Minéraux de la transition énergétique : l’alerte des pays du Sud

Publié le 08.11.2023

Les voies empruntées par les pays riches pour lutter contre le dérèglement climatique se sont retrouvées dans le collimateur du 2è Forum social sur les mines et l’extractivisme, organisé en Indonésie du 16 au 20 octobre dernier. Le Forum, qui réunissait 350 membres d’organisations de 53 pays, dont 16 partenaires du CCFD-Terre solidaire, a fait remonter l’impact des projets miniers liés à la transition énergétique.

Il n’y avait personne, lors des débats de ce forum social pour remettre en question l’objectif de la transition énergétique, à savoir se passer des énergies fossiles pour contenir le dérèglement climatique.

En revanche, il y avait un consensus pour dénoncer la perversité de ses impacts, vu des pays du Sud : une course mondiale aux minéraux dits « critiques » — cobalt, lithium, nickel, manganèse, cuivre, terres rares… —, nécessaires aux éoliennes, aux panneaux solaires, aux batteries des voitures électriques et autres technologies « bas carbone » mises en avant par les gouvernements du Nord.

Les mauvaises pratiques du secteur minier au cœur des préoccupations

D’Indonésie au Pérou, du Zimbabwe au Brésil, les communautés rurales et autochtones témoignent des vieilles logiques de l’exploitation minière à nouveau à l’œuvre pour les minerais de la transition énergétique avec en liste :
– le droit des populations locales bafoué
– le déplacement de villages entiers,
– le massacre de la nature,
– les lois ad hoc pour faciliter les investissements miniers,
– la corruption,
– les retombées économiques insignifiantes pour les communautés locales etc.

« Avec la construction de Nachtigal au Cameroun, le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique centrale, les populations locales sont purement et simplement interdites d’accès à l’eau, d’où elles puisent une grande partie de leurs ressources », témoigne Veronique Mbole, de Green Development Advocates.
L’association est membre du réseau féministe africain Womin African Alliance, l’un des 16 partenaires du CCFD-Terre solidaire présents au forum. Tous peuvent témoigner des impacts de l’extractivisme dans leur pays, que ce soit le CRAAD-OI à Madagascar, l’AIDC en Afrique du Sud ou SADD au Togo.

D’Indonésie au Pérou, du Zimbabwe au Brésil, les communautés rurales et autochtones témoignent de la vieille logique de l’extractivisme à l’œuvre 

Le problème de l’extractivisme « de transition » n’avait pas encore été identifié lors de la première édition de ce forum social thématique, tenu en 2018 en Afrique du Sud. On y avait dénoncé, plus classiquement, l’intensification, au cours des dernières décennies, d’un modèle « raciste, patriarcal et colonial, fondé sur le fantasme d’une croissance économique sans fin sur une planète limitée ».

Depuis, la crise covid et la guerre en Ukraine ont stimulé l’agenda post-énergies fossiles des pays du Nord, mais aussi de la Chine, actrice très active de l’extractivisme hors de son territoire.

Autre menace émergente stigmatisée par les ateliers du forum : la progression de l’économie « bleue », concept qui englobe une kyrielle d’activités côtières et maritimes — pêche, exploitation des minéraux, désalinisation de l’eau, biotechnologies marines, tourisme, construction navale, énergies, etc. —, et dont les planificateurs promeuvent une exploitation « durable ». Car là encore, le concept s’est construit sur une vision macro-économique qui piétine allègrement l’intérêt des communautés côtières, et notamment celles qui vivent de la pêche, en ouvrant largement l’accès du territoire « bleu » aux poids lourds industriels et financiers. Au point que des organisations de défense des droits humains qualifient même de répression « bleue » les dispositifs juridiques, judiciaires et policiers actionnés pour sanctionner toute entrave locale au déploiement de cette économie bleue.

Le forum mobilisé sur les nouveaux enjeux de la transition énergétique et de l’économie bleue

Le forum indonésien estime que ces nouveaux développements que l’on retrouve partout dans les pays du Sud nécessitent « une réponse coordonnée de la part des communautés affectées ainsi que des efforts continus de sensibilisation, de renforcement des capacités et de solidarité ».

La campagne « Le Droit de dire non », lancée par le forum de 2018 pour fournir des outils pratiques et juridiques aux populations en lutte contre des projets extractivistes, envisage notamment un développement spécifique à l’exploitation des minéraux « de transition ».

Patrick Piro

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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