Birmanie : comprendre la résistance trois ans après le coup d’état

Publié le 22.01.2024| Mis à jour le 30.01.2024

Trois ans après le coup d’état en Birmanie, la résistance de la société civile birmane continue, malgré une répression constante.

On vous explique.

Printemps Birman et désobéissance civile : trois années de lutte

Le 1er février 2021, le général Min Aung Hlaing perpètre un coup d’état en Birmanie contre le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi.

Le coup d’état suscite de fortes protestations. Des dizaines de milliers personnes de toutes ethnies manifestent pacifiquement leur opposition.

Une  immense révolution prodémocratie s’enclenche. Un large mouvement de désobéissance civile se structure à travers le pays. Fonctionnaires, personnel soignant, personnel éducatif, ouvrières et ouvriers cessent de travailler pour marquer leur désaccord avec le coup d’état. C’est ce qu’on appelle le “printemps birman”.

L’objectif ? Faire tomber les institutions publiques désormais contrôlées par un pouvoir militaire.

Le mouvement pacifique est massif. Dans les premiers mois qui suivent le coup d’Etat, on estime que 90 % du personnel soignant fait partie de la désobéissance.

Trois mois après le coup d’Etat, alors que les généraux demandent la réouverture des universités jusque-là fermées pour cause de pandémie, 70 % du personnel éducatif, administratif et des étudiants sont absents.

Répression post- coup d’état et crimes de guerre en Birmanie

Après le coup d’État, la junte réprime violemment les protestations et rend quasiment impossible toute manifestation pacifique pour la démocratie.

Aujourd’hui, il est quasiment impossible de manifester pour la démocratie dans les villes contrôlées par l’armée. La junte traque toutes les initiatives qui minerait son pouvoir.

Sous couvert de leur soutien au mouvement prodémocratie, les civils sont les premières cibles de cette répression. Outre les arrestations et tueries de citoyennes et citoyens, l’armée attaque des écoles, des hôpitaux et des villages situés dans les zones tenues par les groupes de résistance armée.

25 000

personnes sont emprisonnées pour des “raisons politiques”

70

attaques aériennes par mois en 2023 sont commises pas la junte

20%

des victimes sont des enfants

2,6 millions

de civils sont contraints de vivre hors de leur domicile

Le Rapporteur spécial des Nations Unies pour la Birmanie parle de crimes de guerre et dénonce les atrocités commises à l’encontre des civils.

Les “Quatre Coupes” de la Junte en Birmanie

La stratégie des « quatre coupes » menée par la junte vise à épuiser la population en coupant (1) l’accès aux vivres, (2) aux transferts de fonds, (3) aux flux d’informations et (4) aux déplacements.

CETTE VOLONTÉ DE LA JUNTE DE CONTRÔLER LES VIVRES ET D’AFFAMER SA POPULATION N’EST PAS NOUVELLE. CE QUI EST NOUVEAU EST QU’ELLE EST CIBLÉE CONTRE TOUTES LES POPULATIONS DU PAYS.

MARION TERTRE, CHARGÉE DE MISSION ASIE AU CCFD-TERRE SOLIDAIRE

A cela s’ajoutent des difficultés économiques importantes. Depuis le coup d’Etat, la Birmanie est plongée dans une crise économique sans précédent.

la moitié

de la population vit sous le seuil de pauvreté

un quart

de la population souffre de la faim

Pour en savoir plus sur les stratégies de la junte utilisant l’arme de la faim, écoutez notre podcast :

La société civile au premier rang de la mobilisation

Alors que le pays est plongé dans une guerre qui oppose la junte à des groupes armés révolutionnaires, les organisations de la société civile se mobilisent pour soutenir la population.

Une partie d’entre elles se substitue aux services publics, effondrés dans de nombreuses zones. Les associations créent des écoles, des hôpitaux alternatifs, employant des membres du Mouvement de désobéissance civile.

Le manque de moyens pour répondre aux besoins de la population est toutefois criant. Les risques d’une génération sacrifiée, sans accès à l’éducation, sont réels.

Les organisation locales birmanes sous la pression de la junte

Les organisations locales en Birmanie font face aux répressions constantes de la junte. L’armée mène une politique assumée de démantèlement de la société civile et cherche à anéantir toute forme de mobilisation.

Le 28 octobre 2022, elle a proclamé une loi obligeant les organisations de la société civile et les ONG internationales à renouveler leur enregistrement auprès des autorités du pays, sous peine d’amendes ou de condamnation à de la prison. La loi donne également à la junte un droit de visu sur les activités des associations, leurs publics cibles, leurs membres, ce qui, dans le contexte actuel, est extrêmement problématique.

Se mobiliser en Birmanie est donc particulièrement difficile. Une partie des personnes militantes a dû s’exiler, principalement en Thaïlande. Celles restant en Birmanie continuent de travailler, de façon discrète, en se confrontant quotidiennement aux coupures de courant, d’internet, aux difficultés de déplacement à l’intérieur du pays, et aux contrôles de la junte.

Et pour nos partenaires ?

Toutes et tous rapportent les risques d’arrestations et d’emprisonnement. Des menaces pèsent également sur leurs familles.

Malgré les intimidations, les déplacements, voire l’exil, les organisations partenaires du CCFD-Terre Solidaire poursuivent avec vaillance leur engagement pour la démocratie et le portage des voix citoyennes.

Y a-t-il toujours de l’espoir pour la démocratie en Birmanie ?

A l’heure où la Birmanie entre dans sa quatrième année sous gouvernement militaire, les cartes sont redistribuées.

Depuis novembre 2023, les armées de résistance en Birmanie multiplient les offensives contre la junte. Plusieurs villes tombent et passent sous la coupe dirigeante des administrations ethniques ou du Gouvernement d’Unité Nationale (NUG), gouvernement démocratiquement élu à la suite des élections de novembre 2020.

Ces victoires armées vont dans le sens d’une déconfiture plus large de l’armée. Ses ressources financières manquent et elle peine à se maintenir.

La récente évolution du conflit est porteuse d’espoir pour le peuple birman. Toutefois, de multiples questionnements et incertitudes accompagnent ces changements contextuels. Quelle gouvernance pour les zones dites libérées ? Comment s’assurer que la démocratie prévale dans ces territoires ? Comment construire des mécanismes de justice qui jugent équitablement le camp de l’armée mais aussi celui de la résistance contre la junte ?

Plus largement, le pays s’enfonce dans la guerre, loin de l’attention de la communauté internationale. Si les civils espèrent voir la démocratie éclore rapidement, ce sont aussi les premiers à devoir endurer la multiplication des conflits.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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