L’art, une force d’émancipation

Publié le 14.01.2015| Mis à jour le 02.01.2022

Plus de trois ans après le début des bouleversements régionaux, on assiste à un foisonnement d’innovations dans les modes de mobilisation. La diversité des approches créatives rend compte d’un besoin d’espace public et d’un désir de se faire entendre. Zoom sur l’Algérie.


Le bouillonnement créatif des sociétés a largement participé aux bouleversements en cours. Il fait pleinement partie d’un changement dans les mentalités, dans les comportements, et participe à lever la chape de plomb dans la région. L’approche créative constitue bel et bien l’un des axes de travail du CCFD-Terre Solidaire pour aborder les questions de résistance civile, de travail de mémoire ou encore de construction de la citoyenneté.

L’Algérie a connu un nombre record d’émeutes et d’immolations en 2011, mais hantée par le souvenir de la guerre civile, elle n’a pas connu de révolution. Et la dernière élection présidentielle en avril 2014 a conduit au maintien au pouvoir d’un président âgé, très affaibli et symbole d’un système sclérosé. Face à la désaffection des formes de mobilisation politique héritées du passé, les innovations culturelles se multiplient, inscrivant peu à peu une brèche dans la société. On observe une envie de changer la donne, en tentant de déjouer le poids d’une norme sociale et d’un système qui font souvent fi de la liberté de l’individu, et un besoin vital des jeunes de créer des espaces de sociabilité.

Créer du lien social

« Nous voulons réinventer un langage de liberté commun qui nous permette de mettre en forme nos rêves, d’entendre les rêves de l’autre, et d’engager le dialogue (…). Aujourd’hui, les Algériens vivent en secret, s’aménagent des espaces individuels de liberté ou fonctionnent plus globalement en cercles d’affinités. Il y a un évitement quasi généralisé de la confrontation parce qu’elle est synonyme de violence, faute d’outil d’échange (…) », explique dans son manifeste le Collectif pour la liberté d’action culturelle et citoyenne. Fondé en 2011 par des artistes (confirmés et amateurs) et des jeunes citoyens avides de s’affirmer et de recréer du lien social au-delà des fractures socioculturelles ou des déchirures du passé, ce collectif mène des actions pour faire de la rue un espace d’expression citoyenne et de dialogue.

Dans le même esprit, l’exposition Picturie générale rassemble de jeunes artistes de plusieurs régions d’Algérie et aborde des thèmes présents au cœur de l’histoire contemporaine et des préoccupations de la jeunesse : la mémoire des violences des années 1990, le rapport au pouvoir, l’émigration vers l’Europe ou encore l’image de la femme.

Certaines associations s’attachent à favoriser, via la culture, l’émancipation de l’individu et la construction d’un débat collectif. C’est par exemple le cas de l’association Cinéma et mémoire qui, à travers l’atelier Béjaïa Doc (voir page 20), forme des jeunes au documentaire et organise des projections riches d’échange et de confrontation. Elle dépasse ainsi le discours et l’imagerie officiels ou encore le discours venu de l’étranger et propose à chacun de se réapproprier sa réalité tout en questionnant l’imaginaire collectif.

En outre, l’espace Internet a joué un rôle déterminant de catalyseur à travers l’utilisation des médias participatifs et des réseaux sociaux. Ces nouveaux médias ont permis de déjouer la censure comme l’autocensure, mais également de partager l’information à une plus grande échelle. En témoigne la vitalité des comptes Facebook des différentes initiatives citées[[ Collectif d’action culturelle et citoyenne : https://www.facebook. com/clacclibre?fref=ts Picturie générale : https://www.facebook.com/ PicturieGenerale?fref=ts Béjaïa Doc : https:// www.facebook.com/ groups/296897392846/?fref=ts]].

En Algérie comme ailleurs, ce qui caractérise ce nouveau bouillonnement culturel régional, c’est le besoin d’exister, de dire « je », pour ensuite confronter son regard à celui de l’« autre », négo- cier sa place dans la société et, à terme, faire naître une alternative.

Pour nous, acteurs de solidarité internationale, le sens de ce processus créatif est essentiel. Il s’agit de faire des jeunes générations à la fois des témoins, des passeurs et des constructeurs à part entière de leur histoire.

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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