Empêcher un génocide à Gaza : « Il faut faire pression sur Israël »

Publié le 13.02.2024| Mis à jour le 23.02.2024

Dès le début de l’offensive israélienne à Gaza, nos partenaires palestiniens ont alerté sur le risque de génocide. Le 26 janvier 2024, la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) saisie par l’Afrique du Sud a reconnu ce risque et « le droit des Palestiniens de Gaza d’être protégés contre les actes de génocide ». Un représentant de notre partenaire Al Haq témoigne de l’importance de cette décision, et appelle les autres Etats à tout faire pour arrêter « le génocide en train d’être perpétré », alors même que la situation à Rafah bascule.

Crédit photo de Une : Abed Zagout / ANADOLU / Anadolu via AFP

Al-Haq (« le Droit », en arabe), est une ONG palestinienne de défense des droits humains basée à Ramallah en Cisjordanie occupée. Fondée en 1979 par un groupe d’avocats palestiniens, elle est la plus ancienne organisation de ce type au Proche-Orient. Ses chercheurs et chercheuses documentent les violations des droits humains dans les territoires palestiniens occupés et produisent des études juridiques.

Al-Haq fait partie des organisations palestiniennes qui ont poussé les Etats à saisir la Cour internationale de Justice pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Nous avons interrogé un de ses juristes. Basé à Ramallah, ce chercheur veut garder l’anonymat. Il craint d’être arrêté par Israël. L’Etat hébreu mène en effet, parallèlement à la guerre contre la bande de Gaza, une importante campagne de répression et d’arrestations en Cisjordanie.

Nous nous félicitons de l’ordonnance de mesures provisoires de la CIJ. Il s’agit là d’une victoire pour la Justice internationale, d’un arrêt historique. La CIJ a déterminé qu’il existe un cas plausible de génocide commis par Israël à l’encontre du peuple palestinien à Gaza.

En ordonnant à Israël de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher la commission d’actes génocidaires, y compris le meurtre de Palestiniens en tant que groupe, de veiller à ce que son armée ne commette pas d’actes génocidaires et de permettre l’accès à l’aide humanitaire, la CIJ a reconnu la nécessité d’une action immédiate pour protéger le peuple palestinien. C’est une victoire pour nous, une des premières mesures tangibles prises pour mettre fin à l’impunité dont jouit Israël depuis 75 ans et pour lui demander des comptes. Il faut maintenant que la communauté internationale se mobilise et fasse pression sur Israël pour qu’il cesse immédiatement le feu. 

C’était révolutionnaire. L’Afrique du Sud a commencé par déclarer qu’elle reconnaît la Nakba en cours du peuple palestinien à travers la colonisation israélienne depuis 1948, le déni du droit à l’autodétermination des Palestiniens, le déni continu du droit au retour des réfugiés, le régime institutionnalisé d’apartheid d’Israël des deux côtés de la ligne verte.

Jamais je n’aurais pensé entendre ces mots dans l’enceinte d’un des principaux organes judiciaires des Nations unies. Ils l’ont été, de plus, par des Sud-Africains, dont nous connaissons la lutte contre l’apartheid. C’était incroyable. C’était un moment historique. Tout ce que nous pouvons dire à l’Afrique du Sud, c’est merci. Merci pour leur leadership et pour leur engagement en faveur des droits humains et des droits du peuple palestinien. 

Voir la plaidoirie de l’Afrique du Sud en images :

L’Afrique du Sud accuse Israël de génocide à Gaza devant la Cour internationale de justice. Le Monde.

Dès le 13 octobre, nous avons dit qu’il y avait un risque de génocide et nous avons poussé les États tiers à respecter leur obligation légale de prévenir les génocides.

Nous nous appuyions essentiellement sur les déclarations des responsables israéliens qui avaient manifesté leur intention. Celle du ministre de la défense, Yoav Gallant, décrivant les Palestiniens comme des animaux humains, avait déjà été publiée. Les Israéliens avaient déjà décidé d’assiéger la bande de Gaza pour couper l’eau, la nourriture, l’électricité, les médicaments, les fournitures essentielles à la vie humaine. Ces déclarations étaient déjà associées au meurtre de Palestiniens et à l’ordre de les transférer de force. C’est là que nous avons commencé à mettre en garde contre un risque de génocide. Aujourd’hui, ce que nous disons, c’est que le génocide est en train d’être perpétré. 

C’est un coup dur. Et cela sape fondamentalement l’ordre de la CIJ dans son ensemble, car les Etats tiers ont obligation de prévenir, mettre fin et punir tout acte de génocide. Ainsi, non seulement ces États n’ont pas respecté ces obligations juridiques, mais ils ont également été complices de cette injustice, notamment en s’opposant publiquement au cessez-le-feu et en continuant à fournir une assistance militaire à Israël. La suspension de leur contribution à l’UNRWA, l’une des seules – et des plus importantes – organisations humanitaires qui fournissent actuellement aux Palestiniens de Gaza de la nourriture, de l’eau et d’autres formes d’assistance, est en fait une violation de leurs obligations au titre de la convention sur le génocide. Ainsi, au lieu de suspendre l’aide militaire à Israël, ces États suspendent le financement d’activités d’aide et d’assistance essentielles et vitales !

Propos rapportés par Gwenaelle Lenoir

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