Bombardement et désespoir à Gaza
Bande de Gaza : une catastrophe pour l’humanité, sous les yeux du monde
La lecture des rapports quotidiens rédigés par l’agence des Nations unies pour les affaires humanitaires (OCHA) donne le vertige. L’ONU rend compte froidement, chiffres à l’appui, d’une catastrophe pour l’humanité d’autant plus effrayante qu’elle se déroule sous les yeux du monde entier.
Depuis le « Déluge d’Al-Aqsa », opération d’une violence inouïe lancée le 7 octobre par le Hamas à la frontière entre la bande de Gaza et Israël et qui a fait 1 200 morts et plus de 240 otages israéliens, l’armée israélienne riposte en bombardant sans relâche Gaza. Comme souvent, les populations civiles sont les premières victimes du conflit.
Tout est su, tout est dit, tout est écrit
Car tout est su, tout est dit, tout est écrit. La bande de Gaza n’a plus d’électricité depuis le 11 octobre après la coupure du réseau en provenance d’Israël et la mise en panne de l’unique centrale électrique du territoire, faute de fuel. Elle n’a plus d’eau potable, l’usine de dessalement étant elle aussi à l’arrêt. Les stations d’épuration ne fonctionnent plus, pas plus que les réseaux de collecte des eaux usées. Par manque d’approvisionnement en carburant, les générateurs s’arrêtent les uns après les autres : ceux du seul moulin produisant de la farine, ceux des hôpitaux, ceux des puits.
« Nous buvons de l’eau saumâtre tirée des puits agricoles, polluée par les pesticides. C’est la seule que nous pouvons acheter et fournir aux personnes que nous accueillons » : ces mots sont ceux de l’organisation Culture et Pensée Libre (CPL), partenaire du CCFD-Terre Solidaire depuis 25 ans.
L’association travaille à promouvoir les droits des enfants et des femmes dans une société conservatrice. À l’instar des autres acteurs et actrices de la société civile, elle a abandonné ses activités pour passer en mode urgence.
Le centre pour enfants de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, accueille des centaines de personnes déplacées et traumatisées. Il faut leur fournir de la nourriture et de l’eau, des matelas et des couvertures, et aussi tenter de protéger leur intégrité mentale.
La peur permanente
Eléonore suit les partenaires palestiniens du CCFD-Terre Solidaire et réussit à échanger presque quotidiennement avec les partenaires malgré des réseaux de communication aléatoires.
Ils lui raconte les rayons vides des supermarchés, les maladies de peau et l’hygiène désastreuse à cause d’une eau trop rare, trop salée, trop polluée, et de la promiscuité. La peur permanente. « Nous ne savons pas le matin si nous serons vivants le soir ».
Malgré tout le travail acharné pour subvenir aux besoins de base, malgré les bombardements récurrents de cette partie méridionale de la bande de Gaza, proche de l’Égypte, que les autorités de Tel-Aviv ont pourtant déclarée « sûre ».
Les femmes journalistes rassemblées dans l’association Filastiniyat (« Palestiniennes », en français), autre partenaire du CCFD-Terre Solidaire, ont quitté la ville de Gaza sous le feu israélien.
Les habitants déplacés
Elles ont rejoint les habitants jetés sur les routes de l’étroite bande de territoire fermée de toute part. Au 13 novembre, 70 % de la population, soit 1,6 million de personnes avaient fui leur maison, leur quartier, leur ville. Une fuite éperdue pour échapper aux bombardements israéliens par air, mer et terre et, depuis le 27 octobre, aux chars et tirs des soldats entrés dans le territoire pour, répètent les autorités israéliennes, « détruire le Hamas ».
Au 21 novembre, les victimes étaient surtout civiles : 14 128 personnes tuées, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza.
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Jamais le destin des habitants de Gaza n’a paru aussi sombre. Jamais une solution politique n’a semblé aussi lointaine. Pourtant, après le cessez-le-feu – inéluctable même si refusé par Tel-Aviv jusqu’à ce jour – il faudra bien se pencher sur les causes profondes de l’attaque meurtrière du Hamas du 7 octobre.
Sans l’excuser, il faudra bien reconnaître qu’elle ne s’est pas produite dans un ciel serein. La communauté internationale devra arrêter de fermer les yeux sur le système d’oppression mis en place par Israël, sur la colonisation et le morcellement continu des territoires palestiniens occupés, qui rendent toute solution politique illusoire. Sans quoi d’autres carnages viendront. Devant nos yeux.
Gwenaëlle Lenoir
avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE
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