Eitan Bronstein, fondateur de Zochrot

Eitan Bronstein, fondateur de Zochrot

L’association Zochrot sensibilise les Israéliens à la Nakba

Publié le 07.08.2013| Mis à jour le 08.12.2021

L’association Zochrot, qui signifie se souvenir en hébreu, s’est donnée pour objectif de sensibiliser le public israélien à la « Nakba », qui signifie en arabe “la catastrophe” vécue en 1948 par les Palestiniens au moment de la création de l’état d’Israël. Pour cette association israélienne, une meilleure compréhension de ces événements, qui firent de plus de la moitié Palestiniens des réfugiés, est fondamentale pour l’avenir des deux sociétés.

Que s’est il passé en 1948?

  • Pour les Palestiniens, la nakba signifie la catastrophe,
    En 1948, la proclamation de l’Etat d’Israël entraine l’attaque et la défaite des pays arabes. 600 à 800 000 Palestiniens sont chassés et fuient au Liban, en Jordanie, en Syrie et en Egypte. Environ 400 villages sont entièrement détruits et disparaissent du paysage.
    La résolution 194 de l’ONU dispose dès décembre 1948 :

    « qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les gouvernements ou autorités responsables ».

    Mais tous les gouvernements israéliens successifs s’opposeront à l’application de ce “droit au retour”, par peur que le retour des réfugiés remette en cause le caractère juif de leur Etat nouvellement créé.
    Avec « la Loi des absents », l’Etat Israélien s’approprie les biens des réfugiés qui n’ont plus le droit de rentrer chez eux. Les biens « abandonnés » sont vendus par le nouvel état à des Israéliens qui, aujourd’hui, ignorent souvent tout de l’histoire des lieux.
    Les réfugiés palestiniens et leurs descendants forment désormais une population de 4,8 millions de personnes dispersées dans tout le Moyen-Orient qui attendent toujours justice.
    Pour les Palestiniens, le 15 mai 1948 est devenue la date commémorative de la « Nakba », la catastrophe en arabe, symbole de l’expulsion, de l’injustice et de la dépossession de leur peuple.

  • Pour les Israéliens, la nakba est un sujet tabou
    Pour les Israéliens, la référence à la Nakba et à la population qui vivait là avant 1948 reste taboue.
    Ce déni se retrouve dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie à l’école, sur les cartes du pays et les panneaux touristiques qui ne mentionnent jamais les Palestiniens qui vivaient là avant 1948.
    Le sujet est si sensible que depuis mars 2011, une nouvelle loi surnommée « anti-nakba » interdit aux établissements et organisations recevant des fonds publics d’employer ce mot, sous peine de voir leurs financements coupés.
    Pour beaucoup d’Israéliens, la reconnaissance de l’injustice faite aux réfugiés Palestiniens signifierait leur retour massif, et donc la fin d’un Etat d’Israël à majorité juive.
    L’association veut faire réfléchir les Israéliens au-delà de cette peur qui bloque souvent toute discussion avec les Palestiniens et les réconcilier avec leur propre mémoire.


L’association veut faire la lumière sur le passé

Les membres et sympathisants de Zochrot, qu’ils soient militants, étudiants, professeurs, ou même anciens militaires sont convaincus que

« la vérité historique et la reconnaissance de la responsabilité sont des passages obligés de la réconciliation ».

Car ce passé « qui ne passe pas » conditionne aujourd’hui encore les rapports entre Israéliens et Palestiniens. Zochrot explique sur son site Internet :

« Les principales victimes de la Nakba sont les Palestiniens, et particulièrement les réfugiés, qui ont tout perdu. Mais les juifs en Israël payent aussi un prix pour leur conquête de la terre en 1948, en vivant dans une peur constante et sans espoir. »

Refusant la fuite en avant des gouvernements israéliens successifs et leur logique guerrière, les Israéliens membres de Zochrot veulent envisager un autre avenir où Palestiniens et Israéliens seront égaux en droit.


La Nakba est-elle toujours une question d’actualité?

Pour Zochrot, la Nakba est bien une question d’actualité car elle détermine toujours la situation d’aujourd’hui et la dépossession programmée des Palestiniens.

A travers la Nakba, ce sont non seulement les racines mais la continuité du conflit que l’association veut mettre en évidence. Car aujourd’hui, en Cisjordanie et à Jérusalem par exemple, les expulsions et la « Loi des Absents » sont encore utilisées par les autorités israéliennes pour développer la colonisation comme elles l’ont été en 1948 pendant la Nakba.


Des activités de sensibilisation concrètes

Basée à Tel Aviv, Zochrot cherche à surmonter l’ignorance autour de la Nakba de la société israélienne, et plus particulièrement du public juif israélien, et à l’y sensibiliser.
Plusieurs projets pédagogiques offrent au public israélien l’opportunité de libérer sa parole en posant des questions et en s’informant. L’association s’appuie notamment sur le travail mené par les nouveaux historiens israéliens et des chercheurs palestiniens qui apportent de nouveaux éclaircissements sur ce qui s’est passé en 1948.

  • Les visites historiques de Zochrot
    Afin de sensibiliser le public israélien, l’association organise régulièrement des activités pédagogiques, et notamment des visites sur l’emplacement de villages ou des quartiers détruits en 1948. Souvent des déplacés et des réfugiés palestiniens viennent raconter aux participants et aux habitants Israéliens l’histoire des lieux disparus. L’objectif est toujours de questionner et susciter des échanges autour de l’histoire concrète d’un lieu, avant pendant et après 1948. L’association remarque qu’en libérant la parole autour d’un lieu dont l’histoire est reconstituée, d’autres sentiments que la peur et la haine se dessinent et ouvrent de nouvelles perspectives : « Quand le fantôme de ce passé refait surface (grâce à Zochrot, par exemple), il déclenche l’étonnement et la colère. Si, cependant, nous dépassons ces émotions pour comprendre de manière plus objective ce passé qui nous menace, nous pouvons trouver la clé de la réconciliation environ soixante ans après la Nakba » écrit Eitan Bronstein. Ces visites sont aussi ouvertes aux touristes de passage.
  • Un lieu ressource visant à rassembler l’information sur les circonstances de la Nakba.
    A Tel Aviv, Zochrot est un lieu d’échange culturel, abritant des expositions et publiant un magazine mensuel, Sedek (fissure en hébreu). L’association publie des brochures et des cartes documentant les destructions des biens des communautés palestiniennes depuis 1948.
    Des conférences et des groupes de travail en partenariat avec des associations palestiniennes sont régulièrement organisés, notamment pour envisager les différentes possibilités concrètes de mise en œuvre du droit au retour des réfugiés palestiniens, droit pour lequel Zochrot milite. Lors du vote de la loi pénalisant toute commémoration de la Nabka en 2011, Zochrot a organisé avec d’autres associations une manifestation à Tel Aviv, afin de dénoncer son caractère anti-démocratique.
  • Eduquer à la Nakba
    L’association plaide pour l’introduction de la Nakba dans les programmes scolaires israéliens. Elle a publié un guide pédagogique et organise régulièrement des ateliers de formation à l’attention des éducateurs et des professeurs. En 2011, l’association estime que plus de 1500 élèves auraient été sensibilisés. Mais l’association constate que les enseignants ont maintenant peur de mesures éventuelles que le Conseil israélien de l’Education pourrait prendre contre eux, suite à la loi sur la Nakba, et refusent leurs invitations. « Si le projet de loi anti-Nakba ne concerne pas directement son enseignement, il a eu beaucoup de succès dans sa capacité à répandre la peur parmi les Israéliens qui s’intéresseraient au sujet » explique l’association dans son dernier rapport d’activité.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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