étaient jusque-là, à l’abri derrière les digues. En 2008, des ruptures de digues ont provoqué des inondations catastrophiques et la mort de plus de 3.000 personnes.
Cette année là Mahendra Yadav, comme d’autres volontaires venus de toute l’Inde, découvre la détresse de ces populations à la merci des eaux. Quelques années plus tard, il crée l’organisation Koshi Navnirman Manch pour soutenir les populations affectées et les aider à porter leur voix.
Elles témoignent
Le défi de se nourrir
Priyatam Mukhia
Priyatam Mukhia, 72 ans, appartient à une grande famille de pêcheurs. Son père était président d’une coopérative qui a compté jusqu’à 425 membres, lui-même était vendeur de poissons. Cet ancien vendeur de poisson à vu la situation se détériorée à cause de la pollution.
Le pêche artisanale, sentinelle de la biodiversité
Au moment de la mousson, la rivière envahit les champs et se contamine au contact des engrais et des pesticides. L’eau est polluée, et les effectifs de poissons s’effondrent. De plus, les barrages, notamment celui de Farraka sur le Gange dans lequel se jette la rivière Kosi, ne permettent plus aux gros poissons de remonter le fleuve pour se reproduire. Des trappes à poissons ont bien été prévues pour autoriser leur passage, mais la plupart, envahies par les sédiments, fonctionnent mal. Les pêcheurs ne peuvent plus vivre de leurs activités et beaucoup partent pour travailler dans les grandes villes.
Priyatam a rencontré les membres de Paridhi après les inondations catastrophiques de 2008. Sensibilisé aux problèmes des pêcheurs, Paridhi soutient une coopérative agricole qui forme ses membres à utiliser les engrais de manière rationnelle, et leur fait découvrir des fertilisants écologiques. Une action indispensable pour réduire la pollution de la rivière.
Le défi de la scolarisation
Faire entendre leurs voix
“ Les gens ne savent comment nous vivons ici. Il y a pourtant des solutions. Mais nous devons nous faire entendre pour qu’elles soient mises en oeuvre. “
Binda Devi, habitante.
Textes et témoignages rapportés par Anne-Isabelle Barthélemy pour le CCFD-Terre Solidaire
avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE
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