A Madagascar, toute la vigilance d’une femme pour son île

Publié le 01.08.2023| Mis à jour le 26.09.2023

Après un parcours chez les bailleurs de fonds internationaux, Volahery Andriamanantenasoa utilise toutes ses compétences au service de son pays. Elle cherche le meilleur moyen de protéger Madagascar des  intérêts économiques qui veulent exploiter les ressources de l’ile au détriment de sa population et de son environnement.

Cette Malgache de 48 ans est une chance pour son pays. Volahery Andriamanantenasoa connaît de l’intérieur le fonctionnement des bailleurs de fonds. Elle a décidé de mettre cette expertise au service de sa grande île. Aujourd’hui, elle dirige les programmes du CRAAD-OI, le centre de recherches et d’appui pour les alternatives de développement dans l’océan Indien, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire.
Cette Association malgache qui compte sept salariés et 6 000 adhérentes et adhérents, du monde agricole ou ouvrier – défend l’exploitation incontrôlée des terres et des eaux malgaches par les intérêts étrangers.

« Nous ne voulons pas être sacrifiés »

 « Récemment on a réussi à faire reculer les Chinois qui voulaient développer un projet de terres rares (minerais très utilisés par les nouvelles technologies et pour la transition énergétique à l’instar des voitures électriques) dans la région nord » .

CRAAD-OI réclame également la justice climatique : « Nous ne pouvons ni ne voulons être sacrifiés. L’eau se raréfie dans toutes nos régions, car la pluviométrie diminue, ce qui augmente la crise alimentaire. »

Face à ces injustices, Volahery estime que l’on « est obligé de faire de la politique. » Mais, cela comporte des risques. Volahery explique : « On m’a menacée indirectement. Jamais frontalement, peut-être parce que je passe régulièrement à la télévision ou parce que tout le monde sait que je faisais partie des Nations Unies ».

D’une banque allemande au Haut- Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme

Volahery a commencé en 2010 par exercer la micro finance dans une banque allemande de Madagascar. « Un jour, j’ai eu honte de mon confort en voyant deux Malgaches tirer une charrette à la place des zébus qu’ils ne pouvaient se payer. » 

Elle intègre le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, tout en suivant des études de droit et de Science Politique. Elle se forme à Pretoria, à Genève, à la Duke University aux Etats-Unis. « On m’a proposée de rester aux Etats-Unis, mais c’est Madagascar qui a besoin de moi ! »

« J’ai gagné en liberté, mais perdu en sécurité »

Pendant sept ans, elle « renforce les capacités des défenseurs des droits humains à Madagascar » en leur donnant des formations. Mais, elle doit garder, en tant que fonctionnaire des Nations Unies, une réserve toute diplomatique qui la frustre.  « Aujourd’hui, au CRAAD-OI, je peux aller sur le terrain, dire les choses honnêtement, mobiliser, interpeler directement les autorités, avoir un compte Facebook (Volahery Valih) où je partage ce que je vois et pense. Bref, j’ai gagné en liberté, mais, j’ai perdu en sécurité, par rapport à mon statut onusien » analyse-t-elle.

Sans regrets, Volahery arpente son île pour expliquer que l’on est en train de brader son pays, que le pouvoir des politiques n’est pas nécessairement utilisé pour le développement véritable de Madagascar. « Il faut que l’on entende nos voix pour que ça bouge !  Sinon, rien ne changera ! ».

Les prédateurs sont nombreux

Les prédateurs qui s’intéressent aux richesses de son île sont nombreux. Des Australiens veulent extraire des terres rares, comme ils veulent aussi le faire en eau profonde dans les iles Fidji  malgré les impacts désastreux de telles opérations sur les écosystèmes; des projets hôteliers menés par des étrangers, vers Nosy Bé, au nord de l’île, sont dans les cartons ; les investisseurs chinois accaparent des territoires marins pour la culture des coquillages, au détriment des pêcheurs locaux.  « Nous luttons contre le modèle de développement extractiviste. Cela passe par un soutien à la résistance des communautés. Et une vigilance autour des aménagements du code minier ». Volahery est de tous ces combats. Et en premier lieu, celui de la corruption endémique, « une pratique ancrée dans le système malgache. » Elle la dénoncera toujours, même si sa sécurité personnelle est en jeu.

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