Projet d'apprentissage de la citoyenneté au Tchad

Projet d'apprentissage de la citoyenneté au Tchad

Le partenariat, un formidable levier de transformation sociale

Publié le 11.08.2023| Mis à jour le 08.09.2023

Depuis sa création, il y a 61 ans, le CCFD-Terre Solidaire soutient des projets de développement et de transformation sociale, pensés et mis en œuvre par des organisations partenaires locales. Un accompagnement sur le long terme, qui se traduit par des aides financières, des échanges d’expertises, des formations, des mises en réseau. Avec un objectif : permettre aux associations partenaires de devenir autonomes et pérennes.

On ne rend pas le monde meilleur tout seul. On ne rend pas le monde meilleur en imposant sa vision du « mieux » ou du « bien » à l’autre. Si ce n’est pas une évidence pour tous, ça l’est pour tous ceux qui adhèrent au CCFD-Terre Solidaire et pour ceux qui l’animent. Depuis sa fondation en 1961, l’association a fait un choix rare dans le domaine de l’aide au développement : ne pas définir elle-même les projets, ne pas envoyer d’équipes d’expatriés, ne pas apporter de matériel. Mais soutenir des programmes mis en œuvre par des organisations locales petites ou grandes : les partenaires. Le choix a été fait, dès le départ, de travailler avec ces organisations locales, en leur fournissant un appui financier mais aussi en les accompagnant dans le développement de leurs projets, en instaurant avec elles un dialogue permanent. C’est une vision du monde dans laquelle chacun apporte à l’autre et où les compétences sont partagées.

Dialoguer, impulser, accompagner

Ce monde qu’il s’agit de rendre plus fraternel a changé en six décennies. Il est passé d’une époque marquée par la décolonisation et régie par deux grandes puissances à une mondialisation des échanges et des communications, une multiplication des centres de pouvoir, de nouvelles crispations.

La façon de concevoir le partenariat a évolué, car les acteurs se sont renouvelés, de génération en génération, dans leurs demandes, dans leurs besoins, dans les missions qu’ils se donnent. « Quand on revoit les affiches des premières campagnes, l’évolution est sensible, explique Martin Willaume, chargé de mission pour l’Argentine, le Paraguay et le Brésil. L’une d’entre elles disait : “Le développement, ça s’apprend”. On n’utiliserait plus du tout ce type de slogan de nos jours. Il y avait à l’époque une logique descendante : aller donner un savoir, comme si les compétences n’existaient pas sur place. Aujourd’hui, nous impulsons, nous accompagnons, mais nous ne faisons pas à la place de. »

Le Brésil a une grande expérience en matière d’agroécologie, l’Argentine beaucoup moins. Nous mettons en relation nos partenaires, nous aidons à organiser des forums

Martin Willaume, chargé de mission

Bruno Angsthelm travaille, lui, sur quatre pays africains : le Togo, le Tchad, la Centrafrique et le Cameroun : « Dans les années 1970, nous avions un partenaire, un projet et un financement. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus subtil. Au fil des années, nous avons beaucoup travaillé sur la pratique d’alliance des publics auxquels nous nous adressons. Nous ne sommes pas une ONG d’intervention. Notre objectif et notre pratique consistent à appuyer nos partenaires pour accompagner les communautés qui possèdent des savoir-faire, mais manquent de médiateurs, manquent de connaissances pour obtenir des financements, pour se déployer et créer des liens avec d’autres communautés sur des territoires voisins par exemple. »

À Saint-Domingue, ces familles d’apatrides vivent dans des conditions extrêmement difficiles et n’ont pas accès à des droits élémentaires. Elles sont soutenues par notre partenaire, le Centre Montalvo.

© Jean-Claude Gerez

506 partenaires aux profils très variés

Parce qu’il ne s’agit pas du nombre de puits creusés ou d’enfants vaccinés, tout est affaire de souplesse, d’observation et d’adaptation. En premier lieu, aucun des 506 partenaires du CCFD-Terre Solidaire, dans 70 pays, n’a un profil semblable à un autre.

Prenez le Nafso, au Sri Lanka, mouvement engagé dans la défense de la pêche artisanale, qui a élargi sa lutte à l’accaparement des mers et aux droits des personnes déplacées par la guerre, partenaire depuis 2010. Ou le Centre de documentation économique et social d’Oran, en Algérie, partenaire depuis 1992. Il permet à des étudiantes et des étudiants d’accéder à une grande bibliothèque de sciences économiques et sociales. Ou encore Mada, dans le nord du Liban, qui regroupe des coopératives de développement rural au cœur d’une des régions les plus défavorisées de ce pays en pleine crise. Et Actrices du changement, au Guatemala, qui utilise le théâtre pour soigner les âmes et la dignité des femmes victimes de violences sexuelles, et trop souvent stigmatisées, là-bas comme ailleurs. Voilà donc quatre partenaires, pris au hasard sur la carte, pour montrer que les profils sont aussi nombreux que le nombre d’acteurs.

Une vision, des combats communs

Mais tous répondent à un principe essentiel, partager les combats du CCFD-Terre Solidaire : la souveraineté alimentaire, les migrations internationales, la paix et le vivre-ensemble, la justice économique, la justice climatique, la promotion de l’égalité hommes/femmes.

« Quand j’ai pris mes fonctions il y a vingt ans, j’ai vite réalisé que les petits projets d’agriculture un peu dispersés n’avaient pas beaucoup d’impact en matière de transformation sociale, sauf peut-être au niveau très local, se souvient Bruno Angsthelm. Or, la société tchadienne, coupée en deux par un conflit entre le sud et le nord, nécessitait pour avancer des initiatives de réconciliation et des actions de paix. Nous avons écouté la société et nous avons progressivement créé des liens avec une plateforme de la société civile, le Comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation (CSAPR). »

Les années 2000 sont celles du plaidoyer, des dialogues entre la société civile et les partis politiques, des missions en Europe et aux Nations unies pour y apporter analyses et préconisations.

Nous essayons de créer des espaces de dialogue entre les dirigeants religieux et les autres acteurs pour promouvoir le vivre-ensemble au Tchad. »

Abderamane Ali Goussoumian, partenaire du CSAPR

Au Tchad, travailler avec des acteurs engagés pour la paix

Si les maux avaient été identifiés, la société tchadienne restait aussi fracturée. Le CCFD-Terre Solidaire a suivi la nouvelle génération d’acteurs tchadiens qui s’est engagée pour la paix dans les territoires, auprès des communautés. Abderamane Ali Goussoumian, coordinateur national du CSAPR, est l’une de ces figures. « Nous avons mené ensemble des réflexions pointues sur les problèmes politiques et les questions de société et nous avons amené le partenariat à agir sur des thèmes sensibles comme la question religieuse », raconte-t-il.

L’histoire du Tchad est ponctuée de tensions très fortes entre le Sud chrétien et le Nord musulman, avivées par l’implantation, dans l’ouest du pays, de la secte radicale Boko Haram. « Nous essayons de créer des espaces de dialogue entre les dirigeants religieux et les autres acteurs pour promouvoir le vivre-ensemble, reprend Abderamane Ali Goussoumian. Nous menons des actions auprès des jeunes afin d’identifier les préjugés, les dignitaires religieux apportent ensuite leur clarification. La dimension politique de ce type de projet effraie souvent les grands partenaires internationaux. Ce n’est pas le cas avec le CCFD-Terre solidaire, avec qui car nous avons une dynamique de discussion directe. Nous construisons ensemble la démarche. »

Notre partenaire Emek Shaveh dénonce les plans israéliens d’annexion et de développement de sites archéologiques situés dans le territoire palestinien occupé. Ici, en 2017 son directeur Yonathan Mizrachi à Silwan, dans le quartier de Wadi Hilweh, à Jérusalem-Est.

© Sandra Mehl

Miser sur l’humain, financer des salaires

À l’encontre des exigences de résultats concrets entrant dans des tableaux Excel, devenus la norme avec la professionnalisation des organisations humanitaires et les logiques comptables, cette conception du partenariat peut dérouter : « Nous avons participé à un gros programme au Tchad financé par l’Union européenne et l’Agence française de développement. Au bout de deux ans, ils nous ont dit : “Mais vous ne faites rien ! Pas un arbre planté, pas un puits creusé, pas un bâtiment construit ! ” se souvient Bruno Angsthelm. Nos partenaires avaient organisé 300 réunions. Évidemment, ce n’était pas visible. Mais les résultats ont été si probants qu’on nous a demandé de partager notre méthodologie. »

« Nous finançons souvent des salaires, c’est-à-dire de l’humain, plus que du projet, renchérit Martin Willaume. Nous n’aimons pas beaucoup communiquer sur le nombre de projets ou de bénéficiaires. Notre slogan est : “Soyons les forces du changement”. Nous essayons donc d’identifier les forces du changement social. »

Mise en réseau, échange d’expériences

Travailler sur l’humain prend du temps. Organiser des réseaux de paysans qui apprennent à défendre leurs droits et l’apprennent ensuite à d’autres, rendre des communautés autonomes capables de mettre elles-mêmes des médiations et des stratégies de développement ou de vivre-ensemble : tout cela sort des chemins usuels. L’horizontalité est toujours plus longue à payer que la verticalité. Mais ce que la seconde obtient n’est souvent pas très solide. « Nous nous appuyons sur le partenariat avec le CCFD-Terre Solidaire pour construire ce que nous appelons des “alliances” avec de petites organisations qui n’ont pas accès à des financements. Nous pouvons alors travailler sur une dimension territoriale », explique Abderamane Ali Goussoumian.

Grâce à l’écoute et au financement, le partenariat s’élargit et devient une mise en réseau Il permet ainsi d’aborder des questions transversales : l’agroécologie, les destructions dues aux multinationales extractives, la question du genre, notamment. « Nous endossons souvent ce rôle de rapprocher les organisations. Par exemple, le Brésil a déjà une grande expérience en matière d’agroécologie, l’Argentine beaucoup moins. Nous mettons en relation, nous aidons à organiser des forums », explique Martin Willaume.

C’est parce que le partenariat se construit avec la confiance et que la confiance ne se décrète pas que les organisations, une fois dans le réseau, y restent des années, parfois des décennies. Ce qui garantit la pérennité de l’action. Et réussit à rendre certains coins de notre planète malmenée un peu plus solidaires.

Gwenaëlle Lenoir

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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