Food system summit : alerte sur un sommet coopté par le secteur agro-industriel

Publié le 21.09.2021| Mis à jour le 01.07.2022

L’Onu organise les 23 et 24 septembre un sommet pour la réforme des systèmes alimentaires. Dénoncé par nombreuses organisations paysannes et de la société civile, mais aussi des Etats et des scientifiques, ce sommet, auto-baptisé « sommet des peuples », met en péril l’avenir de notre agriculture et de notre alimentation.

Regardez l’interview réalisé par TV5 Monde de Jean-Francois Dubost, directeur du service plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire, qui dénonce un Hold up sur le Food system summit.

Un sommet : « Business as usual »

Le monde de la recherche n’aura qu’un rôle consultatif, et la représentation citoyenne, concédée pour calmer les ONG et les mouvements sociaux, est cantonnée à des fonctions marginales

Valentin Brochard

Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a décidé d’organiser les 23 et 24 septembre un Sommet sur les systèmes alimentaires.

Une initiative a priori indispensable, mais très vite sous le feu des critiques. « Ce sommet prépare un saut en arrière de 20 ans ! » s’alarme Valentin Brochard, chargé de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre solidaire. Car il s’appuie principalement sur le Forum économique mondial (FEM) de Davos.

Exit le Comité sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA), plateforme pilotée par les 193 pays de l’Onu et dotée d’un original Mécanisme de la société civile (MSC) depuis la crise alimentaire de 2009.

« Le CSA travaille pourtant depuis des années sur une réforme des systèmes alimentaires avec les principaux intéressés – paysans, pêcheurs, communautés autochtones, etc. Mais il faut croire que cette montée en puissance de la société civile internationale constitue une menace pour les intérêts économiques en place. »

Car, en dépit de modifications cosmétiques (le CSA a finalement été invité, mais uniquement à titre consultatif), le sommet s’est doté d’une gouvernance caricaturale, inspiré du « multi-acteurisme » cher à Davos.

Toutes les parties prenantes ont en principe voix au chapitre, mais dans les faits aucun encadrement ou accompagnement n’est proposé, notamment concernant les conflits d’intérêt.

Cela sert les intérêts des plus fortunés et diminue drastiquement le poids des Etats les plus pauvres et des acteurs de la société civile vis-à-vis des multinationales.

« Ce sommet n’a rien d’inclusif. Les acteurs avec un poids économique et diplomatique jugé comme plus faible, n’y ont quasiment pas été entendus. C’est le cas de certains États mais c’est surtout le cas de l’immense majorité des acteurs de la société civile du sud. » détaille Valentin Brochard.

Malgré les critiques récurrentes, aucune remise en question de fond n’est pourtant envisagée par les organisateurs du sommet.

Ignorant volontairement la réalité de la crise alimentaire induite par la pandémie COVID 19, ces acteurs ont construit le sommet pour satisfaire les intérêts financiers de quelques grands groupes.

Les termes de souveraineté alimentaire, de relocalisation, d’agroécologie paysanne ou de marchés locaux ne vont donc guère résonner durant le sommet : ce dernier entend privilégier des « solutions de rupture » s’inscrivant dans leur quasi-unanimité dans le système agricole industriel.

« De quoi faire la part belle aux biotechnologies ou à l’intelligence artificielle. C’est un sommet, qui ne change rien mais qui utilise la lutte contre la faim comme un argument marketing pour permettre à quelques entreprises de faire du business »

Au point que les organisations de la société civile et de nombreux acteurs indépendants et onusiens ont décidé de le boycotter.

Fin juillet, le panel de scientifiques IPES-food et le rapporteur spécial des Nations Unis sur le droit à l’alimentation ont ainsi démissionné des instances préparatoires du sommet.

L’ancien directeur général de la FAO, le Brésilien José Graziano da Silva, a quant à lui publié une tribune, à quelques jours du rendez-vous, enjoignant les organisateurs d’appliquer les règles onusiennes en matière de conflit d’intérêts.

Ces critiques ont même pris une tournure institutionnelle quand le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a produit, le 22 septembre dernier, une note officielle expliquant par le menu comment le sommet marginalisait les droits de l’homme et excluait les plus vulnérables de la table des négociations.

Sur les quelque deux milliards de personnes ayant souffert d’insécurité alimentaire en 2019, la moitié vit de la culture, de l’élevage ou de la pêche. Un comble, quand cette agriculture familiale produit l’essentiel des aliments consommés dans le monde.

Basés sur la primauté d’une agro-industrie intensive en intrants chimiques et en énergies fossiles, les sytèmes alimentaires dominants dégradent les écosystèmes, détruisent la biodiversité, génèrent le tiers des gaz à effet de serre, creusent les inégalités économiques et sociales. « Ils ne sont pas conçus pour servir les populations, et sont impuissants à assurer leur sécurité alimentaire et à les nourrir convenablement à long terme. »

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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