© Clément PUIG

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France : quels sont les enjeux de la souveraineté alimentaire ? (podcast)

Publié le 25.03.2024| Mis à jour le 28.03.2024

Qu’est-ce la souveraineté alimentaire ? Quels sont ses enjeux aujourd’hui, dans le monde et en France ? Lorine Azoulai, ingénieure agronome et chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire, nous apporte son analyse au micro de Melchior Gormand sur RCF et aux côtés d’autres experts.

Au CCFD-Terre Solidaire, nous avons fait de la souveraineté alimentaire un pilier essentiel de notre stratégie du lutte contre la faim dans le monde. Alors que la souveraineté alimentaire surgit dans le débat politique, voici quelques clés pour comprendre ce qu’est la souveraineté alimentaire, et la manière dont elle est utilisée dans le contexte français.

Qu’est-ce que la souveraineté alimentaire ?

La souveraineté alimentaire est définie dans le droit international. C’est “le droit des peuples à une alimentation saine, culturellement appropriée et produite avec des méthodes durables. Et surtout, c’est le droit des peuples à définir leur propre système agricole et alimentaire. Cette notion, elle est reconnue dans la déclaration des Nations Unies pour le droit des paysans et des travailleurs en zone rurale“, nous rapelle Lorine Azoulai.

La souveraineté alimentaire est aussi une question de liberté : “je choisis“ et “je participe aux processus d’élaboration des politiques agricoles et alimentaires“ pour décider de mon système alimentaire.

Comme l’explique Lorine, le concept de souveraineté alimentaire repose sur 3 notions clés. La souveraineté alimentaire, c’est une approche par les droits. C’est une notion de démocratie. Enfin, la souveraineté alimentaire des uns, ne doit pas nuire à celle des autres.

En France, quel est l’état de nos systèmes alimentaires ?

Actuellement, la France, tout comme de nombreux pays dans le monde, doit relever le défi d’assurer la souveraineté alimentaire de sa population, en préservant son patrimoine agricole et en soutenant ses agriculteurs. Pour Lorine, nous sommes loin d’être dans une position satisfaisante pour de nombreuses filières. Elle donne plusieurs exemples à l’appui.

On importe au moins un tiers des fruits et légumes que l’on consomme. Et on importe aussi dans les filières où l’on est pourtant en production excédentaire, comme le blé dur alors qu’on en produit 1,5 fois nos besoins.

“On pourrait se dire, c’est très bien : on va pouvoir consommer 100 % de nos besoins et exporter nos excédents”. En réalité, on importe 75 % du blé dur que l’on consomme en France (…). “Il y a une non-adéquation entre l’offre et la demande”. Or, “la dépendance aux exportations, c’est aussi une forme de dépendance qui fragilise nos filières”.

Régulation et concurrence déloyale  ?

Pour Lorine, c’est important de rappeler qu’on ne peut pas uniquement penser le protectionnisme alimentaire et la protection de nos marchés français, sans tenir compte de l’impact de nos systèmes agricoles et alimentaires dans les pays du Sud.

Pour illustrer son propos, elle prendre l’exemple concret des pesticides. “En Europe, on continue d’exporter des pesticides interdits sur nos territoires vers les pays du Sud. Et ensuite, il y a tout un discours qui consiste à dire : on veut limiter l’importation de produits qui contiennent ces pesticides-là”. On peut s’interroger, estime-t-elle. N’y a-t-il pas une forme “d’incohérence” ou “d’hypocrisie” ?

Parler des formes de concurrences déloyales que l’on vit aujourd’hui sur nos territoires en France, c’est aussi parler des formes de concurrences déloyales qu’on exerce par ailleurs, et c’est important d’avoir une cohérence dans la façon dont on adresse ces distorsions-là, en se disant : balayons aussi devant notre porte et faisons-nous aussi l’effort de réduire nos impacts délétères sur les économies rurales des pays tiers.

Lorine Azoulai, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire.

Il est vital de réformer nos systèmes alimentaires

Aujourd’hui, nos systèmes alimentaires et agricoles sont à bout de souffle et montre leurs limites. Il est temps d’amorcer une transition vers des modèles plus durables.

Lorine cite l’exemple du scénario “Ten years for agroécologie”. Celui-ci montre qu’en produisant moins, mais mieux en matière d’élevage, on pourrait atteindre des systèmes agricoles qui soient plus vertueux. Car, “une des problématiques majeures avec l’élevage aujourd’hui, comme dans d’autres filières, c’est qu’on est entré dans une espèce de course à la compétitivité à l’échelle mondiale”, estime-t-elle.

Il faut vraiment se questionner sur la qualité et la valeur de notre alimentation. Est-ce qu’on veut une alimentation qui est très peu qualitative, qui nous coûte très cher qui va causer des impacts négatifs à la fois en termes de santé et socio-économiques dans les pays vers lesquels on exporte ? Ou, est-ce qu’on veut une alimentation qualitative qui soit synonyme de bien-être animal et de préservation ? –

Lorine Azoulai, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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